La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Grégoire de Nysse

À Nysse, le trépas de saint Grégoire, évêque, frère du bienheureux Basile le Grand, très-célèbre par sa sainteté et son grand savoir, qui fut chassé de sa ville, sous l'empereur Valens, prince arien, pour la défense de la foi catholique. ✞ 396.

Hagiographie

Cet illustre Docteur de l’Eglise naquit en Cappadoce, vers l’an 331, dans une famille de Saints. Sainte Macrine et saint Basile, ses aînés, contribuèrent à son éducation autant que ses parents. Aussitôt que l’âge le lui permit, il étudia les lettres humaines. Théodoret dit encore expressément qu’il mena quelque temps la vie monastique ; mais il ne s’y engagea point. Il s’enchaina même au monde par les liens du mariage. Il le regretta plus tard, dans son Traité de la Virginité ; il gémit de ne pouvoir profiter lui-même de ce qu’il dit de cette vertu, et il déplore la perte d’un bien qu’il a connu trop tard. Il épousa pourtant une femme de beaucoup de mérite, qui se rendit la compagne de sa vertu. Vivant ensemble d’une manière conforme à l’Evangile, ils s’éloignaient peu de la perfection de ceux de leur famille qui sentaient Dieu dans le célibat.

Reproches de saint Grégoire de Nazianze

Au bout d’un certain temps, que l’histoire ne précise pas, Grégoire embrassa l’état ecclésiastique et remplit la fonction de lecteur. Mais, séduit ou par l’ambition ou par les charmes des lettres profanes, il cessa de faire aux fidèles la lecture des livres sacrés, pour enseigner la rhétorique aux jeunes gens. Ce fut un scandale parmi les chrétiens ; on voyait dans cette conduite une espèce de désertion de la carrière ecclésiastique et un grand danger pour celui qui s’y lançait. Saint Grégoire de Nazianze, son ami, lui adressa dans une lettre, à ce sujet, des remontrances également pleines de véhémence et de charité. On est porté à croire que ces reproches touchèrent notre Saint. Il est certain, en tout cas, qu’il ne fut pas longtemps rhéteur, et qu’étant rentré dans l’état ecclésiastique, il fut élevé à la prêtrise. Ce fut quelques années après, selon certains auteurs, qu’il perdit sa femme, dont saint Grégoire de Nazianze a fait un si bel éloge ; il dit « qu’elle était l’ornement de l’Église ; il l’appelle une personne sacrée, vraie épouse d’un prêtre, égale en honneur et en dignité à son mari, et digne de grands mystères ». Ces paroles ont fait croire à plusieurs que, s’étant volontairement séparée de son mari, lorsqu’il entra dans le sacerdoce, elle avait été honorée de l’office de diaconesse.

Il est élu évêque de Nysse

Saint Basile, surnommé le Grand, frère de notre Saint, élevé en 370 sur le siège de Césarée, métropole de Cappadoce, songea à employer au service public de l’Église les grands talents de Grégoire. Le siège de Nysse, ville de Cappadoce, à trente lieues de Césarée, du côté de la Galatie, étant venu à vaquer, six ou sept mois après, il le fit remplir par son frère. En faisant connaître cette élection à Eusèbe de Samosate, il lui dit :

« J’eusse souhaité que mon frère Grégoire était à gouverner une Église proportionnée à son mérite et à sa capacité ; c’est-à-dire toute l’Église qui est sous le soleil. Mais cela ne pouvant se faire, il faut se contenter que Grégoire honore le lieu où il sera évêque. La vraie grandeur ne consiste pas seulement à être capable de grandes choses, mais à pouvoir faire paraître grandes les petites ».

Notre Saint ne partageait pas ces sentiments sur ses mérites, il se croyait bien au-dessous de la dignité et de la charge de l’épiscopat ; il fallut que les évêques de la province lui fissent violence, pour l’obliger à recevoir l’imposition des mains. Leur choix fut bientôt justifié par la conduite de ce saint prélat.

