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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

La Vie des Saints Webp

Saint Charlemagne, Empereur d’Occident, ✞ 814

A Aix-la-Chapelle, le bienheureux Charlemagne, roi de France et empereur, qui ne s'est pas rendu moins illustre par son insigne piété que par la sagesse de son gouvernement et par ses grandes conquêtes. ✞ 814.

Hagiographie

Quoique la canonisation de Charlemagne ne soit pas faite dans les formes ordinaires de l’Église romaine, néanmoins le culte qu’on lui rend en France et en Allemagne, soit en dédiant des églises en son honneur, soit en l’insérant dans les Martyrologes, soit en lui consacrant un office dans les Bréviaires, sans que le Saint-Siège y trouve à redire, nous oblige à lui donner place dans ce recueil pour contenter la piété des peuples qui ont tant de vénération pour sa mémoire.

Il était fils de Pépin, roi de France, et petit-fils de l’invincible Charles­ Martel. Jamais on ne vit dans un prince de plus belles dispositions pour les armes, les lettres et la piété : d’un courage intrépide dans les expéditions militaires, d’une admirable vivacité d’esprit pour les sciences, il était capable par son grand cœur, du plus généreux et du plus beau dévouement pour la cause de Dieu et celle des hommes. Après la mort du roi son père, il succéda à ses États, avec Carloman, son frère, le 9 novembre 768. Dès qu’il fut monté sur le trône, il donna de belles marques de sa bravoure, car il commença son règne par la défaite de Hunauld, fils et successeur de Gaiffre, qui renou­velait la guerre en Aquitaine, et par celle de Loup, duc des Gascons, qu’il rendit ses tributaires ; son frère Carloman étant mort à Samoucy, le 4 dé­cembre l’an 771, Charles prit possession de son royaume et resta monarque absolu des Francs. Il se vit par là plus en état de s’opposer aux rebelles et de réduire les ennemis de l’Église.

Il faudrait composer de gros volumes pour faire le récit de ses victoires, et de ses conquêtes, partout où son courage, sa justice, sa piété et son zèle pour la religion l’obligèrent à porter ses armes, car Dieu le favorisa dans toutes les guerres qu’il entreprit. Dans celle qu’il fit au-delà des Alpes, il détruisit entièrement le royaume des Lombards, qui subsistait depuis deux cents ans, par la prise de Didier, le dernier de leurs rois ; il vainquit et repoussa les Grecs jusqu’au fond de la Calabre, et reçut enfin le serment de fidélité des Romains qui se donnèrent à lui. Ainsi, depuis les Alpes jusqu’à la basse Calabre, l’autre extrémité de l’Italie, Charlemagne était absolument le maître, aussi bien que dans les îles et les royaumes de Corse et de Sardaigne.

D’autre part, dans de fréquentes et fameuses expéditions qu’il fit en Alle­magne contre les Saxons tant de fois rebelles, et les autres peuples qui s’étaient ligués contre lui, il subjugua toutes ces vastes régions qui sont entre le Rhin et la Vistule, la mer Baltique et le Danube ; soumit aux lois de son empire la Bavière, l’Autriche, la Hongrie, jusqu’à la Theiss, la Dacie, la Croatie, la Carinthie, le Frioul, et poussa même ses conquêtes, après avoir vaincu les Huns ou les Avares, jusqu’aux confins de la Bulgarie et de la Thrace.

Enfin, portant ses armes du côté de l’Occident, il fit la guerre au-delà des Pyrénées, aux Sarrasins, et conquit sur eux tous les royaumes et toutes les provinces qui sont entre l’Ebre et les Monts, l’Océan, la Méditerranée, avec les îles Baléares.

Saint Charlemagne, Empereur d’Occident, ✞ 814

Fête saint : 28 Janvier
Saint Charlemagne

Présentation

Titre : Roi des Francs et Empereur d’Occident
Date : 742-814
Pape : Zacharie ; Léon III
Empereur : Charlemagne

je me contenterai donc de dire que c’était un prince qui ne pouvait souffrir le luxe, et que sa modération paraissait jusque dans ses habits, quoique d’ailleurs sa magnifi­cence fût très-grande lorsqu’il s’agissait du bien ou de la gloire de ses États. Il était extrêmement sobre dans son boire et dans son manger, estimant que la vie passée dans les délices est non-seulement contraire aux lois du Christianisme, mais encore indigne d’un courage héroïque que la délicatesse est capable d’énerver.

