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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Saint Baudile : Vie et Miracles du Saint Patron

Découvrez la vie et les miracles de saint Baudile, saint patron de Nîmes, et explorez son influence dans la spiritualité chrétienne. ✝️ 🙏

Sommaire

Hagiographie de saint Baudile

Saint Baudile, que les habitants de Nîmes considèrent comme leur père dans la foi, comme le fondateur principal de leur église, était, selon la tradition, originaire d’Orléans. Peu de saints ont eu un culte plus célèbre : on a compté jusqu’à quatre cents églises dédiées sous son invocation, tant en Espagne qu’en France, et cependant, ce que l’on sait de lui se réduit à dire qu’il arrosa de ses sueurs et de son sang la cité et le territoire des Nemausiens ; on ignore absolument l’époque où il a vécu, ses qualités civiles, le rang qu’il occupait dans l’Église de Dieu. Les uns placent son martyre en 187, les autres en 295, d’autres à la fin du IVe siècle : c’est-à-dire qu’on en est réduit à des conjectures.

Nîmes avait à coup sûr été évangélisée dès le premier siècle par saint Trophime d’Arles, puisque c’est d’Arles, comme l’a écrit le bienheureux pape Zozime, que les ruisseaux de la foi se répandirent pour arroser toutes les Gaules ; par saint Paul de Narbonne, puisque la grande voie romaine qui conduisait en Espagne traversait Nîmes, et que saint Paul Serge dut la suivre ; par saint Saturnin de Toulouse surtout, qui convertit là son pre­mier disciple, Honestus. Mais longtemps encore après eux, Nîmes conser­vait sa physionomie païenne : tous ses temples d’idoles étaient encore debout ; la foule continuait à se presser autour des autels des faux dieux, tandis que le christianisme proscrit recueillait furtivement ses disciples dans quelque retraite obscure, loin du regard des persécuteurs.

À une date donc qui flotte entre la fin du IIe et la fin du IIIe siècle, entre 187 et 295, un généreux chrétien, obéissant à une inspiration divine, quitta sa ville natale pour aller évangéliser les contrées qui étaient plongées dans l’er­reur. C’était Baudile ; il était engagé dans les liens du mariage, et son épouse s’était associée à son pieux dessein. Il apprit dans ses courses apostoliques que l’ancienne capitale des Volces, la ville d’Auguste et d’Antonin, la cité de Nîmes, non moins importante, disent les Actes des Saints, par son com­merce et ses grandes richesses que par sa population, était encore presque toute païenne, que les habitants étaient privés de l’enseignement des prêtres, et qu’ils languissaient comme des brebis errantes, loin des soins vigilants des pasteurs : il résolut de tenter un effort suprême, pour l’arracher aux idoles.

Saint Baudile : Vie et Miracles du Saint Patron

Fête saint : 20 Mai
Saint Baudile
Présentation
Titre : Apôtre et martyr
Date : Fin du IIe ou du IIIe siècle

Tout à coup apparaît un étranger qui élève la voix au milieu de la foule. Il attaque avec une indignation généreuse ces dieux impuissants auxquels on offre un encens criminel ; ces dieux de marbre et de pierre, qui ont des yeux et qui ne voient pas, qui ont des oreilles et qui n’entendent pas, impies et vains simulacres, qui doivent être brisés et foulés aux pieds. Il annonce ce Dieu inconnu qui a fait le ciel et la terre et qui seul a droit aux adorations des mortels. Il montre cette croix du Sauveur, scandale et folie pour les Gentils, devenu l’instrument glorieux de la rédemption du genre humain. À ces accents inconnus, la multitude s’arrête étonnée : elle écoute avec une étrange surprise ce langage nouveau pour elle. Peut-être quel­ques hommes du peuple, quelques pauvres esclaves se sentent émus en entendant parler de ce Dieu rédempteur, qui a voulu prendre sur lui le fardeau de nos misères, qui s’est fait pauvre et qui a revêtu la forme de l’esclave pour racheter les hommes. Peut-être aussi, quelques philosophes, qui reconnaissent le vide profond des doctrines païennes, auraient voulu qu’on laissât cet étranger exposer librement la doctrine dont il s’est fait l’apôtre.