Saint Grégoire de Nysse

Fête saint : 09 Mars

Présentation

Titre : Frère de saint Basile le Grand et de sainte Macrine
Date : 331-396
Pape : Saint Sylvestre Ier ; saint Sirice
Empereur : Constantin ; Arcadius

Cet illustre Docteur de l’Eglise naquit en Cappadoce, vers l’an 331, dans une famille de Saints. Sainte Macrine et saint Basile, ses aînés, contribuèrent à son éducation autant que ses parents. Aussitôt que l’âge le lui permit, il étudia les lettres humaines. Théodoret dit encore expressément qu’il mena quelque temps la vie monastique ; mais il ne s’y engagea point. Il s’enchaina même au monde par les liens du mariage. Il le regretta plus tard, dans son Traité de la Virginité ; il gémit de ne pouvoir profiter lui-même de ce qu’il dit de cette vertu, et il déplore la perte d’un bien qu’il a connu trop tard. Il épousa pourtant une femme de beaucoup de mérite, qui se rendit la compagne de sa vertu. Vivant ensemble d’une manière conforme à l’Evangile, ils s’éloignaient peu de la perfection de ceux de leur famille qui sentaient Dieu dans le célibat.

Auteur

Mgr Paul Guérin

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Ses vertus épiscopales

Il pratiquait la pauvreté sur lui-même pour enrichir les pauvres ; il leur consacra son patrimoine. Zélé, charitable, prudent, sa science profonde ne l’empêchait pas de se mettre à la portée de tous. Nous parlerons plus loin des écrits qu’il fit pour régler les mœurs et la discipline de l’Église ; il veilla à l’observation des canons avec plus de vigueur encore que son frère. Il ne combattit pas l’erreur moins vivement que le vice, et jamais aucune considération humaine n’arrêta son ardeur épiscopale. Docteur, il servait de sa plume l’Église universelle ; évêque, il travaillait de toutes ses forces, et par l’exemple et par la prédication, au bien de l’Église de Nysse ; c’était un titre à la haine des Ariens. Ces hérétiques le calomnièrent auprès de Démosthène, vicaire du Pont, grand ennemi des catholiques, comme son maître, l’empereur Valens. Démosthène envoya des soldats pour arrêter le saint évêque. Celui-ci se laissa d’abord prendre sans résistance ; mais quand il vit qu’on ne voulait lui accorder aucun soulagement, malgré le mauvais état de sa santé et la rigueur de la saison, il s’échappa des mains des soldats. En vain Basile, dans une lettre respectueuse, essaya d’adoucir Démosthène, lui exposant de la part de tous les évêques de la Cappadoce, l’innocence de son frère.

Le concile qui était chargé de le juger à Nysse était uniquement composé d’Ariens. Ce qui causa le plus de douleur à notre Saint, ce fut moins la persécution qu’il souffrait que les progrès de l’hérésie, et le triste sort de son troupeau, gouverné par un intrus sans foi, sans mœurs et sans capacité. Il en écrivit à saint Grégoire de Nazianze, qui lui répondit de mettre sa confiance en Dieu et d’espérer que l’erreur ne triompherait pas longtemps de la vérité. Cette prédiction se réalisa en 378, à la mort de l’empereur Valens.

Rappel de Gratien

IGratien, son  successeur, rappela les évêques exilés et leur rendit leurs églises. L’exil de saint Grégoire de Nysse ne fut point perdu pour l’Eglise ; ce fut même le plus beau moment de sa vie, car les églises des lieux où l’on savait qu’il devait passer, l’appelaient pour les pacifier et les régler. Saint Grégoire de Nazianze dit que ce changement continuel de lieu le rendait semblable au soleil, qui, sans s’arrêter jamais en aucune place, porte partout la chaleur, la lumière et la fécondité. Notre Saint remonta donc sur son siège ; mais, à peine avait-il goûté la joie de revoir son peuple, qu’il fut appelé à Césarée par la mort de son frère, saint Basile, qu’il avait toujours regardé comme son guide, son oracle. Les pensées de la religion purent seules lui donner assez de forces pour supporter la perte d’une personne si chère, au moment où la paix rendue à l’Eglise allait leur permettre de correspondre et de se voir plus librement (379). La même année il lui fallut se rendre à Antioche, où le patriarche saint Mélèce tint un concile. Saint Grégoire de Nysse y reçut la commission de visiter l’Arabie et la Palestine, pour y réformer les églises. Mais il ne fit ces voyages que l’année d’après, c’est-à-dire en 380. Au sortir du concile il revint à Nysse, puis il partit pour visiter sa sœur, sainte Macrine, qu’il n’avait pas vue depuis huit ans.