Auteur

Emmanuel Mathiss

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Il ne faut pas s’imaginer que l’ambition, si ordinaire aux conquérants, fût l’esprit qui animait notre Saint dans ces grandes expéditions. Le désir d’étendre les bornes de sa monarchie avait la moindre part à tous ses beaux exploits. Ce n’était pas non plus le litre d’Auguste et d’Empereur, qu’il reçut dans la suite, puisqu’il en était si peu touché qu’il le refusa d’abord par une humilité héroïque, et qu’il protesta, depuis son couronnement, que s’il eût pu connaître le dessein du Pape, il ne serait pas allé ce jour-là à l’église, quoique ce fût le jour de Noël. C’était donc un motif plus relevé qui pous­sait Charlemagne à ces glorieuses entreprises. Il savait que l’idolâtrie régnait encore en Allemagne, parmi les Saxons ; il voulut les amener à recevoir la foi catholique : aussi est-il appelé leur Apôtre. Le pape Adrien se plaignait des persécutions que lui faisaient les Lombards ; il se fit une religion de le délivrer de ces tyrans. Les Sarrasins, ennemis jurés de l’Église, occupaient presque tontes les Espagnes : son zèle le porta à employer ses armes pour les exterminer. Enfin, s’il mena tant de fois ses troupes en Italie, ce ne fut que pour secourir le pape Adrien dont nous venons de parler, ou pour se rendre comme pèlerin, aux tombeaux des apôtres saint Pierre et saint Paul, auxquels il avait une dévotion toute singulière, ainsi qu’il paraît par les grands présents qu’il a faits à leurs églises, en or, en argent et en pierres pré­cieuses ; ou pour venger les injures qu’on avait faites à Léon Ill, à qui quel­ques Romains, par une horrible cruauté, avaient voulu crever les yeux et couper la langue. En un mot, il n’est jamais sorti des bornes de son empire que pour étendre en même temps la religion chrétienne ; et il n’a passé les Monts qu’à l’avantage du Saint-Siège et pour enrichir l’Église d’une bonne partie de la dépouille des Lombards et des Grecs, en l’élevant, de la bassesse de sa première pauvreté, à ce degré de grandeur temporelle d’où ses ennemis essaient de la faire déchoir, parce qu’ils savent que c’est la meil­leure condition de son indépendance et de sa prospérité spirituelle.

Ses vertus

Si des vertus militaires de Charlemagne nous voulions descendre dans le détail de toutes ses vertus morales, ce serait entreprendre un ouvrage entier, et non pas un recueil de ses plus belles actions ; je me contenterai donc de dire que c’était un prince qui ne pouvait souffrir le luxe, et que sa modération paraissait jusque dans ses habits, quoique d’ailleurs sa magnifi­cence fût très-grande lorsqu’il s’agissait du bien ou de la gloire de ses États. Il était extrêmement sobre dans son boire et dans son manger, estimant que la vie passée dans les délices est non-seulement contraire aux lois du Christianisme, mais encore indigne d’un courage héroïque que la délicatesse est capable d’énerver.

Sa piété et son zèle pour le culte de Dieu

Mais, entre toutes ses vertus, celle qui a éclaté davantage et qui fait comme le caractère de sa sainteté, c’est sa piété et son zèle pour la splendeur de l’Église. Nous avons déjà dit que ce fut l’âme de toutes ses entreprises, et que son principal dessein était d’établir ou de rétablir le culte divin partout. Il fit quatre fois le voyage de Rome par dévotion, et, selon quelques auteurs, il alla à Saint-Jacques, en Galice, par esprit de pénitence, et l’on peut dire que c’est lui qui a mis ce célèbre pèlerinage dans le grand lustre où nous le voyons. Durant ses conquêtes, il eut grand soin de chercher les reliques insignes dans les lieux que ses armes prenaient ; on cite, entre autres, les corps de six Apôtres, savoir : de saint Simon, de saint Jude, de saint Philippe, des deux saints Jacques et de saint Barnabé, avec le Chef de saint Barthélemi, outre une infinité d’autres de plusieurs Martyrs, qu’il fit transporter en France et déposer dans la basilique de Saint-Saturnin, à Tou­louse ; il faisait plus de cas de ces précieux trésors que de toutes les richesses des peuples qu’il subjuguait. Il distribuait libéralement aux temples les orne­ments et les vases sacrés nécessaires pour le service des autels. Il fit bâtir jusqu’à 27 églises, dont la principale est celle de Notre-Dame d’Aix-la-Cha­pelle, sans parler de celles qui étaient ruinées et qu’il a fait réparer. C’est lui qui a fondé et enrichi si prodigieusement tous les évêchés et toutes les abbayes d’Allemagne. Il rétablit le chant ecclésiastique, que l’on avait tellement négligé, qu’il était entièrement déchu de cette sainte harmonie qui porte la dévotion dans les cœurs des fidèles.