Son évangélisation

Le nouvel apôtre arriva à Nîmes le jour même où l’on célébrait, dans un bois sacré, aux portes de la ville, un sacrifice public. Le polythéisme avait déployé toutes ses pompes pour attirer la foule. C’était sur une des collines qui dominent la ville, non loin de cette antique Tourmagne qui est encore debout. Les prêtres des idoles conduisaient les victimes destinées au sacrifice. La multitude frémissante se pressait autour de l’autel. 

Tout à coup apparaît un étranger qui élève la voix au milieu de la foule. Il attaque avec une indignation généreuse ces dieux impuissants auxquels on offre un encens criminel ; ces dieux de marbre et de pierre, qui ont des yeux et qui ne voient pas, qui ont des oreilles et qui n’entendent pas, impies et vains simulacres, qui doivent être brisés et foulés aux pieds. Il annonce ce Dieu inconnu qui a fait le ciel et la terre et qui seul a droit aux adorations des mortels. Il montre cette croix du Sauveur, scandale et folie pour les Gentils, devenu l’instrument glorieux de la rédemption du genre humain. À ces accents inconnus, la multitude s’arrête étonnée : elle écoute avec une étrange surprise ce langage nouveau pour elle. Peut-être quel­ques hommes du peuple, quelques pauvres esclaves se sentent émus en entendant parler de ce Dieu rédempteur, qui a voulu prendre sur lui le fardeau de nos misères, qui s’est fait pauvre et qui a revêtu la forme de l’esclave pour racheter les hommes. Peut-être aussi, quelques philosophes, qui reconnaissent le vide profond des doctrines païennes, auraient voulu qu’on laissât cet étranger exposer librement la doctrine dont il s’est fait l’apôtre. Mais les prêtres des idoles, n’écoutant que la passion de l’intérêt, s’écrient qu’un tel langage est une insulte à leurs dieux, que cet homme est un impie, un blasphémateur, un sectateur obstiné de cette superstition nouvelle qui attaque les anciennes divinités, et que son crime ne doit pas rester impuni. La foule mobile et légère passe soudainement de la surprise à la colère et fait entendre des cris de mort contre le contempteur de ces dieux. On l’entoure, on le saisit, on étouffe sa voix et les sacrificateurs demandent qu’il soit immolé là même où il a osé attaquer le culte de la cité. Le saint apôtre, calme et résigné au milieu de ce déchaînement des fureurs popu­laires, s’offre au ciel comme une victime. Il demande au Seigneur que son sang devienne une semence féconde qui fasse germer une Église florissante sur cette terre infidèle, et il consomme son généreux sacrifice.

Les Trois fontaines

D’après une tradition populaire, la tête du Martyr, abattue par la hache des sacrificateurs rebondit trois fois sur le sol, et chacun de ses bonds fit jaillir une source.

Les trois fontaines que fit jaillir le sang de saint Baudile, sont restées comme les témoins de son glorieux martyre. Elles furent alors comme la source bénie d’où coulèrent, sur la cité encore païenne, les eaux vivi­fiantes de l’Évangile. Elles sont devenues pour le peuple chrétien là source de bien des grâces, et c’est de là que découlent ce dévouement ardent, ces convictions généreuses, cette fidélité inébranlable qui animent les catho­liques de Nîmes.

N’en doutons pas, la dévotion dont les Trois-Fontaines sont l’objet a pour elle la consécration des siècles. De tout temps, les fidèles ont vénéré ce lieu et attribué à la source de Saint-Baudile une vertu miraculeuse. Ce mouvement pieux qui, de nos jours, attire les fidèles sur cette colline, les âges passés l’ont connu. Il a pu être ralenti et même interrompu, au milieu de nos discordes civiles et religieuses. Mais en le reprenant aujourd’hui, on ne fait que renouer la chaine du passé. Ce petit bassin, creusé dans le roc, a été dans tous les siècles une piscine salutaire où les fidèles ont retrempé leur a.me et où les malades ont quelquefois trouvé la guérison de leurs maux. C’est donc une pensée éminemment pieuse que celle qui a porté de nos jours quelques chrétiens dévoués à restaurer et à agrandir l’antique oratoire des Trois-Fontaines. On ne voit plus aujourd’hui trois sources dis­tinctes comme à Saint-Paul-Trois-Fontaines, dans la plaine de Rome. Les travaux qu’on a dû faire pour niveler la roche et asseoir les fondements de la chapelle, ont dû bouleverser le sol et changer la direction des trois sources qui se réunissent aujourd’hui par des filtrations souterraines dans le même bassin

Lorsque la foule s’est dispersée, l’épouse du saint Martyr et les serviteurs qui l’accompagnaient recueillent furtivement ses restes et les ensevelissent au fond de la vallée voisine.

