La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Druon

A Valenciennes, saint Druon, confesseur. 1189.

Sommaire

Hagiographie de saint Druon

Ce Bienheureux naquit au village d’Epinoy, aujourd’hui Carvin-Epinoy, en Artois, au commencement du XIIe siècle. Il perdit son père un peu avant sa naissance, et fut cause, en naissant, de la mort de sa mère ; il avait reçu de ses parents une haute noblesse et des biens très considérables.

Il ne fut baptisé qu’après avoir été instruit des principes de la religion. Il fut vivement touché quand on lui raconta sa naissance ; se regardant comme le meurtrier de sa mère, il tomba dans un chagrin qui le dégoûta entièrement du monde, dès l’âge de dix ans. Il passait les jours et les nuits en pleurs, se privait de tout plaisir, distribuait aux pauvres ce qu’il pouvait tirer de ses tuteurs, jeûnait fréquemment, macérait son corps par diverses autres austérités, priait sans cesse, lisait, on entendait la parole de Dieu. Ayant été un jour extraordinairement frappé des paroles de l’Évangile par lesquelles Jésus-Christ exhorte ceux qui l’aiment et qui le servent, à tout quitter pour le suivre, il résolut de pratiquer ce précepte à la lettre.

Il abandonne donc ses proches et son pays, renonce à tous ses biens, et, revêtu d’un habit fort simple, par-dessus son cilice, il s’en va, comme Abraham, où Dieu l’appellera. Après divers pèlerinages, conduit par l’esprit de Dieu, il s’arrête dans la bourgade de Sebourg, en Hainaut, à deux lieues de Valenciennes, et environ à treize lieues d’Epinoy, sa patrie, et se loue en qualité de berger à une dame pieuse nommée Elisabeth Haire. Cet état lui était très-agréable. Serviteur, il pouvait pratiquer facilement l’humilité, l’obéissance, la mortification ; solitaire, il vivait dans l’oraison et le recueillement, et les beautés de la nature l’invitaient et l’aidaient à louer Dieu. Il lui manquait, dans les champs, qu’une chose, la sainte Eucharistie. Mais il obtint qu’un ange veillerait sur son troupeau pendant qu’il assisterait de temps en temps au saint sacrifice de la messe. C’est une tradition du pays, qui est même passée en proverbe, car on dit souvent quand il se présente deux occupations également pressantes :

« Je ne puis pas être comme saint Druon, en deux lieux en même temps ».

Saint Druon
Fête saint : 16 Avril
Statue de saint Druon dans l'église Saint-Druon de Sebourg
Présentation
Titre : Confesseur
Date : 1118-1189
Pape : Gélase II ; Clément III
Empereur : Lothaire III ; Conrad III ; Frédéric Ier Barberousse

Après avoir ainsi passé six ans dans l'humble condition de berger, Druon, aspirant à une vie plus pénitente, quitta Sebourg, malgré les sollicitations de sa maîtresse et de presque tous les habitants, puis il entreprit de longs pèlerinages de dévotion, pour mortifier son corps par la faim et la soif, par le chaud et le froid, par les fatigues et les périls des chemins. Il fit neuf fois le voyage de Rome, et visita beaucoup d'autres sanctuaires, Il venait, par intervalle, à Sebourg, retrouver son ancienne maîtresse, qui le recevait comme un fils. Quand ses infirmités ne lui permirent plus de vivre en pèlerin, il résolut de vivre en solitaire.

Ses austérités

Sa maîtresse était très-contente de ce bon serviteur, et ses vertus le faisaient aimer dans le village de Sebourg. Les habitants le pressèrent de se charger aussi de leurs troupeaux.

Il accepta cet emploi et s’en acquitta à la grande satisfaction de tout le monde et à l’avantage des pauvres, auxquels il distribuait tout le fruit de ses services. 

Après avoir ainsi passé six ans dans l’humble condition de berger, Druon, aspirant à une vie plus pénitente, quitta Sebourg, malgré les sollicitations de sa maîtresse et de presque tous les habitants, puis il entreprit de longs pèlerinages de dévotion, pour mortifier son corps par la faim et la soif, par le chaud et le froid, par les fatigues et les périls des chemins. Il fit neuf fois le voyage de Rome, et visita beaucoup d’autres sanctuaires, Il venait, par intervalle, à Sebourg, retrouver son ancienne maîtresse, qui le recevait comme un fils. Quand ses infirmités ne lui permirent plus de vivre en pèlerin, il résolut de vivre en solitaire. Il se fit donc bâtir une petite cellule contre l’église, et s’y enferma pour n’en plus sortir le reste de ses jours. Comme il pouvait entendre de là les divins offices, il y assistait avec une dévotion angélique. Son manger n’était qu’un peu de pain d’orge, son boire, de l’eau pure. Si on lui donnait quelque chose, il le distribuait aux pauvres, content de la seule possession de Dieu.

