D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.
Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Parmi les industries dont la sagesse divine s’est servie pour convertir les peuples les plus barbares qui étaient hors les bornes de l’empire romain, une des plus merveilleuses a été d’y envoyer des bannis, des fugitifs, des captifs et des esclaves chrétiens, lesquels, par la pureté de leurs mœurs, par l’éclat de leurs miracles et par la lumière de leurs exhortations, ont converti leurs propres maîtres et leur ont fait ouvrir les yeux pour connaître la vérité de l’Évangile. Nous en avons un grand nombre d’exemples dans toute l’Histoire ecclésiastique ; mais un des principaux et des plus illustres est celui de sainte Chrétienne, qui se trouva captive et esclave chez les Ibériens, au-delà du Pont-Euxin, du temps de l’empereur Constantin le Grand. On ne dit point de quel pays elle était, ni par quel malheur elle tomba entre les mains de ces barbares ; son nom même n’a pu être connu, et celui de Chrétienne est plutôt le nom de la religion qu’elle professait et qu’elle fit recevoir dans l’Ibérie, que celui de son baptême.
L'oraison était sa vie et le jeûne sa nourriture. Elle obéissait à son maître et à sa maîtresse avec une douceur, une patience et une modestie qui les ravissaient ; elle méprisait l'or, l'argent et les ornements du corps, et ne se mettait en peine que de parer son âme des plus nobles vertus...
La Vie des Saints : Sainte Chrétienne Tweet
Dans la servitude, son esprit ne fut point captif ; elle y servait Dieu avec une innocence et une pureté admirables. L’oraison était sa vie et le jeûne sa nourriture. Elle obéissait à son maître et à sa maîtresse avec une douceur, une patience et une modestie qui les ravissaient ; elle méprisait l’or, l’argent et les ornements du corps, et ne se mettait en peine que de parer son âme des plus nobles vertus ; on la voyait, après avoir fait le devoir de sa condition, se retirer dans un coin de la maison et y passer des heures entières, tant de jour que de nuit, les larmes aux yeux, et dans une prière très fervente. Cette conduite étonna d’abord les femmes du pays. Elles ne pouvaient assez admirer qu’elle vécût chaste dans un corps corruptible, et qu’elle fût joyeuse et contente dans une condition si misérable. Ses prières et ses abstinences, si longues et si constantes, les effrayaient, et elles ne comprenaient pas pourquoi elle refusait tous les plaisirs de la vie, lors même qu’elle en pouvait jouir et qu’ils lui étaient offerts. Elles l’interrogèrent sur toutes ces choses, et elle leur dit que le Dieu qu’elle adorait était un Dieu d’une pureté infinie ; que Jésus-Christ, son Fils, étant descendu sur la terre pour le salut des hommes, leur avait donné, par son exemple et par sa parole, des leçons de mortification et de pénitence qu’elle était obligée de pratiquer, et qu’elle attendait après cette vie de misère un bonheur éternel, qui récompenserait abondamment toutes ses bonnes actions.
Cette réponse les étonna encore davantage, mais elles n’y comprenaient rien. Comme elles avaient coutume, lorsqu’un enfant était malade, de le porter à leurs voisines pour savoir si elles n’avaient point quelque remède à son mal, une de ces barbares lui apporta un jour son fils et lui demanda si elle ne savait point un moyen pour le guérir. Elle lui dit qu’elle n’en savait point de naturel, mais que Jésus-Christ, son Seigneur et son Dieu, le pouvait faire, et qu’elle espérait qu’il ne lui refuserait point cette grâce. En effet, elle le prit, le mit sur le cilice qui lui servait de lit, et par une fervente prière, elle lui rendit la santé. Ce miracle fit grand bruit dans la ville ; la reine, qui était extrêmement malade, en fut avertie, et elle envoya aussitôt chercher la captive pour recevoir d’elle le même bienfait ; mais cette sage chrétienne refusant d’y aller, par modestie et par humilité, la reine se fit porter dans sa chambre, où, s’étant couchée sur son cilice, elle guérit semblablement par sa prière. Notre Sainte lui dit aussitôt que Jésus-Christ l’ayant guérie, elle devait croire en lui si elle voulait éviter les peines éternelles préparées aux idolâtres et aux infidèles. Dès qu’elle fut retournée au palais, elle raconta au roi ce qui s’était passé, et ce prince, voulant envoyer de grands présents à Chrétienne, en reconnaissance d’une grâce si considérable, la reine lui dit que la captive ne voulait ni or, ni argent, ni habits précieux, parce qu’elle aimait la pauvreté et les souffrances ; mais qu’elle demandait seulement que l’on reconnût Jésus-Christ pour vrai Dieu, et que l’on quittât la superstition de l’idolâtrie, qui n’est qu’un culte abominable des démons.
