D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.
Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
La bienheureuse Marguerite de Cortone, ainsi appelée du lieu de sa sépulture, naquit au bourg de Liviano, au diocèse de Chiusi, en Toscane, vers le milieu du XIIIe siècle.
Mal partagée des biens de la fortune, elle perdit sa mère de bonne heure, et son père en se remariant lui fournit malheureusement le prétexte de croire qu’elle était libre de se conduire comme elle l’entendrait. Les pièges de la beauté, de l’âge sans expérience et de l’abandon lui firent accepter les attentions du monde comme un triomphe enivrant.
Elle resta neuf ans uni à un homme riche de Monte Pulciano, qui lui fournissait abondamment de quoi satisfaire son penchant pour le luxe et les plaisirs. Elle en eut un fils, qui entra plus tard dans l’Ordre des Frères Mineurs. Cependant, au milieu de sa vie coupable, elle avait une compassion singulière pour les pauvres. Il lui arrivait des accès de dévotion où elle disait à la vue de certains lieux :
« Qu’il ferait bon prier ici ! Que cet endroit est charmant, pour mener une vie pénitente et solitaire ! »
Rentrée dans sa chambre, plus d’une fois elle déplorait son état misérable. Et quand les habitants la saluaient, elle les blâmait, disant que, connaissant sa vie criminelle, ils ne devaient pas même lui adresser la parole. Un jour que ses compagnes lui reprochaient sa parure, disant : « Qu’en sera-t-il de toi, vaniteuse Marguerite ? » Elle leur répondit : « Il viendra un temps où vous m’appellerez Sainte, lorsque je le serai vraiment, et vous viendrez me visiter avec un bâton de pèlerin ».
En l’année 1277, son séducteur fut tué dans une occasion que les historiens ne disent point ; mais cette mort rendit la vie de l’âme à Marguerite.
Une petite chienne qu’elle aimait beaucoup, ayant suivi ce seigneur, revint au logis après quelques jours d’absence. En arrivant, elle se mit à faire plusieurs cris ; et, prenant sa maîtresse par la robe, elle la tirait comme pour la conduire en quelque endroit. Marguerite, étonnée de cela, se laissa mener jusqu’à une pile de bois qui était près de là ; elle fut épouvantée lorsqu’elle y trouva caché le corps de son amant étendu mort et déjà plein de vers qui le rongeaient. Ce triste spectacle fit une telle impression sur son esprit que, la grâce sollicitant efficacement son cœur, elle eut horreur de s’être abandonnée à une créature qui n’était que corruption, et résolut de changer tout à fait de vie et de faire pénitence de ses crimes. Dans cette pensée, elle alla se jeter aux pieds de son père, comme un autre enfant prodigue, et lui demandant pardon, avec des torrents de larmes, de ses désordres passés, elle le supplia de la recevoir chez lui, afin qu’elle pût expier, le reste de ses jours, les dérèglements de sa mauvaise vie. Quelque indigné que fût ce bon père de la conduite scandaleuse de sa fille, il ne put s’empêcher de l’embrasser avec tendresse, et de la recevoir en sa maison, où elle commença sérieusement à faire pénitence.
Sainte Marguerite de Cortone
Présentation
Elle n’aima plus que les pauvres sur la terre ; le fruit de son travail et les aumônes qu’on lui faisait étaient pour eux ; elle transforma en infirmerie une maison où elle soignait les malades.
