La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Mélèce

À Antioche, saint Mélèce, évêque, qui, ayant plusieurs fois souffert l'exil pour la foi catholique, termina sa vie à Constantinople, et s'envola dans le sein de Dieu. Saint Chrysostome et saint Grégoire de Nysse ont honoré ses vertus par de grandes louanges. ✞ 381.

Hagiographie

Durant les trois premiers siècles, l’Église fut persécutée par les juifs et les païens ; et ces persécutions ont coûté la vie à des milliers de chrétiens ; du moins leur âme n’éprouva-t-elle aucune atteinte. Mais à peine la paix exté­rieure fût-elle enfin solidement établie dans l’Église, qu’il surgit dans son sein une formidable hérésie, qui lui enleva un nombre d’âmes très considé­rable : l’arianisme.

Un prêtre nommé Arius se mit à enseigner que Jésus-Christ n’est pas Dieu, mais seulement la plus haute et la plus noble des créatures. En peu de temps, cette doctrine hérétique se répandit avec la rapidité de l’éclair : l’empereur, et même des évêques et beaucoup de prêtres la partagèrent, et ils persécutèrent ceux qui continuèrent à croire en la divinité de Jésus-Christ, ce qui était la vraie foi.

Or, il y avait en ce temps-là un prêtre catholique du nom de Mélèce, qui fut élu évêque d’Antioche, ce siège qui fut plus tard illustré par saint Jean Chrysostome. Cette ville surtout avait été infestée par l’hérésie. Les Ariens, espérant que Mélèce serait des leurs, allèrent à sa rencontre, avec les catholiques, quand il vint prendre possession de son siège épiscopal, et ils ne témoignèrent pas moins de joie et de respect que ceux-ci. Après sa mort, saint Grégoire de Nysse et saint Chrysostome ont prononcé chacun un pané­gyrique qui nous fait bien connaître ce saint évêque et la pureté de sa foi.

Saint Mélèce était de Mélitène, ville de la petite Arménie ; issu d’une des plus nobles familles du pays, il était instruit et vertueux. Il fut élu d’abord évêque de Sébaste, pour succéder à Eustathe, semi-arien, que les Ariens avaient déposé dans un concile tenu à Constantinople, en 360. Cette élection faite par les Ariens fit quelque temps douter de la pureté de la foi de Mélèce. Il essaya de remplir ses fonctions d’évêque, mais son peuple était indisciplinable. Il fut obligé de l’abandonner et de vivre dans la soli­tude. Il se retira plus tard à Bérée, en Syrie. Depuis l’exil de saint Eustathe (331), l’église d’Antioche était dans l’état le plus déplorable : elle n’avait eu pour évêques que des intrus ou des ariens. Après la déposition d’Eudoxe, l’un d’entre eux, Mélèce, fut élevé au patriarcat d’Antioche, où, comme nous l’avons déjà dit, il fut reçu aux applaudissements des catholiques et des Ariens ; car, d’une part, les Ariens croyaient qu’il était de leur opinion, et, d’autre part, les catholiques connaissaient que sa foi n’était pas moins pure que sa vie était sainte. Cette élection fut confirmée par l’empereur Constance, qui, au retour de la guerre des Perses, était venu à Antioche, et on en dressa un acte signé des catholiques et des Ariens, qu’on mit entre les mains d’Eusèbe, évêque de Samosate, saint prélat et généreux défenseur de la vérité.

Saint Mélèce

Fête saint : 12 Février
saint Mélèce d'Antioche

Présentation

Titre : Dit “le Grand”, Évêque d’Antioche
Date : 381
Pape : Saint Damase
Empereur : Théodose le Grand

Un prêtre nommé Arius se mit à enseigner que Jésus-Christ n’est pas Dieu, mais seulement la plus haute et la plus noble des créatures. En peu de temps, cette doctrine hérétique se répandit avec la rapidité de l’éclair : l’empereur, et même des évêques et beaucoup de prêtres la partagèrent, et ils persécutèrent ceux qui continuèrent à croire en la divinité de Jésus. Christ, ce qui était la vraie foi.

Auteur

Emmanuel Mathiss

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Dès qu’il se vit sur le siège patriarcal (361), il se crut obligé de fortifier les orthodoxes dans la vraie foi et de combattre les erreurs des hérétiques. Pour rendre les esprits des uns et des autres plus capables de la saine doc­trine, comme il était extrêmement éloquent, il commença par leur prêcher la réforme des mœurs, en leur montrant la beauté de la vertu et la laideur du vice. Chacun était dans l’impatience de savoir pour qui il se déclarerait touchant la doctrine ; on le sut bientôt : l’empereur lui ordonna, à lui et à quelques autres évêques, d’expliquer ces paroles de l’Écriture, dont les Ariens abusaient pour ruiner la consubstantialité du Fils de Dieu : « Le Seigneur m’a créé au commencement de ses voies ». L’on mit même des personnes pour écrire mot à mot tout ce qu’il dirait. Alors Mélèce fit voir si clairement quelle était la vérité catholique, que tout le monde l’applaudit. Mais l’archidiacre de son église, qui était arien, ayant eu l’insolence de lui fermer la bouche avec la main, pour l’empêcher de continuer à parler, il expliqua par signes ce que sa langue ne pouvait plus dire ; car, après avoir montré aux peuples trois doigts, il en plia deux, afin que, n’en restant plus qu’un, il fît connaître qu’il y avait trois personnes qui, étant égales, ne fai­saient ensemble qu’un seul Dieu.

