La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Hagiographie

L‘an de grâce 1126, la ville de Constantinople, capitale de l’empire Grec, vit paraître, dans l’enceinte de ses murs, une excellente fleur, qui a produit depuis des fruits admirables d’honneur et de sainteté sur le Mont-Carmel.

Ce fut le bienheureux Cyrille, qui fit voir, dès ses plus tendres années, qu’il serait un jour très grand serviteur de Dieu et très-dévot à Notre-Dame. Ses parents, qui tenaient un rang considérable, eurent soin de lui faire apprendre les lettres divines et humaines : il s’y rendit fort capable en peu de temps. Après ses études, il embrassa l’état ecclésiastique, et reçut les Ordres sacrés ; il se comporta, dans l’exercice du divin ministère, avec tant de pureté et de sainteté, qu’il s’attira l’admiration de tout le monde. Il avait un talent merveilleux pour enseigner ; il était très-subtil dans la discussion, tout enflammé de zèle et de ferveur en ses prédications, et le succès répondait souvent à ses généreux efforts. En voici un excellent témoignage.

Vers l’an 1169, la mère du sultan de Konieh, en Cilicie, qui était chrétienne dans son cœur, se voyant à un âge caduc, et, comme on dit, sur le bord de la fosse, découvrit son secret à son fils et lui persuada d’appeler le prêtre Cyrille, dont on disait tant de louanges, afin d’être instruit par lui des principes de notre sainte religion. Ce dessein réussit avec tant de bonheur, qu’en peu de temps le sultan fut parfaitement instruit des éléments de notre sainte foi, et envoya exprès des ambassadeurs au pape Alexandre III, pour apprendre du Saint-Siège l’ordre qu’il devait observer dans la réception du saint Baptême. On peut voir la réponse du Pape, rapportée par le cardinal Baronius, en la même année 1169, comme aussi les miracles de la sainte Croix, que Notre-Seigneur opéra à la suite de ce Baptême, dont notre Saint eut l’honneur d’être le ministre et l’agent.

L‘année suivante, il fut chargé d’une ambassade vers le même pape Alexandre, de la part de Manuel, fils de Commène, empereur de Constantinople, pour traiter des moyens de réunir l’Église grecque avec l’Église latine : on voit, par là, en quelle estime était ce saint Prêtre, dans l’empire grec et dans les contrées de l’Orient.

Cependant, Dieu, qui le destinait à la solitude, et qui en voulait faire un Père de congrégation, lui fit naître une occasion de se retirer de ce monde et de ses embarras, afin de ne s’occuper plus que de lui-même et de son salut. Il entra en discussion avec le Patriarche de Constantinople, appelé Théodose, touchant la procession du Saint-Esprit, qui, d’après ce schismatique, n’aurait procédé que du Père, tandis que la foi catholique confesse, en son Symbole, qu’il procède également du Père et du Fils, comme d’un même principe. Théodose, s’échauffant dans cette contestation, passa les bornes de la modestie et de la gravité que requérait la dignité de son caractère, de sorte qu’il en vint jusqu’aux injures et aux menaces contre le saint prêtre Cyrille. Celui-ci, jugeant à propos de céder à l’orage, chercha en son cœur le moyen de s’isoler des hommes afin de n’avoir à faire qu’à Dieu. Tandis qu’il roulait ces pensées dans son esprit, la Sainte Vierge, qu’il avait prise dès sa jeunesse pour sa protectrice, lui apparut la nuit, avec un visage plein de majesté et brillant comme le soleil, et lui dit ces paroles :

« Mon fils, si tu veux éviter les poursuites et les erreurs des Grecs, cherche ton asile au Mont-Carmel, et suis la voie qui t’y sera montrée ».

Il n’en fallut pas davantage au bienheureux Cyrille pour le déterminer à vendre ses biens et à les donner aux pauvres : après quoi il s’embarqua pour aller en Syrie et passer en Terre-Sainte.

Dès que notre Saint entra dans Jérusalem, il y rencontra saint Brocard, prieur général du, Mont-Carmel, qui, le voyant vêtu d’une longue robe à la grecque, le salua poliment, et s’informa près de lui du sujet de sa tenue, et quel dessein il avait dans l’esprit :

« Point d’autre», lui repartit Cyrille, « que de faire la volonté de Dieu, et de me donner tout à lui et au service de sa très-sainte Mère ».

Là-dessus, le saint Prieur l’emmena dans son couvent du Mont-Carmel, et l’entretint, chemin faisant, des merveilles que Dieu avait autrefois opérées en ce saint lieu par les saints prophètes Elie et Elisée, et comment l’état monastique et religieux semblait y avoir pris naissance par eux et les autres Prophètes, leurs disciples, et qu’ils avaient toujours eu des successeurs, même au temps de la Sainte Vierge.

