La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Gui : Vie, Miracles et Héritage

Découvrez la vie et les miracles de Saint Gui, figure vénérée pour son exemple de piété et son héritage spirituel qui inspirent encore aujourd’hui. ✝️🙏

Sommaire

Hagiographie de saint Gui

Saint Gui naquit auprès de Ravenne, en Italie, au village de Casemar. Son père, appelé Albert, et sa mère, nommée Marie ou Marotie, étaient des personnes d’honnête famille et d’une insigne piété ; il reçut d’eux une parfaite éducation et de fortes inclinations pour le bien : et l’on vit en lui, dès sa jeunesse, avec l’amour de l’étude et des belles-lettres, la retenue et la maturité d’un homme fait.

Il avait cependant un défaut : il aimait à être vêtu aussi splendidement que pas un autre de sa condition, quoiqu’il ne le fît que pour plaire à ses parents. Mais Dieu, qui en voulait faire un homme selon son cœur, le prévint d’un mouvement de sa grâce si fort et si efficace, qu’il conçut tout d’un coup un mépris extrême de cette vanité, et qu’il se détermina à changer l’éclat de ses habits mondains pour un froc qui le rendit méprisable devant le monde.

Il se rendit donc à Ravenne la nuit même qu’on célébrait la fête du très-illustre martyr saint Apollinaire, patron de la ville ; il se dépouilla de ses habits précieux, les donna aux pauvres et se revêtit à leur place d’un habit vil et déchiré. En cet état, il s’en alla à Rome, à l’insu de ses parents, pour y visiter les tombeaux des saints Apôtres, et y demeura quelque temps ; il y reçut même la tonsure cléricale, et, comme le désir de la perfection embrassait son cœur de plus en plus, il prit la résolution de passer en Palestine pour y visiter les saints Lieux et ne plus revenir en son pays.

Saint Gui : Vie, Miracles et Héritage

Fête saint : 31 Mars
Nef abbaye de Pompose
Présentation
Titre : De Pompose, ✞ 1046.
Date : 1046
Pape : Grégoire VI
Empereur : Henri III

Il avait cependant un défaut : il aimait à être vêtu aussi splendidement que pas un autre de sa condition, quoiqu'il ne le fît que pour plaire à ses parents. Mais Dieu, qui en voulait faire un homme selon son cœur, le prévint d'un mouvement de sa grâce si fort et si efficace, qu'il conçut tout d'un coup un mépris extrême de cette vanité, et qu'il se détermina à changer l'éclat de ses habits mondains pour un froc qui le rendit méprisable devant le monde.

Abbé de Pompose

Mais pendant qu’il pensait au moyen de faire ce voyage, Dieu lui inspira : de retourner à Ravenne et de se mettre sous la discipline d’un saint ermite, nommé Martin, qui vivait en solitude dans une petite île de la rivière du Pô. II le vint donc trouver, et, ayant pris l’habit religieux, il vécut trois ans sous sa conduite avec beaucoup d’obéissance et de docilité. Au bout de trois ans, Martin, à qui le Pape avait commis le soin de l’abbaye de Pompose, et qui la gouvernait par un saint religieux nommé Guillaume, lequel faisait pour lui l’office d’abbé, y fit entrer son disciple Gui, afin qu’il pût apprendre, en cette grande compagnie, les exercices de la vie monastique. Ce fut là qu’il fit paraître avec éclat les vertus éminentes que le secret d’un ermitage avait cachées jusqu’alors. De sorte que, après avoir passé par toutes les charges du monastère et s’en être acquitté à l’entière satisfaction de tous les religieux, après avoir aussi gouverné saintement le couvent de Saint Sévère, à Ravenne, dont Martin, son maître, lui donna la direction, l’abbé Guillaume s’étant démis de son office pour embrasser la vie solitaire, et Jean l’Ange, qu’il avait laissé pour successeur étant décédé, Gui fut unanimement élu abbé de Pompose.

