La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Dalmace de Constantinople

A Constantinople, saint Dalmace, archimandrite de Constantinople, et saint Fauste, son fils, moine. 440.

Hagiographie de saint Dalmace

Saint Dalmace, que les Grecs, dans leur Ménologe, appellent Dalmat, était d’une famille distinguée dans l’empire d’Orient.

Il suivit dans sa jeunesse la profession des armes, et servit sous le grand Théodose en qualité d’officier, dans la seconde compagnie des gardes du palais. La contagion du monde, dans cet emploi tout séculier, ne gâta point son cœur. Il se soutint dans la vertu qu’on lui avait inspirée dès l’enfance, et vécut dans son état d’une manière très-édifiante. Il était marié dès le temps de l’empereur Valens, et il parut par la suite que la piété régnait aussi dans sa famille qui était nombreuse. Saint Isaac étant venu d’Orient à Constantinople, il fit sa connaissance ; et, dans une occasion, il demeura sept jours dans son monastère pour profiter à loisir de ses instructions. Le Saint lui fit connaître, après cette espèce de retraite, que Dieu le voulait auprès de lui ; en quoi Dalmace, qui y était déjà porté par sa piété, n’apporta d’autre délai que celui dont il avait besoin pour y disposer sa femme, et pour mettre ordre à ses affaires domestiques. Comme sa maison était une maison de vertus, il n’eut pas de peine à obtenir de son épouse le sacrifice que Dieu voulait de lui, et il trouva la même soumission dans ses enfants.

Il se rendit donc auprès de saint Isaac, amenant avec lui un de ses fils nommé Fauste, qui voulut l’imiter dans sa retraite. Il devint bientôt le principal disciple de son père spirituel, par l’ardeur qu’il témoigna pour la pénitence, par sa charité envers les pauvres, par son amour pour la retraite, et par les progrès qu’il fit dans la perfection. Ses jeûnes étaient rigoureux et fréquents, et on assure qu’il passa tout un carême sans rien prendre. Sa vie, rapportée par les Bollandistes, ajoute qu’il fut ensuite jusqu’à l’Ascension dans une espèce d’extase, durant laquelle il fut transporté en esprit dans l’église des Saints-Machabées, tandis que le patriarche Attique y célébrait la messe ; et qu’en le déclarant à son saint abbé Isaac, il lui assura qu’il y avait vu trois religieux de son monastère qui y avaient assisté, dont l’un était auprès du sanctuaire, l’autre dans l’ambon, et le troisième à la grande porte, ce qu’Isaac trouva véritable, quand il s’en informa de ces religieux à leur retour.

Ce Saint étant allé recevoir dans le ciel, la récompense de ses travaux et de son zèle, et ayant laissé Dalmace pour son successeur dans le gouvernement du monastère, il s’appliqua avec une attention incroyable à y faire fleurir les vertus religieuses. On le peut juger par la retraite qu’il garda constamment ; car il ne sortit point de son cloître durant l’espace de quarante-huit ans. Pendant ce temps la ville de Constantinople fut secouée par des tremblements de terre ; et comme on faisait des processions pour apaiser la colère de Dieu, l’empereur fit des instances au Saint pour l’engager à y venir ; mais il le supplia de trouver bon qu’il priât dans sa cellule. Le prince, qui l’avait en grande vénération, ne le pressa pas davantage.

Saint Dalmace de Constantinople

Fête saint : 03 Août
Saint Dalmace de Constantinople
Présentation
Titre : Archimandrite de Constantinople et saint Fauste, son fils, moine
Date : 440
Pape : Saint Sixte III
Empereur : Théodose le Jeune

Saint Dalmace dit, au sortir de l’audience, à tous ceux qui en attendaient le résultat hors du palais, qu’on se rendît au monastère de saint Mocie, martyr ; et là, étant monté à la tribune, il lut devant tout le monde la lettre du concile qui contenait la véritable relation de ce qui s’était passé dans le jugement rendu contre Nestorius, et déclara tout ce que l’empereur lui avait dit là-dessus pour le soutien de la foi orthodoxe. Il finit son rapport en assurant le peuple, autant par prudence que par humilité, que si les choses avaient si bien réussi, il ne fallait point l’attribuer à ses persuasions ni à ses prières, mais à la piété du prince, qui faisait profession de suivre la foi de ses ancêtres, et recommanda de prier pour lui. Alors le peuple, qui avait déjà prononcé anathème contre Nestorius, l’anathématisa de nouveau.

Nestorius-represente-par-Romeyn-de-Hooghe-en-1688
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La manière dont Dieu punit sous ses yeux : un méchant homme, augmenta encore la haute estime qu’on avait de lui à la cour. Deux plaideurs avaient porté leur affaire par devant l’empereur ; et le demandeur, qui le faisait très-injustement, avait donné par ses chicanes et ses paroles artificieuses, une tournure si favorable à sa cause, que l’autre se vit sur le point de succomber. Dans cette extrémité il se jeta aux pieds de l’empereur et lui dit :

« Prince, ayez pitié de moi, renvoyez-nous l’un et l’autre à l’abbé Dalmace afin qu’il en décide : vous ne pourriez nous donner un juge plus équitable, et j’espère que Dieu manifestera la vérité par son organe ».