Mort de Basile, son frère

Il avait besoin de se consoler avec elle de la mort de saint Basile, mais il trouva un nouveau sujet de douleur ; quand il fut proche du monastère où sainte Macrine était supérieure, il apprit qu’elle était malade. Les moines qui vivaient au même lien, sous la conduite de saint Pierre, son frère, vinrent au-devant de lui, selon leur coutume ; les vierges l’attendirent dans l’église. Après la prière, elles baissèrent la tête pour recevoir sa bénédiction et se retirèrent modestement, sans qu’il en restât une seule. Il vit par là, car elles étaient voilées, que sa sœur n’y était pas. Il alla la voir dans sa chambre, où il la trouva couchée par terre, sur une planche ; elle était tournée vers l’Orient pour pouvoir prier. L’entretien tomba bientôt sur saint Basile :

« Mon esprit », dit saint Grégoire, « en était tout troublé, mon visage abattu , et je ne pus retenir mes larmes. Mais elle, loin de se laisser abattre comme moi, en profita pour dire des choses si merveilleuses sur la Providence divine et sur la vie future, que j’en fus tout transporté hors de moi-même ».

Ces pensées servirent depuis à notre Saint pour composer un Traité de l’âme et de la Résurrection. Dans ces doux épanchements de la sœur et du frère, où chacun racontait ce qui était arrivé, Grégoire lui parla des disgrâces qu’il avait subies sous l’empereur Valens, son exil, ses privations.

« Quoi ! Mon frère », lui dit sainte Macrine, « prenez-vous cela pour des disgrâces ? Ce serait être ingrat que de ne pas les regarder comme de grandes faveurs du ciel ».

L’évêque de Nysse, ravi de cet entretien céleste, eût désiré qu’il durât plus longtemps ; mais ils entendirent le chant des psaumes, pour la prière des lampes, c’est-à-dire les Vêpres ; sa sœur l’envoya à l’église et pria de son côté ; le lendemain matin, il la trouva épuisée par la fièvre, et vit bien qu’elle ne passerait pas la journée : mais elle, surmontant la violence de son mal et la difficulté de respirer, s’efforçait de dissiper par ses entretiens la tristesse qui paraissait sur le visage de son frère. Vers le soir, se sentant mourir, elle cessa de lui parler et se mit en prières, mais d’une voix si basse, qu’à peine pouvait-on l’entendre. Cependant, elle joignait les mains, et faisait le signe de la croix sur ses yeux, sur sa bouche et sur son cœur.

Quand on eut apporté de la lumière, on reconnut, aux mouvements de ses lèvres et de ses yeux, qu’elle s’acquittait, autant qu’elle pouvait, de la prière du soir, dont elle marqua la fin en faisant le signe de la croix sur son visage ; et, jetant un profond soupir, elle termina, sa vie avec sa prière. Saint Grégoire, qu’elle avait prié de lui fermer les yeux et la bouche, trouva ses paupières doucement abaissées, comme si elle eût été endormie, sa bouche et ses mains sur sa poitrine, enfin tout son corps si bien composé, qu’on n’eut pas besoin d’y toucher pour l’ensevelir. Saint Grégoire pria deux des principales religieuses, une veuve illustre nommée Vestiane, et une diaconesse nommée Lempadie, qui, sous la défunte, conduisait la communauté, de l’aider pour rendre à sa sœur les honneurs funèbres. Il leur demanda si elles n’avaient point en réserve quelques habits précieux, pour parer le corps de sa sœur, selon la coutume. Lampadie répondit en pleurant :

« Vous voyez tout ce qu’elle avait. Voilà son manteau, son voile et ses souliers tout usés ».

