D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.
Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
C’est ici un de ces illustres fondateurs de congrégation que la France a donné à l’Église. Il naquit au pays du Lauraguais, diocèse de Saint-Papoul, en un lieu appelé le Mas des Saintes Puelles, près de Castelnaudary, aujourd’hui diocèse de Carcassonne, d’une des plus illustres familles de toute cette province. Le lieu appelé aujourd’hui Le Mas-Saintes-Puelles s’appelait Recaud avant que trois jeunes filles de Toulouse, fuyant la persécution, vinssent s’y réfugier. Aussi a-t-on chanté jusqu’à l’introduction du rite romain (1854) au Mas-Saintes-Puelles, ces paroles d’un office approuvé spécialement pour cette paroisse par J. B. Marie de Maillé de la Tour Landry, dernier évêque de Saint-Papoul :
« Élève jusqu’aux cieux tes cantiques de fête, 0 peuple de Récaud ! »
N’est-il pas bien juste, en effet, de se réjouir, et l’Église tout entière ne se réjouit-elle pas en ce jour où elle célèbre le triomphe de l’un de ces hommes que l’Écriture appelle des hommes de miséricorde ? Jeune encore, Pierre Nolasque fit toujours paraître qu’il était né pour la miséricorde, et que cette vertu lui avait été donnée pour compagne dès le premier instant de son existence ; à peine pouvait-il regarder un pauvre sans verser des larmes de compassion. Son père, qui s’appelait Nolasque, étant décédé, il demeura, âgé de quinze ans, sous la conduite de sa mère. Elle eût bien souhaité, pour le soulagement de sa vieillesse, de lui voir vendre un parti sortable à sa condition. Mais Dieu, qui l’appelait à des choses plus grandes, lui mit dans l’esprit une forte pensée de ne s’attacher jamais à aucune créature mortelle.
Cependant, le jeune Pierre s’engagea à la suite de Simon, comte de Montfort, général de la croisade catholique contre les Albigeois. Simon de Montfort gagna la fameuse bataille de Muret, contre les comtes de Toulouse, de Foix, de Comminge, et Pierre, roi d’Aragon ; ce dernier y fut tué, et son fils Jacques fait prisonnier. Le vainqueur, qui avait été l’ami de Pierre d’Aragon, fut touché du malheur de son fils, âgé de six ans ; il en eut le plus grand soin, confia son éducation à Pierre Nolasque, et les envoya tous deux en Espagne.
Le Saint n’avait alors que vingt-cinq ans ; il vécut à la cour d’Aragon, à Barcelone, avec toute la régularité d’un religieux. Il s’acquitta de ses nobles fonctions avec le plus grand zèle, inspirant au jeune roi la piété envers Dieu et son Église, l’amour de la justice et de la vérité.
Saint Pierre de Nolasque
Présentation
En outre il se sentit si vivement touché de compassion pour les pauvres chrétiens qui, étant tombés par quelque malheur entre les mains des infidèles, gémissaient sous une si misérable servitude, qu’il se fût de bon cœur rendu de lui-même esclave pour en délivrer quelqu’un. Mais saint Raymond de Pennafort lui ayant fait modérer cette grande ferveur, il crut devoir au moins contribuer autant qu’il pourrait par ses biens et par des quêtes auprès de ses meilleurs amis, à un dessein si religieux. Dans le but d’y mieux réussir, il engagea quelques personnes de sa connaissance à faire une sainte alliance sous le nom de Congrégation de la sainte Vierge, pour travailler à la rédemption des esclaves et à former un fonds d’aumônes qui serviraient à cet usage.
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Pour lui, loin des plaisirs de la cour, il vivait retiré dans un hôtel que le roi lui avait donné, sur la paroisse de Saint-Paul, après l’avoir naturalisé et incorporé à la noblesse de Catalogne. Il donnait à la prière, à l’étude des saintes Écritures et aux exercices de la pénitence, le temps qu’il n’était point obligé d’employer auprès de la personne du roi. Il avait quatre heures d’oraison marquées, savoir : deux le jour et deux la nuit.
En outre il se sentit si vivement touché de compassion pour les pauvres chrétiens qui, étant tombés par quelque malheur entre les mains des infidèles, gémissaient sous une si misérable servitude, qu’il se fût de bon cœur rendu de lui-même esclave pour en délivrer quelqu’un. Mais saint Raymond de Pennafort lui ayant fait modérer cette grande ferveur, il crut devoir au moins contribuer autant qu’il pourrait par ses biens et par des quêtes auprès de ses meilleurs amis, à un dessein si religieux. Dans le but d’y mieux réussir, il engagea quelques personnes de sa connaissance à faire une sainte alliance sous le nom de Congrégation de la sainte Vierge, pour travailler à la rédemption des esclaves et à former un fonds d’aumônes qui serviraient à cet usage. Cependant, de si heureux commencements ne furent pas exempts des médisances du monde, qui a coutume de traverser les plus saintes entreprises des serviteurs de Dieu.
