D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.
Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.
Saint Bède, surnommé le Vénérable, est une figure emblématique de l’histoire chrétienne et intellectuelle du Moyen Âge. Né en Angleterre en 673, il est reconnu pour son érudition, ses écrits prolifiques et sa profonde spiritualité. Offert dès l’âge de sept ans à l’abbaye de Weremouth par ses parents, Bède fut formé par saint Benoît Biscop, le fondateur de l’abbaye. Cette éducation exceptionnelle a permis à Bède de devenir l’un des plus grands savants de son époque, méritant le titre de Père de l’Église et laissant un héritage durable.
Dès son plus jeune âge, Bède fut confié aux soins de saint Benoît Biscop, qui veilla à sa formation à la fois spirituelle et intellectuelle. L’abbaye de Weremouth, ainsi que celle de Jarrow, fondée peu après, étaient des centres de savoir renommés, où Bède eut accès aux meilleurs maîtres et à une vaste bibliothèque. Sous la tutelle de Benoît Biscop et plus tard de Ceolfrith, Bède développa une compréhension profonde des Écritures et des sciences.
Bède était un élève prodige, absorbant avec avidité les connaissances qui lui étaient transmises. À un âge étonnamment précoce, il commença lui-même à enseigner et à écrire. Sa dévotion à l’étude et à la prière se reflétait dans son mode de vie, comme le soulignait Mabillon : « À le voir prier, il semblait qu’il n’étudiait pas ; à voir la quantité de ses ouvrages, il semblait qu’il ne faisait autre chose que d’écrire. »
Bède est surtout connu pour ses écrits, qui couvrent un large éventail de sujets, y compris la théologie, l’histoire, la chronologie et la grammaire. Son œuvre la plus célèbre est *L’Histoire ecclésiastique du peuple anglais*, achevée en 731. Cet ouvrage monumental est une source inestimable pour la connaissance de l’histoire anglaise et de l’église primitive en Angleterre. Il y documente la conversion des Anglo-Saxons au christianisme et fournit des détails précieux sur les personnages clés et les événements de l’époque.
En plus de son travail historique, Bède a écrit de nombreux commentaires bibliques, des traités de chronologie comme *De Temporum Ratione*, des hymnes et des ouvrages didactiques. Ses écrits témoignent d’une érudition remarquable et d’une capacité à synthétiser et expliquer des concepts complexes avec clarté et profondeur.
L’établissement de la célèbre école d’York doit beaucoup à l’influence de Bède. Cette institution devint un centre d’excellence académique, attirant des étudiants de toute l’Europe. Alcuin, l’un des plus éminents savants de l’époque carolingienne, y fut formé et devint une figure clé dans la renaissance carolingienne, répandant l’influence intellectuelle de Bède encore plus loin.
Après sa mort en 735, Bède fut rapidement vénéré comme un saint. Sa réputation de sainteté était fondée non seulement sur son immense contribution intellectuelle, mais aussi sur sa vie exemplaire de piété et de vertu. Les récits de ses derniers moments illustrent une mort empreinte de sérénité et de foi profonde, une fin que tous peuvent aspirer à imiter.
Les reliques de saint Bède ont été préservées et vénérées dès sa mort. Initialement enterré à Jarrow, son corps fut transféré au XIe siècle à la cathédrale de Durham, où il repose dans la chapelle Galilée. Ce lieu est devenu un site de pèlerinage important, attirant des fidèles de toute l’Europe.
Bède a été officiellement canonisé par l’Église catholique, et en 1899, il a été déclaré Docteur de l’Église par le pape Léon XIII. Ce titre reconnaît son immense contribution à la théologie et à l’enseignement chrétien. Le titre de « Vénérable » lui avait été accordé bien avant en signe de respect pour sa sainteté et son savoir.
L’héritage de saint Bède le Vénérable est immense. Il est souvent considéré comme le père de l’historiographie anglaise en raison de son œuvre majeure, *L’Histoire ecclésiastique du peuple anglais*. Son approche méthodique et critique de l’écriture de l’histoire a posé les bases pour les générations futures d’historiens.