Saint Grégoire fut donc réduit à l’orner d’un de ses manteaux ; car les habits des hommes et des femmes consistaient en de grandes draperies dont plusieurs pouvaient se servir indifféremment. Vestiane, en parant la tête de la défunte, dit à saint Grégoire :

« Voilà quel était son collier ».

En disant cela, elle le détacha par derrière, et lui montra une croix et un anneau, l’un et l’autre de fer, que la Sainte portait toujours sur le cœur.

« Vous pouvez garder la croix », dit saint Grégoire, « je me contenterai de l’anneau, car j’y vois aussi une croix gravée ».

« Vous n’avez pas mal choisi », répondit Vestiane, « l’anneau est creux à cet endroit et renferme du bois de la vraie croix ».

Vestiane lui fit remarquer, au-dessous du cou de Macrine, une tache noire et grosse comme la piqûre d’une aiguille, et lui dit :

« C’est un monument de la piété et de la protection de Dieu à son égard. Ayant un jour une espèce de cancer en cet endroit, elle ne voulut jamais souffrir que les chirurgiens y missent la main ; sa modestie lui faisait regarder ce remède comme quelque chose de pire que le mal. Comme sa mère voulait l’obliger à souffrir l’opération, la Sainte passa une nuit dans l’église en prières et en larmes. Le lendemain, sa mère revint à la charge ; Macrine la pria alors de faire seulement le signe de la croix sur son sein. La mère le fit, et le cancer se trouva entièrement guéri ; il n’en resta que la petite marque noire que vous voyez ».

Saint Basile le Grand
Saint Basile le Grand
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Il assiste sa sœur Macrine

On passa la nuit à chanter les psaumes, comme dans les fêtes des martyrs ; et, le jour étant venu, comme il était accouru une très-grande multitude de peuple, saint Grégoire les rangea en deux chœurs, les femmes avec les vierges, les hommes avec les moines. L’évêque du lieu, nommé Araxe, y était aussi avec tout son clergé. Saint Grégoire et lui prirent par devant le lit sur lequel était le corps, deux des premiers du clergé le prirent par derrière, et ils le portèrent ainsi lentement, arrêtés par la foule du peuple qui marchait devant, et s’empressait tout autour. Deux rangs de diacres et d’autres ministres marchaient devant le corps, portant des flambeaux de cire, et on chantait des psaumes tout d’une voix, depuis une extrémité de la procession jusqu’à l’autre. Quoiqu’il n’y eût que sept ou huit stades jusqu’au lieu de la sépulture, c’est-à-dire environ mille pas, ils furent presque tout le jour à les faire. C’était l’église des quarante martyrs, où le père et la mère de sainte Macrine étaient enterrés. Y étant arrivé, on fit les prières accoutumées ; et, avant que d’ouvrir le sépulcre, saint Grégoire eut soin de couvrir d’un drap blanc les corps de son père et de sa mère, pour ne pas manquer au respect en les exposant à la vue défigurés par la mort. Ensuite, lui et Araxe prirent le corps de sainte Macrine de dessus le lit, et le mirent comme elle l’avait toujours désiré, auprès de sainte Emélie, sa mère, faisant une prière commune pour toutes les deux. Tout étant achevé, saint Grégoire se prosterna sur le tombeau, et en baisa la poussière. C’est ainsi qu’il décrit lui-même les funérailles de sainte Macrine, sa sœur, dans la lettre au moine Olympius, qui contient la vie de cette Sainte.

