La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Fulrad

À saint-Denis, en France, saint Fulrad, abbé et grand-maître du roi Pépin. ✞ 784.

Hagiographie

Aux vertus religieuses et monastiques dont il fut un magnifique exemple, saint Fulrad a joint des talents de diplomate et d’organisateur qui lui ont valu de jouer un grand rôle sous le règne glorieux de Pépin le Bref.

Son épitaphe, écrite en vers par Alcuin, met en relief ses mérites :

« C’était, dit-elle, un prêtre excellent, un abbé digne de vénération, actif, mais aussi pieux de cœur et d’esprit, … gloire de l’Église, empressé à toute bonne œuvre. Il a richement relevé cette demeure de Dieu, comme tu le vois, lecteur, et entouré d’un grand amour les reliques des Saints honorés dans cette église. Aussi croyons-nous qu’il est au ciel associé à ceux qu’il a tant aimés sur la terre. »

La diplomatie de Fulrad, aussi bien, fut tout employée au service de la religion, à unir étroitement la France et l’Église, à fournir à celle-ci l’aide efficace de celle-là, à glorifier la patrie en lui faisant défendre la foi. Il appartenait à une famille illustre et puissante d’Alsace ; mais il ne se recommandait pas moins par sa science et sa sainteté. Ce sont des faits bien prouvés par la haute dignité d’archi chapelain de la cour royale, avant lui confiée à des évêques et qu’il exerça n’étant encore que simple prêtre, et par la confiance du roi, qui lui ouvrit l’entrée de ses conseils.

L’archi chapelain, qu’on nommait encore custode du palais, ou archiprêtre de France, était à la tête de tout le clergé de la cour ; cette dignité remontait au fondateur de la monarchie, à Clovis lui-même, qui peut-être avait, en l’établissant, suivi l’exemple de Constantin le Grand. Et l’importance qu’on lui reconnaissait éclate par ceci qu’au nombre des chapelains de la seule cour mérovingienne on compte dix-huit Saints.

Dès l’arrivée au pouvoir de Pépin le Bref, l’influence de Fulrad eut à s’exercer et se révéla puissante. Charles-Martel, en distribuant à ses guerriers, sans autre mérite de leur part que leur valeur militaire, les évêchés et les bénéfices ecclésiastiques, avait précipité la décadence du clergé, tant séculier que régulier, fort avancée du reste par les désordres des règnes précédents. Saint Boniface, encouragé par le pape saint Zacharie, entreprit de travailler à la réforme de l’Église franque ; Fulrad l’y aida de tout son pouvoir, auprès du roi et même auprès du pape. On voit, par exemple, que c’est grâce à lui que le Saint-Siège accorda l’honneur du pallium à saint Abel, qui avait été nommé archevêque de Reims à la place du soudard Milon. Et plus tard, c’est à Fulrad que Boniface, au moment de partir pour la Frise, où l’attendait le martyre, recommandait ses œuvres, ses monastères, ses disciples, notamment son cher Lull, qu’il lui demandait de faire nommer comme son successeur sur le siège épiscopal de Mayence.

Saint Fulrad

Fête saint : 17 Février
Saint Fulrade

Présentation

Titre : Abbé et grand-maître du roi Pépin
Date : 784
Pape : Étienne II, Adrien Ier
Empereur : Charlemagne

Aux vertus religieuses et monastiques dont il fut un magnifique exemple, saint Fulrad a joint des talents de diplomate et d’organisateur qui lui ont valu de jouer un grand rôle sous le règne glorieux de Pépin le Bref.

Auteur

Emmanuel Mathiss

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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En 751, le rôle de Fulrad allait s’élargir encore. Pépin, maire du palais depuis dix ans, gouvernait en fait le royaume sous le nom de l’incapable Childéric III 1. D’accord avec ses leudes, il songeait à poser sur sa tête la couronne, dont seul il faisait respecter les droits ; mais il désirait obtenir l’adhésion du pape. C’est Fulrad, avec Burchard de Wurtzbourg, qu’il envoya à Zacharie pour lui poser la question décisive : « À qui revient le titre de roi, à celui qui n’a que les vains attributs de la royauté, ou à celui qui en exerce effectivement le pouvoir ? À ce dernier, » répondit le pontife. Et Fulrad, en rapportant cette parole, détermina le changement de dynastie.

Au printemps de 752, saint Boniface sacrait le nouveau roi aux acclamations de ses leudes. Deux ans ne s’écouleraient pas sans que cette consécration fût renouvelée avec plus de solennité, dans la basilique de Saint-Denis, par le pape lui-même. Zacharie était mort ; son successeur Étienne II, menacé par le roi des Lombards Aistulf, avait demandé le secours de la France et, sous la sauvegarde de ses ambassadeurs, était entré sur ses terres. Pour le recevoir avec honneur, Pépin envoya au-devant de lui, jusqu’à l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune en Valais, deux ambassadeurs ; et ce fut, avec le duc Rothard, l’archi-chapelain Fulrad. En leur compagnie, Étienne reprit sa route vers le roi ; il rencontra bientôt le fils aîné de Pépin, Charles, alors âgé de moins de douze ans, qui, entouré d’une troupe brillante d’antrustions, avait fait cent mille au-devant de l’auguste visiteur.