Sa réputation fut tout d’un coup si grande, que plusieurs se vinrent ranger sous sa conduite ; entre autres Albert, son père, et Gérard, son frère. Obligé de bâtir un nouveau monastère, il préserva de la mort, par ses prières, quelques ouvriers qui devaient être accablés sous des ruines. Un jour que les ouvriers se plaignaient hautement qu’on les laissait manquer de vivres, il sortit pour en aller chercher à Ravenne ; son voyage ne fut pas long ; il rencontra aussitôt deux bateaux chargés de blé et de vin que la divine Providence lui envoyait dans son besoin. Il fit aussi qu’un vase plein de vin qui tomba de dessus un mur ne fut point brisé, ni le vin répandu. Plusieurs autres fois, des vases de terre et de verre, tombant des mains de ses disciples, ne se cassèrent point ; l’eau dont il s’était lavé les mains guérissait les fièvres et d’autres maladies ; c’était une chose assez ordinaire que l’eau qu’on lui servait à table se changeât en vin : ce que de grands prélats ont même éprouvé avec admiration.

Apostolat de saint Gui,

Sa vie, durant tout le temps de son ministère, fut plutôt angélique qu’humaine : il se démit de tout le soin temporel et le confia à divers abbés qu’il fit successivement ses vicaires ; pour lui, il ne vaquait qu’au spirituel ; pour être plus capable d’élever des âmes à Dieu, il avait toujours son esprit et son cœur dans le ciel. Il se retirait ordinairement dans une solitude, à une lieue du monastère, où son abstinence était si grande et son oraison si continuelle, qu’il semblait ne plus vivre que de jeûne et de prière. Il traitait son corps avec tant de sévérité, principalement en Carême, que son historien ne fait point difficulté de dire que les tyrans et les bourreaux auraient eu de la peine à le traiter avec plus de rigueur. Cependant, il avait une douceur extrême et une charité vraiment paternelle pour ses religieux ; et eux, de leur côté, l’aimaient fort tendrement.

Un d’eux, Martin, étant mort à trois ou quatre lieues du monastère, l’on y apporta son corps pour l’enterrer : mais après que la messe et les autres prières pour les morts furent achevées, comme on était près de le mettre en terre, il commença à donner des signes de vie et appela à haute voix son saint Abbé. Le Saint lui demanda d’où il venait, ce qu’il avait vu et ce qui lui avait rendu la vie. Il répondit :

« Qu’il avait vu un lieu de tourments horribles, où étaient plusieurs de ses parents et de ses connaissances ; comme il les considérait avec horreur, saint Michel lui avait apparu, et, après lui avoir fait goûter d’un miel d’une douceur extraordinaire, il lui avait commandé de revenir pour trois jours en son corps ».

En effet, ce bon religieux vécut encore trois jours, ayant toujours le goût de ce miel dans la bouche, et, au bout de ce temps, ayant reçu la bénédiction de son Abbé, il expira fort saintement. 

Un autre, nommé Barthode, tomba malade à la mort. Dans son agonie, il fut si horriblement tenté par les démons, que, dans les peines où il était, il semblait donner des marques de désespoir. La communauté en fut tout épouvantée : mais le saint Supérieur fit tant par ses prières, que le calme et la sérénité succédèrent à ce grand combat. Ses confrères lui demandèrent ce qui lui avait causé des frayeurs et des agitations si terribles ; il leur dit :

« J’ai vu les malins esprits en des formes épouvantables, et extrêmement acharnés contre moi, quoiqu’ils n’eussent à-me reprocher qu’un seul péché, que j’ai commis il y a longtemps, et dont je n’avais plus de mémoire : c’était d’avoir appris dans le monde une espèce de magie, que je n’ai pas néanmoins exercée. Mais par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ et par les prières de notre saint Abbé et les vôtres, ils se sont retirés avec honte, et m’ont laissé en repos ».