Cette généreuse profession de foi fut cause de son exil, car les Ariens, sectateurs d’Eudoxe, intrus sur le siège de Constantinople, après avoir été déposé de celui d’Antioche, voulurent faire passer Mélèce pour un Sabel­lien, et en persuadèrent si bien l’empereur, qu’il le relégua en Arménie ; mais on fut contraint de le faire sortir durant la nuit, à cause de la grande affection que le peuple lui portait : il n’y avait qu’un mois qu’il était patriar­che.

Eusèbe, qui avait l’acte de cette élection, ainsi qu’il a été dit, se retira en son évêché ; mais Constance, à la sollicitation des Ariens, qui craignaient que cet acte ne leur préjudiciât, envoya un courrier après lui, avec ordre de le menacer de lui couper la main droite, s’il refusait de le rendre. Ce généreux prélat ayant lu la lettre du prince, présenta non seulement la main droite, mais aussi la gauche, pour être coupées, en disant : « Je ne rendrai jamais cet écrit, qui convainc les Ariens d’une malice manifeste ».

L’empereur Constance étant mort d’apoplexie (361), après avoir malheu­reusement abandonné la foi du grand Constantin, son père, Julien l’Apos­tat, qui se vit seul maître de l’empire, pour mieux rétablir l’idolâtrie, permit par Constance ; Mélèce revint donc à Antioche, qu’il trouva pleine de divi­sions, même entre les catholiques ; car les uns, appelés Méléciens, étaient restés fidèles à saint Mélèce ; mais les autres ne voulaient pas se rattacher à son élection, à laquelle avaient participé les Ariens. Ils continuèrent les assemblées qu’ils tenaient depuis la mort de saint Eustathe ; de là leur nom d’Eustathiens. Ils élurent pour leur évêque Paulin, qui fut sacré par Lucifer de Cagliari. Ce schisme dura quatre-vingt-cinq ans dans l’Église d’Antioche.

Mélèce ne jouit pas longtemps de son rappel. Julien, trouvant en lui un trop fort obstacle au rétablissement du paganisme, le chassa une seconde fois de son siège, et le renvoya en exil.

Mais, quelque temps après, ce prince apostat ayant été tué dans la guerre contre les Perses, tous les soldats jetèrent les yeux sur Jovien qui était chrétien et catholique, protestant qu’ils avaient la même croyance dans le cœur, et que la seule crainte de Julien était cause qu’ils avaient fait, en apparence, profession du paganisme. Ce pieux empereur commença son règne par faire la paix avec les Perses, afin de ne plus penser qu’à l’avance­ment de la religion chrétienne. Pour cet effet, dès qu’il fut de retour, il fit fermer les temples des faux dieux, défendit le culte des idoles et rappela les évêques exilés.

Ainsi Mélèce fut rétabli sur son siège (363). Jovien, qui reconnut la vertu du saint Patriarche, en fit une estime toute particulière, et l’honora comme un insigne défenseur de la foi. Les Ariens, dont Acace était le chef, en furent consternés. Suivant la maxime des hérétiques, qui se règlent selon la faveur dont ils jouissent auprès des puissances séculières, ils eurent recours à l’hypocrisie ; ils souscrivirent, dans un synode que Mé­lèce tint à Antioche, à une formule de foi que saint Athanase avait donnée à l’empereur, et ainsi feignirent à l’extérieur d’embrasser la doctrine du concile de Nicée touchant la consubstantialité du Fils avec le Père.

L’on pouvait beaucoup espérer du zèle d’un si pieux empereur, lorsque, huit mois après être monté sur le trône, il fut étouffé par la vapeur du charbon qu’on avait allumé dans sa chambre. Ce fut une grande perte pour l’Église, car Valentinien, ayant été élevé à l’empire en sa place, s’associa Valens, son frère, qui ne fut guère longtemps catholique ; sa femme étant arienne, il se fit baptiser à Constantinople par le patriarche Eudoxe, qui l’obligea, par serment, à déclarer la guerre à l’Église. Ce prince la persécuta d’une manière effroyable, tandis qu’il souffrait les détestables cérémonies des païens, des juifs et de tous ceux qui professaient une doctrine contraire à celle de l’Évangile.

