La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Nizier

À Lyon, saint Nizier, évêque de cette ville, illustre par sa vie et par ses miracles. ✞ 573.

Hagiographie

C‘est une conduite assez ordinaire de la divine Providence de faire connaître d’avance, par des signes, ceux qu’elle a principalement choisis pour être les princes de son peuple. Elle a tenu cette conduite à l’égard de saint Nizier. Il était fils d’un riche sénateur, appelé Florentin, et d’une femme fort pieuse nommée Artémie. Son père avait résolu d’embrasser l’état ecclésiastique, et même d’accepter l’évêché de Genève, si sa femme y consentait, lorsqu’elle aurait mis au monde son troisième enfant ; mais Artémia ayant eu révélation qu’elle portait elle-même un évêque dans son sein, ils jugèrent que cela serait suffisant pour la bénédiction et la gloire de leur maison : Florentin renonça donc à l’épiscopat.

Ils s’appliquèrent l’un et l’autre avec beaucoup de soin à l’éducation de celui que Dieu avait élu pour gouverner son peuple. Ils lui firent sucer la piété avec le lait, et lui donnèrent ensuite de bons précepteurs pour le former aux sciences nécessaires à un ecclésiastique. Nizier, parfaitement docile, y fit en peu de temps beaucoup de progrès, et se rendit capable des premières charges de l’Église. Il se contenta néanmoins, durant plusieurs années, des degrés inférieurs, attendant avec humilité que Dieu lui fît connaître que sa volonté était qu’il montât plus haut.

Ayant perdu son père au commencement de sa cléricature, il vécut paisiblement avec sa mère. Peu de temps après, il lui vint au visage un charbon, ou pustule pestilentielle ; elle grossit, s’enflamma à vue d’œil, et le réduisit à une telle extrémité, que l’on désespérait entièrement de sa vie. Sa mère, qui avait une grande dévotion à saint Martin, l’invoqua avec beaucoup de ferveur en cette nécessité ; et cependant, comme son fils ne parlait point depuis deux jours, elle ne laissa pas de préparer les choses nécessaires à ses funérailles. Mais le saint Évêque apparut au malade, et, faisant le signe de la croix sur son mal, il le guérit si parfaitement, qu’il se leva à l’heure même, sans avoir d’autre reste de ce charbon qu’une cicatrice qui lui demeura toute sa vie pour marque d’un si grand miracle. Il était si ennemi de l’oisiveté, qu’il joignait le travail manuel, parmi les serviteurs et les autres officiers de sa maison, à l’étude de l’Écriture sainte et à l’exercice de l’oraison. À l’âge de trente ans, il fut ordonné prêtre par saint Agricole, évêque de Châlons ; mais il ne laissa pas pour cela de travailler manuellement, afin de pratiquer le conseil de l’Apôtre et d’avoir toujours moyen, selon son avis, de venir en aide à ceux qui souffraient quelque nécessité. Il prenait un soin particulier de l’instruction de la jeunesse, et tâchait que tous les enfants de ses proches et de ses domestiques apprissent de bonne heure à servir Dieu, à lire et à chanter. Saint Grégoire, depuis évêque de Tours, et qui était fils d’une de ses nièces, se fait gloire d’avoir été de ce nombre. Il raconte aussi de son saint oncle, qu’il avait surtout un grand soin de conserver la chasteté ; lorsque saint Grégoire n’avait encore que huit ans, saint Nizier, lui ayant commandé de se coucher près de lui, s’enveloppa tout le corps de sa tunique, de manière qu’il ne le pouvait toucher, afin d’éviter, par cette précaution, tout ce qui eût pu flatter les sentiments déréglés de la sensualité. Quoiqu’il fût déjà dans un âge si mûr, et honoré de la prêtrise, il portait néanmoins un tel respect à sa mère, qu’il ne lui obéissait pas moins ponctuellement qu’eût pu faire le dernier de ses domestiques.

Saint Nizier

Fête saint : 02 Avril

Présentation

Titre : Archevêque de Lyon
Date : 513-573
Pape : Symnaque

Saint Nizier gouverna saintement son évêché l’espace de vingt ans ; il assista au second Concile de Lyon, célébré l’an 567, où il fut traité de la paix et de la tranquillité de l’Église ; le saint Prélat n’y contribua pas peu de sa part. Enfin, après avoir mis bon ordre à ses affaires et fait son testament, il acheva sa vie par un heureux décès, à l’âge de soixante ans, l’an de grâce 573. Plusieurs miracles ont été faits depuis sa mort à son tombeau, et par l’attouchement des choses qui lui avaient appartenu, comme de son lit, de sa chape, et même de la poussière de son sépulcre ; son historien et son neveu, saint Grégoire de Tours, de qui nous tenons cette histoire, les rapporte bien amplement au chapitre huitième de la vie des saints Pères.