Mais celui qui en avait donné la première pensée au généreux Pierre, l’y voulut encore affermir par une vision céleste qu’il eut durant la prière ; car il lui sembla voir un olivier chargé de fleurs et de fruits au milieu de la cour d’une maison royale, et deux vénérables vieillards qui lui commandaient de s’asseoir au pied de cet arbre afin de le garder. Il crut que cela se rapportait à la petite congrégation qu’il avait déjà érigée dans la cour du roi et qu’il désirait étendre par toute la chrétienté. Aussi, était-ce la vraie interprétation de cette vision.
Une autre fois, le jour de la fête de Saint-Pierre-aux-Liens, la Sainte Vierge Marie lui apparut durant la nuit et dans la plus grande ferveur de son oraison, pour lui dire que c’était le bon plaisir de Dieu qu’il travaillât à l’établissement d’une congrégation, qui serait employée à la délivrance des captifs, sous le titre de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, et qui ferait profession de retirer les fidèles, esclaves, des mains des barbares. Pierre, étonné de cette vision, prit la hardiesse de parler à Celle qu’il voyait et de lui dire :
« Qui êtes-vous, pour savoir si bien les secrets de Dieu ? Et qui suis-je, moi, pour remplir une si grande mission ? »
La Vierge lui répondit :
« Je suis Made, Mère de Dieu, qui ai porté le premier Rédempteur du monde, et qui veux avoir parmi les chrétiens une nouvelle famille qui fasse en quelque façon le même office pour l’amour de mon Fils en faveur de leurs frères captifs ».
Aussitôt Pierre, tout transporté de joie, s’en alla au palais pour informer le roi de ce qui s’était passé ; mais il fut encore plus consolé quand il apprit que ce prince avait été favorisé à la même heure d’une semblable vision, ainsi que saint Raymond de Pennafort, de l’Ordre de Saint-Dominique.
Le roi ayant fait appeler Bérenger de La Palu, évêque de Barcelone, et les principaux de son conseil, il fut arrêté que le jour de Saint-Laurent, l’habit de religieux serait donné à Nolasque, afin qu’il fût comme la première pierre de ce grand édifice. Ce fut donc en ce jour prescrit que le roi, suivi de saint Raymond, de notre Saint, de toute la cour et des échevins de la ville, se rendit en l’église de Sainte-Croix-de-Jérusalem, cathédrale de Barcelone, où l’évêque avec le clergé le reçut à la porte, en chantant le Te Deum, et célébra la messe pontificale. Après l’Évangile, saint Raymond monta en chaire, et fit savoir au peuple la volonté de Dieu, révélée au roi, à Nolasque et à lui, touchant l’institution de l’Ordre de Notre-Dame-de-la Merci pour le rachat des captifs ; et après l’offrande, le roi et saint Raymond présentèrent le nouveau fondateur à l’évêque, qui, ayant béni la robe blanche, le scapulaire et les autres parties du nouvel habit religieux, en revêtit le bienheureux Pierre en présence de tout le peuple, et avec lui deux seigneurs de ceux qui avaient été ses premiers associés pour recueilli les aumônes destinées aux esclaves.
Ils firent les vœux solennels de religion et en ajoutèrent un quatrième, par lequel ils s’obligèrent d’engager leurs biens et leurs propres personnes, quand il serait nécessaire, pour la délivrance des prisonniers ; et c’est ce qui distingue cet Ordre des autres. Le roi, en témoignage de sa bienveillance, lui fit présent de ses armes, qui sont d’or à quatre pas de gueules, et l’évêque à son tour demanda qu’on lui permît d’y ajouter celles de l’église cathédrale, qui sont une croix d’argent de Saint-Jean-de-Jérusalem, en champ de gueules ; afin que les armes royales étant, par ce moyen, unies à celles de la religion, fussent plus conformes à l’esprit de l’Institut, A l’issue de la messe, le roi prit le nouveau religieux et ses deux compagnons, et, suivi de l’évêque, de saint Raymond, de la noblesse et des échevins de la ville, il les conduisit en son palais, où il les mit en possession d’une partie des bâtiments qui devaient leur servir de premier logement : leurs successeurs en jouirent depuis.
Dieu, continuant de verser ses bénédictions sur ce nouvel Ordre, y attirait de jour en jour plusieurs personnes notables, qui, d’esclaves du monde, devenaient rédempteurs des captifs : et, comme le nombre des religieux commençait à croître, le bienheureux Pierre demanda au roi permission de choisir quelque place dans la ville pour bâtir un monastère ; l’église de Sainte-Eulalie, sur le bord de la mer, fut le lieu le plus convenable que l’on pût trouver.