L’empereur répondit qu’il le voulait bien, et ils se rendirent auprès du Saint.

« Expliquez-moi donc », leur dit-il, « le sujet qui vous amène ».

Alors le demandeur inique voulant faire valoir son prétendu droit, sa langue se trouva liée et il tomba mort aux pieds de Dalmace. Le Saint en envoya le rapport à l’empereur en ces termes :

« Dieu a jugé lui-même cette cause en faveur de celui qui était lésé ».

Ce qui remplit d’admiration ce prince et tous les grands de sa cour.

Mais la vertu et le zèle de saint Dalmace n’éclatèrent jamais mieux que dans le service qu’il rendit à l’Église contre Nestorius, qui était venu d’Antioche pour occuper la chaire de Constantinople après Attique. Dieu lui fit connaître les sentiments que cet hérésiarque avait dans l’âme avant qu’il les manifestât. Quand il voulut le visiter dans sa cellule, il lui dit avec fermeté :

« Vous pouvez vous en aller ; car je ne vous recevrai point que vous n’ayez renoncé à vos erreurs ».

Nestorius se vit forcé de se retirer ; et le Saint dit à ses religieux :

« Prenez garde à vous, mes frères ; il est venu dans cette ville une méchante bête, qui va blesser bien du monde par sa doctrine ».

Le scandale éclata bientôt. Nestorius mit enfin au jour ses dogmes impies, et l’on assembla, en 431, le concile d’Ephèse, où il se trouva plus de deux cents évêques, et auquel saint Cyrille d’Alexandrie présida comme légat du pape Célestin. Cette sainte assemblée condamna Nestorius et le déposa de sa dignité. Mais on ne peut exprimer ce que cet hérésiarque et ses partisans firent par leurs intrigues pour en empêcher l’exécution. Jean, patriarche d’Antioche, ami de Nestorius, qui avait été tiré de son clergé, arriva au concile quatre jours après que la sentence eut été donnée. Il était accompagné des évêques d’Orient, c’est-à-dire de la Syrie, dont on soupçonne que plusieurs avaient des sentiments qui approchaient de ceux de Nestorius. Ils se plaignirent qu’on s’était trop précipité dans ce jugement, et leur passion les porta jusqu’à assembler un faux synode, où ils osèrent déposer saint Cyrille, et Mennon, évêque d’Ephèse.

Le comte Candidien, que Théodose le Jeune, alors empereur, avait envoyé au concile pour y maintenir la paix, se rangea du côté de Jean d’Antioche et de ses adhérents, et par de faux rapports qu’il fit au prince, qui estimait Nestorius, le croyant catholique, il le porta à casser ce qui s’était fait contre lui. Mais trois nouveaux légats qui arrivèrent alors de la part du Pape, confirmèrent la sentence du concile par leurs souscriptions. Cependant, les amis des Orientaux continuèrent d’agir pour eux et pour la cause de Nestorius. La cour se trouva partagée, et Théodose, qui agissait sur les rapports qu’on lui faisait, confondit les innocents avec les coupables, envoya à Ephèse le comte Jean pour arrêter en même temps saint Cyrille, Mennon et Nestorius. Les deux premiers furent mis entre les mains de Candidien, et il ne fut point permis aux prélats du concile de sortir de la ville. Ils y étaient brûlés par les chaleurs ardentes de l’été, et plusieurs en moururent. On publia contre eux des calomnies, on les chargea d’injures et de malédictions ; et tandis que les partisans de Nestorius avaient la liberté d’envoyer à la cour tout ce qu’ils voulaient, les Pères du concile n’avaient pas la liberté d’écrire, ou on interceptait par mer et par terre tout ce qui venait de leur part. Enfin, pour faire tenir leurs lettres, ils furent obligés de se servir d’un homme fidèle déguisé en mendiant, qui les cacha dans une grosse canne qui lui servait de bâton.

Concile d'Ephèse

Les affaires de la religion étaient dans ce triste état à Éphèse, et saint Dalmace, à qui les Pères du concile en firent part, ainsi qu’au clergé et aux abbés de Constantinople ; saint Dalmace, disons-nous, leur répondit en les assurant des efforts qu’il allait faire pour y remédier. Il prit pour cela un moyen d’éclat qui lui réussit, et on dit qu’il y fut porté par une voix du ciel.