Le roi lui-même, avec sa femme, ses autres enfants et toute la cour, vint l’attendre à trois milles de la résidence royale de Ponthion, près de Vitry-le-François. Dès qu’il l’aperçut, il descendit de cheval avec toute sa suite et se prosterna à terre ; puis, relevé, il marcha à pied à côté de la monture du pape, comme pour lui servir d’écuyer. Alors Étienne se mit à chanter à haute voix des hymnes à la gloire de Dieu, et c’est au milieu des saints cantiques que l’on pénétra dans le palais, le 6 janvier 754, en la fête de l’Épiphanie.

Quand, acquiesçant à la demande du souverain pontife, le roi de France entreprit la guerre contre Aistulf, Fulrad faisait partie encore de l’armée qui franchit les Alpes et réduisit les troupes lombardes. Le traité de paix signé, la restitution des terres pontificales jurée par Aistulf, le pape prit le chemin de Rome ; il était accompagné de Hiéronyme, un des fils de Charles-Martel, et de l’archi-chapelain Fulrad. Mais le parjure lombard refusa de faire honneur à son serment et même, les soldats francs à peine éloignés, reprit contre l’Église ses hostilités.

Quand ils revinrent en France, Hiéronyme et Fulrad étaient donc porteurs, d’une protestation du pape qui faisait prévoir un appel nouveau à la puissance protectrice de Pépin ; cet appel ne tarda pas en effet à être apporté au roi, d’abord par Villarius, l’évêque de Nomentum, puis par trois messagers, qui réussirent à s’échapper de Rome assiégée par Aistulf et réduite aux abois. Bientôt, répondant filialement au cri d’angoisse du pontife, les Francs repassaient les Alpes, rompaient de nouveau la résistance des Lombards, imposaient la paix. Cette fois, il fallut en exécuter les rigoureuses conditions.

Toujours honoré de la confiance royale, c’est Fulrad qui fut chargé d’entrer, au nom du souverain pontife, en possession des territoires et des villes récupérés. Ainsi eut-il l’honneur de travailler très directement à la fondation du pouvoir temporel des papes et à la constitution de leurs États (756). Et encore, après qu’Aistulf, en mourant cette année même d’un accident de chasse, eut semblé délivrer l’Église de Rome de ses graves soucis, une lettre d’Étienne au roi Pépin nous apprend que c’est « sous les auspices et par les soins de notre fils Fulrad, ton fidèle, que Desiderius (Didier), homme très doux, a été choisi pour roi des Lombards ». L’avenir montra que cet homme très doux, qui affectait pour obtenir l’appui du pape et de ses conseillers une feinte soumission et les plus équitables dispositions, n’était pas un ennemi moins redoutable que son prédécesseur. Mais qui l’eût pu prévoir à ce moment ? C’est alors sans doute que, en récompense de ses services, Fulrad obtint d’Étienne une grande faveur.

Depuis plusieurs années sa piété l’avait poussé à fonder des monastères établis sur ses possessions patrimoniales : deux d’entre eux non loin de Schlestadt, un autre au diocèse de Metz et enfin celui de Saint-Varan en Alémanie. Pour tous et même pour ceux que plus tard pourrait encore établir le pieux chapelain, le pape concédait pleine et entière exemption de toute juridiction épiscopale, de tout pouvoir laïc, et lui donnait le droit, suspensif de toute exécution, d’appel au Saint-Siège. Il lui accorda encore, sa vie durant, la jouissance à Rome d’un hôpital situé près de la basilique de Saint-Pierre et d’une maison voisine du monastère de Saint-Martin. Fulrad était-il dès lors abbé de Saint-Denis ? Il ne le semble pas. Du moins c’est vers cette époque qu’il le devint, et c’est peut-être pour reconnaître avec éclat son habile dévouement que Pépin lui octroya cette dignité.

Il y avait certainement plusieurs années qu’il en était revêtu lorsque, en 768, le roi vint à mourir. Originaire d’Alsace, y possédant encore des biens considérables, l’abbé se trouvait sujet de Carloman, qui, par la mort de son père, hérita de l’Austrasie, de la Burgondie, de l’Alsace et de l’Alémanie. Ce prince lui continua la faveur de son père et la charge d’archi-chapelain, comme les papes lui gardaient l’amitié d’Étienne. Ainsi voyons-nous qu’il put obtenir d’Hadrien l’honneur du pallium pour l’évêque de Reims, Tilpin ou Turpin, qui avait été moine de Saint-Denis et fut le vaillant prélat célébré par la Chanson de Roland.

Mais Carloman ne tarda pas à mourir. Âgé de vingt ans, il expira à Samoncy le 4 décembre 771, laissant deux fils incapables de régner selon les principes du temps. Aussi ses fidèles eux-mêmes n’hésitèrent pas à reconnaître Charles comme seul roi. Dans cette occasion, Fulrad, l’abbé de Saint-Denis, avec les comtes Varin et Adalhard, fut le premier à se déclarer en sa faveur.

Néanmoins, à partir de ce moment, il s’enfonce dans les ténèbres. Fut-il encore chapelain de Charlemagne ? Le fait reste douteux. On ne trouve plus, du moins, sa trace dans les événements glorieux du nouveau règne. Il est donc probable que, âgé, affaibli par ses travaux passés, l’abbé de Saint-Denis se confina dans les devoirs de sa charge et dans les exercices de la piété. Sa sainteté, déjà grande, se mûrit encore pendant les dernières années de sa vie. Enfin la mort vint le prendre pour la vie éternelle en 784. Il voulut être enseveli dans son monastère de Saint-Alexandre, dont il avait, ainsi que de ses autres fondations, fait le don à l’abbaye royale de Saint-Denis.