Cependant, saint Mélèce veillait avec un soin admi­rable sur son peuple, et continuait de faire éclater l’ardeur de son zèle pour la foi du concile de Nicée ; et, comme il voyait le besoin que l’Église avait de fidèles ministres, qui pussent s’opposer à la malice des hérétiques, il s’appliqua à en former plusieurs : de ce nombre fut l’illustre Acace, depuis évêque d’une ville de Syrie ; Diodore, évêque de Tarse ; Flavien, patriarche d’Antioche ; Elpidius, évêque de Laodicée, et une infinité de saints anachorètes. Mais on peut dire que le plus célèbre de tous ses disciples fut le grand Chrysostome, auquel il administra le baptême, et dont il eut un soin extraor­dinaire dès ses plus tendres années ; ce fut lui qui le dégoûta de l’école de Libanius, où il n’apprenait qu’une éloquence humaine, et le retira insensi­blement de l’étude des choses profanes pour l’appliquer à l’étude de la sainte Écriture.

Valens, qui était venu à Antioche (372), employa toutes sortes d’artifices pour engager un si grand personnage dans son parti, se persuadant qu’il réduirait, par ce moyen, tous les autres. Mais ayant trouvé Mélèce inflexible, il l’envoya pour la troisième fois en exil. Le peuple, ne pouvant souffrir cette injustice, se souleva de telle sorte, qu’il aurait assommé à coups de pierre l’officier qui l’emmenait dans son char, si le Saint ne se fût mis au­ devant de lui et ne l’eût couvert de son manteau. Bien loin de diminuer la constance des fidèles, cette persécution les animait de plus en plus à souffrir toutes sortes d’injures pour la confession de la foi de Jésus-Christ, tant les instructions de Mélèce avaient embrasé dans leur cœur le feu de la charité, et établi dans leur esprit les dogmes de la vraie foi. Les saints anachorètes qui les visitaient souvent, tâchèrent d’entretenir ces divines flammes jus­qu’au retour du saint Pasteur, qui eut lieu en 378, à la mort du persécu­teur. Valens, ayant été battu près d’Andrinople, se sauva dans une cabane où la justice divine permit qu’il fût brûlé par les Goths. Gratien, qui lui succéda, publia plusieurs édits pour le rappel des évêques exilés et pour le rétablissement de la foi catholique en Orient.

De retour à Antioche, Mélèce, trouvant que la division entre les catholiques continuait plus que jamais, fit ce qu’il put avec le grand Basile, pour l’apaiser : il offrit même à Paulin de gouverner ensemble l’église d’Antioche, à condition que celui des deux qui survivrait à l’autre gouvernerait seul les deux troupeaux. Mais Paulin n’ayant point accepté cette proposition, notre Saint n’en continua pas moins de vivre avec lui dans un esprit d’union et de charité.

Il s’employa entièrement à repaître les ouailles qui étaient à lui, de la doctrine, de la parole de Dieu ; et par les exemples de ses vertus, il s’acquit une telle estime dans l’esprit de son peuple, que plusieurs donnaient son nom à leurs en­fants, croyant que par là ils attireraient toutes sortes de bénédictions sur leurs familles ; on gravait aussi son image sur des anneaux, dans des vases et contre les murailles des maisons, pour marquer le respect qu’on portait à un si excellent homme. Saint Grégoire de Nazianze nous a laissé son por­trait en peu de paroles :

« C’était », dit-il, « un prélat saint, religieux, sim­ple, sincère, plein de Dieu, affable, généreux, modeste, et en qui on voyait briller le caractère du Saint-Esprit ».

Théodose, qui, après la défaite des Goths, avait été associé à l’empire par Gratien, voulant pacifier tous les troubles des églises, et terminer particu­lièrement un grand différend qui s’était élevé au sujet de saint Grégoire de Nazianze, transféré de l’évêché de Sazime à celui de Constantinople, con­voqua un concile en cette dernière ville, et pria spécialement Mélèce de s’y trouver.

Ce pieux empereur avait une affection singulière pour lui, parce que, quelque temps avant son avènement à l’empire, il avait eu une vision, dans laquelle il avait vu en songe ce saint patriarche le revêtir de la pourpre impériale et lui mettre la couronne sur la tête : il le reçut avec des témoi­gnages extraordinaires d’estime et de tendresse. Mélèce, que sa sainteté mettait au-dessus de tous les autres Pères du concile, qui étaient au nom­bre de 150, fut le premier à montrer que la translation de Grégoire n’était point contraire aux saints canons, parce qu’elle n’avait été faite que pour le plus grand bien de l’Église. Son sentiment fut suivi de celui des autres prélats : Grégoire fut confirmé évêque de Constantinople.

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Culte et reliques

Fort peu de temps après cette action, le bienheureux patriarche passa de cette vie à une meil­leure, l’an 381, au grand regret de toute la ville, et principalement de Théodose, qui eut soin de faire transférer son corps à Antioche, où il fut honorablement enterré auprès du tombeau de saint Basile. Ce pieux empereur voulut, contre la coutume des Romains, que, sur le chemin, on le fît entrer dans toutes les villes, et qu’il y fût reçu avec toute la magnificence possible.

Iconographie

Les Actes des Saints des Bollandistes et le calendrier gréco-moscovite représentent debout saint Mélèce le Grand. Nous ne savons si cette figure a de la ressemblance.