En effet, l’histoire de ce saint Ordre assure qu’elle-même, visitant ce désert, en appelait les habitants ses frères ; et que, pour reconnaître une telle faveur, ils ont les premiers bâtis une église en son honneur sur cette sainte montagne. Cyrille, édifié et touché de ce discours, sentait que son cœur s’embrasait peu à peu de l’amour de cette solitude ; mais il s’y résolut tout à fait, lorsque entrant en ce monastère, il vit ces cellules séparées, et ces anciennes grottes des prophètes toutes remplies d’autres saints religieux, qui vivaient, non pas à la façon des hommes qui habitent sur la terre, mais plutôt comme des anges du paradis. Il fut confirmé en sa résolution par une seconde apparition de la très-sainte Vierge, qui l’assura que c’était là le lieu où il devait demeurer pour vivre hors du péril.

C’est pourquoi, dès le lendemain, il demanda le saint habit, et le reçut au grand contentement de tous les religieux, qui se promettaient de voir renaître, par la vertu de ce novice, âgé de quarante-six ans, la première ferveur de leurs anciens Pères. Ils ne furent pas trompés : car, comme s’il n’eût encore rien fait pour Dieu, il commença cette nouvelle vie par une exactitude admirable pour l’observance de la règle et par les pratiques de la pénitence, qu’il embrassa avec une ardeur au-dessus de toute expression.

Dix ans s’écoulèrent en un si saint ministère ; et alors saint Cyrille, voyant l’Église d’Arménie suffisamment établie et confirmée en la foi, se retira en son monastère, où Dieu le favorisa de plusieurs visions célestes. Une fois, célébrant la sainte messe en la fête de saint Hilarion, disciple de saint Antoine, un ange lui apparut tenant à la main une verge entourée de lis, avec deux tablettes d’argent écrites en lettres grecques, par lesquelles Notre-Seigneur lui faisait connaître plusieurs grands secrets touchant l’état à venir de l’Église, la ruine de l’empire des Grecs, et celle de la foi dans les provinces de l’Orient ; l’événement a justifié ces révélations.

Le bruit de tant de vertus courut bientôt dans tout le monde, et vint jusqu’à Célestin III, qui fut élevé au souverain pontificat l’an 1191. Ce Pape, voulant reconnaître les mérites du religieux Cyrille, le nomma patriarche de Jérusalem ; mais le Saint ne put jamais se résoudre à accepter cette dignité, aimant beaucoup mieux obéir dans la solitude du Mont-Carmel, que de commander dans l’Église au milieu d’un diocèse. Il écrivit donc au Saint-Père, s’excusant sur son incapacité prétendue et sur la nécessité où il était de travailler à son propre salut. Mais plus il pensait se cacher par son humilité, plus Dieu le découvrait par la force des miracles : il avait donné une pièce de monnaie à un aveugle qui demandait l’aumône : ce pauvre, sachant qu’elle venait de la main de Cyrille, se l’appliqua par dévotion sur les yeux, et, à la même heure, il recouvra la vue. Ce qui est encore plus admirable, c’est qu’il reçut en plus assez de clarté dans son âme pour demander l’habit religieux ; mais sa requête n’ayant pu lui être accordée à cause de l’absence du prieur, il en conçut tant de regret qu’il en tomba malade et mourut au bout de trois jours.

On fit ses funérailles, et, quoiqu’il y eût longtemps qu’il fût étendu dans sa bière, et reconnu pour mort, étant tout près d’être mis en terre, il se releva et dit à haute voix :

« Que les prières de Cyrille l’avaient ressuscité, de même que ses mérites lui avaient rendu la vue du corps aussi bien que de l’âme ».

Quelques années après sa profession religieuse, Notre Seigneur, ne se contentant pas qu’il travaillât pour lui-même, voulut qu’il travaillât aussi pour les autres, et que les belles lumières qu’il lui avait données ne demeurassent pas toujours cachées sous le boisseau, mais se répandissent dans la maison de Dieu. Pour cet effet, saint Basile, évêque de Césarée, que l’on croit avoir habité sur la sainte montagne du Carmel, lui apparut la nuit, durant ses prières, pour lui ordonner, de la part de Jésus-Christ, de s’en aller en Arménie, afin d’y prêcher la parole de Dieu et d’y rallumer la lumière de l’Évangile qui y était presque éteinte. Cyrille communiqua cette vision à son supérieur qui, ayant reconnu qu’elle était bonne et venait de Dieu, lui donna permission de la suivre, et lui assigna pour compagnon un religieux appelé Eusèbe. Ces nouveaux ouvriers travaillèrent si fidèlement à la vigne du Seigneur, que toute la nation des Arméniens, et le roi même, embrassèrent la vraie doctrine et la croyance de l’Église, et se soumirent à l’obéissance du pape Lucius III, l’an 1181.