De plus, ses travaux en théologie, en chronologie et en éducation ont profondément influencé le développement intellectuel du Moyen Âge. Sa capacité à enseigner et à inspirer par ses écrits a eu un impact durable sur l’éducation chrétienne et la culture européenne.
Saint Bède le Vénérable est une figure centrale de l’histoire chrétienne et intellectuelle. Sa vie dédiée à l’étude, à l’enseignement et à la prière, ainsi que ses contributions majeures à la théologie, à l’histoire et à l’éducation, ont laissé un héritage indélébile. Sa vénération comme saint et docteur de l’Église témoigne de l’importance de son œuvre et de son exemple pour les générations futures. En honorant la mémoire de Bède, nous célébrons non seulement un grand érudit, mais aussi un modèle de foi et de vertu chrétienne.
Sanctifiez vos études. 1° Les études les plus saintes par leur objet sont une vanité déplorable quand on ne les rapporte pas à Dieu, quand on s’en laisse préoccuper jusqu’à négliger ses exercices spirituels, quand on ne les accompagne pas de l’onction de la piété. 2° Les études les plus arides et les plus pénibles deviennent douces quand les doux noms de Jésus et de Marie les bénissent.
Quelles sont les reliques de saint Bède le vénérable ?
Dans quelques églises d’Angleterre, saint Bède était honoré le 26 mai, en sorte toutefois qu’on ne faisait que mémoire de lui dans l’office de saint Augustin. Dans d’autres églises, on célébrait sa fête le 27 mai, jour auquel son nom se trouve dans le martyrologe romain. Dans la constitution que Jean Alcock, évêque d’Ely, publia pour les fêtes de son diocèse, il est ordonné que l’on dira l’office du bienheureux Bède, le 13 mars, le jour de sa mort étant occupé par l’office de saint Augustin. Certaines congrégations de Bénédictins l’ont dit longtemps le 29 octobre, peut-être à cause de quelque translation. C’est en ce jour que les catholiques d’Angleterre honorent ce Saint, et que les prêtres du même royaume qui vivent en pays étranger, récitent son office en vertu d’un privilège que leur accorda Benoît XIV en 1754. Ce privilège, selon l’interprétation qui en a été donnée à Rome, renferme un précepte, au moins pour les ecclésiastiques et les religieux qui sont en Angleterre.
Alcuin dit que la sainteté de Bède fut attestée, après sa mort, par la voix du ciel, et qu’un malade fut tout à coup guéri en touchant ses reliques. Saint Lulle, archevêque de Mayence, écrivit à Cuthbert (celui-là même dont nous avons parlé plus haut), lequel était pour lors abbé de Wérémouth et de Jarrow, pour lui demander une copie des ouvrages de Bède. En même temps, il lui envoya un manteau pour son usage, avec une veste de soie pour couvrir la châsse du Saint. Une veste de soie était un présent qu’on faisait alors aux personnes qualifiées, sans en excepter les rois.
Bède fut enterré à Saint-Paul de Jarrow, où il y avait un porche au Nord qui portait son nom. En 1020, ses reliques furent portées à Durham, où ayant été renfermées dans un coffre de bois, on les déposa dans la châsse de saint Cuthbert. En 1155, Hugues, évêque de Durham, les mit séparément dans une châsse magnifique enrichie d’or, d’argent et de pierreries, laquelle fut pillée lors de la destruction des monastères. Les ministres d’Henri VIII jetèrent sur le fumier ce qui restait des ossements de Bède. Le sanctuaire monastique de Jarrow vers lequel se tournait le regard mourant de Bède, subsiste encore en partie, s’il faut en croire des archéologues fort autorisés ! Son souvenir y a survécu aux vicissitudes du temps, on y montre encore un vieux siège en bois de chêne qu’on prétend lui avoir servi. C’est la seule relique matérielle qui subsiste de ce grand Saint dit, dans son Théâtre de la Bretagne, qu’au temps où il écrivait, on voyait le tombeau du vénérable, fait de marbre, dans la chapelle de Notre-Dame, qui était à l’Occident de l’église de Durham. Smith en a fait graver les ruines, qui subsistent encore aujourd’hui, ainsi que l’autel de saint Cuthbert et de saint Bède, d’après les peintures d’une croisée qui était à l’Orient. Les moines de Glastonbury prétendaient avoir les reliques de notre Saint ; mais ils n’en avaient sans doute qu’une partie.