Il reçut ensuite l’absolution de cette offense, et rendit son âme en grande paix.

Abbaye de Pompose
Abbaye de Pompose
Réfectoire, deesis de l'abbaye de Pompose
Réfectoire, deesis de l'abbaye de Pompose

Persécutions

Ce bienheureux Abbé, du consentement de son Chapitre, avait ordonné qu’on ne mangerait point de poisson le mercredi ni le vendredi. En son absence, le prieur en fit donner : mais en même temps, un troupeau de l’abbaye se dispersa tellement dans la forêt, qu’il fut impossible de le réunir et il ne revint qu’après que le Saint, ayant été informé de cette transgression, l’eût punie par une sévère pénitence.

Mais, quoique sa sainteté fût si admirable, il ne le laissa pas d’être exposé à la persécution. Héribert, archevêque de Ravenne, conçut tant de haine contre lui, qu’il résolut de le perdre et de mener même des soldats dans son monastère pour le piller et le détruire. Saint Gui ne voulut point s’opposer à cette tyrannie par d’autres armes que par les armes spirituelles de l’oraison et de la pénitence : il ordonna donc à ses religieux de jeûner pendant trois jours au pain d’orge et à l’eau pure, et durant ce même temps, de ne manger qu’à terre, de porter toujours le cilice et de prendre souvent très ­rudement la discipline ; lui-même leur servait d’exemple, et cette austérité, selon que la sainte Vierge l’avait révélé à un de ses grands serviteurs, fut si puissante, qu’elle désarma ce prélat, tout violent et tout furieux qu’il était. Il vint au monastère, accompagné de gens d’armes ; Gui, à la tête de ses religieux, alla au-devant de lui, le reçut avec une gravité et une modestie angéliques, le conduisit à l’église, selon la coutume, avec beaucoup de solennité, et le Saint-Esprit toucha si fort Héribert, que, fondant en larmes et demandant pardon de ce mauvais dessein, il jura au Saint et à toute sa communauté, une amitié et une protection perpétuelles.

Culte et reliques

Enfin, ce grand homme ayant été mandé par l’empereur Henri III, qui voulait se servir de son conseil en des affaires très-importantes, se rendit à Parme, où, trois jours après, n’ayant eu qu’une maladie fort courte, il rendit son esprit à Dieu, l’an 1046 et le huitième de son gouvernement. Comme les religieux reportaient son corps en leur abbaye, les Parmesans ayant reconnu, par la guérison qu’il fit d’un aveugle, et par leurs cloches qui sonnèrent sans nul ministère des hommes, la grandeur du trésor qu’ils enlevaient, ils le saisirent et s’en rendirent les maîtres. Mais l’empereur d’Allemagne, Henri III, survenant là-dessus, le fit porter d’abord à Vérone, où il fut mis dans l’église de Saint-Zénon et y fit beaucoup de guérisons miraculeuses. L’année d’après, il le fit transporter à Spire, en Allemagne, en l’église de Saint-Jean-l’Évangéliste, laquelle, depuis ce temps-là, a pris aussi le titre de Saint-Gui ou Saint-Witen ; on y célèbre cette translation le 4 mai. Pour le jour où nous sommes, c’est celui de son décès. 

Il ne faut pas omettre que notre Saint avait une liaison particulière d’amitié avec le bienheureux Pierre Damien, et qu’il le retint deux ans entiers à Pompose pour enseigner à ses religieux l’Écriture Sainte. C’est le bienheureux Pierre Damien qui nous apprend que le religieux abbé de Pompose fut mis au nombre des Saints, comme saint Romuald, peu de temps après sa mort, par l’autorité de l’Église.

Le convoi de bateaux qui abordent près de son monastère au moment où les vivres allaient manquer aux ouvriers occupés à construire son abbaye, est l’attribut iconographique de saint Gui de Pompose. Il est un des pa­trons de Spire.