D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.
Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Aucun saint n’a été, jusqu’à l’invasion du protestantisme, plus populaire et plus vénéré que saint Cuthbert dans toute la Northumbrie, c’est-à-dire la partie orientale de l’Angleterre qui s’étend de l’Humber à la Tyne. Il était doux, modeste, caché, pacifique par excellence ; et pourtant, remarque Montalembert, il devint le patron militaire et politique, le protecteur des armées et des marins, le défenseur de la foi et de la patrie. La conquête même des Normands n’altéra en rien son culte, qui leur devint aussi cher qu’aux Anglo-Saxons. Il fallut l’impiété brutale et destructrice d’Henri VIII pour disperser ses reliques et effacer sa mémoire.
On a peu de précisions sur la jeunesse de Cuthbert ; des récits anciens le font originaire d’Irlande, fils d’une princesse de Leinster tombée au pouvoir du roi de Connaught et porté par sa mère au pays des Angles. Il est né en 637 ; l’histoire nous le montre d’abord gardant les troupeaux dans la vallée de Landerdale, aux frontières d’Ecosse. Orphelin de bonne heure sans doute, il resta confié aux soins d’une simple et pieuse femme, nommée Kenspid, et il lui garda toujours une affection tendre qui le faisait l’appeler sa mère. Enfant, il était vif, adroit et audacieux dans tous les exercices du corps et l’emportait sur tous ses camarades au jeu, à la lutte, à la course. En même temps très pieux dans son exubérance de vie. Une nuit qu’il gardait ses brebis en priant, il vit le ciel sombre s’entr’ouvrir d’une traînée lumineuse, des anges en descendre en foule et remonter en conduisant à la gloire une âme resplendissante : le lendemain on sut que le saint évêque de Landisfarne, Aïdan, était mort dans la nuit.
Cette vision détermina Cuthbert à la vie monastique. Il avait quinze ans quand il se présenta à Melrose, le grand noviciat celtique où se recrutait l’abbaye de Landisfarne. L’abbé Eata l’y reçut et reconnut tout de suite en lui les qualités et les vertus qui devaient faire un religieux parfait. Sous sa haute direction, Cuthbert devint bientôt le modèle de ses frères par sa pratique de la prière, des veilles, de l’étude et du travail des mains, et aussi par une austérité extraordinaire où il cherchait la préparation à son apostolat. Car il était apôtre et missionnaire autant que moine : il le fut toute sa vie ; mais dès lors, n’ayant guère que vingt ans, il parcourait tout le pays, aux environs et même bien loin de l’abbaye, pour en extirper tous les vieux restes de la superstition païenne. A cheval ou en bateau quelquefois, mais surtout à pied, il méprisait toutes les intempéries des saisons, toutes les fatigues, tous les dangers ; il traversait les estuaires des fleuves, affrontait dans sa fragile barque les flots furieux, s’enfonçait dans les vallons les plus reculés ; rien ne le retenait ni ne l’effrayait quand il s’agissait d’une âme à sauver. Du reste son éloquence persuasive, sa douce et simple bonté lui gagnaient les cœurs et faisaient affluer les auditeurs à ses sermons et les pénitents à ses pieds
Saint Cuthbert
Présentation
Aucun saint n'a été, jusqu'à l'invasion du protestantisme, plus populaire et plus vénéré que saint Cuthbert dans toute la Northumbrie, c'est-à-dire la partie orientale de l'Angleterre qui s'étend de l'Humber à la Tyne. Il était doux, modeste, caché, pacifique par excellence ; et pourtant, remarque Montalembert, il devint le patron militaire et politique, le protecteur des armées et des marins, le défenseur de la foi et de la patrie. La conquête même des Normands n'altéra en rien son culte, qui leur devint aussi cher qu'aux Anglo-Saxons.
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Auteur
Vers 660, le roi Alchfrid ayant appelé à Ripon une colonie de moines celtiques, l’abbé Eata emmena avec lui pour cette fondation le jeune Cuthbert et lui confia les fonctions d’hôtelier. Il y montra les mêmes qualités de dévouement et de charité que dans ses missions. Lorsqu’un voyageur se présentait, accablé de fatigue, glacé par la neige, Cuthbert l’accueillait, lui lavait les pieds et les réchauffait contre sa poitrine, puis s’empressait de lui apporter de la nourriture. Or il arriva qu’Alchfrid, sur les conseils de saint Wilfrid, qui avait été à Rome se former aux usages et aux rites de l’Église de saint Pierre, demanda aux moines de Ripon d’adopter pour la célébration de la fête de Pâques, la coutume romaine. Car, par une interprétation erronée des règles mathématiques qui servaient à fixer le retour annuel de cette fête, les Celtes la célébraient à une date différente. Très attachés à leurs traditions, et d’esprit très particulariste, Eata et ses moines déclarèrent qu’ils préféraient abandonner Ripon et partirent tous pour retourner à Melrose. Cuthbert y reprit donc sa vie de missionnaire ; mais il ne tarda pas à être nommé prieur ; dès lors il montra aux moines qu’il gouvernait une telle bonté, une si pressante tendresse, en même temps qu’une si parfaite fidélité à la règle, un si grand souci de la faire respecter, qu’il acquit sur eux une autorité également aimable et indiscutée.