Selon saint Boniface, Bède fut la lumière de l’Église britannique. Saint Lulle, Alcuin, etc., lui donnent de grandes louanges pour sa science et sa sainteté. Lanfranc et plusieurs autres écrivains l’appellent le docteur des Anglais, le père de la science anglaise.
Dans les vieilles estampes, on donne comme attribut caractéristique à saint Bède un pot à eau : on ne s’explique pas bien la présence de ce vase à usage domestique : serait-ce pour signifier que Bède a puisé à toutes les sources pour la composition de ses ouvrages ?…
Lettre de Cuthbert
Cuthbert ou Antoine, un des disciples de Bède, et auquel ce grand homme dédia son livre de Arte metrica, nous a laissé une relation de la mort de son cher maître ; elle est dans une lettre qu’il écrivit au moine Cuthwin, son compagnon d’études. Ce Cuthbert fut depuis abbé de Jarrow, et il succéda dans cette dignité à Huethbert, autrement appelé Eusèbe, qui avait été aussi disciple de Bède.
La lettre de Cuthbert mérite d’être rapportée ici ; nous n’y ferons que de légers retranchements.
« Cuthbert à Cuthwin, son cher condisciple en Jésus-Christ, salut éternel en Notre-Seigneur. J’ai reçu avec beaucoup de plaisir le petit présent que vous avez bien voulu m’envoyer. Votre lettre m’a causé aussi une grande satisfaction, en ce que j’y ai trouvé ce que je désirais ardemment, savoir que vous aviez eu soin de prier et de célébrer des messes pour Bède, ce vrai serviteur de Dieu, notre père et notre maître. Par une suite de l’amour que je lui porte, je vous envoie en peu de mots une relation de la manière dont il est sorti de ce monde, relation que je sais que vous attendez de moi.
Il fut pris d’une difficulté de respirer, sans toutefois ressentir de douleur, environ deux semaines avant Pâques. Il resta dans cet état, conservant sa gaieté ordinaire, et rendant grâces à Dieu nuit et jour, même à toutes les heures, jusqu’à la fête de l’Ascension du Seigneur qui était le 26 de mai.
Après nous avoir donné des leçons, selon sa coutume, il employait le reste du jour à chanter les psaumes. Il passait aussi toutes les nuits dans la joie et les actions de grâces, n’interrompant cet exercice que par un sommeil très court. Lorsqu’il se réveillait, il se remettait à prier les mains étendues vers le ciel. O homme véritablement heureux ! Il chantait ces paroles de saint Paul :
« C’est quelque chose d’effroyable que de tomber dans les mains du Dieu vivant ».
Et plusieurs autres passages de l’Écriture. Comme il était fort versé dans notre langue, il récitait certaines choses en vers anglais ; ces paroles, par exemple :
« Un homme sage ne saurait trop considérer ce qu’il a fait de bien et de mal avant de sortir de cette vie ».
Il chantait aussi des antiennes, conformément à ce qui se pratique parmi nous ; celle-ci entre autres :
« O roi de gloire, Dieu des armées, qui êtes monté aujourd’hui au-dessus de tous les cieux ! Ne nous abandonnez pas comme des orphelins sans défense, mais envoyez-nous l’Esprit du Père, l’Esprit de vérité que vous nous avez promis. Alléluia ».
En prononçant ces paroles, « ne nous abandonnez pas », ses yeux versèrent une grande abondance de larmes. Une heure après, il répéta la même antienne, et nous mêlions nos larmes aux siennes. Nous lisions et nous pleurions alternative ment, ou plutôt nous ne lisions jamais sans pleurer.