Le roi fit d’abord la sourde oreille à ces propositions ; mais étant allé à la chasse et s’y trouvant en grand danger de mort, il fit vœu, s’il en était délivré, d’embrasser la religion de la captive et de croire en Jésus-Christ. Sa délivrance suivit aussitôt son vœu ; ainsi, étant retourné sain et sauf dans son palais, il fit appeler notre Sainte et lui demanda les avis nécessaires pour embrasser cette nouvelle religion. Elle lui expliqua nos mystères, selon les instructions qu’elle avait reçues dans l’Église et les lumières surnaturelles qui lui avaient été données dans l’oraison, et le pria de faire bâtir une église dont elle lui donna le plan. Il se rendit à tout ce qu’elle voulut, assembla son peuple avec les seigneurs de son État, leur fit la proposition de tout ce qu’il avait appris d’une si sainte femme, leur rapporta les miracles que Jésus-Christ avait déjà faits par son moyen, et les exhorta comme un apôtre à quitter les erreurs où ils avaient vécu jusqu’alors, pour reconnaître la vérité d’un seul Dieu. La reine, de son côté, et notre Sainte, prêchèrent les femmes d’une manière très forte et très touchante. Ainsi, tout le monde convint qu’il fallait embrasser le Christianisme, détruire les idoles et leurs temples et bâtir une église où on adorerait Jésus-Christ.
Le roi et la reine s’appliquèrent avec un grand zèle à cette construction, où il arriva que l’enceinte des murs étant faite et deux colonnes déjà placées sur leur base et leur piédestal, la troisième devint tellement immobile, que ni les hommes, ni les bœufs ne la purent jamais remuer ; mais la nuit, à la prière de la captive, elle s’éleva d’elle-même au-dessus de sa base, de telle sorte, néanmoins, qu’elle était suspendue en l’air à un pied au-dessus de son assiette. Le matin, tout le monde fut témoin de cette merveille, et l’on vit la colonne descendre peu à peu au lieu où elle devait être placée. Les Ibériens ayant vu ce nouveau miracle, furent parfaitement confirmés dans la foi. Le roi, par le conseil de Chrétienne, envoya des ambassadeurs à Constantin pour avoir un évêque et des prêtres, et il obtint ce qu’il demandait, avec de grands honneurs que l’empereur lui fit de son propre mouvement. Il se fit baptiser avec tout son peuple, et se maintint toute sa vie dans le zèle ardent qu’il avait pour la religion chrétienne. Quant notre bienheureuse captive, elle continua jusqu’à la mort la vie sainte qu’elle avait menée parmi ces peuples, et elle les confirma toujours de plus en plus dans la foi par ses paroles et par ses miracles. Enfin, le grand Père de famille l’appela dans le ciel pour la récompenser des services qu’elle lui avait rendus sur la terre, et tout le pays l’honora depuis comme une Sainte.
Mgr Jauffret, évêque de Metz, fonda en 1807 une Congrégation enseignante, dite de Sainte-Chrétienne. Il lui avait d’abord donné le nom de Congrégation de la Sainte-Enfance de Jésus et de Marie. Mais comme plusieurs Congrégations religieuses étaient déjà reconnues en France sous ce beau titre, il parut convenable de distinguer par un nom particulier celle qui allait se former, tout en lui laissant les divins protecteurs qu’elle s’était choisie dès sa première origine. Le pieux évêque cherchait dans ses pensées un Saint qui pût devenir, avec Jésus et Marie, le patron de la société naissante. Dans son embarras, il ouvrit le martyrologe romain, et le premier nom qui frappa ses regards fut celui de cette humble esclave, à qui la nation des Ibériens dut la connaissance de l’Évangile, et qui n’est connue parmi les hommes que par son titre de Chrétienne. Le prélat crut que c’était en effet une bonne protectrice à offrir dans le ciel à des religieuses qui, sur la terre, ne doivent aspirer à autre chose qu’à faire ce que, la première, elle avait fait, c’est-à-dire à mener une vie toute cachée, à n’ambitionner que l’obéissance, à pratiquer dans le silence les conseils évangéliques, et à contribuer au salut des âmes par des exemples bien plus que par des paroles. La Congrégation de Sainte-Chrétienne, dont le siège est à Metz, a de nombreuses et importantes maisons d’éducation dans ce diocèse, dans ceux de Reims, de Châlons-sur-Marne et en Allemagne.
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