La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Zénobe

À Florence, la fête de saint Zénobe, évêque de cette ville, illustre par la sainteté de sa vie et par la gloire de ses miracles. ✞ Ve S.

Hagiographie

Suivant l’auteur de l’Italie sacrée, Zénobe était issu de la très-illustre famille des Hieronymi, qui subsista longtemps à Florence.

Son éducation répondant à sa naissance, il passa son enfance et sa jeunesse dans une grande pureté de corps et d’esprit. Il n’eut point de part à la corruption de son siècle et de son pays, et, bien qu’il fût nourri délicatement, selon sa condition, il demeura néanmoins si parfaitement maitre de ses sens et de sa chair, qu’il ne leur lâcha jamais la bride pour se satisfaire dans leurs ap­pétits déréglés. Il était si sage et si retenu, qu’on ne l’a jamais vu rire im­modérément. Son occupation, lorsque l’âge le permit, fut d’étudier les belles-lettres, et il se rendit si habile dans la grammaire, la poésie, la dia­lectique et l’art de l’éloquence, qu’il passait pour le jeune homme le plus accompli de Florence ; il devait sans doute aussi cette réputation à sa dou­ceur, à sa bonne grâce, à ses manières honnêtes et agréables et à son natu­rel porté à toute sorte de bien. 

Lorsqu’il eut dix-huit ans, il se mit au rang des catéchumènes ; cela ne fut pas désagréable à ses parents, qui étaient aussi dans ce rang ; mais lorsqu’il se fit baptiser, à l’âge de vingt ans, par l’évêque saint Théodore, ils en eurent beaucoup de douleur, craignant que ce nouvel état ne le por­tât à une vie trop réformée. Ils s’en plaignirent à l’évêque comme d’une chose contraire à l’usage et à l’autorité paternelle. Mais Zénobe leur répon­dit lui-même si bien, surtout par sa conduite humble et soumise, qu’il leur fit approuver ce qu’il avait fait, et leur persuada même de se faire aussi baptiser, sans attendre l’extrémité de la vie, dont l’heure et le moment sont incertains. Bien plus, ils lui permirent de renoncer au monde, où l’at­tendaient de si belles espérances, et d’entrer dans le clergé. Au bout de quelques années, il reçut le diaconat ; puis, l’archidiacre de Florence étant mort, l’évêque obligea Zénobe d’accepter cette charge. Il avait trente-deux ans. L’Église, en ce temps-là, était extrêmement tourmentée par les Ariens. Saint Hilaire avait été chassé de Poitiers et banni en Orient. Saint Athanase était persécuté en tous les lieux du monde, et hors les tombeaux et les ca­vernes, il n’y avait pas un seul lieu de la terre où il pût être en sûreté. Les prélats assemblés en 359, au concile d’Antioche et de Rimini, avaient presque tous été forcés de souscrire à des professions de foi ou hérétiques, ou captieuses ; en un mot, disait saint Jérôme, le monde entier s’étonnait de se voir devenu Arien. Notre admirable archidiacre, touché de tant de maux, monta courageusement en chaire, et, s’armant d’un zèle intrépide pour la défense de la vérité, il réfuta l’Arianisme, établit la consubstantialité du Verbe et la divinité de Jésus-Christ, maintint l’autorité du concile de Nicée, et fortifia, par ce moyen, les catholiques, et convertit beaucoup d’héré­tiques.

Saint Zénobe

Fête saint : 25 Mai
Saint Zénobe de Florence

Présentation

Titre : Évêque de Florence
Date : 407
Pape : Innocent Ier
Empereur : Honorius

Dieu le rendit illustre par plusieurs miracles. On rapporte, entre autres, la résurrection de cinq morts. Le premier fut le fils d'une dame gauloise, qui, en passant par Florence pour aller faire ses dévotions à Rome, l'y avait laissé malade sous la protection du Saint, espérant le reprendre à son retour ; mais lorsqu'elle revint, elle le trouva mort depuis une heure. Comme c'était un fils unique, elle en eut une affliction extrême, et ne cessa point de conjurer saint Zénobe de le ressusciter ; elle lui disait qu'elle le lui avait laissé vivant, et qu'il devait le lui rendre vivant : ce qu'il fit par sa prière et par le signe de la croix.

