La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Pierre de Tarentaise

Au diocèse de Besançon, saint Pierre de Tarentaise, évêque et confesseur. ✞ 1174,

Abbé du monastère de Tamié

Pierre naquit en 1102, au diocèse de Vienne, en France, d’une modeste, mais très chrétienne famille de cultivateurs. Son père, sa mère finirent leurs jours en religion ; sa sœur fut abbesse du monastère de Betton, dans le diocèse de Chambéry ; ses deux frères, Lambert et André, furent, comme lui, moines à Bonnevaux. Lambert, l’aîné, se destinait déjà au cloître, lorsque Pierre était encore enfant. Et bien que ses parents eussent d’autres vues sur leur cadet, celui-ci, attiré par l’exemple de son frère aîné, se livrait, comme lui, à l’étude. Un jour, ses progrès étranges et sa jeune piété attirèrent l’attention de l’abbé de Bonnevaux, familier de ce dévot foyer ; il demanda Pierre à ses parents, et celui-ci, ravi, fut reçu parmi les moines. Il s’y montra si zélé pour les vertus religieuses, que, en 1132, les Cisterciens de son abbaye voulant fonder à Tamié un nouveau monastère, il fut choisi pour le gouverner. C’était un poste rude : Tamié était situé dans les gorges des Alpes, entre les montagnes qui séparent le Genevois de la Savoie ; là se trouvait le passage principal de Suisse en Italie. Le froid, la disette l’assiégeaient ; les moines menaient la vie la plus austère : du pain, des herbes cuites à l’eau et seulement assaisonnées de sel faisaient leur nourriture. Ils réservaient toutes leurs ressources pour les pauvres voyageurs et pèlerins qui franchissaient ce col, et ils les assistaient avec une charité extrême. Pierre, l’abbé, leur en donnait le touchant exemple, et déjà Dieu, par de fréquents miracles, l’encourageait à se dépenser ainsi au service du prochain.

Sa renommée s’étendit donc promptement ; le comte Amédée III de Savoie lui-même était devenu son ami et venait fréquemment s’éclairer de ses conseils. Et quand, en 1138, l’archevêché de Tarentaise eut été délivré de son indigne prélat, Isdraël, qui l’avait usurpé, les clercs d’une voix unanime choisirent Pierre de Tamié pour prendre sa place. On se heurta d’abord à la plus vive résistance de l’élu ; elle ne céda qu’au convent général des Cisterciens, devant les invitations formelles des abbés de Cîteaux et de Bonnevaux, et surtout de saint Bernard lui-même.

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Saint Pierre de Tarentaise

Fête saint : 08 Mai

Présentation

Titre : Archevêque
Date : 1102-1174
Pape : Alexandre III
Empereur : Frédéric Ier Barberousse

Auteur

Emmanuel Mathiss de la Citadelle

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -

Archevêque de Tarentaise

La charité s’assit avec Pierre sur le siège épiscopal : elle fut en effet sa vertu préférée et caractéristique. Sans doute elle ne fut pas la seule : la prudence unie à une douce fermeté présida à la réforme d’un clergé désorienté par les vices d’Israël ; la piété rendit au culte divin, au chant canonial, à la beauté des cérémonies, tout leur lustre perdu ; l’austérité du moine se continua dans l’archevêque, pauvrement vêtu, plus pauvrement nourri. Mais son cœur était surtout ouvert à la plus miséricordieuse tendresse. Il prodiguait à son peuple les encouragements de la foi, moins soucieux de l’éloquence que d’une nerveuse brièveté : il préférait, disait-il, cinq mots pleins de sens à dix mille qui n’auraient pour eux que l’abondance. Les affligés, les pénitents trouvaient près de lui encouragement et consolation, et la détresse corporelle ne le laissait jamais insensible. Il avait mesuré, à Tamié, toute l’utilité d’un refuge pour les passants de la montagne ; aussi voulut-il en établir de pareils au sommet du Petit-Saint-Bernard, à Moutiers et sur le mont Jura. Sa table, — si l’on peut donner ce nom à la simplicité de ses repas, — était toujours dressée pour les affamés, qu’il faisait servir avant lui-même. Pour les secourir, il mettait à contribution ses amis, prélevant une dîme sur leurs biens à leur insu, mais non pas contre leurs intentions. Un jour, reçu chez une pieuse femme, il ramassait secrètement sur la table les morceaux de pain qu’il enfouissait dans un sac destiné à ses aumônes. Son hôtesse avait vu le charitable manège ; de propos délibéré, elle sema, de ci de là, des pains, et le bon archevêque, les trouvant sous sa main, les entassait dans son sac, tant et si bien que, quand il fallut partir, le fardeau était devenu trop lourd pour ses épaules. Le Saint était fort embarrassé, n’osait rien dire. Heureusement un ami était là ; prévenu, il enlève le sac, et ainsi chargé, va un peu plus loin rejoindre le voyageur, qui n’eut plus qu’à mettre son butin sur la croupe de sa monture.

