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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Serge-Paul

À Narbonne, dans la Gaule, la naissance au ciel de saint Serge-Paul, évêque, disciple des Apôtres, que l'on regarde comme étant le même que Serre-Paul, proconsul, qui fut baptisé par l'apôtre saint Paul : cet Apôtre, se rendant en Espagne, le laissa à Narbonne, avec la dignité épiscopale. Il s'acquitta avec activité du ministère de la prédication, et s'envola au ciel, éclatant de la gloire de ses miracles. ✞ Ier s.

Hagiographie

D’après les anciennes traditions des églises de France, d’Italie, d’Espagne et du monde catholique, saint Paul, premier évêque de Narbonne, est le même que Serge-Paul, proconsul, converti par l’apôtre saint Paul, dans l’île de Chypre. De savants hommes, il est vrai, l’ont contesté dans le dernier siècle : néanmoins, comme c’est le témoignage de plusieurs siècles, que beaucoup de martyrologes, et surtout le Romain, n’ont pas fait difficulté d’y souscrire, et que, d’ailleurs, si l’opinion contraire a quelques preuves pour s’appuyer, l’on n’a pas manqué d’y répondre fort solidement, nous avons cru que, sans entrer plus avant dans la discussion, nous pouvions sûrement nous arrêter à l’ancienne tradition.

Le Paul dont nous parlons était des plus illustres familles de Rome, et avait passé par les charges les plus considérables de la République : envoyé proconsul en Chypre, pour la gouverner au nom de l’empereur et du sénat, il souhaita d’entendre saint Paul qui prêchait l’Évangile de Jésus-Christ dans cette île, avec une grande réputation ; car sa prédication était soutenue par une admirable sainteté de vie, et par des miracles si fréquents et si inouïs, qu’il faisait bien voir que Dieu autorisait lui-même sa doctrine. Notre Saint résidait alors à Paphos ; et comme l’Apôtre y vint aussi, il lui fit témoigner le désir qu’il avait de le voir. Ce n’était pas, néanmoins, sans difficultés : car il avait auprès de lui un juif, magicien, nommé Elymas, ou Barjésu, qui, faisant le prophète, le détournait de tout son possible d’écouter ce nouveau Docteur et d’embrasser la religion qu’il annonçait ; mais la grâce naissante fut plus forte en lui que la suggestion de cet instrument du démon. L’Apôtre le vint donc trouver, accompagné de saint Barnabé, qui était son collègue dans la prédication de l’Évangile ; il lui remontra la fausseté de la religion païenne, qui, en reconnaissant plusieurs dieux, n’en reconnaissait aucun véritable ; et la solidité de la religion chrétienne, qui n’adorait point d’autre Dieu que le Créateur du ciel et de la terre, avec son Fils Jésus-Christ, venu au monde pour tirer les hommes des ténèbres de leur ignorance. Elymas, présent à cette instruction, prit plaisir à contredire ce que disait le saint Apôtre, de peur que, le proconsul se convertissant, il ne perdît tout le crédit qu’il avait auprès de lui. Mais saint Paul, le regardant d’un œil indigné et d’un visage sévère, lui dit, par un mouvement subit du Saint-Esprit :

« Ô méchant séducteur ! Enfant du démon, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu donc jamais de traverser les voies droites du Seigneur ? Sache que la main de Dieu va s’appesantir sur toi, et que tu demeureras aveugle sans voir le soleil jusqu’à un certain temps que sa justice a marqué ».

Cette terrible sentence fut incontinent exécutée : le magicien perdit la vue, et fut contraint de demander quelqu’un qui le menât par la main. Pour le proconsul, il en tira un fruit merveilleux ; et, admirant tout ensemble le bras de Dieu et la sainteté de sa doctrine, il crut en Jésus-Christ, et se fit gloire d’être le disciple de saint Paul. On dit que ce fut de lui que l’Apôtre emprunta ce nom de Paul, car, auparavant, il n’est appelé, dans les Actes des Apôtres, que Saul, et c’est seulement après cette conversion qu’on commence à l’appeler Paul.