« Par cette mort glorieuse, disent les Actes des Saints, cet illustre Martyr, naguère étranger dans Nîmes, y a conquis le droit de cité et en est devenu le protecteur immortel ».

Le sang du Martyr fut pieusement recueilli par quelques chrétiens cou­rageux. Ainsi qu’ils avaient coutume de le faire partout où était immolé quelqu’un de leurs frères, ils trempèrent des linges dans le sang qui rou­gissait le sol et les conservèrent fidèlement comme un précieux souvenir. C’est un fragment d’un de ces linges, teints du sang du Martyr, que possède aujourd’hui la paroisse de Saint-Baudile. Ce lieu resta toujours cher à la piété des habitants de Nîmes. Ils ne séparèrent point dans leur ferveur la colline consacrée par le martyre du Saint de la vallée qui gardait sa dépouille. En allant visiter son tombeau, ils faisaient une station ·au lieu de son supplice, et ils les associèrent tous les deux dans une égale vénération.

Culte

Nous devons mentionner une tradition populaire qui raconte que le saint apôtre, avant de venir attaquer les superstitions païennes dans Nîmes, évangélisa les populations voisines. Le souvenir de cette prédication s’est perpétué dans la paroisse de Bouillargues, et c’est pour cela sans doute que cette Église choisit saint Baudile avec saint Félix, évêque de Nîmes, comme ses patrons, voulant ainsi honorer la mémoire de son premier apôtre.

Le nom du saint Martyr ne fut pas oublié, et un sanctuaire fut bâti sur le lieu où son corps avait été déposé. Saint Grégoire de Tours, au VIe siècle, dans son Traité de la gloire des martyrs, raconte que Dieu se plaisait à glo­rifier le tombeau du Saint par de nombreux miracles et que son culte était répandu dans les diverses parties du monde chrétien.

« On voit », dit-il, « auprès de Nîmes le tombeau glorieux de saint Baudile, où s’opèrent souvent d’éclatants prodiges. De cette tombe est sortie, à travers les fentes des murs, un laurier, qui a grandi comme un arbre et qui déploie son feuillage salu­taire. Les habitants ont souvent éprouvé son efficacité merveilleuse qui rend la santé aux malades. En souvenir de sa vertu bienfaisante, ils dépouil­laient l’arbre de ses feuilles, même de son écorce, et le laurier a peu à peu perdu sa vigueur et s’est desséché ».

Ce laurier miraculeux, symbole de la victoire du saint Martyr, a reverdi, après avoir eu sa tige desséchée. Il con­tinue à pousser de vigoureux rejetons près du lieu où était le tombeau du Saint. Avant les rigueurs du dernier hiver, dit M. l’abbé Azaïs, aumônier du lycée de Nîmes, dans sa notice sur saint Baudile publiée en 1871, il s’élevait au-dessus des autres arbres de la vallée et attirait de loin les regards par son vert feuillage. Il poussera de son tronc rajeuni de nouvelles tiges et il restera comme le gardien fidèle de ces ruines.

Vitrail de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes
Vitrail de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes
Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds l’Italie et les Arts (détail), vue d'artiste romantique, Eugène Delacroix, 1847.
Attila suivi de ses hordes barbares foule aux pieds l’Italie et les Arts (détail), vue d'artiste romantique, Eugène Delacroix, 1847.

Reliques

Déjà, au Ve siècle, si nous en croyons les Actes de l’Église d’Orléans, les reliques de saint Baudile avaient fait éclater leur vertu merveilleuse en faveur de la ville qui avait donné le jour au Saint. Saint Agnan Ier, évêque d’Orléans, voyant cette cité menacée par les hordes du féroce Attila, n’hésita pas, malgré son grand âge, à entreprendre un long et périlleux voyage pour aller implorer le secours du général Aétius, qui gouvernait la Gaule, au nom de l’empereur Valentinien III, et qui avait fixé sa résidence à Arles. Arrivé dans cette ville, il se souvint qu’un sous-diacre de sa ville épiscopale avait versé son sang pour la foi dans la cité voisine de Nîmes, et il alla prier devant son tombeau. Une pieuse inspiration s’empara de lui devant cette tombe. Il se dit que s’il pouvait emporter avec lui quelques reliques de ce glorieux enfant d’Orléans, elles seraient un gage de protection puissante pour cette ville. Il obtint de l’évêque de Nîmes quelques parcelles du corps du saint Martyr, et il reprit joyeux le chemin de sa ville épiscopale. Les populations s’ébranlèrent sur son passage pour saluer le précieux dépôt qui lui avait été confié. La tradition a conservé le souvenir de quelques-unes de ses stations. Il s’arrêta près de Valence, au village de Saint-Bardoux. Une colonie de religieux, envoyée par le monastère d’Ainay, à Lyon, s’était établie sur ce coteau, et c’est sous leur toit que saint Agnan dut recevoir l’hospitalité. Il existait, au siècle dernier, en ce lieu, une cha­pelle dédiée à saint Baudile, qui remontait à une haute antiquité. Elle devait être un souvenir du passage des reliques du Saint.