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Marguerite était si touchée de ses péchés, et la ferveur de sa contrition était si grande, qu’elle ne cessait de pleurer et de pousser des soupirs jusqu’au ciel pour attirer sur elle la miséricorde de son Dieu. Elle s’adressait quelquefois aux Saints du paradis, et leur demandait, avec d’étranges agitations, quel était l’état de son âme, et si, après tant de crimes, Jésus-Christ la recevrait en sa grâce. D’autres fois, se mettant une corde au cou, elle allait à l’église, où, au milieu de la solennité des divins mystères, elle demandait pardon devant tout le peuple du scandale qu’elle avait donné. Cette conduite déplut fort à sa belle-mère ; et elle fit tant auprès de son mari, qu’il chassa de sa maison, comme une folle et une insensée, la sainte pénitente. Ce fut une terrible épreuve pour elle ; car, d’une part, le démon lui suggérait de retourner à ses premières débauches, où elle aurait tout ce qu’elle pourrait désirer, au lieu qu’en cet état de pénitence, tout le monde, et son père même l’abandonnaient ; d’ailleurs, elle se voyait belle, bien faite, encore jeune, et en état de jouir longtemps des plaisirs de la vie. Comme elle était agitée de cette tentation, elle entendit, au milieu de son cœur, une voix qui lui disait d’aller en la ville de Cortone, au couvent des religieux de Saint François où elle apprendrait ce qu’elle devrait faire pour l’expiation de ses péchés.
La fidèle pénitente, obéissant à cette voix du ciel, se rendit aussitôt au lieu qui lui avait été marqué ; et là, se jetant aux pieds d’un confesseur, elle lui déclara le misérable état de sa vie et les grandes miséricordes que Dieu avait exercées sur elle ; ensuite elle demanda instamment l’habit du Tiers Ordre, qu’on appelle de la pénitence ; les religieux le lui refusèrent d’abord par prudence, pour éprouver sa vocation, et de crainte de profaner leur saint Ordre par la réception d’une personne qui avait mené une vie si scandaleuse ; mais, au bout de trois ans, elle mérita cette grâce par sa persévérance, et vit enfin l’accomplissement de ses pieux désirs.
L’amour divin, qui avait pris la place de l’amour profane, embrasa le cœur de la bienheureuse Marguerite ; elle eut toute sa vie autant d’aversion pour toutes les choses de la terre, qu’elle avait eu d’ardeur auparavant pour en goûter les délices. Tout son empressement était de se rendre agréable à Jésus-Christ par la pratique des vertus. Son plaisir était d’affliger son corps par de nouvelles mortifications. Elle avait tant d’horreur de sa beauté, qui avait servi à la perdre, qu’elle se frappait le visage avec une pierre, pu se le frottait avec du grès broyé afin de se rendre difforme. Elle couchait sur la dure et n’avait qu’une pierre ou un morceau de bois pour chevet. Elle passait les nuits entières dans les veilles, dans les prières et dans la contemplation des vérités célestes. Ses larmes, qui étaient quelquefois de sang, devinrent si, fréquentes, que ses yeux semblaient sortir de leur orbite ; elle soupirait, elle sanglotait sans cesse ; on eut dit à tout moment qu’elle allait expirer de douleur. Elle se frappait et se donnait la discipline si souvent et si longtemps avec des cordes nouées et d’autres instruments de pénitence, que sa chair, traitée auparavant avec tant de délicatesse, en était devenue noire et livide ; et elle était ravie de voir en cet état un corps qui lui avait servi à offenser tant de fois son divin Sauveur. Elle s’accoutuma peu à peu à l’abstinence ; en sorte qu’un morceau de pain et un peu d’eau suffisaient pour sa réfection ; rarement elle y ajoutait quelques noix ou des herbes crues. La bienheureuse Pénitente affaiblit si fort son corps par ces austérités, qu’elle ne ressentit plus aucun mouvement déréglé de la sensualité, ni même le moindre désir mauvais.
Elle n’aima plus que les pauvres sur la terre ; le fruit de son travail et les aumônes qu’on lui faisait étaient pour eux ; elle transforma en infirmerie une maison où elle soignait les malades.