C’est tout ce que le texte sacré nous apprend de Serge-Paul ; de sorte qu’il faut tirer, de la tradition de l’Église et des auteurs ecclésiastiques, le reste que nous avons à dire de sa vie.

Saint Serge-Paul

Fête saint : 22 Mars

Présentation

Titre : Évêque et disciple des Apôtres
Date : Ier siècle
Pape : Saint Pierre
Empereur : Néron

Dans le temps, dit l’auteur des Actes du Saint, qu’un prince sacrilège poursuivait avec fureur les chrétiens et mettait leurs corps en pièces, on remarqua entre les généreux confesseurs notre évêque Serge-Paul, vaillant soldat de Jésus-Christ, courant au combat, ceint de l’épée de la religion, couvert du bouclier du dévouement, de la cuirasse de la foi et du casque de la confession. Il rendit gloire à Jésus-Christ, notre chef, devant la multitude, sans en craindre les menaces. Rien ne put ébranler le courageux athlète, ni la faim, ni les mépris, ni les tourments les plus affreux. Le démon irrité, en quelque sorte, par son héroïsme, inventa de nouveaux genres de supplices jusque-là inouïs. On déchira son corps, on lui arracha les ongles des doigts et on le meurtrit de coups. Mais ce raffinement de cruauté ne servit qu’à lui faire remporter une victoire plus éclatante sur les ennemis de la religion. Une foule de confesseurs cueillirent la palme du martyre, sans avoir souffert autant que saint Paul. Dieu voulait, sans doute, lui conserver miraculeusement la vie pour qu’il devînt la lumière de nos contrées et procurât à nous et à nos descendants les bienfaits de la vocation à la foi.

Auteur

Mgr Paul Guérin

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Le nouveau néophyte, amené à la foi d’une manière si miraculeuse, n’hésita pas un instant à faire à ses convictions les sacrifices les plus pénibles. Fidèle à la voix de Dieu qui l’appelait à l’apostolat, il mit ordre aux affaires de son gouvernement, et suivit à Rome ceux dont il avait reçu le bienfait de la religion, voulant partager leurs travaux et leurs destinées. C’était courir au-devant de, plus grands dangers. En effet, à Claude avait succédé l’empereur Néron, trop connu par sa cruauté, pour que nos saints apôtres ignorassent qu’en se rendant à la ville des Césars, ils s’exposaient aux tourments et au martyre. Cette considération ne les arrêta pas ; peut-être même fut-elle pour eux un motif d’entreprendre ce voyage, tant était grand leur désir de souffrir pour le nom de Jésus-Christ.

Ils ne furent pas plus tôt arrivés à Rome que le tyran donna l’ordre d’arrêter saint Paul et de le jeter en prison. Paul-Serge fut également saisi de son côté, et menacé des plus horribles supplices, s’il refusait de renier sa foi et de retourner au culte des idoles. Mais il refusa généreusement d’obéir à des ordres impies et confessa Jésus-Christ avec un courage admirable au milieu des plus cruelles tortures.

« Dans le temps, dit l’auteur des Actes du Saint, qu’un prince sacrilège poursuivait avec fureur les chrétiens et mettait leurs corps en pièces, on remarqua entre les généreux confesseurs notre évêque Paul, vaillant soldat de Jésus-Christ, courant au combat, ceint de l’épée de la religion, couvert du bouclier du dévouement, de la cuirasse de la foi et du casque de la confession. Il rendit gloire à Jésus-Christ, notre chef, devant la multitude, sans en craindre les menaces. Rien ne put ébranler le courageux athlète, ni la faim, ni les mépris, ni les tourments les plus affreux. Le démon irrité, en quelque sorte, par son héroïsme, inventa de nouveaux genres de supplices jusque-là inouïs. On déchira son corps, on lui arracha les ongles des doigts et on le meurtrit de coups. Mais ce raffinement de cruauté ne servit qu’à lui faire remporter une victoire plus éclatante sur les ennemis de la religion. Une foule de confesseurs cueillirent la palme du martyre, sans avoir souffert autant que saint Paul. Dieu voulait, sans doute, lui conserver miraculeusement la vie pour qu’il devînt la lumière de nos contrées et procurât à nous et à nos descendants les bienfaits de la vocation à la foi. »