Prodiges dont Dieu l’honore

Il ne faut pas s’étonner, après cela, si cette insigne piété lui a mérité tant de faveurs extraordinaires du ciel ; en effet, plusieurs Saints lui ont sou­vent apparu pour l’entretenir familièrement comme s’il eût déjà été de leur compagnie : on remarque, entre autres, saint Salve, évêque d’Angoulême, dont il avait fait mettre les reliques dans une belle châsse, et saint Suitbert, qu’il avait fait canoniser par Léon III ; on peut joindre encore à ces apparitions celle de deux esprits bienheureux, qui, jetant l’épouvante dans l’armée des Saxons, les obligèrent de prendre la fuite et d’abandonner le siège de Fritzlar, qu’ils avaient entrepris pendant l’absence de Charlemagne. Enfin, on raconte que, faisant la guerre à ce peuple, il obtint de l’eau par ses prières, durant une grande sécheresse, pour rafraîchir son armée qui en manquait depuis trois jours.

Durant ses repas, il se faisait lire l’histoire, ou des livres de science ou quelque livre de saint Augustin, particulièrement la Cité de Dieu. Il était éloquent et son amour pour les sciences est assez connu par l’Université de Paris et les autres qu’il fonda. Il attira aussi les savants en France, et, entre autres, il fit venir d’Angleterre Alcuin, l’homme le plus docte de son temps, pour lui servir de précepteur. Pour être convaincu de l’érudition de notre prince, il ne faut que lire les belles lois qu’il a rédigées lui-même, sous le titre de Capitulaires.

Sa charité pour les pauvres

La piété de notre Saint ne parut pas seulement par ce grand zèle qu’il eut pour la gloire et la majesté des temples matériels, mais encore par le soin qu’il prit des temples spirituels, qui sont les pauvres, soit en fondant des hôpitaux pour les abriter, soit en leur distribuant des aumônes capables de les faire subsister ; et , comme si les vastes provinces de ses royaumes n’eussent pas renfermé assez de misérables pour leur faire ressentir les effets de sa charité, il envoyait de prodigieuses sommes d’argent en Syrie, en Égypte, à Jérusalem, à Alexandrie, à Carthage, pour y secourir les nécessi­teux. Et afin d’étendre ses libéralités jusqu’au-delà du tombeau, il assigne, par son testament, de grands biens pour être distribués aux pauvres. Il ordonne même que sa bibliothèque soit vendue, et que le prix soit employé à les assister dans leurs besoins ; et, pour montrer l’amour qu’il leur por­tait, il veut, par son même testament, que de quatre grandes tables, trois d’argent et une d’or, celle d’argent qui était la plus pesante, et sur laquelle, par un artifice admirable, le monde était représenté en trois grands cercles, et celle d’or, soient partagées entre eux et ses héritiers, selon la disposition qu’il en fait ; pour les deux autres tables d’argent, il lègue à la basilique de Saint-Pierre, à Rome, celle sur laquelle était la description de la ville de Constantinople ; et l’autre, sur laquelle était la figure de Rome, à l’évêque de Ravenne.

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Durant le règne de Charlemagne, il s’éleva plusieurs hérésies dont il pro­cura la condamnation par l’assemblée de quelques conciles. Le plus célèbre de tous fut celui de Francfort, où présidèrent Théophilacte et Étienne, légats du pape Adrien Ier ; les erreurs d’Elipandus, archevêque de Tolède, et de Félix, évêque d’Urgel, touchant la filiation de Jésus-Christ, y furent pros­crites par les évêques de France, d’Italie et de Germanie, qui s’y trouvèrent par ordre de notre bienheureux prince, qui employait ainsi tous ses soins à l’affermissement de la foi catholique dans ses États.