Cependant, le roi d’Aragon ne diminuant rien de l’affection qu’il avait toujours eue pour son gouverneur, se fit faire un appartement auprès du couvent de la Merci, qui lui servirait de résidence ordinaire. Ainsi la vertu de ce bon religieux fut plus puissante pour attirer le roi de son palais au monastère, que le crédit du roi pour faire venir le religieux du cloître à la cour. Quoique ce prince, en effet, désirât qu’il lui tînt compagnie dans le voyage qu’il devait faire pour aller célébrer ses noces en la ville d’Agréda, il ne fut pas possible de lui faire abandonner sa cellule. Mais on remarque que ce qu’il avait refusé par modestie, il l’accepta une autre fois par charité : des querelles entre Dom Nugier Sanchez, cousin germain du roi, et Dom Guillaume de Moncada, vicomte de Béarn, avaient tellement divisé l’Aragon et allumé une si grande guerre, que, le roi même, qui devait être juge de ces différends, était en danger de sa personne par l’artifice et par la violence des deux partis. Comme chacun d’eux voulait avoir le Saint de son côté, il vint vers le roi ; et, ayant reçu commission de Sa Majesté, il alla trouver les chefs des deux factions et négocia si prudemment cette affaire, qu’il contenta tout le monde et pourvut en même temps au soulagement du peuple. De plus, le roi étant comme prisonnier depuis trois semaines dans le château de Saragosse, le bienheureux Pierre s’y rendit, et, après avoir longtemps sollicité Dieu par ses prières, il traita l’affaire avec tant d’adresse, que le roi reçut la satisfaction qu’il désirait et eut moyen de retourner à Barcelone.
Après avoir donné ces preuves d’attachement à son prince, il en prit congé, pour aller en pèlerinage à Notre-Dame de Montserrat ; et, afin de satisfaire plus secrètement sa dévotion, il alla à Manrèse, comme s’il n’eût pas eu dessein de passer à Barcelone ; et, étant là, il se mit en l’état qu’il désirait et fit le voyage les pieds nus, après quoi il retourna en son monastère. Dès qu’il y fut arrivé, il assembla ses religieux et leur représenta que ce n’était pas assez pour la perfection de leur Ordre de racheter quelques captifs, comme ils faisaient, sans sortir des terres sujettes aux princes chrétiens, mais qu’il fallait aussi se transporter dans les pays infidèles, afin de retirer les agneaux de la gueule des loups et de délivrer les chrétiens leurs frères de la main de leurs ennemis. Comme ils n’y pouvaient aller tous ensemble, ils procédèrent à l’élection de ceux qui feraient les premiers ce voyage, et qui, pour ce sujet, furent appelés Rédempteurs.
Il fut lui-même nommé, afin, pour ainsi dire, qu’il rompît la glace et frayât le chemin aux autres. Et, regardant cette élection comme un commandement du ciel, il s’y disposa avec la diligence et la dévotion que l’on peut imaginer. Il entreprit donc ce voyage dans la résolution de n’employer pas seulement à la rédemption des fidèles les deniers qu’on avait amassés, mais aussi son sang et sa vie.
Il alla premièrement au royaume de Valence, occupé pour lors par les Sarrasins : bien loin d’y trouver le mépris que son humilité lui avait fait espérer, il n’y reçut que de l’honneur ; c’est pourquoi, après avoir exécuté son dessein avec presque tout l’avantage et toute la facilité qu’il pouvait désirer, il revint aussitôt à Barcelone, ramenant dans un humble triomphe un grand nombre de pauvres innocents, que le malheur avait réduits en servitude. Il ne fut pas plus tôt de retour, qu’il fit une nouvelle quête et partit une seconde fois pour aller au royaume de Grenade. Il retira des mains des infidèles, dans ces deux expéditions, environ quatre cents esclaves. Si sa charité remplit les captifs de consolation, elle ne causa pas moins d’étonnement aux Barbares à qui il prêchait généreusement les vérités chrétiennes et les mystères de notre religion. C’est sans doute à cause de ce grand zèle que Dieu donna une telle bénédiction à ses travaux, qu’il acheva avec une merveilleuse facilitée tout ce qu’il entreprit.
Nolasque aurait bien souhaité de continuer ses charitables fonctions ; mais, comme le roi d’Aragon avait entrepris la conquête de Valence sur les Sarrasins, après leur avoir enlevé l’île de Majorque, l’an 1228, l’interdiction du commerce et les actes d’hostilité de part et d’autre contraignirent les Pères d’interrompre ce pieux-exercice durant quelques années.
Cependant, cela ne laissa pas d’être avantageux à la rédemption des captifs, soit par les victoires fréquentes et signalées que le roi d’Aragon remporta sur les infidèles, soit par la fondation de plusieurs monastères de la Merci qu’il érigea dans les terres conquises sur les ennemis. Le plus célèbre de tous fut fondé lorsque ayant gagné sur Zaen, roi des Maures de Valence, une grande victoire d’où suivit la prise de la montagne d’Unéza, le roi manda au bienheureux Pierre, qui était à Barcelone, de le venir trouver en diligence.
