La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Sainte Agape, sainte Chionie, sainte Irène

À Thessalonique, le supplice des saintes vierges Agape et Chionie, sous l'empereur Dioclétien ; ayant refusé de renier le Christ. elles souffrirent d'abord une dure prison, puis elles furent jetées dans le feu ; mais, ayant été respectées des flammes, elles se répandirent en prières devant le Seigneur, qui reçut enfin leurs âmes, dans le sein de sa gloire. ✞ 304.

Hagiographie

Agape, Chionie et Irène étaient sœurs, et vivaient à Thessalonique. Ceux dont elles avaient reçu le jour adoraient les idoles, lorsqu’elles versèrent leur sang pour Jésus-Christ. Dioclétien ayant défendu, sous peine de mort, de garder les divines Écritures, elles trouvèrent moyen de dérober aux persécuteurs plusieurs volumes des saints livres. Ce ne fut que l’année suivante, c’est-à-dire en 304, qu’on les découvrit.

On les arrêta sur-le-champ et on les conduisit devant le gouverneur Dulcétius. Lorsque celui-ci fut assis sur son tribunal, le greffier Artémisius lui parla ainsi :

« Si Votre Grandeur me le permet, je vais faire lecture d’une information envoyée par le stationnaire, laquelle concerne les personnes qui sont ici présentes ».

Dulcétius ayant ordonné que la lecture de l’information fût faite, le greffier lut ce qui suit :

« Le stationnaire Cassandre à Dulcétius, gouverneur de Macédoine, salut. J’envoie à votre grandeur six femmes chrétiennes et un homme qui ont refusé de manger des viandes immolées aux dieux. Les femmes se nomment Agape, Chionie, Irène, Casie, Philippe, Eutychie, et l’homme qui est avec elles, Agathon ».

Le gouverneur, se tournant vers les femmes, leur dit :

« Misérables que vous êtes, pouvez-vous porter l’esprit de révolte jusqu’à désobéir aux pieu­ses ordonnances des empereurs et des césars ? Et vous, ajouta-t-il en adressant la parole à Agathon, pourquoi, à l’exemple des autres sujets de l’empire, ne voulez-vous pas manger des viandes offertes aux dieux ?

– C’est que je suis chrétien, répondit Agathon.

– Dulcétius se tournant vers Agape :

Et vous, quels sont vos sentiments ?

– Agape.

Je crois au Dieu vivant, et ne voudrais pas perdre par une mauvaise action le mérite de ma vie passée.

– Dulcétius à Chionie.

Que m’allez-vous dire ?

Sainte Agape, sainte Chionie, sainte Irène

Fête saint : 03 Avril

Présentation

Titre : Martyrs
Date : 304
Pape : Saint Marcellin
Empereur : Dioclétien

À Thessalonique, le supplice des saintes vierges Agape et Chionie, sous l'empereur Dioclétien ; ayant refusé de renier le Christ. elles souffrirent d'abord une dure prison, puis elles furent jetées dans le feu ; mais, ayant été respectées des flammes, elles se répandirent en prières devant le Seigneur, qui reçut enfin leurs âmes, dans le sein de sa gloire. ✞ 304.

Auteur

Emmanuel Mathiss

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Chionie. Je vous dirai que je crois au Dieu vivant et que c’est pour cette raison que je n’ai point obéi à l’empereur.

– Dulcétius à Irène. Pourquoi n’avez-vous pas voulu vous conformer aux ordres des empereurs et des césars ?

– Irène.

C’est que j’ai craint d’offenser Dieu.

– Dulcétius à Casie. Qu’avez-vous à me répondre ?

– Casie.

Je veux sauver mon âme.

– Dulcétius.

Ne voulez­-vous pas participer à nos sacrifices ?

– Casie.

Dieu me préserve d’un tel crime.

– Dulcétius à Philippe.

Parlerez-vous comme les autres ?

– Philippe.

Oui, sans doute, et j’aimerais mieux mourir que d’avoir la moindre part à vos sacrifices.

– Dulcétius à Eutychie.

Serez-vous aussi déraisonnable que vos compagnes ?

– Eutychie.

J’ai les mêmes sentiments qu’elles, et je donnerais ma vie plutôt que de consentir à ce que vous exigez de moi ».

Comme Eutychie était enceinte, le gouverneur la fit mener en prison et ordonna qu’on en prît soin jusqu’à ce qu’elle fût accouchée.

Dulcétius revint à Agape, et lui dit :

« Quelle est votre dernière résolution ? Ne voulez-vous pas imiter ceux qui se font un devoir d’obéir aux empereurs ?

– Agape.

Je ne puis prendre sur moi de me dévouer au démon ; tous vos discours ne pourront jamais me séduire.

– Dulcétius.

Et vous, Chionie, quelle réponse m’allez-vous enfin donner ?

– Je persiste toujours dans les mêmes sentiments.

– Dulcétius.

N’avez-vous point quelques-uns de ces livres ou de ces écrits qui concernent la doctrine impie des chrétiens ?

– Chionie.

Nous n’en avons point ; on nous les a tous enlevés par l’ordre de l’empereur.

-Dulcétius.

Mais encore, qui vous a déterminée à donner dans de pareilles rêveries ?

– Chionie.

Nous sommes redevables de la sainte doctrine que nous professons, au Dieu tout-puissant et à son Fils Jésus-Christ Notre Seigneur.

– Dulcétius.