En effet, l’Apôtre des nations, rendit à la liberté, après une captivité de deux ans, songea sérieusement à exécuter le dessein qu’il avait formé d’aller évangéliser l’Espagne. Il partit avec plusieurs disciples parmi lesquels se trouvaient saint Crescent et saint Paul-Serge, traversa les Gaules en prêchant l’Évangile, et pour achever de gagner à Jésus-Christ ces belles contrées, vaincues par les armes romaines, il laissa au milieu d’elles quelques-uns des zélés missionnaires qui l’accompagnaient.

Saint Paul-Serge s’arrêta d’abord à Béziers, qui se trouve sur la route de Narbonne et de l’Espagne. II y prêcha avec un grand succès et construisit plusieurs oratoires pour y célébrer les saints mystères. Le bruit des merveilles qu’il y opérait s’étant répandu jusqu’à Narbonne, où le culte des divinités païennes était en grand honneur, les habitants le firent prier de venir au milieu d’eux pour les instruire de la nouvelle religion qu’il annonçait. Le Saint se rendit à leurs prières, ne croyant pas devoir laisser échapper une occasion si favorable d’étendre le royaume de Dieu ; et après avoir ordonné évêque saint Aphrodisius, dont il connaissait le mérite, il lui confia le gouvernement de l’Église de Béziers, et alla à Narbonne, où il fut reçu comme un père au milieu de ses enfants. Bientôt la ville changea de face ; les temples des faux dieux furent abandonnés, et sur leurs ruines s’élevèrent plusieurs églises ; les superstitions anciennes disparurent, et la vérité, annoncée avec le zèle dont notre Apôtre, était animé, fit chaque jour de nouvelles conquêtes, malgré les obstacles qu’elle rencontrait dans les passions et les préjugés de ce peuple idolâtre, fortement attaché à ses erreurs. Ce séjour et ces prédications de Paul-Serge à Béziers paraissent d’autant plus vraisemblables que cette ville se trouve sur la route qu’il devait suivre pour aller à Narbonne.

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Les Espagnols veulent aussi qu’il ait été leur Apôtre, et qu’en ayant reçu la mission de saint Paul, il ait parcouru leurs plus belles provinces pour y propager l’Évangile. Le peu de distance qu’il y a de Narbonne en Espagne rend cette opinion assez probable ; d’ailleurs, comme nous le voyons par cent exemples, les premiers prédicateurs du Christianisme ne s’attachaient point tant à une église qu’ils ne portassent la foi en d’autres provinces, et même dans les lieux les plus éloignés, pour vérifier ces paroles du prophète Isaïe :

« Qui sont ceux-ci qui volent comme les nues ? »

Et ces autres du Roi-Prophète :

« Le son de leur prédication s’est répandu par toute la terre. » 

Il est naturel de penser qu’étant parti de Rome avec l’apôtre saint Paul, et l’ayant accompagné dans le midi de la Gaule, il eut le désir de le suivre dans cette contrée, où, selon les témoignages les plus graves, il annonça la parole sainte avec de si grands fruits de salut, que les autorités païennes s’en émurent et prirent la résolution de chasser du pays tous les ouvriers évangéliques. Cette mission, attestée par une foule d’écrivains respectables, trouve une preuve d’une grande force dans une inscription qui semble faite pour en conserver le souvenir, et que les historiens nous rapportent en ces termes :

« À Néron, César Auguste, pour avoir purgé la province de brigands et de ceux qui enseignaient aux hommes une nouvelle superstition ».