Et, dès qu’il fut arrivé, il donna à son Ordre le château d’Unéza, en reconnaissance de la victoire qu’il avait plu à Dieu de lui faire remporter sur ces infidèles, et y fit bâtir un monastère et une église à l’honneur de Notre-Dame : en effet, devant le succès de ses armes à l’intercession de Marie, il était juste qu’il lui consacrât la gloire de ses conquêtes en lui érigeant ces illustres trophées.
Tandis que l’on travaillait aux fondements de cette nouvelle église que l’on nomme en Espagne Sainte-Marie del Puche, à cause du lieu, il arriva une chose digne de remarque : pendant quatre samedis, on vit paraître la nuit sept lumières brillantes comme des étoiles, qui, descendant du ciel à sept diverses fois, allaient se cacher sous la terre à l’endroit même où l’on creusait les fondations.
On y prit garde et, en creusant plus avant, on trouva une cloche d’une prodigieuse grosseur, dans laquelle il y avait une très-belle image de Notre-Dame. Le bienheureux Pierre la reçut entre ses bras comme un riche don du ciel et lui fit dresser un autel au même endroit où elle fut trouvée ; et Dieu y a opéré, dès ce temps-là, de nombreux miracles.
Cette faveur céleste donna sujet au saint homme d’exhorter le roi à la poursuite du siège de Valence ; et, quoique le conseil fût d’avis contraire, néanmoins le prince se confia aux paroles de Nolasque, qui lui promettait le succès de la part de Dieu. Il continua le siège et emporta enfin la ville avec le secours du ciel et des armes de la noblesse française qui vint, sans être mandée, lui faire offre de ses services en une si sainte entreprise, où il y allait de la gloire de Dieu et de l’intérêt de la religion chrétienne.
La première action du roi, après son entrée dans la ville, fut de faire consacrer, par l’évêque de Narbonne, la grande mosquée en église cathédrale, sous le titre de Saint-André, et de donner aux religieux de la Merci une autre mosquée, où fut l’église et le monastère de l’Ordre. Notre Saint disposa cette maison et, après l’avoir remise entre les mains de quelques religieux, il retourna à Barcelone ; il n’y fut pas longtemps sans faire les préparatifs d’un troisième voyage pour une nouvelle rédemption.
Comme il avait trouvé chez les Maures de Grenade et de Valence plus de douceur qu’il n’en désirait pour contenter son humilité, il résolut de tirer vers l’Afrique, et alla aborder à Alger, côte depuis longtemps oubliée des matelots européens, mais depuis fort fréquentée par les Pères de la Merci.
Il allait chercher les fidèles captifs dans les basses-fosses des Turcs, avec plus de soin et d’allégresse que les plus avares ne recherchent l’or dans les entrailles de la terre ou les perles dans le fond de la mer. Mais, tandis qu’il travaillait à délivrer les esclaves, les Turcs s’efforçaient de faire prisonniers ceux qui étaient libres. Un pirate, revenant de faire sa course, arriva à Alger avec une frégate remplie de chrétiens passagers, parmi lesquels il y avait une dame catalane nommée Thérèse de Vibaure : c’était une personne de haute qualité, accompagnée d’un de ses frères avec qui elle revenait de Rome recevoir de Sa Sainteté la conclusion d’un différend qu’elle avait avec le roi d’Aragon.
Lorsque le pirate arriva au port, les hurlements extraordinaires de ces loups affamés firent bien juger au Père qu’ils avaient fait quelque nouvelle prise : c’est pourquoi il s’y rendit promptement, et, découvrant ces pauvres prisonniers, il s’approcha d’eux afin de mêler ses larmes avec leurs soupirs et d’adoucir leur douleur en leur témoignant le chagrin qu’il en avait, et en offrant à chacun d’eux sa liberté et sa vie pour leur délivrance. Mais quand il aperçut Thérèse, qu’il avait vue peu d’années auparavant dans la prospérité, il lui promit toute sorte d’assistance, et alla aussitôt traiter du rachat de tous ces captifs avec le pirate qui les avait amenés. Celui-ci ne sachant pas les qualités de ses esclaves, les laissa à un prix médiocre et, en ayant reçu le paiement, il les mit entre les mains du Père. Un matelot ayant découvert la qualité de cette dame et de son frère, le chef des pirates se saisit de nouveau de leurs personnes ; et, comme s’il avait été trompé par le Père, il le traita injurieusement et le menaça même de le faire mourir. Saint Pierre, pour arrêter le bruit, augmenta la rançon ; et parce qu’il n’avait pas de quoi payer, il obtint du temps pour envoyer en Espagne chercher la somme nécessaire, à condition que les esclaves seraient mis en lieu de sûreté et qu’il aurait la liberté de les visiter. Il écrivit au roi d’Aragon, et les captifs écrivirent aussi à leurs parents ; mais la longueur qu’on apporta à faire réponse et les incommodités de la servitude, insupportables à des personnes délicates, les portèrent à chercher leur liberté à l’insu du Père ; et un juif du pays les enleva secrètement une nuit et les fit passer quelques jours après en Espagne.