Nous passâmes ainsi le temps qui s’écoula depuis le commencement de sa maladie jusqu’à la fête de l’Ascension. Pour lui, il était toujours comblé de joie, et ne cessait de remercier Dieu de ce qu’il lui avait envoyé son infirmité. Souvent, il répétait ce passage :
« Dieu châtie les enfants qu’il aime », et autres semblables.
On lui entendait dire aussi ces paroles de saint Ambroise :
« Je n’ai point vécu de manière à rougir de vivre parmi vous, et je ne crains point de mourir parce que nous avons un Dieu qui est la bonté par essence ».
Les leçons qu’il nous donnait, et le chant des psaumes ne l’empêchèrent point de composer deux ouvrages fort utiles à l’Église : il traduisit en anglais l’Évangile selon saint Jean, et donna un extrait des, livres des notes de saint Isidore, évêque.
« Je ne veux pas », disait-il au sujet du second ouvrage, « que mes disciples lisent des mensonges après ma mort, ni qu’ils se consument en des travaux inutiles ».
Le mardi avant l’Ascension, il se sentit une difficulté de respirer plus grande qu’à l’ordinaire. On remarqua un peu d’enflure à ses pieds. Il passa cependant le jour avec gaieté ; il dicta dans son école, en disant de temps en temps :
« Hâtez-vous ; que sais-je si je vivrai encore longtemps, et si le Seigneur ne m’enlèvera pas bientôt du milieu de vous ? »
D’après ces paroles, nous ne doutâmes point qu’il ne sût le moment de sa mort. Il passa la nuit en actions de grâces. Le lendemain matin, il nous dit d’écrire promptement ce que nous ayons commencé ; ensuite, selon ce qui se pratique à pareil jour ; nous marchâmes ! Avec les reliques des saints jusqu’à la troisième heure. Alors un d’entre nous lui dit :
« Cher maître, il nous manque encore un chapitre ; serait-ce vous incommoder que de vous faire de nouvelles questions ?
Non, répondit-il. Prenez votre plume, et écrivez vite » ; ce que fit le disciple.
À la neuvième heure, il me chargea d’aller chercher tous les prêtres du monastère.
Lorsqu’ils furent venus, il leur distribua du poivre, des mouchoirs et de l’encens qu’il avait dans une petite boîte, les priant de se souvenir de lui devant Dieu, et de célébrer des messes à son intention : ce que tous lui promirent. Il n’y eut personne qui ne pleurât, quand il annonça que bientôt on ne le verrait plus ; mais chacun se réjouit en lui entendant dire :
« Il est temps que je retourne vers Celui qui m’a donné l’être, en me tirant du néant. Mes jours ont été longs : mon Juge en a prévu et fixé le nombre. Le moment de ma liberté approche. Je désire être affranchi des liens du corps, et de me réunir à Jésus-Christ. Oui, mon âme désire voir Jésus-Christ son roi dans l’éclat de sa gloire ».
Il ajouta beaucoup d’autres choses pour notre édification.
Wilberth, celui de ses disciples dont j’ai parlé plus haut, lui dit le soir :
« Il y a encore une sentence qui n’est point écrite ».
« Vous n’avez qu’à l’écrire », répondit-il.
Son disciple lui ayant répliqué que c’était fait, il ajouta :
« Vous avez bien parlé. Tout est fini. Soutenez ma tête dans vos mains. Je veux avoir la satisfaction de m’asseoir vis-à-vis l’oratoire où j’avais coutume de prier, afin d’invoquer ainsi mon Père céleste ».
S’étant mis sur le plancher de sa cellule, il dit :
« Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ».
Après quoi il s’endormit paisiblement dans le Seigneur. Tous ceux qui ont assisté à sa mort assurent qu’ils ne lui virent jamais plus de ferveur qu’en ce jour … »
Oraison
Répandez dans votre Église, Seigneur, l’esprit dont était animé le bienheureux Bède dans l’exercice du saint ministère ; afin qu’animés des mêmes sentiments que lui, nous nous appliquions à aimer ce qu’il a aimé, et à pratiquer ce qu’il a enseigné. Par Jésus-Christ N.-S. Ainsi soit-il.
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Saint Bède le Vénérable : Vie monastique et érudition chrétienne
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