Sa mort

Le feu ayant pris à l’église, et ensuite à sa cabane, il demeura au milieu des flammes sans en recevoir la moindre atteinte ; Dieu renouvelant en sa faveur la merveille des trois enfants dans la fournaise de Babylone. Le Saint reclus rendit son âme à Dieu le 16 avril 1189, environ la soixante et onzième année de son âge, s’étant retiré de la maison paternelle âgée de seize ans, ayant gardé les troupeaux six ans, passé neuf ans dans ses pèlerinages, et quarante dans sa cellule. 

Culte

Les parents de saint Druon ayant appris sa mort, demandèrent son corps aux habitants de Sebourg ; mais il leur fut impossible de le transporter hors du pays ; quand le chariot, sur lequel on l’avait mis fut sur les limites du territoire de Sebourg, il devint immobile et le corps si pesant, qu’ils furent obligés de le reporter à l’église et de l’inhumer dans le sépulcre qu’on lui avait préparé. Ce tombeau (que l’on voit encore aujourd’hui), fut bâti au milieu de la grande nef : on plaça dessus les saints fonts de baptême.

Quant à l’endroit où le char s’arrêta, c’est une petite hauteur que l’on nomme encore aujourd’hui, en mémoire de ce miracle, le Mont-Joie-Saint ­Druon.

Au commencement du XIIIe siècle, on fut obligé, par la crainte des profanations, de transporter les reliques de saint Druon à Binche ; mais comme elles n’y firent point de miracles, pendant l’espace de neuf ans, on les rap­porta à Sebourg, le 14 juin 1227. Le concours des peuples fut immense à cette translation ; de sorte que les blés, qui étaient déjà grands, furent foulés aux pieds ; on croyait les moissons perdues, mais le lendemain on les vit redressées et magnifiques. En mémoire de cette translation et de ce miracle, aujourd’hui encore, le dimanche de la Trinité, on porte solennellement en procession les reliques du Saint. On peut voir au second tome d’avril, dans les Bollandistes, combien de guérisons miraculeuses, surtout pour les ruptures, les descentes intérieures, la cruelle maladie de la pierre, la surdi-mutité, ont été obtenues par l’intercession de saint Druon. Il avait souffert lui-même d’une hernie très-grave qui l’obligea précisément de renoncer à ses pèlerinages.

Gisant de Saint Druon.
Gisant de Saint Druon.
Gisant de Saint Druon.
Gisant de Saint Druon.

Et reliques

On montre encore aujourd’hui à Epinoy, à une distance d’environ cinquante mètres du presbytère, dans les champs, le puits de saint Druon. Ce puits est l’objet d’une telle vénération qu’on n’y puise de l’eau qu’une fois par an le jour de la fête et de la procession du Saint. L’église qui lui est dédiée à Epinoy se trouve bâtie sur l’emplacement même de sa maison paternelle.

À Sebourg, les souvenirs du pieux reclus se sont aussi précieusement conservés : Outre une Fontaine de Saint-Druon vers laquelle, d’après une ancienne tradition, le saint berger menait chaque jour son troupeau ; outre le chemin qui porte le nom de Chemin de Saint-Druon, on voit encore une croix en pierre, environnée de quelques arbres, à l’extrémité de cette pa­roisse. Elle se trouve à l’endroit où les parents de saint Druon, venus d’Epi­noy, comme on l’a dit, pour emporter son corps, le déposèrent et le rendirent aux habitants de Sebourg. De plus, dans l’église du village on voit son tombeau en pierre et en bois, au-dessus duquel est placée la châsse qui renferme ses reliques. Enfin, dans un enfoncement de cette église, on découvre la Cabane de Saint-Druon, qui rappelle la petite cellule dans laquelle le reclus vécut pendant quarante-deux ans. Elle renferme une espèce de lit en pierre, sur lequel est couchée une statue aussi en pierre représentant le Saint. Les vitres en sont rouges, et rappellent l’incendie qui la consuma tout entière sans causer le moindre mal à l’homme de Dieu. C’est là que les pèlerins viennent en foule rendre leurs hommages au saint berger, le prier d’éloigner de leurs familles et de leurs troupeaux les fléaux et les maladies. Leur nombre est surtout considérable le jour de sa fête et le dimanche de la sainte Trinité. Parmi ces pèlerins qui arrivent des pays les plus éloignés, on peut toujours distinguer la députation des habitants d’Epinoy, qui ne manquent jamais de venir chaque année, la veille même de la fête, honorer et invoquer leur saint compatriote. Sauvés des profanations de 1793, ses précieux restes reposent au-dessus du tombeau dont nous avons parlé. L’église du Mont-Saint-Quentin possède une dent du Saint.