Le lendemain, les pirates, ne trouvant plus le meilleur de leur butin, se saisirent du bienheureux Père, sans autre information, le chargèrent d’injures et de coups, le mirent dans une basse-fosse et le firent comparaître en justice comme un voleur, un séducteur, un faussaire et le seul auteur de la fuite des esclaves. Le cadi ou juge, ne trouvant aucune preuve contre lui, n’osa le condamner ; mais lui, désirant souffrir et craignant que l’on ne fît quelque mauvais traitement aux autres captifs, s’offrit pour être esclave à la place des fugitifs ou de ceux qu’on voudrait, pendant que le religieux qui était en sa compagnie irait en chercher la rançon en Espagne.
Le pirate, avare et artificieux, voulant avoir de l’argent et se venger, aima mieux retenir en gage le religieux que le Père destinait à ce voyage et voulut que lui-même se mît en mer pour aller chercher la rançon des autres. Il fit mettre sur mer deux barques nommées tartanes : dans l’une, qui faisait eau de tous côtés, il fit embarquer le Père, avec ordre aux matelots, dès qu’ils seraient en pleine mer, de l’abandonner sans voiles ni gouvernail, et qu’au retour ils feignissent que la tempête avait perdu le vaisseau où était le chrétien.
Son ordre fut exécuté, mais non pas avec le succès qu’il prétendait, parce que Dieu voulut garantir du naufrage celui qui n’allait que sous la conduite de sa grâce. L’orage que les Turcs avaient choisi pour exercer leur fureur cessa : le calme revint. Dieu même servit de guide à la tartane, et le Père, faisant mât de son corps et voile de son manteau, à la faveur d’un vent propice, traversa la mer et se rendit en peu d’heures aux côtes et enfin au port de Valence, au grand étonnement d’une infinité de monde qui le vit aborder. Dès qu’il fut débarqué, il alla rendre grâces à Dieu en l’église de Notre-Dame del Puche, dont nous avons parlé ci-dessus ; il y fut suivi de tout le peuple, qui donna mille louanges à Dieu pour la merveille de ce succès et qui fit, sur l’heure, de grandes aumônes pour dégager au plus tôt le religieux et le reste des chrétiens captifs à Alger ; ils furent bientôt rachetés et amenés à Valence, où ce bienheureux Père les attendit et les reçut avec des tendresses que l’on ne peut exprimer par des paroles. Les religieux de Barcelone, ayant appris l’admirable retour de leur saint Père, l’envoyèrent supplier de les venir consoler par sa présence qui leur était très-nécessaire : il y alla ; mais, s’il leur donna cette consolation, il en reçut aussi beaucoup de voir le zèle qu’ils avaient pour se sacrifier entièrement aux œuvres de charité et chercher l’occasion du martyre. Quelque temps après, il assembla les principaux de l’Ordre pour se démettre de l’office de rédempteur, qu’on lui avait imposé, et procéder à l’élection d’un autre qui s’acquittât dignement de cette fonction : le sort tomba sur le P. Guillaume Bas.
Il voulut en même temps renoncer aussi à la charge de général pour vivre le reste de ses jours en simple religieux ; mais, quelque raison qu’il alléguât pour faire agréer son dessein, personne n’y voulut consentir. Tout ce qu’il put faire par ses prières et par ses larmes, ce fut d’obtenir enfin l’élection d’un vicaire général qui le soulagerait en ses visites et dans les autres fatigues de l’Ordre ; et ce fut le P. Pierre d’Amour. Ainsi Nolasque, se voyant un peu plus libre, s’appliqua avec un nouveau zèle aux plus humbles ministères de la communauté et reprit les premiers exercices du noviciat. Entre autres choses, il se plaisait extrêmement à distribuer les aumônes aux pauvres, à la porte du monastère, parce que, durant ce temps, il avait le moyen de leur faire part de l’aumône spirituelle et de les exhorter à la patience et à l’amour de Dieu.
Il était souvent favorisé de visions célestes par lesquelles Notre-Seigneur lui faisait connaître les progrès de son Ordre et la meilleure manière de conduire ses religieux. Un samedi, qu’il assistait avec les autres au salut qui se chante le soir dans l’église, il considérait tous ses religieux, et comme il lui semblait que le nombre en était petit, tout ravi, hors de lui, il dit d’une voix intelligible et accompagnée de soupirs et de larmes :
« Comment ! Seigneur, est-ce que vous serez avare envers votre mère, étant si libéral envers toutes vos créatures ? O Seigneur, si c’est mon insuffisance qui fait tarir la source de vos grâces, effacez du livre de vie ce serviteur inutile et donnez des enfants à la divine Marie ».
Alors, on entendit dans l’église une voix qui prononça ces paroles :
« Ne craignez pas, petit troupeau, parce qu’il a plu à votre Père de vous donner son royaume ».
Ces paroles remplirent les assistants d’étonnement et le Saint d’allégresse, et il eut bientôt la consolation de voir cette promesse accomplie par l’augmentation des religieux et des monastères qui furent fondés en plusieurs endroits de la chrétienté.