Auteur

Emmanuel Mathiss

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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C‘est par la pratique de ces vertus que le saint prêtre Nizier se disposa à l’épiscopat. Voici comment il y fut élevé. Saint Serdot, archevêque de Lyon, son oncle, étant venu à Paris vers le roi Childebert, y tomba malade et y mourut. Pendant sa maladie, le roi, qui connaissait son grand mérite, l’honora d’une visite, et lui témoigna beaucoup d’affection. Le saint Prélat, dont la charité pour son peuple ne pouvait se terminer avec sa vie, prit cette occasion pour supplier Sa Majesté de trouver bon que le prêtre Nizier, son neveu, fût son successeur, l’assurant que c’était un homme de bien et très-chaste, et en qui il n’y avait rien à désirer de toutes les qualités requises dans un évêque. Le roi répondit simplement :

« Que la volonté de Dieu soit faite ».

Et, de la sorte, Nizier fut fait évêque du consentement du roi, et par le suffrage du clergé et du peuple de Lyon. 

Ce bienheureux Prélat fit paraître dans son administration une bonté merveilleuse ; s’il se sentait offensé, il remettait l’injure à l’heure même, ou il suscitait quelqu’un qui vînt intercéder pour le coupable, afin d’avoir sujet de lui pardonner sa faute. Saint Grégoire de Tours rapporte ce trait entre les autres : saint Nizier envoya un prêtre, nommé Basile, vers le comte Armentaire, qui exerçait en ce temps-là un office de judicature à Lyon, pour le prier de ne pas se mêler, d’une certaine affaire qui avait été terminée à l’officialité. Ce juge ayant rejeté cette prière, même avec quelques paroles de mépris, le prêtre en vint faire son rapport au Saint pendant qu’il était à table, et lui raconta aussi la manière incivile dont il l’avait reçu ; mais l’homme de Dieu n’agréa pas ce récit, fit retirer Basile, et le menaça même de ne lui point donner d’eulogies, parce qu’il lui avait rapporté des paroles qui le pouvaient mettre en colère ; néanmoins se repentant aussitôt de cette promptitude, il fit signe à Grégoire, qui était son diacre, d’intercéder pour Basile : ce qu’il fit ; et aussitôt le saint Évêque se réconcilia avec lui, et dit ensuite à tous les assistants :

« Je vous prie, mes frères, de ne me rapporter jamais ce que vous entendez dire contre moi ; car il n’est pas à propos que des hommes raisonnables s’arrêtent à des paroles qui sont proférées sans raison ». 

C’était là un trait de douceur ; voyons-en aussi un de sévérité ; il nous fera connaître qu’à la simplicité de la colombe, ce saint Prélat joignait la prudence du serpent, que Notre-Seigneur requiert dans les hommes apostoliques. Il avait interdit un diacre de son office, pour quelque sujet ; mais comme celui-ci n’en tenait aucun compte, il arriva que le Saint, allant à Matines, l’entendit chanter un répons au chœur ; il cria aussitôt : « Qu’il se taise, qu’il se taise » et, à l’heure même, la bouche lui fut fermée, et le démon qui possédait déjà son âme, annonça par des cris épouvantables qu’il prenait aussi possession de son corps. Alors le Saint, ayant compassion de lui, lui remontra sa faute, et, après l’avoir exhorté à mieux vivre, et à faire plus d’état des censures de l’Église, il le délivra en présence de tous les assistants.

Saint Nizier gouverna saintement son évêché l’espace de vingt ans ; il assista au second Concile de Lyon, célébré l’an 567, où il fut traité de la paix et de la tranquillité de l’Église ; le saint Prélat n’y contribua pas peu de sa part. Enfin, après avoir mis bon ordre à ses affaires et fait son testament, il acheva sa vie par un heureux décès, à l’âge de soixante ans, l’an de grâce 573. Plusieurs miracles ont été faits depuis sa mort à son tombeau, et par l’attouchement des choses qui lui avaient appartenu, comme de son lit, de sa chape, et même de la poussière de son sépulcre ; son historien et son neveu, saint Grégoire de Tours, de qui nous tenons cette histoire, les rapporte bien amplement au chapitre huitième de la vie des saints Pères.

Entre autres choses, il écrit que le curé du lieu où le Saint avait choisi sa sépulture, blâmant le défunt de ce qu’il n’avait rien donné, par son testament, à son église, le saint Prélat lui apparut une nuit, assisté de deux autres évêques, ses prédécesseurs, saint Justin et saint Eucher, se plaignant à eux de ses murmures, et leur remontrant qu’ayant donné son corps à cette église, il ne lui pouvait rien laisser de plus précieux. Puis s’approchant du prêtre, il le toucha à la gorge ; aussitôt elle enfla si fort et lui causa de si grandes douleurs, qu’à peine pouvait-il avaler sa salive ; enfin reconnaissant sa faute, et demandant pardon au Saint, il recouvra la santé par ses mérites au bout de quarante jours. 

La fête de saint Nizier se célébrait autrefois à Chalon-sur-Saône avec un office double le 4 avril. Le diocèse de Lyon la célèbre aujourd’hui sous ce rite le 2 avril. Son culte se répandit dans beaucoup de diocèses de France, avec ses reliques : à Tours, à Troyes, etc.