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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Honoré

À Amiens, en France, saint Honoré, évêque. ✞ Vers 600.

Hagiographie

Saint Honoré, septième successeur connu de saint Firmin, naquit à Port-le-Grand, en Ponthieu, dans le diocèse d’Amiens. Il appartenait pro­bablement à l’une des principales familles du pays : la tradition désigne encore actuellement l’endroit où s’élevait jadis le château de son père, et d’après le témoignage d’un historien du XVIIe siècle, on en voyait de son temps subsister quelques ruines.

Dès qu’il eut l’âge de raison, il aima et pratiqua la vertu. Les jeûnes, les veilles et la prière étaient toutes ses déli­ces, et on pouvait dire de lui ce que l’Écriture dit de Tobie :

« Que n’étant encore qu’un enfant, il n’avait toutefois rien de l’enfance ».

Saint Béat fut son maître et son guide dans son éducation cléricale. Après la mort de ce prélat, il fut choisi pour le remplacer, malgré sa résistance. Dieu le ras­sura par un prodige arrivé à son sacre. Toute l’assistance vit descendre sur sa tête un rayon divin et une huile mystérieuse.

Il plut à Notre-Seigneur d’honorer encore son épiscopat par l’invention miraculeuse des corps des saints Martyrs Fuscien, Victorie et Gentien, qui étaient demeurés cachés aux fidèles plus de trois cents ans. Un saint prêtre d’Amiens, appelé Lupicin, ayant été averti par un ange de retirer ces trois corps saints d’un certain endroit, y alla, et, après avoir creusé assez avant, il trouva enfin ce qu’il cherchait ; alors, ne pouvant arrêter la joie de son cœur, il chanta une antienne en leur honneur. On dit que saint Honoré l’entendit, quoiqu’il fut éloigné de deux lieues ; il se rendit aussitôt en cet endroit, assisté de son clergé et suivi de tout le peuple : ces saintes reliques attiraient tout le monde par l’agréable odeur qu’elles répandaient. Elles furent l’objet d’une seconde merveille : le roi Childebert II ayant envoyé des commissaires à Amiens pour enlever ce trésor et l’apporter à Paris, ils en furent empêchés par une vertu divine, qui rendit les corps saints immo­biles ; ils furent donc obligés de laisser à la ville d’Amiens ses martyrs, ses apôtres, qui faisaient sa gloire et sa consolation. Le roi, en étant averti, eut regret du dessein qu’il avait formé, ordonna de laisser ces saintes re­liques dans la cathédrale d’Amiens, à laquelle il fit de très-beaux présents, soit en meubles et en ornements pour le service divin, soit en argent et en fonds de terre pour le service du clergé.

Saint Honoré

Fête saint : 16 Mai
Saint Honoré

Présentation

Titre : Évêque d’Amiens, patron des boulangers
Date : Vers l’an 600
Pape : Saint Grégoire le Grand

Saint Honoré, on le sait, est presque partout le patron des boulangers, et par extension des pâtissiers, des oublieurs, des fleuristes, des marchands de farineux et de diverses autres professions qui ont quelque rapport avec la fabrication du pain : c'est pourquoi on le représente avec une pelle à four chargée de trois pains, qu'il tient dans sa main gauche.

Auteur

Emmanuel Mathiss de la Citadelle

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Un jour que notre pieux Pontife disait la messe dans la chapelle de la Sainte-Vierge, à Saint-Acheul, à laquelle assistait le prêtre qui fut depuis son successeur, Notre-Seigneur lui apparut visiblement à la consécration, et lorsqu’il fut temps de consommer les saintes espèces, il les prit lui-même et le communia de ses propres mains, lui accordant ainsi la même grâce qu’il avait faite aux Apôtres, le soir de sa Passion. Ce ne fut pas le seul trait de ressemblance qu’Honoré eut avec les Apôtres : il a imité leur zèle pour la conversion des âmes, leur charité-dans la pratique des œuvres de piété et de miséricorde, et, enfin, leur mortification en crucifiant sa chair avec ses passions, par les jeûnes et les veilles qu’il continua tout le temps qu’il vécut. Son historien ne nous apprend rien de plus, sinon qu’il acheva heu­reusement sa vie en visitant son diocèse, dans le lieu même où il l’avait reçue de Dieu en la maison de son père. De sorte que le bourg de Port, en Ponthieu, a été le berceau et le tombeau de cet illustre prélat.

Son corps y fut enterré avec honneur, et, depuis, on lui fit bâtir une très-belle église ; ses précieuses reliques y reposèrent sous le maître-autel jusqu’aux irruptions des Danois et des Normands : elles furent alors trans­férées à Amiens, dans son église épiscopale. Comme on faisait cette céré­monie, il arriva cette merveille : on avait posé le corps en l’église des apôtres saint Pierre et saint Paul, dite autrement de Saint-Firmin le Confesseur ; lorsqu’on l’enleva pour le porter à la cathédrale, le crucifix tourna visi­blement la tête vers la porte par où sortait le corps saint, comme le con­duisant des yeux ; les assistants, ravis d’admiration, glorifièrent Dieu de ce qu’il honorait ainsi son serviteur. On voit encore aujourd’hui ce crucifix dans la cathédrale d’Amiens.