Il avait toujours eu un extrême désir de faire le voyage de Rome pour y rendre ses vœux au sépulcre de saint Pierre, le prince des Apôtres, auquel il était très-dévot, parce qu’il en portait le nom. Cette dévotion se renouvela et même augmenta après l’établissement de son Ordre, et il résolu de faire le chemin les pieds nus. Un jour donc qu’il méditait sur cette entreprise, il entendit une voix qui lui dit par trois fois :
« Pierre, puisque tu n’es pas venu me voir, je te viens visiter ».
Depuis cette vision, il ne passait point de jour sans faire quelque dévotion particulière à saint Pierre ; ainsi il commandait à un religieux de le lier à une croix qui était au chevet de son lit, et passait des heures entières en la même posture qu’il avait vu cet apôtre. Ce qu’il pratiqua longtemps, jusqu’à ce que son père spirituel, s’apercevant que cette mortification portait un préjudice notable à sa santé, lui défendit de la continuer. Il avait une forte inclination pour la solitude ; c’est pourquoi il eût bien voulu passer le reste de ses jours au désert de Montserrat avec les autres ermites qui y vivaient, mais il en fut détourné par saint Raymond, son confesseur ; qui l’assura que Dieu l’appelait à autre chose : ce conseil de son père spirituel fut confirmé par une voix qui lui disait :
Il était si humble qu’il s’appelait au bas de ses lettres tantôt Pierre de Nolasque, serviteur inutile ; quelquefois les balayures du monde ; d’autres fois le vrai néant. Et comme on lui remontra que ces titres semblaient ridicules, ou du moins peu décents à sa dignité, il répondit que les signatures étant inventées pour exprimer qui nous sommes, il se qualifiait tel qu’il voulait être estimé des autres.
Dieu l’avait favorisé de l’esprit de prophétie pour connaître les choses à venir, pelles qui étaient présentes et cachées ; car il prédit, ainsi que nous l’avons vu, l’heureux succès du siège de Valence à dom Jacques, roi d’Aragon, et il reconnut que deux hommes, qui se présentaient à lui sous prétexte de lui demander l’habit de son Ordre, étaient des assassins qui venaient avec le dessein de lui ôter la vie.
Il ne fut pas seulement honoré des rois d’Aragon et d’Espagne, mais aussi du grand saint Louis, roi de France, qui, entendant parler de ses actions miraculeuses et de sa vie exemplaire, eut envie de le voir et lui fit savoir son désir. Le Saint prit occasion de lui venir baiser les mains ; lorsque ce prince, pour arrêter les progrès de Raymond, dernier comte de Toulouse, fit un voyage en Languedoc environ l’an 1243. Le roi le reçut avec de grandes démonstrations de joie et le retint quelque temps en sa cour, où il lui communiqua les desseins qu’il avait pour le service de Dieu et particulièrement touchant la liberté des chrétiens qui souffraient en la Terre Sainte sous le joug des infidèles. Il contracta même avec lui une amitié particulière, et l’entretint depuis par des lettres qu’il lui écrivait souvent, recommandant ses Etats et sa personne à ses prières et à celles des religieux de son Ordre. Enfin, ce très-saint roi faisait tant d’estime des vertus et des mérites de saint Pierre Nolasque, que, se voyant sur le point de passer avec ses armées sur les terres des infidèles, il le pria, pour l’amour de Dieu, de vouloir être de la partie et de le suivre en la conquête qu’il espérait faire de la Palestine.
Notre Saint était déjà fort âgé et très-incommodé : néanmoins, comme si la pensée de cette entreprise qu’il croyait devoir être très-glorieuse lui eût donné de nouvelles forces, il sortit du lit et commença à se disposer à seul voyage, mettant l’ordre nécessaire aux affaires de son monastère durant son absence. Mais les efforts de la vieillesse ne peuvent être de longue durée, surtout dans un corps que les grandes austérités n’ont pas moins cassé que l’âge. Son zèle et son extrême ardeur ne servirent qu’à le faire tomber en une plus grande faiblesse ; de sorte que, se sentant diminuer tous las jours, il se vit contraint avec douleur de se remettre au lit et se contenta de faire savoir au roi de France sa bonne volonté et le peu de forces qu’il avait pour la mettre à exécution.
Le jour de la naissance du Sauveur approchant, lorsque les fidèles conçoivent le plus de sentiments d’allégresse, les douleurs de sa maladie redoublèrent : il en fit paraître une joie particulière, étant ravi de prendre part aux souffrances de Jésus enfant couché dans la crèche. Et, quoique les médecins ne fussent pas d’avis qu’il sortît de sa cellule pour aller à l’église, il ne laissa pourtant pas de se trouver à sa place dans le chœur, sans savoir de quelle manière il y avait été porté. Le service achevé, il se leva tout seul et s’en alla en sa cellule comme si jamais il n’eût eu d’incommodités ; mais, aussitôt qu’il y fut, ses convulsions le reprirent, et les religieux, l’ayant remis sur son lit, le prièrent de leur dire comment il avait été transporté ; il fit réponse qu’il en fallait louer Dieu, Père de miséricorde et de toute consolation, et sa sainte Mère, protectrice de l’Ordre, et que c’était tout ce qu’il en pouvait dire.
