D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.
Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Saint Gatien vint de Rome dans les Gaules, avec saint Denis de Paris, vers le milieu du IIIe siècle. Tours fut le principal théâtre de ses travaux apostoliques, et il y fixa son siégé épiscopal. Il trouva dans ceux auxquels il annonça l’Évangile un penchant extrême à l’idolâtrie ; mais il ne se laissa rebuter ni par les contrariétés, ni par les souffrances. Il continua de prêcher avez zèle, et il eut la consolation de convertir plusieurs infidèles. Pour se soustraire à la persécution, il assemblait son petit troupeau dans des lieux souterrains, et y célébrait les divins mystères. Souvent, il fut obligé de se cacher lui-même, afin d’échapper à la mort dont il était menacé. Ce n’était pas qu’il craignit de donner sa vie ; mais c’est qu’il était nécessaire à ceux qu’il avait gagnés à Jésus-Christ. Il mourut en paix, après avoir travaillé pendant près de cinquante ans avec un zèle infatigable.
Les Saints se réjouissaient quand ils étaient appelés à souffrir pour Jésus-Christ. 1° Si nous avions la même foi et la même charité, nous pratiquerions les mêmes vertus, nous aurions les mêmes sentiments, toutes les fois que l’occasion de souffrir se représenterait. 2° Pardonner une injure, supporter un affront, opposer aux contradictions l’humilité, la résignation, la patience, c’est une victoire remportée sur nous-mêmes, victoire dont le propre est de nous faire triompher de nos passions, de perfectionner en nous les vertus qui constituent l’esprit de Jésus-Christ et la ressemblance que nous devons avoir avec notre divin modèle. 3° Ce ne sont pas les occasions qui nous manquent ; mais nous n’en profitons pas, ou plutôt elles servent à multiplier nos fautes. Ne comprendrons-nous jamais que la pratique des vertus dont nous venons de parler est quelque chose de plus grand et de plus utile que les plus brillantes conquêtes ?
Saint Gatien, fut enseveli hors de la ville, dans le cimetière des pauvres, au lieu où s’éleva plus tard l’église de Notre-Dame-la-Pauvre qui, fière et heureuse d’un tel trésor, fut dans la suite nommée par le peuple fidèle Notre-Dame-la-Riche.
De longues années s’étant écoulées, et la vacance du siège ayant duré longtemps après la mort du bienheureux Gatien, le peuple avait oublié le lieu de sa sépulture ; saint Martin le connut par une révélation spéciale, et il fit alors transporter le corps du saint évêque dans son église principale, au milieu d’un concours immense du peuple. Animé d’une grande dévotion pour son illustre prédécesseur, il allait souvent le prier ; il ne s’éloignait point de sa ville épiscopale et n’y rentrait jamais sans se prosterner devant son tombeau. Or, un jour, il y vint, selon son habitude, il y pria avec beaucoup de larmes, puis, avant de se retirer, il dit au très-glorieux saint Gatien :
« Homme de Dieu, bénissez-moi ».
Et aussitôt une voix sortit de la tombe, et l’on entendit distinctement ces paroles :
« Serviteur de Dieu, je t’en prie, bénis-moi ».
Il s’est fait une autre translation des reliques du Saint, quand les Normands se jetèrent sur la France et y causèrent des ravages extraordinaires, en ruinant les villes et brûlant les églises et les autres lieux sacrés, où ils savaient qu’il y avait des corps des saints martyrs ou confesseurs en dépôt. De peur donc que le corps de saint Gatien ne fût enveloppé dans ces ruines, on retira la châsse de la grande église et on la transporta d’abord à Maillezais (Vendée), en Poitou ; de là dans la Gaule Belgique, jusqu’à Béthune (Pas-de-Calais), dans le monastère de Saint-Prix.