Sainte Macrine de césarée
Sainte Macrine de césarée

Son voyage en Arabie

Saint Grégoire, après avoir rendu à sa sœur les derniers devoirs, s’en retourna à Nysse, sur la fin de l’an 379. Il y resta jusqu’à ce que la belle saison lui permit de visiter l’Arabie et la Palestine. L’empereur lui donna pour ce voyage l’usage des voitures publiques : un chariot fut mis à sa disposition, et il lui servit, à lui et à ceux qui l’accompagnaient, d’église et de monastère. Ils y chantaient des psaumes pendant le chemin et y observaient les jeûnes. Il visita donc l’Arabie, puis Bethléem, le Calvaire, la montagne des Oliviers et le Saint-Sépulcre, pour satisfaire sa dévotion ; mais il trouva tant de désordre et de corruption parmi les habitants de ce pays, qu’il considéra ce pèlerinage comme dangereux, surtout pour les femmes et les religieux, dont la vertu s’y trouvait bien exposée. Il s’en expliqua depuis dans un discours  en forme de lettre ; ce n’est pas qu’il condamne absolument les pèlerinages, puisqu’il en fit lui-même ; mais il en signale les périls. Les affaires de l’Eglise n’étaient pas en meilleur état que les mœurs des habitants, malgré le zèle de saint Cyrille, évêque de Jérusalem. Saint Grégoire ne fut pas plus heureux pour réformer cette Eglise ; il fut obligé de s’en retourner, sans avoir rien fait autre chose que d’augmenter ses mérites par de nobles intentions et de courageux efforts.

Il assiste aux conciles de Constantinople

Il se trouva l’année suivante (381) au célèbre concile de Constantinople, qui, composé seulement d’évêques orientaux, est devenu œcuménique, parce que toute l’Eglise en a adopté les décrets. C’est un des quatre conciles que le pape saint Grégoire respectait comme les quatre évangiles ;  il y fit la connaissance de saint Jérôme, et il lui fit voir, à lui et à saint Grégoire de Nazianze, un livre qu’il avait écrit contre l’hérétique Eunomius. Il y prononça l’oraison funèbre de saint Mélèce d’Antioche, président de l’assemblée ; de plus, il fut l’un des prélats que l’on établit en Orient comme le centre de la communion catholique ; de sorte que, si quelqu’un eût refusé de communiquer avec lui, il n’eût point été considéré comme appartenant à la véritable Eglise.

Il assista encore l’année suivante (382) à un autre concile de Constantinople, où il prononça un beau discours sur la divinité du Fils et du Saint-Esprit. Trois ans après (385) il fut obligé de retourner dans la ville impériale et d’y faire un long séjour : il y prononça deux oraisons funèbres : l’une de la jeune princesse Pulchérie, fille de l’empereur Théodose ; l’autre de l’impératrice, première femme de Théodose et mère de Pulchérie. Cette dernière est « excellente et accomplie », dit le Père Giry ; « elle contient les vertus propres aux reines et aux princesses ; elle peut être lue par les dames, qui y trouveront un modèle de la perfection chrétienne, bien propre aux personnes de leur condition ».

Revenu à Nysse, notre Saint y vit souvent son repos troublé par Hellade, évêque de Césarée, successeur de saint Basile, son frère, homme inquiet et d’un mérite très-médiocre, qui ne s’appliquait qu’à persécuter, à fatiguer sans raison les parents et les amis de son saint prédécesseur. Saint Grégoire, malgré sa patience et son humilité, fut obligé de confier à saint Flavien, patriarche d’Antioche, le soin de le défendre de ces injustes attaques. L’an 394, saint Grégoire assista encore à un concile de Constantinople, pour la dédicace de l’église de Rufin ; il fut placé parmi les métropolitains, grande distinction accordée à sa personne et à son mérite, car son siège épiscopal était peu considérable. Il termina sa glorieuse carrière entre l’an 394 et l’an 404 : on ne sait pas au juste l’année.

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Notice sur les écrits de Saint Grégoire de Nysse 

1°) L’Hexaméron, ou livre sur l’ouvrage des six jours. C’est un supplément aux homélies de saint Basile sur le même sujet. Ce dernier avait omis toutes les questions qui étaient au-dessus de la portée du peuple. Saint Grégoire entreprit de les expliquer, à la prière de plusieurs personnes recommandables par leur science et leur vertu, et il le fit avec une exactitude digne d’un frère du grand Basile. Il montre dans cet ouvrage qu’il avait une parfaite connaissance de la philosophie ancienne. 