L’incommodité qu’il ressentit cette nuit de Noël avança beaucoup le dernier jour de sa vie. Reconnaissant donc que sa fin était proche, il supplia qu’on lui donnât le saint Viatique. Quand il vit qu’on le lui apportait, la dévotion lui fournit de nouvelles forces ; et, sautant de son lit, il sortit de sa chambre, se traîna à genoux jusqu’à ce qu’il arrivât aux pieds de celui qui tenait le Saint-Sacrement à la main ; et là, répétant souvent ces piroles avec un grand transport de ferveur :
« D’où me vient cet honneur que mon Seigneur vienne à moi ? »
Il tomba de faiblesse. Les religieux, le prenant sur leurs bras, le remirent dans son lit, où il reçut avec d’admirables témoignages de douceur et de consolation intérieure le corps précieux de son Dieu.
Puis, faisant appeler tous les frères, il leur dit qu’il avait deux grâces à leur demander : l’une, de lui pardonner le mauvais exemple qu’il leur avait donné et sa négligence dans le gouvernement de l’Ordre ; l’autre qu’ils élussent en sa place un général, afin qu’il pût mourir avec le mérite de l’obéissance. Les religieux, préférant en cette extrémité sa consolation à la coutume des Ordres réguliers, consentirent à son désir, persuadés qu’il nommerait celui qu’il jugerait le plus propre à soutenir cette charge ; alors il déclara et assura que frère Guillaume Bas était celui que le ciel destinait pour là conduite de l’Ordre.
Les religieux, déférant à la nomination de leur saint patriarche, rendirent aussitôt au nouveau général les premiers actes d’obéissance. Lorsque le Saint se vit déchargé de ce fardeau et qu’il n’eut plus qu’à penser à l’affaire de son salut, il s’appliqua entièrement aux exercices de la dévotion ; tantôt il s’entretenait avec Dieu et avec la très-sainte Vierge ; tantôt il parlait au prince des Apôtres, d’autres fois à son ange gardien, et ses colloques étaient accompagnés des larmes d’une parfaite contrition et suivis d’extases qui le faisaient paraître comme s’il eût rendu l’âme. Une fois ; entre autres récitant le psaume L, Miserere mei Deus, etc., étant arrivé à ces mots :
Asperges me, Domine – « Oui, Seigneur, votre miséricorde me lavera dans le bain salutaire de votre sang, et je deviendrai plus blanc que la neige »
Il demeura si longtemps hors de lui, qu’il fut tenu pour mort, jusqu’à ce qu’enfin il reprit sa prière et continua les mouvements de sa ferveur. Le roi d’Aragon lui écrivit des lettres en cette dernière maladie, et l’évêque de Barcelone le vint voir et lui donna sa bénédiction pastorale. Ensuite le bon père, regardant ses enfants autour de son lit, et levant les yeux et les mains au ciel, leur donna la sienne, laquelle fut suivie d’une agréable odeur qui parfuma toute la chambre.
Enfin, se munissant du signe salutaire de la sainte croix, il expira en leur présence, la nuit de Noël de l’an 1256, âgé de cinquante-neuf ans, ou de soixante-six, selon divers auteurs. Son corps fut inhumé dans la sépulture ordinaire des religieux, comme il l’avait ordonné ; mais, quatre-vingt-sept ans après l’an 1343, il en fut levé par ordre du Pape et transporté dans une chapelle dédiée au Très-Saint Sacrement de l’autel, où le peuple chrétien, en honorant ses précieuses dépouilles, a souvent reçu de Dieu des grâces extraordinaires qui ont été tenues pour des miracles.
En 1628, le pape Urbain VIII permit aux religieux de la Merci de solenniser sa fête le 29 janvier, en récitant l’office divin et en célébrant la messe en son honneur. Par suite de cette permission, plusieurs églises cathédrales d’Espagne l’insérèrent dans leur calendrier, et en ordonnèrent l’office et la messe solennelle. Depuis, le pape Alexandre VII l’a fait mettre avec beaucoup d’éloges dans le martyrologe romain, et en a étendu l’office et la solennité à toute l’Église. Et Clément X, en étant supplié par la reine de France Marie-Thérèse d’Autriche, a commandé que cet office fût double. Il a été transféré du 29 au 31 janvier, qui est à présent son propre jour.