Auteur

Emmanuel Mathiss de la Citadelle

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Il ne montra pas moins de courage lorsque Julien l’Apostat, étant par­venu à l’empire en 36i, voulut détruire le christianisme et rétablir le culte des faux dieux. Il savait qu’en s’opposant aux desseins de cet empereur, il risquait d’être maltraité, exilé, ou même mis à mort, comme saint Jean, saint Paul, saint Gallican et beaucoup d’autres. Cette considération fut loin de l’arrêter ; il flétrit publiquement l’impiété et l’apostasie de Julien, et fut l’un des plus fermes appuis de l’Église. Sa réputation le fit connaître à saint Ambroise, élevé sur la chaire de Milan en 374. Ce prélat voulut voir notre Saint et lier amitié avec lui. Étant allé à Rome en 380, il fit son éloge au pape saint Damase, qui l’appela à Rome et le retint près de lui. Zénobe fut envoyé à Constantinople, comme légat du Saint-Siège, pour y réprimer les hérésies et fortifier les orthodoxes. Sa mission fut couronnée de succès, grâce à sa science et à ses miracles, car il délivra publiquement deux per­sonnes possédées et cruellement tourmentées par le démon. À peine fut-il revenu à Rome, que saint Théodore, évêque de Florence, étant mort, et les Florentins ne pouvant s’accorder pour l’élection de son successeur, le Pape chargea notre Saint de pacifier les esprits. Dieu se servit de ce moyen pour l’élever sur cette chaire : à peine fut-il arrivé, que les suffrages devinrent unanimes : Zénobe fut élu évêque de Florence. Il s’enfuit aussitôt de la ville et alla dire au Pape qu’il n’avait pu obtenir des Florentins qu’ils fissent un bon choix. Mais les députés de Florence étant arrivés aussitôt après, informèrent le Pape de tout ce qui s’était passé, et firent de grandes instances, afin qu’il leur donnât ce saint diacre pour évêque. Le Pape, se séparant à regret d’un si bon conseiller, l’obligea d’accepter cette charge, le sacra de ses propres mains, et l’envoya avec sa bénédiction gouverner cette Église. 

On ne peut dire la joie et la magnificence avec lesquelles il fut reçu : la fête en dura plusieurs jours ; mais elle était d’autant plus éclatante, qu’elle ne consistait pas en des festins et en des danses, mais en des cantiques sacrés et en de continuelles actions de grâces à Dieu. Le Saint répondit par­faitement à la joie de son peuple ; son humilité n’en devint que plus profonde ; et plus sa dignité l’élevait au-dessus des autres, plus il s’abaissait dans la considération de son néant et de ses misères. La tendresse qu’il avait pour tous ses diocésains était si grande, qu’il n’y avait point d’affligé qui n’eût volontiers recours à lui. Il protégeait ceux qu’il voyait dans l’op­pression, et ne faisait point difficulté de s’opposer pour cela à la violence des grands et à l’injustice de la puissance séculière, quoiqu’il ne le fit qu’avec toute la prudence et la modération que l’on pouvait souhaiter en un homme nullement passionné. Tout ce qu’il avait de bien était aux pauvres ; il leur distribua son patrimoine, à la réserve d’une terre qu’il appli­qua à la fondation d’un beau monastère.

Comme il savait que la retraite est d’autant plus nécessaire aux prélats qu’ils sont plus distraits par les affaires, il se retirait souvent avec saint Eu­gène et saint Crescence, deux de ses ecclésiastiques, hors la ville, en une petite chapelle de Saint-Laurent, appelée l’Ambrosienne, parce que saint Ambroise l’avait dédiée. C’était là qu’il secouait, pour ainsi dire, ce qu’il pouvait avoir amassé de poussière dans ses relations avec le monde ; qu’il reprenait des forces pour le gouvernement de son diocèse, et qu’il jouissait en repos des douceurs de la contemplation.

Dieu le rendit illustre par plusieurs miracles. On rapporte, entre autres, la résurrection de cinq morts. Le premier fut le fils d’une dame gauloise, qui, en passant par Florence pour aller faire ses dévotions à Rome, l’y avait laissé malade sous la protection du Saint, espérant le reprendre à son retour ; mais lorsqu’elle revint, elle le trouva mort depuis une heure. Comme c’était un fils unique, elle en eut une affliction extrême, et ne cessa point de conjurer saint Zénobe de le ressusciter ; elle lui disait qu’elle le lui avait laissé vivant, et qu’il devait le lui rendre vivant : ce qu’il fit par sa prière et par le signe de la croix. Le second fut un jeune homme dont notre Saint rencontra le convoi funèbre en allant visiter les faubourgs de Florence. Les parents du défunt lui dirent qu’ayant ressuscité un étranger, il était bien raisonnable qu’il fit la même grâce à une de ses ouailles ; il se laissa toucher, et, après avoir levé les yeux et les mains au ciel, il rendit la vie au mort et le renvoya chez lui. Le troisième fut un homme nommé Simplicius, par lequel saint Ambroise lui envoyait des reliques des saints martyrs Vital, Agricole, Nazaire, Celse, Gervais et Protais : cet envoyé étant tombé avec son cheval dans un précipice, s’y était brisé tout le corps ; mais le Saint le rétablit si parfaitement, qu’il ne paraissait même sur lui aucune marque de ses blessures. Le quatrième fut un enfant de famille noble, qui avait été écrasé sous les roues d’une charrette, en jouant devant la porte de la cathé­drale de Saint-Sauveur. Saint Eugène et saint Crescence le lui présentèrent en cet état ; il joignit ses prières aux leurs, et obtint la résurrection et la guérison parfaite de cet enfant. Enfin, le dernier fut le père du même saint Eugène, qui était mort sans sacrements et en état de péché mortel. Le Saint, voyant l’affliction de son diacre, malade lui-même, lui ordonna de se lever et d’aller jeter de l’eau bénite sur le corps du mort ; il se leva comme s’il n’eût point été malade, et l’aspersion d’eau bénite qu’il fit sur cet infortuné fut si efficace, qu’elle lui redonna la vie et le pouvoir de faire pénitence. 