Ainsi, du temps de l’empereur Néron, le christianisme avait été prêché en Espagne, puisqu’on le félicite d’en avoir expulsé les missionnaires apostoliques, si visiblement désignés par ceux qui enseignaient une nouvelle superstition.

Mais quels sont les missionnaires qui, à cette époque, ont répandu la bonne nouvelle dans cette contrée ? Les traditions les plus anciennes et les plus universellement accréditées ne nous parlent-elles pas de l’apôtre saint Paul et de saint Paul-Serge, évêque de Narbonne ? De là la popularité dont le nom de ce saint. Prélat était entouré en Espagne, dès les temps apostoliques, et la vénération profonde qu’on y a conservée pour lui, au point de lui attribuer les premiers succès de la prédication évangélique dans ces diverses provinces et de l’en regarder comme l’Apôtre.

Cette tradition s’est perpétuée de siècle en siècle, et au témoignage des auteurs du Gallia Christiana, elle était encore tellement vivace au XVIIe qu’on voyait à certains temps de l’année une foule prodigieuse de fidèles accourir de toutes les parties de ce royaume aux lieux où reposent ses restes mortels.

Tamaius Salazar, dans son martyrologe des saints d’Espagne, confirme cette croyance générale en ces termes :

« Saint Paul-Serge, disciple des Apôtres, vint en Espagne avec l’apôtre saint Paul et annonça l’évangile à Cordoue, à Barcelone et dans la plupart des villes de la province. »

La prédication de saint Paul-Serge dans plusieurs parties de cette contrée paraît donc un fait acquis à l’histoire. Plusieurs auteurs même prétendent qu’il y vint à deux époques différentes, et ils disent qu’après avoir quitté l’Espagne au moment où les missionnaires en furent expulsés, comme on l’a vu plus haut, il y retourna par suite d’un avertissement qu’il reçut du ciel. Voici ce que rapporte à ce sujet Pierre Mulard, prêtre de l’église de Saint-Paul de Narbonne, qui composa en 1364 la vie de ce saint Évêque sur des manuscrits anciens :

« L’apôtre saint Paul, après son glorieux martyre sous l’empereur Néron, apparut miraculeusement à saint Paul-Serge et lui ordonna d’aller à Narbonne et en Espagne pour y prêcher de nouveau le royaume de Dieu. »

« Au retour de cette mission, où il fit des conversions nombreuses, il revint à Narbonne qu’il eut le bonheur d’amener tout entière à la foi. Ayant appris par trois apparitions successives de l’apôtre saint Paul que sa fin approchait, il consacra évêques le diacre Étienne et le prêtre Rufus, désignant le premier pour son successeur à Narbonne, et le second pour occuper le siège d’Avignon. Ce fut le dernier acte de sa vie ; car bientôt après il rendit doucement son âme à son créateur dans son église même, où il était en prière, et où il fut inhumé au milieu des larmes de ses diocésains ».

Quelques auteurs ont écrit que Paul-Serge avait versé son sang pour la foi et cueilli la palme du martyre. Mais cette opinion ne paraît pas avoir d’autre fondement que les horribles supplices qu’il eut à souffrir à Rome, et qui devaient le conduire à la mort, s’il n’avait été conservé miraculeusement.

Culte et reliques

Saint Paul a légué à la ville de Narbonne une gloire impérissable. Cette pensée est comme l’écho des siècles ; car déjà de son temps, Prudence l’avait exprimée dans ses poésies diverses où l’on trouve ces vers :

Surget et Paulo pretiosa Narbo,

que l’on a traduit par ces deux vers français plus fidèles qu’élégants :

Narbonne par son Paul illustre et précieuse,

Des plus grandes cités n’est pas la moins fameuse.

La métropole de Narbonne a toujours tenu un rang très-distingué parmi celles des Gaules et même parmi les Églises d’Espagne, au temps où Narbonne était placée sous la domination des Goths.