Cependant, quoiqu’elle eut triomphé de la sorte de son ennemi domestique, qui est la concupiscence, l’ennemi du dehors, qui est le démon, ne laissa pas de l’attaquer pour tâcher d’ébranler sa constance ; car, empruntant une figure étrangère, il lui apparut un jour, et, feignant de la vouloir consoler, il lui dit :
« Pourquoi, Marguerite, te tiens-tu ainsi renfermée dans une cellule ? Pourquoi te fais-tu mourir par des pénitences indiscrètes ? N’est-ce pas assez, pour te sauver que tu pratiques ce que font les autres pénitents de l’Ordre ? »
Mais bien loin de se laisser aller au relâchement par ces artifices, la Sainte inventait tous les jours de nouvelles austérités ; et comme Jésus-Christ lui avait fait connaître que les tentations lui devaient tenir lieu du martyre qu’elle désirait ardemment, elle était toujours disposée à les combattre. Le démon employa d’autres stratagèmes pour lui faire abandonner sa pénitence : tantôt il se montrait à elle en des figures horribles d’autres fois, il se présentait sous des formes agréables, afin de la faire tomber dans le péché ; et, enfin, il lui disait toujours qu’elle ne persévérerait pas, que la grâce lui manquerait dans le cours de ses mortifications, et que Dieu la délaisserait. Mais le même Dieu, dont les yeux sont sans cesse arrêtés sur les justes, et dont les oreilles sont toujours attentives à leurs prières, consola et fortifia sa fidèle servante par ces amoureuses paroles :
« Ne crains pas, ma fille, je suis avec roi dans l’affliction ; je t’en délivrerai afin que tu sois glorifiée. Suis fidèlement les conseils de ton directeur, et par le secours de mes grâces, tu triompheras de tous tes ennemis ».
L’humilité avait jeté de si profondes racines dans son cœur, qu’elle ne pouvait souffrir qu’on eût la moindre considération pour elle ; c’est pourquoi, s’étant aperçue qu’on commençait à avoir quelque estime pour sa vertu, afin de détruire ces sentiments avantageux, elle sortait en pleine rue et criait aux habitants de Cortone :
« À quoi songez-vous, mes amis, de retenir dans l’enceinte de vos murs une détestable créature comme moi ; ignorez-vous quelle vie honteuse j’ai menée ? ».
Une autre fois, elle se faisait traîner, la corde au cou, par la ville de Monte Pulciano, et une autre femme criait après elle :
« Voici cette Marguerite qui a perdu tant d’âmes ; voici cette pécheresse qui a profané votre ville ».
Si ses confesseurs n’eussent arrêté son zèle, elle eût bien fait d’autres extravagances, s’il faut ainsi nommer ces actes de vertu qui passent pour folie aux yeux des hommes, mais qui, aux yeux de Dieu, sont des effets d’une sublime sagesse, animée du divin amour.
Aussi, Dieu les récompensait par d’insignes faveurs ; car, pour relever les mérites de la bienheureuse pénitente, il la rendait si redoutable aux esprits de l’enfer, qu’ils étaient contraints de crier, par la bouche des possédés, qu’ils ne pouvaient pas même souffrir l’air où respirait Marguerite. Nous ne disons rien des visites de son ange gardien, des révélations admirables et des visions extraordinaires qu’elle avait sans cesse dans ses prières et dans ses méditations, où Notre-Seigneur Jésus-Christ lui parlait avec une familiarité qui n’est pas concevable. Il lui révéla bien des secrets là-dessus. Un jour, la veille de la fête de sainte Claire, elle l’entendit lui dire :
« Bénies soient toutes les peines que j’ai souffertes pour ton âme ; bénis soient l’Incarnation et tous mes travaux. Aujourd’hui le nombre des bons est petit en comparaison de celui des mauvais ; mais quand je n’aurais dans tout l’univers qu’un seul véritable enfant, je bénirais encore à cause de lui les peines que j’ai supportées ».
Comme sa dévotion était particulièrement pour la Passion du même divin Sauveur, elle recevait beaucoup de consolations à la méditer ; mais ces consolations étaient suivies d’un si grand désir de souffrir afin d’avoir part aux souffrances de son Dieu, qu’elle portait une espèce d’envie aux personnes qu’elle voyait dans l’affliction. Elle s’approchait tous les jours des sacrements de pénitence et d’Eucharistie, après y avoir été invitée par Jésus-Christ même, et elle y goûtait des douceurs qu’on ne peut exprimer. Ces douceurs, néanmoins, étaient diminuées dans la mesure de ses conversations et de ses épanchements avec les créatures. Nous passions sous silence le don de prophétie, la grâce des miracles, la vertu de délivrer les possédés et de guérir de diverses maladies, dont elle fut favorisée durant les vingt-trois ans de sa pénitence.