Le saint évêque a fait plusieurs autres merveilles durant sa vie et après sa mort ; mais il ne nous en reste aucun détail authentique. Nous savons seulement ce qu’il fit plusieurs siècles après, pour subvenir aux nécessités du peuple pendant une très-grande sécheresse : l’évêque Guy, fils de Gau­thier, comte d’Amiens, ordonna une procession générale, dans laquelle on porta la châsse de saint Honoré autour des murs de la ville ; on obtint la pluie que l’on demandait à cette occasion. Il se fit encore plusieurs autres miracles : des paralytiques furent guéris, des sourds recouvrèrent l’usage de l’ouïe, des muets celui de la parole, des boiteux purent marcher, des prisonniers virent tomber leurs fers et s’ouvrir les portes de leur cachot. Ce grand événement est marqué en l’année 1060, qui est celle où Philippe Ier commença à régner.

Depuis, la dévotion à saint Honoré s’étendit merveilleusement ; car, non-seulement la ville d’Amiens et tout le diocèse, mais aussi toute la France, et principalement la ville de Paris, y voulurent avoir part. En effet, l’an 1204, un des riches habitants de cette capitale du royaume, appelé Renold Chérins, et sa femme, nommée Sibille, firent bâtir une église en l’honneur du saint Prélat, dans la rue qui porte son nom, et y fondèrent plusieurs canonicats ; et Richard de Gerberai, alors évêque d’Amiens, l’en­richit d’une partie des reliques du même saint évêque ; elles s’y conservaient avec respect, avant 93, dans une châsse d’argent d’une forme fort ancienne.

L’an 1301, Guillaume de Mâcon, quarante-neuvième évêque d’Amiens, ayant fondé la chartreuse d’Abbeville, lui assigna des revenus sur le bourg et le village de Port, ancien domaine de saint Honoré, et la mit sous la pro­tection de ce Saint, dont il lui donna la tête. Un doigt du même Saint fut aussi offert avec d’autres reliques, par un évêque d’Amiens, à l’abbaye de Saint-Riquier en Ponthieu. 

Saint Honoré, on le sait, est presque partout le patron des boulangers, et par extension des pâtissiers, des oublieurs, des fleuristes, des marchands de farineux et de diverses autres professions qui ont quelque rapport avec la fabrication du pain : c’est pourquoi on le représente avec une pelle à four chargée de trois pains, qu’il tient dans sa main gauche. Cette pelle est si inséparable du personnage que Santeul lui a donné place dans son célè­bre et irrévérencieux quatrain :

Saint Honoré

Dans sa chapelle

Avec sa pelle,

Est honoré.

On n’est pas d’accord sur l’origine de ce patronage liturgique, et sur le motif qui a fait attribuer à saint Honoré les instruments professionnels de la boulangerie. Toutefois, on croira être dans le vrai en adoptant l’opi­nion du très-compétent M. Corblet, chanoine, historiographe du diocèse d’Amiens.

« Ce qui déterminait les choix populaires des patronages », dit cet écrivain, « ce n’étaient point des rapprochements forcés, des comparaisons subtiles, mais les faits extraordinaires qui frappaient vivement l’imagination ».

Or, nous trouvons dans la légende de saint Honoré un événement de cette nature, qui nous paraît avoir déterminé le choix des boulangers. Lorsqu’on apprit à Port qu’Honoré était promu à l’épiscopat, sa nourrice, qui s’occupait alors de la cuisson du pain au château paternel, accueillit cette nouvelle par une complète incrédulité, et s’écria qu’elle croirait plus volontiers que le four­gon ardent qu’elle tenait entre les mains prendrait racine et se changerait en arbre. Joignant l’acte aux paroles, elle planta dans la cour où elle se trouvait, sa pelle embrasée, emmanchée d’un long bâton qui se métamor­phosa soudain en mûrier, et qui bientôt après produisit des fleurs et des fruits, que l’on considéra comme un emblème prophétique des fruits de salut que devait porter l’épiscopat d’Honoré. Au XVIe siècle, on montrait encore ce mûrier dans l’ancien logis paternel du saint évêque. Le souvenir du fourgon miraculeux s’est tellement conservé à Port que, chaque année, la veille de la Saint-Honoré, on allume un feu de joie pour perpétuer la mémoire de cet événement. N’est-il point plus que probable que c’est ce fourgon, cet instrument de boulangerie servant de matière à un prodige si extraordinaire, qui a déterminé les boulangers à prendre saint Honoré pour patron ? À l’occasion de son élévation à l’épiscopat, leur pelle profession­nelle avait été glorifiée ; ils voulurent à leur tour glorifier par un culte spé­cial celui à qui ils attribuaient ce prodige. Telle est, croyons-nous, l’origine de ce patronage, répandu aujourd’hui dans presque toute la France et qui, par cela même qu’il avait pris naissance en Picardie, y demeura plus cé­lèbre que partout ailleurs. Les boulangers d’Amiens se considéraient comme la première confrérie de la cité, parce qu’ils avaient le privilège de porter aux processions générales la châsse de leur patron.