Enfin, ce précieux dépôt fut confié aux religieux du monastère de Saint-Vaast, de la ville d’Arras, où il est demeuré jusqu’à ce que tons les désastres de la guerre fussent finis par la conversion des Normands à la foi de Jésus-Christ, temps auquel ces précieuses dépouilles furent restituées à la ville de Tours, à qui elles appartenaient, en laissant néanmoins quelque partie aux religieux de Saint-Vaast, en reconnaissance des soins qu’ils avaient pris pour garder ce riche trésor. L’histoire de cette translation marque que l’on favorisa encore d’autres lieux de quelques parcelles de ces saintes reliques, parce qu’elles avaient aussi été gardées en ces endroits par où elles avaient passé : ce qui donne lieu d’accorder les différentes églises qui se glorifient de posséder le saint dépôt dont nous parlons, en disant que plusieurs lieux différents en ont quelques parcelles. On fait la fête de la translation des reliques du saint apôtre dont nous parlons, le second jour de mai. C’est un archevêque de Tours, nommé Juhelt Matteflon, qui l’a instituée dans le XIIIe siècle, comme les continuateurs de Bollandus le remarquent au premier tome de mai, où ils semblent supposer que l’on faisait déjà la fête de quelque translation de moindre solennité ; ce pouvait être la fête de la translation du corps de notre Saint, que fit saint Martin quand il le retira du cimetière des pauvres pour lui donner place dans la grande église.
La dévotion des peuples envers saint Gatien augmentant de jour en jour, on jugea à propos, en l’année 1354, d’ériger une Confrérie, accompagnée d’une fondation qui porte l’obligation de célébrer tous les jours de l’année une messe en l’honneur du Saint et en faveur de tous ceux qui ont l’avantage d’être en cette Congrégation. Il ne serait pas facile de rapporter ici en détail tous les secours que l’on a reçus en invoquant cet illustre apôtre de Touraine, non plus que les miracles qui ont été faits pour relever et augmenter la gloire de cet incomparable serviteur de Dieu. Le roi Jean ayant été captif, la reine, sa mère, ayant fait un vœu pour obtenir la liberté de son fils et ayant pris saint Gatien pour son avocat auprès de Dieu en cette affaire, ne fut pas frustrée dans son attente, le roi ayant recouvré la liberté peu de temps après ; ce qui obligea cette illustre princesse à publier partout qu’elle était redevable de cette grâce à saint Gatien, en qui elle avait mis toute sa confiance. Sous le règne de Charles VI, les Anglais, tenant la ville de Tours très étroitement assiégée, les habitants, ayant fait un vœu et des prières au tombeau de leur saint apôtre et protecteur, pour être délivrés de la triste situation où ce siège les tenait réduits, furent aussi incontinent exaucés et délivrés par le moyen d’une paix honorable, qui fut conclue bientôt après entre les assiégeants et les citoyens de la ville.
Les reliques de saint Gatien, apôtre de Touraine, avaient échappé en partie aux fureurs sacrilèges des Huguenots, qui commirent tant d’excès à Tours en 1562. Ces fragments précieux ont péri durant la Révolution de 1793. L’église métropolitaine en possède néanmoins des parcelles assez considérables qui lui ont été données, en 1827, par l’église Saint-Waast d’Arras, sur la demande de Mgr Augustin-Louis de Montblanc, archevêque de Tours.
Saint Gatien est spécialement invoqué pour recouvrer promptement les choses perdues ou dérobées. La fête de notre Saint est marquée au 18 décembre dans les martyrologes d’Adon et d’Usuard, comme dans celui de France.
On représente saint Gatien : 1°) célébrant la messe ou l’office dans une espèce de grotte (il fut le premier, en effet, qui érigea des autels au vrai Dieu et fonda des oratoires chrétiens en Touraine) ; 2°) assemblant les fidèles dans des souterrains, à cause de la persécution ; 3°) en groupe avec les premiers apôtres des Gaules : saint Trophime d’Arles, saint Paul de Narbonne, saint Saturnin de Toulouse, saint Denis de Paris, saint Austremoine d’Auvergne, saint Martial de Limoges.
Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, que la solennité de la fête du bienheureux Gatien, votre confesseur et pontife, augmente en nous la dévotion et les mérites pour le salut. Par J.-C. N.-S. Ainsi soit-il.
Présentation
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