2°) Le Traité de la formation de l’homme peut être regardé comme une continuation de l’ouvrage précédent, quoiqu’il ait été composé le premier, c’est-à-dire vers l’an 379. Il est très­ curieux et plein d’érudition : on y trouve de fort belles choses sur l’excellence et sur la dignité de l’homme, sur sa ressemblance avec Dieu, sur la spiritualité de son âme, sur la résurrection des corps, etc.

3°) Le livre de la vie de Moïse ou de la vie parfaite, est adressé à un certain Césaire, qui avait prié le Saint de lui apprendre en quoi consiste la vie parfaite, afin qu’il tâchât d’y parvenir. Saint Grégoire lui traça un modèle accompli de toutes les vertus dans la personne de Moïse.

4°) Les deux Traités sur l’inscription des Psaumes, et l’Homélie sur le Psaume sixième. Saint Grégoire donne dans ces deux traités une idée générale des psaumes, dont il fait voir la merveilleuse utilité pour la sanctification des fidèles. Il dit que de son temps les chrétiens de tout âge, de tout sexe, de toute condition, avaient sans cesse dans la bouche ces divins cantiques.

5°) Les huit Homélies sur les trots premiers chapitres de l’Ecclésiaste. Elles renferment des instructions admirables sur les vertus et les vices, et sur les effets qui en sont les suites.

6°) Les quinze Homélies sur le Cantique des cantiques, qui furent toutes prêchées, sont adressées à une vertueuse dame de Constantinople, nommée Olympiade, qui, devenue veuve après environ vingt trois mois de mariage, distribua ses biens aux pauvres et aux églises. Le saint docteur y dit que le livre du Cantique des cantiques ne doit être lu que par ceux qui ont le cœur pur et dégagé de l’amour des créatures.

7°) Les cinq Homélies sur l’Oraison dominicale, qui furent aussi prêchées, contiennent des instructions fort utiles sur la nécessité et sur l’efficacité de la prière.

8°) Les huit Homélies sur les huit béatitudes sont du même style que les précédentes. On y trouve des instructions solides sur l’humilité, la douceur, la pauvreté d’esprit, etc.

9°) Les Traités sur la soumission du fils, et sur la Pythonisse, et le Discours sur l’ordination de saint Grégoire. Il n’est pas certain que le premier ouvrage soit de notre saint docteur. L’erreur des Origénistes sur la cessation des peines des damnés parait y être enseignée. Ceux qui attribuent ce traité à saint Grégoire disent que l’erreur qu’on y trouve, y a été ajoutée après coup par quelque Origéniste. Le traité sur la Pythonisse est en forme de lettre, et adressé à un évêque nommé Théodose. Saint Grégoire y agile la question de l’évocation de l’âme de Samuel, et pense que ce fut le démon qui, sous la figure de Samuel, parla à Saül. Le discours sur l’ordination, qu’on de­vrait plutôt appeler le discours sur la dédicace, fut prononcé en 394, à l’occasion de la dédicace d’une magnifique église que Ruffin, préfet du prétoire, avait fait bâtir au bourg du Chêne, près de Chalcédoine.

10°) L’Antirrhétique, ou traité contre Apollinaire. Il n’y en avait qu’un fragment dans les édi­tions des œuvres de saint Grégoire ; mais Laurent Zacagnius, bibliothécaire du Vatican, le donna en entier en 1698, d’après un manuscrit de plus de sept cents ans. Léonce de Byzance, Euthymius et saint Jean Damascène en citent plusieurs endroits sous le nom de saint Grégoire, et le sixième concile général le lui attribue. On ne peut donc douter que ce Père n’en soit l’auteur. Il fut com­posé vers l’an 371. Le saint docteur y prouve, contre Apollinaire, que la divinité est impas­sible, que Jésus-Christ a une âme, qu’il réunit en sa personr1e la nature divine et la nature humaine, etc. 

