Anachorète, ermite ou solitaire, homme retiré du monde par motif de religion, qui vit seul, afin de ne s’occuper que de Dieu et de son salut. Ce mot vient du grec, se retirer, de même qu’ermite est dérivé de solitude, lieu désert. Dans l’origine, on a encore donné aux solitaires le nom de moines, tiré de seul, isolé.
Ce genre de vie a toujours été connu en orient. Saint Paul dit que les prophètes ont erré dans les déserts et sur les montagnes. Saint Jean-Baptiste, dès son enfance, se retira dans le désert et y vécut jusqu’à l’âge de 30 ans ; Jésus-Christ lui-même fit l’éloge de sa vie et de ses vertus.
Mais saint Paul de Thèbes en Égypte est regardé comme le premier ermite ou anachorète du christianisme. Il se retira dans le désert de la thébaïde l’an 250, pendant la persécution de Dèce et de Valérien ; bientôt, il y fut suivi par saint Antoine et par d’autres qui voulurent mener le même genre de vie. Plusieurs se réunirent ensuite, pour vivre en commun, et furent nommés cénobites.
Sur la fin du IVe siècle, la vie érémitique passa de l’Égypte en Italie, et bientôt après dans les Gaules ; on y vit des anachorètes et des cénobites. L’irruption des Barbares, arrivée au commencement du cinquième siècle, contribua à les multiplier ; pour se soustraire au brigandage, un grand nombre d’hommes se retirèrent dans des lieux déserts ; plusieurs guerriers, tourmentés par des remords et par la crainte de retomber dans de nouveaux désordres, allèrent expier leurs crimes dans la solitude : on admira leur courage et leur vertu.
Un homme, fatigué du tumulte de la société, rebuté par les vices de ses semblables, dégoûté des objets qui excitent les passions, n’a-t-il pas droit d’aller chercher dans la solitude la paix, le repos, l’innocence, la liberté, le calme de la conscience ? Celui qui fuit le danger de la corruption, qui s’occupe à prier, à méditer, à travailler ; qui s’accoutume à retrancher à la nature tout ce dont elle peut se passer, n’est-il pas louable ? Il donne aux autres une grande leçon, savoir, que l’on peut trouver avec Dieu un repos, des consolations, un bonheur, que le monde ne peut pas donner.