Cependant, saint Brocard, général de tout l’Ordre, ayant heureusement achevé le pèlerinage de cette vie mortelle, tous les religieux de la Terre Sainte, assemblés au Mont-Carmel pour l’élection d’un supérieur, jetèrent les yeux sur le Père Cyrille, quoiqu’il fût âgé de soixante et onze ans : et, quelque résistance qu’il pût faire, il fut obligé de ployer sous le poids de cette dignité, et de prendre le gouvernement de tout l’Ordre. On eût dit qu’il ne faisait que commencer son noviciat, tant il redoubla ses premières ferveurs : il ne diminua rien de ses prières, de ses jeûnes ni de ses austérités ; il se trouvait toujours le premier à tous les exercices et à tous les devoirs d’un religieux. Il priait particulièrement, et avec un grand zèle, pour la conservation de son Ordre, dont Notre-Seigneur lui avait fait connaître les grandes persécutions à venir ; il savait même que les chrétiens, pour châtiment de leurs péchés, seraient honteusement chassés de la Terre-Sainte par les infidèles, et les religieux avec eux ; de sorte que le Mont-Carmel deviendrait un vrai désert, dépeuplé de ses saints habitants. Mais Dieu, qui n’abandonne point ses élus dans leurs afflictions, consola son serviteur Cyrille par une vision de sa très-sainte Mère, qui lui apparut pour la troisième fois, et lui dit :

« Que dans peu de temps plusieurs grands personnages de diverses provinces entreraient en l’Ordre du Carmel ; qu’il se multiplierait par ce moyen, et qu’ensuite les monastères et les religieux, étant favorisés des grâces du ciel et affermis par l’autorité apostolique, se répandraient par tout le monde, au grand avantage des fidèles ».

Ce qui s’est accompli depuis et s’accomplit encore tous les jours.

Durant les dix-sept ans qu’il gouverna son Ordre, en qualité de troisième général des Latins, il fit toujours paraître un fervent amour pour Jésus-Christ, une extrême charité envers ses frères, une souveraine prudence et une admirable humilité dans toute sa conduite ; enfin, chargé d’années et de mérites, cassé de vieillesse et accablé de maladies, après avoir reçu dévotement les Sacrements de l’Église en présence de ses religieux, et disposé saintement toutes les affaires de son salut, il rendit paisiblement son âme à Dieu, le 6 mars 1224, âgé de 98 ans. Il y a néanmoins diversité de sentiments, tant pour l’année de son décès que pour son âge, et pour la durée de son généralat ; mais nous en laissons l’examen aux auteurs de son Ordre.

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Étudiez votre vocation. Dieu n’appelle pas tous les hommes au même état, et, avant de nous fixer à un genre de vie, nous devons examiner avec soin ce que Dieu demande de nous. Une fois la volonté de Dieu reconnue, non par des imaginations, mais par des données authentiques, il faut la suivre, quels que soient les obstacles qui pourraient venir à l’encontre. . Si nous avons fait fausse route, hâtons-nous d’employer les moyens qui sont en notre pouvoir, de nous remettre en bon chemin.

Quelles sont les reliques de saint Cyrille ?

Son saint corps fut inhumé dans la chapelle de la Sainte Vierge, auprès de ceux des bienheureux Berthold et Brocard, ses prédécesseurs, et Notre-Seigneur a fait paraître la gloire qu’il possède dans le ciel, par de très-grands miracles qui ont été opérés à son tombeau. On remarque, entre autres, qu’un jeune homme qui allait de Chypre en Terre-Sainte, étant mort sur le vaisseau, les pilotes donnèrent son corps aux religieux du Mont-Carmel pour l’enterrer ; mais eux, pendant qu’on disposait une fosse, le portèrent sur le tombeau du bienheureux Cyrille, et tout à coup, comme autrefois le mort que la crainte des larrons de Syrie fit jeter auprès des os d’Elisée, il commença à revivre et à dire à haute voix « que Cyrille l’avait ressuscité et réservé pour une meilleure vie ». En effet, il se fit religieux, et demeura douze ans dans ce même monastère.

Quels sont les écrits de saint Cyrille ?

Ce grand saint a écrit plusieurs excellent ouvrages, entre autres ; un traité intitulé : de l’oracle angélique ; un livre sur l’antiquité et les progrès de son Ordre, avec des épîtres à différentes personnes. Outre les chroniques et les Martyrologes de l’Ordre des carmes, plusieurs écrivains, digne de créance, ont parlé de ce saint confesseur comme Trithème et Aubert Mirée, et les auteurs de la France Chrétienne ; enfin quelques autres, que le R.P. Jérôme de Saint-Jacques, religieux carme déchaussé, n’a pas omis dans le recueil qu’il nous a fait voir des évènements de sa vie.

Saint Cyrille, Confesseur de l’Ordre des Carmes

Général du Mont Carmel, ✞ 1224.

Carme

Présentation

Fête saint : 06 Mars

Temps de lecture : 6 min.

Date : 1224
Pape : Honoré III
Empereur : Robert de Courtonay (Orient)

Sommaire

Pensée

Jésus-Christ n’ayant jamais fait que la volonté de son Père, depuis le premier instant de sa vie jusqu’à son dernier soupir, comment voudrions-nous faire la nôtre ? Quiconque est opiniâtrement attaché à ses désirs court grand risque de marcher aveuglément dans la voie de l’enfer.

Pratique

Aimez à méditer la Passion de N.-S. Jésus-Christ, les vendredis surtout.

Priez

Pour la délivrance des âmes du purgatoire.