Les disciples du saint Précurseur ayant réussi à se mettre en possession du corps de leur maître, voulurent le soustraire aux insultes de ses ennemis, en l’emportant jusqu’à Sébaste, l’ancienne Samarie, qui n’était plus sous la juridiction d’Hérode-Antipas.

Dieu ne tarda pas à faire connaître la gloire de saint Jean-Baptiste. Après le tombeau du Sauveur, aucun, sans contredit, ne fut plus glorieux et n’attira davantage les foules confiantes et empressées que le tombeau du fils de Zacharie ; il s’y faisait une multitude de miracles.

Mais le paganisme, aux abois, voulut se venger jusque sur la dépouille des morts de l’isolement et de l’ignominie où se trouvaient ses dieux surannés, ses autels décrépis et ses oracles silencieux. Adrien, pour empêcher les chrétiens d’accourir de toutes parts au tombeau du Sauveur, l’avait fait profaner en y érigeant un temple et une statue à la plus impure des divinités païennes. Julien l’Apostat voulut suivre son exemple à l’égard du tombeau de saint Jean-Baptiste. Par ses ordres, on découvrit ses ossements sacrés, on les profana, et on s’attacha à les disperser. Mais les sacrilèges profanateurs s’aperçurent bientôt de l’inutilité de leur honteuse tentative, et les miracles, ne cessant de s’opérer, non plus en un seul lieu, comme auparavant, continuèrent de faire ressortir de plus en plus l’impuissance des idoles et l’inutilité du culte qu’on leur prodiguait. Excités par un redoublement de fureur, les infidèles rassemblèrent les ossements du Saint, et voulurent les anéantir en les brûlant et en jetant les cendres au vent.

Mais de pieux moines s’étaient déguisés pour se mêler avec ces impies ; ils parvinrent à en soustraire une partie considérable ; ils recueillirent même les cendres du bûcher. Cette profanation des restes de saint Jean-Baptiste l’a fait surnommer deux fois martyr par quelques auteurs. Il en est qui ont attribué à la vengeance que le ciel voulut tirer de cet attentat, la mort tragique de Julien, arrivée peu de temps après.

On dit que la vindicative Hérodiade fit emporter avec elle, jusqu’à Jérusalem, la tête du saint Précurseur, et qu’elle n’en voulut confier le dépôt à personne. Seule et loin de tout regard humain, elle confia cette tête à la terre, dans un endroit inconnu du palais qu’Hérode possédait dans la cité de David.

C’est là du moins que, plus tard, le chef auguste du plus illustre des Prophètes fut retrouvé d’une manière merveilleuse dans les décombres du palais autrefois habité par Hérode.