Théodose ne rendait point la justice qu’il devait au concile, parce qu’il était trompé par les fausses relations que lui en faisaient les amis de Nestorius, et que les bonnes ne parvenaient point jusqu’à lui. Alors saint Dalmace, qui, depuis quarante-huit ans, se tenait renfermé dans son monastère, et que l’empereur allait visiter dans sa cellule quand il voulait le voir, en sortit pour la gloire de Dieu, accompagné d’une partie de ses religieux, auxquels se joignirent plusieurs autres avec leurs abbés, et tous ensemble, suivis d’une foule de peuple, allèrent en procession jusqu’au palais de l’empereur, ayant des cierges allumés à la main et chantant des psaumes.

L’empereur, entendant chanter, demanda ce que c’était on lui répondit que c’était l’abbé Dalmace qui venait au palais avec ses religieux. Il en fut étonné et alla au-devant de lui. Ses religieux s’arrêtèrent hors du palais, et Dalmace y entra seul avec le prince. Il lui présenta alors les lettres du concile, dont il fut extrêmement surpris et même troublé, voyant que ce qu’elles contenaient était tout différent de ce qu’on lui avait rapporté. Il lui dit de les faire lire devant tout le monde, afin que chacun fût instruit de la vérité, et lui fit entendre qu’il donnait toute liberté au concile de lui envoyer des députés, et qu’il emploierait son autorité pour soutenir ce qu’on y avait fait.

Saint Dalmace dit, au sortir de l’audience, à tous ceux qui en attendaient le résultat hors du palais, qu’on se rendît au monastère de saint Mocie, martyr ; et là, étant monté à la tribune, il lut devant tout le monde la lettre du concile qui contenait la véritable relation de ce qui s’était passé dans le jugement rendu contre Nestorius, et déclara tout ce que l’empereur lui avait dit là-dessus pour le soutien de la foi orthodoxe. Il finit son rapport en assurant le peuple, autant par prudence que par humilité, que si les choses avaient si bien réussi, il ne fallait point l’attribuer à ses persuasions ni à ses prières, mais à la piété du prince, qui faisait profession de suivre la foi de ses ancêtres, et recommanda de prier pour lui. Alors le peuple, qui avait déjà prononcé anathème contre Nestorius, l’anathématisa de nouveau.

Saint Dalmace, Samson, Maximien et d’autres du clergé de Constantinople, se hâtèrent de marquer au concile tout ce qui s’était passé, et le prièrent de donner à leur église un pasteur à la place de Nestorius. Saint Dalmace se qualifie dans cette lettre, prêtre, archimandrite et père des monastères, et se recommande humblement aux prières du concile. Ce titre lui est donné aussi dans la réponse que les évêques de cette assemblée lui envoyèrent, et qui est très-glorieuse à la mémoire de ce Saint.

« Nous avons rendu grâces à Dieu », lui disent-ils, « qui vous a suscité pour soutenir la foi orthodoxe, et pour faire connaître aux très-pieux empereurs Théodose et Valentinien, ainsi qu’aux saints archimandrites, à tout l’aimable clergé et au peuple, ce que nous avons enduré de peines et de travaux pour la conserver : car vous êtes le seul qui nous ayez secourus ; aussi nous levons de bon cœur les mains au ciel, et nous prions le Père céleste pour la conservation de nos très-pieux empereurs, et pour Votre Sainteté.

« Nous vous exhortons de vous unir toujours plus à nous, et d’agir en notre nom dans tout ce qui concerne la foi ; mais vous n’avez pas besoin que nous vous le recommandions ; car nous n’ignorons point que Dieu vous avait fait connaître le poison que Nestorius avait dans son âme, avant qu’il arrivât à Constantinople ».

Les Grecs donnent au Saint dans leur office le titre glorieux d’Avocat du Concile d’Éphèse, en mémoire de ce que nous venons de rapporter. Ils disent que le concile établit son monastère le chef de tous ceux de Constantinople.

Le pape saint Célestin lui donne la même prérogative en écrivant au concile, et confirme que le Saint avait connu par une lumière céleste, que quand Nestorius vint à Constantinople il avait l’âme infectée de l’erreur.

Culte et reliques

Saint Dalmace était déjà fort vieux à cette époque ; on croit qu’il avait environ quatre-vingts ans. Maximien, religieux et ensuite prêtre du clergé de Constantinople, fut mis à la place de Nestorius, le 25 octobre de l’an 431 ; mais il ne tint sur ce siège que deux ans, cinq mois et dix-neuf jours ; car il mourut le 12 avril de l’an 434, et saint Procle lui succéda. Ce fut sous l’épiscopat de celui-ci que saint Dalmace, après avoir gouverné saintement ses disciples et tous les monastères de la ville impériale, alla recueillir dans le ciel les fruits de ses saintes œuvres, vers 440. Son corps fut d’abord porté solennellement à la grande église, précédé de l’évêque Procle, de tout son clergé et du peuple, chacun portant des cierges allumés et chantant des hymnes et des cantiques spirituels. On le reporta ensuite dans son monastère, où il fut enseveli. L’histoire de sa vie assure qu’il coulait de temps en temps de son tombeau une liqueur qui servait à guérir les malades qui s’en faisaient oindre avec foi.