Bientôt au reste, il dut encore quitter Melrose. Wilfrid poursuivait ses réformes, appuyé par Alchfrid, et dans le concile de Whitby avait réussi à les imposer à tous, à presque tous du moins. Car il y eut, parmi les moines, des récalcitrants. Colman, abbé et tout ensemble évêque de Lindisfarne, farouchement quitta son abbaye, emportant avec lui les ossements de son prédécesseur saint Aïdan, et retourna, avec un bon nombre de ses religieux, au monastère de l’île d’Iona, où il échappait à l’emprise du roi. A sa place, Eata consentit à assumer le gouvernement de Lindisfarne ; il y vint avec Cuthbert, tous deux résolus à se ranger aux coutumes romaines et à les établir dans l’abbaye. Ce ne fut pas sans peine qu’ils y réussirent. Mais la patience et l’opiniâtre douceur de Cuthbert vinrent à bout, cette fois encore, des résistances nationalistes, et même firent accepter, avec les lois de l’Église universelle, la règle du grand patriarche d’Occident, saint Benoît.
Cuthbert passa douze ans à Lindisfarne dans l’exercice du ministère apostolique, dans la pratique étroite de la discipline monastique, dans une austérité presque cruelle. Il avait l’habitude de réciter de longues prières plongé dans l’eau glacée, de jeûner sévèrement plusieurs jours par semaine, ce qui semblait extraordinaire, surhumain aux Anglo-Saxons, chez qui la rigueur du climat développait à l’excès le besoin de nourriture ; souvent il ne dormait qu’une nuit sur trois, passant les autres à chanter des psaumes, à prier, en parcourant les rivages de l’île, pour combattre le sommeil par la marche. Mais aussi faisait-il dans les âmes des fruits merveilleux. Il les séduisait par sa bonne grâce, sa joyeuse conversation, qui tournait toujours à des discours de piété, par la dévotion touchante qui enflammait ses regards, faisait trembler sa voix, se trahissait dans ses gestes tandis qu’il célébrait la sainte messe. Pour aider son serviteur, Dieu lui avait accordé le don des miracles et, selon les biographes, le saint les multipliait en faveur de ses chers auditeurs. Et quand ils venaient s’agenouiller à ses pieds pour confesser leurs fautes, il excitait leur contrition par ses propres larmes et prenait sous leurs yeux une bonne part de la pénitence que sa fermeté évangélique imposait à ces pauvres pécheurs.
Mais en 676 il céda au désir qu’il avait depuis longtemps de se retirer dans une solitude plus complète pour ne plus vaquer qu’à la prière. Il choisit pour cela l’îlot de Farne, sauvage, inculte et battu par la mer, en vue de Lindisfarne son abbaye. Il s’y creusa un antre dans le roc vif, tel qu’il n’y voyait que le ciel, à peine défendu des intempéries par une peau de bœuf suspendue en guise de tenture. Ce que fut là sa vie, seul à seul avec Dieu, on le devine. Pourtant la vénération des fidèles ne se résigna pas à l’oublier. De toutes parts on venait le trouver pour avoir ses conseils, ses prières, ses miracles, ses prophéties. L’abbesse de Whitby, Elfleda, sœur du roi Egfrid, apprit de lui la mort prochaine de ce roi et le successeur qui lui serait donné. Un an plus tard, en 685, il assistait en esprit à la défaite où Egfrid succombait et en avertissait la femme du roi, Ermemburga, que ses exhortations ramenaient à la vertu et à la dévotion.
La respectueuse affection dont il était entouré avait fait, en 684, qu’il fût appelé à l’épiscopat. L’archevêque de Cantorbéry, Théodose, et le roi Egfrid lui avaient confié le diocèse d’Hexham, qu’ils venaient de distraire de l’immense diocèse d’York. Mais le saint demanda plutôt à son ami Eata, évêque de Lindisfarne, d’accepter Hexham et de lui donner en revanche son propre évêché. Ce qui fut fait.
En 684, Cuthbert n’avait que quarante-sept ans. Déjà ses forces étaient épuisées par l’ardeur de son zèle et de sa pénitence. Bien loin de se reposer, il ne prit de son épiscopat que des raisons nouvelles de se dépenser davantage ; il parcourait son vaste diocèse, portant jusque dans les plus humbles hameaux la parole divine et les sacrements, gravissant les montagnes, couchant sous la tente ou sous une hutte de branches, et semant les aumônes et les miracles. Pourtant, de si dures fatigues ne lui faisaient modifier en rien ses anciennes observances monastiques.
Aussi deux ans de cette vie dévorante le consumèrent. Après les fêtes de Noël 686, qu’il célébra à Lindisfarne, il sentit son heure proche et, pour mieux s’y préparer, il abdiqua l’épiscopat et retourna s’enfermer à Farne. C’est là, dans cette âpre solitude, visité de temps à autre par les moines, que les tempêtes tenaient, trop souvent à leur gré, éloignés de leur père, qu’il passa ses derniers jours. Ils furent douloureux, mais, à son habitude, doucement acceptés. Enfin, parmi ses frères et ses enfants, après leur avoir recommandé encore l’humilité, la charité et l’union étroite avec le Saint-Siège, il expira le 20 mars 687, en élevant vers le ciel les yeux et les bras, à l’heure où l’on commençait de chanter les matines.
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