11°) Le Discours sur l’Amour de la pauvreté, qui est une exhortation pathétique à l’aumône. Le Livre contre le destin : où il est prouvé que tout arrive par l’Ordre de la Providence. Il fut composé vers l’an 381, et est écrit en forme de dialogue, Le Traité des notions communes, qui est une exposition philosophique des termes dont les anciens s’étaient servis pour expliquer le mystère de la Trinité.

12°) L’Epitre canonique à Létoïus, évêque de Mélitine, métropole d’Arménie. Elle fait partie des canons pénitentiaux publiés par Bévéridge. Saint Grégoire y prescrit des pénitences pour les péchés les plus énormes. D. Ceillier a montré, t. VIII, p. 265 et 266, le peu de solidité des rai­sons qui ont déterminé quelques protestants à rayer cette épitre du catalogue des ouvrages de saint Grégoire de Nysse.

13°) Discours contre ceux qui diffèrent leur baptême. Les pécheurs y sont exhortés à la pénitence, et les catéchumènes à recevoir le baptême par des raisons très-fortes qui se tirent principa­lement de l’incertitude de l’heure de la mort, et des divers accidents qui peuvent à chaque instant nous précipiter dans le tombeau. 

14°) Les Discours contre la fornication et l’usure, sur la pénitence et l’aumône, offrent une très-belle exposition de la morale chrétienne sur ces divers points. Le Discours contre l’u­sure mérite une attention particulière, par la manière forte et intéressante dont les choses y sout traitées.

15°) Discours sur la Pentecôte. Témoignage contre les Juifs. On n’avait qu’en latin le premier ouvrage ; mais Zacagnius l’a publié en grec d’après trois manuscrits de la bibliothèque du Vatican. Saint Grégoire se propose, dans le second ouvrage, de prouver le mystère de la Trinité contre les Juifs par les propres paroles de l’Ecriture. On ne l’avait non plus qu’en latin, avant que Zacagnius en eût publié le texte grec. Ce savant n’ayant pas trouvé dans les manuscrits les trois derniers chapitres des anciennes éditions latines, en a conclu, avec raison, qu’ils étaient supposés, et au lien de ces trois chapitres, il en a donné quatre autres qui font une suite et rendent l’ouvrage complet. 

16°) Les douze livres contre Eunomius. Saint Grégoire y venge la mémoire de saint Basile, son frère, attaqué par Eunomius, et y prouve, contre cet hérésiarque, la divinité et la consubstan­tialité du Verbe. Il y dit qu’indépendamment de l’Ecriture sainte, qu’il emploie avec une sagacité merveilleuse, la tradition seule suffirait pour confondre les hérétiques.

17°) Le Traité à Ablarius, et le Traité sur la foi. C’est une défense de divers points de la doctrine catholique contre les Ariens. 

18°) La Grande Catéchèse, divisée en quarante chapitres, est citée par Théodoret, Léonce de Byzance, Euthymius, saint Germain de Constantinople : les vingt dernières lignes y ont été ajou­tées après coup. Dans cet ouvrage, saint Grégoire de Nysse apprend aux catéchistes comment ils doivent prouver, par le raisonnement, le mystère de la foi. 

19°) Le Livre de la virginité est divisé en vingt-quatre chapitres, non compris le prologue. Le saint docteur y montre l’excellence de la virginité, et les avantages qu’elle a sur l’état du mariage. 

20°) Les dix Syllogismes, contre les Manichéens, et le Livre de l’âme et de la résurrection. Il est prouvé, dans le premier ouvrage, que le mal n’est point une nature incorruptible et incréée, non plus que le diable, qui en est le père et l’auteur. Le second est un dialogue ou récit d’un en­tretien que saint Grégoire eut avec sa sœur la veille de sa mort, sur celle de saint Basile. Il fut composé vers l’an 380. 

21°) La Lettre à Théophile, patriarche d’Alexandrie, contre les Apollinaristes. Elle est citée dans le cinquième concile général et dans la Panoplie d’Euthymius. 