Ses austérités

Ce qui est admirable dans la vie de notre Bienheureux, c’est qu’au milieu de ses grandes et importantes occupations, il était aussi réglé dans ses exer­cices de piété qu’un religieux dans son cloître : il assistait régulièrement à l’office divin, tant du soir que de la nuit, à moins que quelque indisposition ne l’en empêchât ; il faisait ses prières avec tant de dévotion, qu’il en inspirait à ceux qui le voyaient : il paraît que, lorsqu’il fit son testament, quatre ans avant sa mort, il pensait à se démettre de la couronne impériale, afin que, n’étant plus chargé du poids des affaires de la terre, il ne s’occupât plus que de celles de son salut.

Sa mort

Enfin notre grand monarque, après avoir travaillé si utilement pour la religion, soutenu si souvent l’autorité des Papes, défendu l’Église, renversé l’idolâtrie et dissipé l’hérésie, tomba malade à Aix-la-Chapelle ; il connut aussitôt, par la violence de la fièvre qui fut suivie d’une pleurésie, que son heure était proche ; c’est pourquoi il employa le peu de temps qui lui restait à se préparer à ce dernier passage : et après avoir reçu les Sacrements avec une ferveur extraordinaire, il rendit saintement son âme à son Créateur l’an 814, dans la soixante-douzième année de son âge, et la quarante-septième de son règne.

On représente le Bienheureux Charlemagne, couronné et tenant sur la main le plan de sa chapelle d’Aix dans laquelle il voulut être enterré.

Culte et reliques

Son corps fut solennellement enterré dans la cathédrale qu’il avait fait bâtir, et trois cent cin­quante-un ans après, il fut levé de terre par les soins de Frédéric Ier, surnommé Barberousse, et son chef fut transféré à Osnabruck.

Sur le culte rendu à Charlemagne, voici ce que nous dit dom Guéranger, en son Année Liturgique.

Au gracieux souvenir de la douce martyre Agnès, un grand nombre d’églises, surtout en Allemagne, associent aujourd’hui (28 janvier) la mémoire imposante du pieux Charlemagne. Le respect des peuples était déjà préparé en faveur de la sainteté de Charlemagne, lorsque Frédéric Barberousse fit rendre le décret de sa canonisation par l’antipape Pascal III, en 1165, c’est pourquoi le Siège apostolique, sans vouloir approuver une procédure irrégulière, ni la recommencer dans les formes, puisqu’on ne le lui a jamais demander, a cru devoir respecter ce culte dans tous les lieux où il fut établi.

Dans nos églises de France nous ne nous faisons aucun scrupule de donner le titre de saints et d’honorer comme tels un nombre considérable d’évêques sur la sainteté desquels aucun décret n’a été rendu par personne et dont le culte n’est jamais sorti de la limite de leurs diocèses ; les nombreuses églises qui honorent, depuis près de sept siècles, la mémoire du grand empereur Charlemagne, se contentent, par respect pour le Martyrologe romain, où son nom ne se lit pas, de le fêter sous le titre de Bienheureux. Pour ne citer qu’un exemple, une église lui est encore dédiée dans l’ancien diocèse de Sarlat, en Périgord.

Avant l’époque de la Réforme, le nom du bienheureux Charlemagne se trouvait sur le calen­drier d’un grand nombre de nos églises de France ; les Bréviaires de Reims et de Rouen sont les seuls qui l’aient conservé aujourd’hui. Plus de trente églises en Allemagne célèbrent encore au­jourd’hui la fête du grand empereur ; sa chère église d’Aix-la-Chapelle garde son corps et l’expose à la vénération des peuples… Il est conservé dans une châsse de vermeil. Un de ses bras est dans un reliquaire à part. On trouve dans la grosseur des os de ce bras la preuve de ce que les auteurs racontent sur la haute taille et la force corporelle du grand empereur. Dans le trésor de la même église se trouve aussi son cor de chasse, et dans une galerie, le siège de pierre sur lequel il était assis dans son tombeau.

On sait que c’est sur ce siège que les empereurs d’Allemagne étaient installés, le jour de leur couronnement.

L’université de Paris le choisit comme patron en 1661.