Vous êtes tous obligés de vous conformer aux édits des empereurs et des césars ; mais puis qu’après tant de menaces, d’avertissements et d’ordres réitérés, vous persistez toujours avec opiniâtreté dans votre désobéissance, vous faisant gloire du nom odieux de chrétiens, et qu’après avoir été interpellés par les stationnaires et les principaux officiers de professer la religion de l’empire, vous n’avez jamais voulu y consentir, je vous déclare que je vais vous condamner aux peines portées par les ordonnances ».

Il lut ensuite la sentence conçue en ces termes :

« Vu l’opiniâtreté avec laquelle Agape et Chionie ont persisté à professer la religion des chrétiens, que toutes les personnes pieuses détestent ; vu leur mépris pour les divines ordonnances de nos empereurs et de nos césars, nous les condamnons à être brûlées vives. Quant à Agathon, à Casie, à Philippe et à Irène, ils resteront en prison jusqu’à ce que nous en ayons décidé autrement ».

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Agape et Chionie ayant été exécutées, Dulcétius fit comparaître Irène, et lui parla ainsi :

« C’est à présent que votre folie paraît dans tout son jour. On a trouvé en votre possession un grand nombre de livres, de cahiers, de feuilles et d’écrits concernant la doctrine des Chrétiens, les plus méchants hommes qui soient sur la terre ; et lorsqu’on vous les a représentés, vous avez été forcée de les reconnaître, quoique vous eussiez nié les avoir en dépôt. Il est bien étonnant que ni le supplice de vos sœurs, ni la crainte d’une fin, semblable, ne vous aient pas encore ouvert les yeux. Vous êtes donc absolument résolue de mourir. Je veux pourtant bien encore user d’indulgence à votre égard. Adorez les dieux, et j’oublierai votre crime. Ferez-vous enfin ce que les empereurs et les césars ont ordonné ? Sacrifierez-vous ? Mangerez-vous des viandes immolées ?

– Irène.

Sachez que je ne ferai rien de tout cela : Voudriez-vous que je méritasse de brûler dans un feu éternel, qui sera le partage de ceux qui auront renoncé Jésus-Christ, le Fils de Dieu ?

– Dulcétius.

Qui vous a persuadé de cacher si longtemps ces méchants livres ?

– Irène.

C’est le Dieu tout-puissant, lequel nous a commandé de l’aimer aux dépens même de notre vie. Voilà pourquoi nous nous laissons brûler vives plutôt que de livrer les saintes Écritures et de trahir les intérêts de Dieu.

– Dulcétius.

Quel qu’autre savait sans doute que vous aviez caché ces écritures ?

– Irène.

Personne n’en avait connaissance ; il n’y avait que Dieu qui le sût, parce que rien ne peut lui être caché. Nos propres domestiques n’étaient pas même dans le secret, de peur qu’ils ne nous dénonçassent.

– Dulcétius.

Où vous cachâtes-vous l’année dernière quand on publia l’édit des très-pieux empereurs ? – Irène. Où il plut à Dieu, sur les montagnes.

-Dulcétius.

Qui vous nourrissait alors ?

– Irène.

Dieu, qui pourvoit à la subsistance de toutes ses créatures.

– Dulcé­tius.

Votre père savait-il tout cela ?

– Irène.

Non, il n’en savait rien.

– Dulcétius.

Vos voisins sûrement ne l’ignoraient pas.

–  Irène.

Vous pouvez les interroger et faire les recherches que vous jugerez nécessaires.

– Dul­cétius.

Lorsque vous fûtes revenues des montagnes, lisiez-vous ces sortes de livres en présence de quelqu’un ?

– Irène.

Comme nous les tenions soigneusement cachés, sans oser les transporter ailleurs, nous ressentions une vive douleur de ne pouvoir les lire nuit et jour, comme nous avions coutume de le faire avant l’édit.

– Dulcétius.

Vos sœurs ont été punies comme elles le méritaient ; pour vous, quoique vous soyez digne de mort pour avoir caché clans votre maison ces livres impies, je prétends vous punir d’une autre manière. Vous serez exposée dans un lieu de débauche, et vous y vivrez chaque jour d’un pain qu’on vous portera du palais. Vous y serez gardée par des soldats, auxquels j’ordonne, sous peine de mort, de vous empêcher d’en sortir un seul moment ».

Cette infâme sentence fut rigoureusement exécutée ; mais Dieu se dé­clara le protecteur de la pureté de sa servante. Personne n’osa s’approcher d’elle, ni dire en sa présence aucune parole déshonnête. Le gouverneur, l’ayant fait ramener devant son tribunal, lui dit :

« Persistez-vous toujours dans votre opiniâtreté et votre désobéissance ?

– Irène.

Ce que vous appe­lez opiniâtreté et désobéissance, je l’appelle, moi, piété envers Dieu, et je vous déclare que j’y persiste.

– Dulcétius.

Puisque cela est, vous allez être condamnée à la peine que vous méritez ».

Il demanda des tablettes et écri­vit cette sentence :

« Irène, ayant refusé d’obéir aux empereurs et de sacri­fier aux dieux, et persistant toujours dans son attachement à la secte des chrétiens, nous ordonnons qu’elle sera brûlée toute vive, ainsi que l’ont été ses deux sœurs ».

La sentence fut exécutée sans délai, et à l’endroit même où Agape et Chionie avaient souffert quelques jours auparavant. Son martyre arriva le 5 avril 304.