22°) Trois Traités de la perfection chrétienne. Saint Grégoire examine dans le premier à quoi obligent le nom et la profession de chrétien ; il trace, dans le second, des règles pour arriver à la perfection ; dans le troisième, intitulé le But du chrétien, il développe et met dans tout leur jour les maximes les plus saintes de l’Evangile. 

23°) Le Discours contre ceux qui ne veulent point être repris, et le Traité des enfants qui meurent prématurément. Plusieurs questions intéressantes sont traitées dans le second ouvrage.

24°) Le Discours sur la Nativité de Jésus-Christ, et les deux Panégyriques de saint Etienne. D. Ceillier prouve, t. VIII, p. 345, qu’on ne peut contester le discours à saint Grégoire. Il y est parlé, non-seulement de la naissance de Jésus-Christ, mais encore du meurtre des innocents. On ne trouvait que le premier panégyrique dans les anciennes éditions ; on est redevable à Zacagnius de la publication du second.

25°) Discours sur le baptême, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ. Le premier, qui est intitulé dans quelques éditions, sur le jour des lumières, fut prononcé à la fête de l’Epiphanie, jour auquel on baptisait les catéchumènes dans les églises de Cappadoce. Des cinq discours sur la résurrection, il n’y a que le premier, le troisième et le quatrième qui paraissent être de saint Grégoire. 

26°) Discours sur la divinité du Fils et du Saint-Esprit. On y trouve la réfutation des erreurs des Ariens et des Eunoméens. 

27°) Les Panégyriques de saint Basile et des quarante Martyrs, les Oraisons funèbres de Pulchérie et de Placille ; les Vies de saint Grégoire Thaumaturge, de saint Théodore, de saint Mélèce, de saint Ephrem et de sainte Macrine. 

28°) Le Discours sur la mort a été fort maltraité par les hérétiques. Le but de saint Grégoire était de fournir des motifs de consolation aux chrétiens qui s’affligeaient excessivement de la mort de leurs proches. 

29°) Plusieurs lettres. Dans celle qui est intitulée : Sur le Pèlerinage de Jérusalem, le saint s’élève contre plusieurs abus que commettaient quelques chrétiens sous prétexte de visiter les lieux saints ; mais il ne condamne point les pèlerinages en eux-mêmes, comme l’ont prétendu plu­sieurs protestants. Outre les lettres dont nous venons de parler, Zacagnius en a donné quatorze autres, d’après un manuscrit du Vatican. Jean-Baptiste Carraccioli, professeur de philosophie au collège de Pise, en fit aussi imprimer sept, qui n’avaient jamais été publiées, à Florence, 1731, in-folio. Il les avait tirées d’un manuscrit de la bibliothèque du grand-duc de Toscane.

Saint Grégoire de Nysse peut être comparé aux plus célèbres orateurs de l’antiquité, pour la pureté, l’aisance, la douceur, la force, la fécondité et la magnificence de son style ; mais il se surpasse en quelque sorte lui-même dans ses ouvrages polémiques. Il y montre une pénétration d’esprit singulière, et une sagacité merveilleuse a démasquer et à confondre les sophismes de l’er­reur. C’est celui de tous les Pères qui a le mieux réfuté Eunomius. On a seulement reproché à saint Grégoire d’avoir trop donné à l’allégorie, et d’avoir quelquefois expliqué, dans un sens figuré, des textes de l’Ecriture, qu’il aurait été plus naturel de prendre à la lettre.

La meilleure édition des œuvres de saint Grégoire de Nysse est celle que Fronton le Duc donna en grec et en latin à Paris, en 1615, 2 v. in-folio ; mais il faut y joindre le troisième volume aussi in-folio, que le même Fronton le Duc donna en 1618 par forme d’appendice. On préfère cette édi­tion avec le supplément, à celle qui parut à Paris, en 1638, 3 vol. in-folio. 

On trouvera une édition très-correcte, grecque-latine, dans la Patrologie de M. Migne.