Il passait pendant l’hiver sur le Grand-Saint-Bernard. Et voici qu’une pauvre vieille le rencontre ; toute glacée, toute tremblante, elle demande l’aumône en pleurant. Pierre est ému :

« Ma pauvre mère ! Dit-il en pleurant, elle meurt de froid ! Qui lui donnera un vêtement ? »

Ses compagnons n’étaient pas d’humeur à se dépouiller par ce temps rigoureux. Alors il les fait passer devant. Lui-même s’arrête, enlève la tunique qu’il portait sous sa coule ; il en revêt la mendiante et reprend sa route, n’ayant sur son cilice que son unique manteau.

Il renouvela une autre fois cet héroïque dépouillement. Mais il faillit en périr. Le froid le pénétra si profondément, que, à grand-peine arrivé à l’étape, on ne put que très difficilement le ranimer et lui rendre un peu de chaleur.

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Vertus, miracles, sainteté

On conçoit qu’une telle charité gagnait tous les cœurs. Aussi se faisait-il autour du Saint un concours de toutes les misères. D’autant plus que, non moins abondants que ses aumônes, les miracles se multipliaient sous ses mains. On raconte qu’étant de passage au monastère de Saint-Claude, dans le Jura, une si grande multitude accourut pour le voir, qu’elle l’eût étouffé. Il fallut, pour la contenir, le placer dans la tour de l’église, où on accédait par un double escalier. Les suppliants, passant de l’un à l’autre, défilaient devant Pierre, qui répondait à leurs requêtes, consolait leurs peines, touchait leurs membres malades, guérissait tour à tour le corps et l’âme.

Tant d’affluence, tant de merveilles affligeaient son humilité. Il résolut de s’y soustraire par la fuite. Une nuit, avec un seul confident, il s’échappe par le chemin de la Suisse et va se réfugier en Allemagne, dans un monastère de Cîteaux. Il y vivait inconnu, traité en simple moine, perdu dans la joie de la prière et de l’austère discipline. Et cependant on le cherchait de toutes parts et ses fidèles pleuraient sa perte. Mais voici qu’un jour, un jeune homme qu’il avait élevé depuis son enfance et qui s’était juré de retrouver son père tant aimé, arriva,

conduit par Dieu, à ce monastère. Il assiste au défilé des moines, il reconnaît le Saint, il pousse un grand cri et s’élance vers lui. On s’étonne, on interroge, on se confond d’avoir ignoré un homme si célèbre, un évêque si pieux. Et lui, tout affligé, dut renoncer à la chère solitude et retourner à son diocèse.

L’occasion l’y attendait de rendre à l’Église un grand service. L’empereur Frédéric Barberousse s’était révolté contre Rome ; il opposait au pape Alexandre III un antipape de son choix, Victor, et il déchirait la chrétienté. Presque seul dans ces pays, Pierre lui fit face, condamna le schisme, au risque de l’exil ; et malgré l’énergie de ses représentations, de ses reproches même, sa vertu imposa respect à l’empereur, qui s’inclina devant lui et lui demanda ses prières.

La constance de sa foi, la renommée de sa sainteté était parvenue jusqu’au pape ; Alexandre III désira le voir et le manda à Rome. Le voyage de Pierre à travers l’Italie fut un long triomphe et une prédication continuelle. Le Souverain Pontife le reçut avec vénération. Et peu après, il lui donna mission de réconcilier les rois de France et d’Angleterre, Louis VII et Henri II. L’archevêque de Tarentaise prit donc sa route à travers la France ; à Corbeil, il rencontra Louis VII avec son gendre, le fils de Henri II. En l’apercevant, le jeune prince sauta de cheval, s’inclina devant le Saint et lui baisa les pieds. Et puis, presque de force, il s’empara du vieux manteau tout déchiré qui lui couvrait les épaules. Les courtisans riaient à la dérobée :

« Vous ne ririez pas, leur dit-il, si vous saviez tous les miracles qu’a faits une de ses ceintures que je possède. »

Malgré ses efforts, le saint archevêque ne put mener à bien sa mission. La paix ne devait être signée qu’après sa mort. Il reprit donc sa route vers Tarentaise. Mais la fièvre le saisit comme il était à Dommartin, au diocèse de Besançon. Il alla cependant jusqu’au monastère de Belleval ; mais là il dut s’arrêter. Au bout de quelques jours de maladie, toujours aimable et sous un sourire dissimulant ses souffrances, le bon et charitable Pierre de Tarentaise alla recevoir la récompense que Notre-Seigneur a promis aux doux et aux miséricordieux. Il mourut le 3 mai 1174, accomplissant la trente-troisième année de son épiscopat.