Le diocèse de Carcassonne célèbre cette fête sous le rite double majeur, et le Mas-Saintes-Puelles, privé depuis les jours néfastes de la Révolution française d’une communauté de l’Ordre de la-Merci, n’en célèbre pas moins tous les ans, le 31 janvier, avec toute la pompe possible, la solennité de celui que l’office particulier à cette paroisse appelait Saint Pierre Nolasque, fils de l’église du Mas-Saintes-Puelles et la population entière visite pins spécialement en ce jour les ruines du château de notre bienheureux. Enfin, comme pour marcher sur les traces du pape Clément VI, en 1343, Mgr de la Bouillerie, évêque de Carcassonne, a voulu que le 31 janvier, la paroisse du Mas-Saintes-Puelles célébrât en même temps la fête de l’Adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement, et celle de saint Pierre Nolasque.
Le R. P. François Zumel, général de l’Ordre de la Merci, et très-savant théologien, a écrit en latin la vie de ce saint fondateur. Ensuite d’autres l’ont composée en français, en italien et en espagnol ; et ceux qui ont écrit l’histoire de l’Église de son temps en ont parlé avec beaucoup d’honneur. Le martyrologe d’Espagne en rapporte des choses très-dignes d’être lues par les savants. Pour en finir, j’ajoute qu’il est vrai que l’on a douté fort longtemps si saint Pierre Nolasque avait été prêtre ; mais les raisons rapportées par le R. P. Marc Salomon, général de cet Ordre et nommé à un évêché, sont entièrement convaincantes pour persuader qu’il l’a été, et qu’il célébra sa première messe dans la ville de Murcie, lorsque le roi dom Jacques en eut chassé les Mahométans.
Son Ordre s’est étendu dans toutes les provinces d’Espagne et est établi dans les meilleures villes d’Italie. Il y en a eu peu de maisons en France. Ces religieux sont les premiers prêtres qui aient passé dans l’ile de Saint-Dominique, au Pérou et dans le lexique ; ils ont été des plus zélés à annoncer l’Évangile et à travailler à la conversion des Indiens ; outre les couvents qu’ils possèdent dans le Brésil, ils ont eu jusqu’à huit florissantes provinces dans les autres parties de l’Amérique, avec un grand nombres de cures. On ne peut dire le nombre de captifs que ces saints rédempteurs ont tirés des fers, de chrétiens ébranlés qu’ils ont soutenus, fortifiés et animés au martyre, d’idolâtres qu’ils ont éclairés de la lumière de l’Évangile, et de pécheurs qu’ils ont convertis, Comme leur institut les obligeait continuellement à se mettre à la merci des Turcs et des Barbares, il y en a beaucoup qui ont souffert de grands tourments et même qui ont été martyrisés pour le nom de Jésus-Christ. Plusieurs aussi se sont rendus illustres par leur doctrine, et ont été élevés à des prélatures très-considérables. Enfin, ce même Ordre s’est notablement augmenté au XVe siècle par l’érection d’une congrégation de Déchussés de l’un et de l’autre sexe, qui, dans un grand nombre de couvents, en Espagne, en. Italie et en Sicile, ont eu pour but, comme les Pères de la Merci, de racheter les chrétiens esclaves.
Voici comment on a représenté saint Pierre Nolasque : des Anges le portent au chœur pour qu’il puisse assister à l’office avec ses frères ; cela suppose que le Saint était vieux ; On place à côté de lui, comme du reste à côté de tous les saints de l’Ordre de la Merci, les armoiries d’Aragon ou plutôt de Catalogne, que les Espagnols appellent les quatre barres sanglantes a Aragon : ces quatre barres sont surmontées de la croix blanche de l’Ordre. À propos des quatre barres sanglantes d’Aragon, certains héraldistes prétendent qu’après une grande bataille un de nos empereurs carolingiens vint trouver le marquis français de Catalogne blessé grièvement dans l’action, et que trempant sa main dans le sang du guerrier, il traça sur le bouclier quatre lignes rouges, disant : Ce seront désormais vos armes. Quant à la concession du blason aragonais faite aux religieux de la Merci, elle s’explique par l’affection de Jayme Ier dont saint Pierre avait été le précepteur ; – On lui met entré les mains une branche d’olivier, symbole de sa mission de paix entre chrétiens et Musulmans : il faut avouer toutefois que cet attribut n’est point suffisamment caractéristique ; – On le peint souvent accompagné de prisonniers délivrés par lui : cachots et noires poternes, chaînes et galères peuvent figurer ici ; – A ses pieds est une cloche dans laquelle on voit une image de Notre-Dame, et sur laquelle descend une traînée lumineuse semée de sept étoiles : cela rappelle la fondation de Notre-Dame de la Merci près de Valence. Nous avons raconté le fait dans la vie du Saint ; – il tient à la main une croix à longue hampe : cette croix se donne assez souvent aux fondateurs d’Ordres religieux qui, n’étant pas abbés, n’ont pas le droit de porter crosse ; – A ce même titre de fondateur d’Ordre, on peut lui mettre le crucifix dans une main et un drapeau dans l’autre, ce dernier étant le symbole du recrutement ; – La sainte Vierge remet à Pierre Nolasque le scapulaire de Notre-Dame de la Merci.- Saint Pierre Nolasque est naturellement le patron de son Ordre : il est particulièrement honoré à Barcelone.
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