Saint Magloire : évêque, ermite et modèle de sainteté

Saint Magloire, une figure essentielle de l’histoire de l’Église en Bretagne, est reconnu non seulement pour sa vie de prière, mais aussi pour sa sagesse et sa charité. Bien que certains auteurs le considèrent comme étant d’origine anglaise, d’autres affirment qu’il serait né dans le diocèse de Vannes, en Bretagne, au sein d’une famille noble et pieuse. Son père, Umbrafel, et sa mère, Asfelle, le confièrent très tôt à la tutelle de son cousin germain, Saint Samson, un homme de grande vertu qui avait été nommé abbé en Angleterre avant de devenir archevêque d’York.

Sous la guidance stricte, mais aimante de saint Samson, Magloire fit d’énormes progrès, non seulement dans les sciences de l’époque, mais surtout dans la vertu et la dévotion. Sa jeunesse fut marquée par un désir constant de perfection spirituelle, et il développa une profonde maîtrise de soi ainsi qu’un amour intense pour la prière.

L’ordination et la mission pastorale

Dès qu’il eut atteint l’âge requis par les canons de l’Église, Magloire entra dans les ordres et fut ordonné prêtre. Sa vie de prêtre était un modèle de perfection : il était sobre, chaste, modeste, patient, et retenu dans ses paroles. Son zèle pour le salut des âmes et sa ferveur dans l’oraison le rendaient digne de sa haute vocation.

Saint Samson, impressionné par la sainteté de Magloire, l’emmena avec lui en Bretagne, où il devint abbé du monastère de Lanmeur. Pendant cinquante-deux ans, Magloire gouverna cette communauté avec une sagesse et une douceur qui inspirèrent tous ses religieux. Il les instruisait davantage par ses exemples que par ses paroles. Sa sévérité juste et bienveillante les retenait dans la voie de la perfection, et tous le suivaient avec une grande confiance.

L’élévation à l’épiscopat

À la mort de saint Samson, Magloire fut élu pour lui succéder comme évêque de Dol. D’abord réticent à accepter une telle charge, il se plia néanmoins à la volonté divine après avoir appris que l’élection avait été voulue par son prédécesseur. Toutefois, après seulement deux ou trois ans d’exercice de son ministère épiscopal, il se sentit épuisé et accablé par la vieillesse.

Convaincu que Dieu l’appelait à une vie de solitude et de contemplation, il implora avec ferveur la permission de se retirer. Ses prières furent exaucées lorsqu’un ange lui apparut pour lui accorder la grâce de quitter le siège épiscopal. Il désigna alors Saint Budoc comme son successeur, un religieux sage et pieux qu’il avait lui-même formé.

La retraite dans la solitude

Désireux de mener une vie entièrement consacrée à la prière, Magloire se retira dans un ermitage isolé près de la mer. Ce choix de solitude lui permit d’échapper au tumulte du monde, mais malgré ses efforts pour rester inconnu, la renommée de sa sainteté attira des foules de malades, de possédés et de personnes affligées qui recherchaient sa guérison et ses conseils spirituels. Bien qu’il eût choisi la solitude, son amour du prochain le poussa à accueillir ces foules avec bienveillance, distribuant l’aumône et offrant des paroles de réconfort à ceux qui venaient à lui.

Un jour, alors que Magloire envisageait de fuir encore plus loin pour retrouver la paix qu’il cherchait, Saint Budoc le convainquit de rester. « Vous n’êtes pas au monde pour vous-même, mais pour les autres, » lui dit-il. Magloire accepta ce conseil et poursuivit sa mission avec une humilité exemplaire.

Le miracle de l’île de Jersey

Parmi les nombreux miracles attribués à Saint Magloire, l’un des plus célèbres est lié à l’île de Jersey. Un noble nommé Loïescon, ayant été guéri par les prières de Magloire d’une lèpre incurable, lui fit don de la moitié de l’île pour y fonder un monastère. Mais par une étrange providence, tous les animaux de l’île migrèrent du côté donné aux religieux, laissant la partie restante stérile et dépeuplée. Loïescon, voyant dans ce prodige la main de Dieu, céda finalement l’ensemble de l’île à Magloire.

Le saint y construisit un monastère, rassemblant soixante-deux religieux, et y vécut le reste de ses jours dans une ascèse rigoureuse. Ses pratiques étaient austères : il ne consommait que du pain d’orge, de l’eau, et quelques légumes les jours de fête. Les mercredis et vendredis, il jeûnait en l’honneur de la Passion du Christ. Il portait toujours un cilice et passait de longues heures en prière au bord de la mer.

La fin de sa vie et sa mort en sainteté

Deux fois, un ange vint avertir Saint Magloire de sa mort imminente. Préparé par une vie de sainteté, il redoubla de ferveur dans ses prières et ses mortifications. Le 15 octobre de l’an 586, l’ange revint une dernière fois, apportant de sa propre main le corps du Christ en viatique. Magloire, pénétré d’une immense gratitude, passa ses derniers jours dans son église, répétant sans cesse : « J’ai demandé une chose au Seigneur, c’est de demeurer dans sa maison tous les jours de ma vie. »

Il rendit son âme à Dieu le 24 octobre, entouré de ses religieux, et assisté par Saint Budoc. Ses reliques, transférées plus tard à Paris, continuent d’être vénérées par les fidèles.