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Saint Zénobe guérit aussi un aveugle, et lui fit embrasser le christia­nisme avec sa mère et sa sœur. Son pouvoir sur les démons n’était pas moindre que sur les maladies et sur la mort. Une veuve païenne avait, par ses imprécations, attiré les démons dans le corps de ses deux fils, qui l’avaient traitée avec indignité ; ces démons les tourmentaient si cruellement, qu’ils se déchiraient eux-mêmes avec les ongles et les dents ; le Saint fut prié d’en avoir compassion et de les délivrer d’un si grand malheur. Il promit de le faire, pourvu que la mère s’obligeât, pour elle et pour eux, à quitter le paganisme et à recevoir le baptême. Elle le promit, et, après une prière de deux heures, il chassa les démons avec tant d’autorité du corps de ces infortunés, qu’ils n’osèrent plus en approcher. Cette dame et ses enfants accomplirent leur promesse et se firent chrétiens avec toute leur famille.

Après la mort de saint Ambroise, saint Zénobe le voyait souvent, tout éclatant de gloire, prier à l’autel de sa cathédrale : témoignage de la béatitude de l’un et de la sainteté de l’autre. Enfin, après qu’il eut envoyé devant lui dans le ciel ses deux admirables disciples, Eugène et Crescence, dont le premier mourut deux ans avant le second, la fin de sa journée et le terme bienheu­reux de son salaire arriva. Une maladie, jointe à l’âge (il avait quatre-vingts ans), lui en fit connaître les approches. Il en donna avis à son clergé, pour être assisté de ses prières ; mais le bruit s’en étant répandu par toute la ville, le peuple vint en foule à sa maison pour avoir le bonheur de le voir encore une fois et de recevoir sa bénédiction ; il la donna à tous, et, en même temps, des conseils tout paternels ; il leur recommanda surtout d’ai­mer la sobriété et la prière, de n’avoir point de communication avec les hérétiques, de se tenir à la doctrine des saints Pères et à l’a tradition de l’Église qu’il leur avait enseignée, de ne point faire de schisme entre eux pour l’élection de son successeur : mais de choisir un homme de Dieu qui pût les maintenir dans la foi et dans la piété. Il leur assura aussi qu’il les assisterait dans le ciel autant que sur la terre ; et, ayant fait faire sur ses membres le signe de la croix par les évêques, il rendit à Dieu sa belle âme, toute chargée de mérites, le 25 mai de l’année 407, selon la supputation du savant Ughelli. Son corps fut, selon ses ordres, porté avec beaucoup de solennité dans la chapelle de Saint-Laurent, si souvent arrosée de ses larmes ; mais l’année suivante, il fut transféré à la cathédrale, dédiée sous le nom de Saint-Sauveur par André, son successeur.

Deux grandes merveilles arrivèrent à cette translation. Le cercueil ayant touché, en passant, un orme qui était mort et desséché de vieillesse, le fit reverdir et porter des feuilles et des fleurs à l’heure même. Il fut depuis tel­lement coupé par la dévotion du peuple, qu’on fût obligé de mettre, en la place, une colonne de marbre, avec une inscription en mémoire de ce mi­racle. Le même cercueil demeura immobile à l’entrée de l’église, sans pou­voir avancer, jusqu’à ce que l’évêque André eût promis de fonder douze chapelains pour chanter perpétuellement les louanges de Dieu en la chapelle où le Saint serait enterré. Il le fut au même endroit que ses bienheu­reux disciples Eugène et Crescence ; et Dieu y a fait, en l’honneur de son serviteur, une infinité de prodiges et de miracles. Dans la suite des temps, il a été levé de terre et placé au-dessus du maître-autel. Son chef est dans un reliquaire d’argent, que l’on expose à la vénération des peuples ; on l’invoque surtout contre les maux de tête. 

L’arbre qui reverdit au passage de ses reliques ; l’enfant de Florence écrasé par un char et le fils de la dame gauloise qu’il ressuscite tous deux en public, à genoux sur la place publique ; sont les principaux faits qui servent à caractériser saint Zénobe dans les arts. Nous avons raconté ces faits.