Cette fréquente méditation de la Passion du Sauveur et de ses autres mystères, inspirait à Marguerite une immense charité pour le salut des âmes, soit en ce monde, soit en l’autre. L’exemple de sa vie sainte et pénitente, joint à l’efficacité de ses prières et de ses austérités continuelles, convertit un grand nombre de personnes, qui vinrent quelquefois de pays éloignés pour témoigner leur reconnaissance, ou se recommander à ses prières. Les âmes du purgatoire elles-mêmes, par la permission divine, entraient avec elle dans cette mystérieuse correspondance pour solliciter ses pieux suffrages. Comme elle priait un jour pour deux artisans qui lui étaient apparus, et lui apprirent qu’ils avaient été tués par des voleurs, sans pouvoir se confesser, mais cependant ayant du regret de leurs fautes, le Sauveur lui répondit :
« Dites aux Frères Mineurs qu’ils se souviennent des âmes des défunts ; elles sont en si grande multitude que l’esprit de l’homme peut à peine l’imaginer, et cependant elles sont peu secourues par leurs amis ».
Marguerite apprit par révélation que sa mère avait été délivrée du purgatoire après dix ans ; que son père en avait été tiré pareillement, mais après y avoir enduré des peines bien plus grandes. Un jour qu’elle priait pour sa défunte servante l’ange gardien lui dit :
« Elle demeurera en purgatoire pendant un mois, mais y souffrira des peines légères, à cause des colères où elle est tombée par zèle et après quoi elle sera transportée parmi les chérubins ».
Le Sauveur lui dit encore un jour de Purification de la Sainte Vierge :
« Les trois défunts pour lesquels vous avez prié ce matin, d’après l’opinion de leur, juges, ne sont nullement damnés ; mais ils souffrent des tourments si extrêmes, que, s’ils n’étaient visités par les bons anges, ils se croiraient damnés, parce qu’ils se trouvent tout proches de ceux qui le sont réellement. Comme parmi les religieux, il y a des cellules distinctes, il en est de même pour les peines du purgatoire. Les uns sont griffés dans d’épaisses ténèbres, les autres dans de rapides torrents et d’autres dans la glace, les autres dans les feux dévorants, etc. ».
Cette admirable servante de Jésus-Christ, persévérant de la sorte dans l’exercice d’une rude mortification, connut, par une lumière céleste, que l’heure de sa mort était proche, et qu’elle serait assistée, en ce précieux moment de toutes les âmes qui avaient été délivrées par ses prières, des flammes du purgatoire. Ainsi, la bienheureuse Marguerite accablée sous l’excès de ses austérités et consumée par les ardeurs du saint amour, après avoir reçu les divins Sacrement, et toute transportée et transformée en Dieu, rendit son âme le 22 février 1297.
Son corps qui exhalait une suave odeur, fut enterré dans l’église des Cordeliers de Cortone, où il s’est fait tant de miracles à son tombeau, qu’on ne compte pas moins de dix morts ressuscités. C’est pourquoi le pape Léon X, sur des informations déjà faites par le cardinal des Ursins, légat en Italie, sous Clément V, accorda aux habitants de Cortone de célébrer la fête de cette bienheureuse pénitente le même jour qu’elle était décédée ; et Urbain VIII, l’an 1624, fit le décret de sa béatification, et donna à tout l’Ordre de Saint-François la permission d’en faire l’office. Enfin, Benoît XIII la canonisa en 1728. Son corps s’est conservé jusqu’à présent sans aucune corruption ; on est à Cortone, dans l’église des religieuses et de Saint-François, laquelle a quitté le nom de Saint-Basile pour prendre celui de Sainte-Marguerite.
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