Le corps de saint Agnan fut transporté, l’an 1029, dans une nouvelle église d’une grande magnificence, bâtie par les soins du pieux roi Robert. Les reliques de saint Baudile suivirent celles du saint évêque et firent partie du trésor de la même église. Elles ont disparu dans les troubles du XVIe siècle, avec tant d’autres saintes reliques, dans la funeste dévastation que subit l’église de Saint-Agnan.

Le tombeau de saint Baudile, comme celui de saint Gilles, dans le voisi­nage de Nîmes, de Sainte-Marthe, à Tarascon, de Sainte-Marie-Madeleine, en Provence, étaient les plus célèbres de notre Midi et avaient le privilège d’attirer un nombreux concours de chrétiens. Ils eurent bientôt leurs jours de deuil et de désolation. Vers l’an 719, les Arabes , franchissant les Pyrénées, se répandirent comme un torrent sur le sol de la France.

Le monastère de Saint-Baudile avait alors à sa tête un pieu abbé, saint Romule, qui y faisait fleurir, par l’autorité de sa parole et de ses exemples, les plus pures vertus monastiques. Quatre-vingts religieux, sous la conduite du saint abbé, embaumaient cette paisible vallée du parfum de leur piété. Saint Romule ne voulut pas les abandonner au glaive de l’ennemi. Son pre­mier soin fut de dérober les reliques de saint Baudile aux outrages des hordes musulmanes. Il les enferma dans un cercueil en plomb et les fit enfouir profondément en terre, sous un des murs de l’église.

Après avoir mis en sûreté ce précieux trésor, saint Romule partit, à la tête de sa communauté, pour aller chercher un asile dans une contrée lointaine. Remontant le long du Rhône et de la Saône, la colonie fugitive fit de nombreuses haltes dans sa migration, et c’est ainsi que le culte de saint Baudile se propagea en divers endroits. Les religieux emportaient avec eux quelques parcelles du corps du saint Martyr et ils les distribuaient, sur leur passage, aux populations qui les accueillaient avec bienveillance. Ils s’arrêtèrent pendant quelque temps à Beaune, en Bourgogne, et ils payèrent l’hospitalité qu’ils reçurent par le don d’une relique de saint Baudile. Ce legs précieux a été fidèlement conservé, jusqu’à la fin du siècle dernier, dans une église qui était placée sous le vocable du Saint, et il a disparu dans la tourmente révolutionnaire. 

Après un long séjour à Beaune, les religieux poursuivirent leur marche. Ils firent une station à Plombières-lez-Dijon, dans la Côte-d’Or, où le culte de saint Baudile s’est perpétué jusqu’à ce jour, et probablement à Parigny­-la-Rose, dans l’Auxerrois, qui, en mémoire de cette halte, honore saint Baudile comme son patron.

Ils arrivèrent ensuite à Saissi-les-Bois, au diocèse d’Auxerre. Ce lieu qui, comme l’indique son nom, était couvert de bois, convenait parfaitement à une fondation monastique. Il y avait déjà, dans ce vallon, arrosé par un cours d’eau, un monastère fondé par les évêques d’Auxerre. Il portait le nom de Monasterium saxiense, à cause des pierres qui couvrent le sol, et cette appellation se retrouve, altérée, dans le nom moderne de Saissy. Les moines de Saint-Germain, qui le possédaient, le cédèrent à cette colonie errante qui fuyait devant l’invasion sarrasine. L’établissement grandit sous la protection des rois Francs, qui lui accordèrent de nombreux privilèges, et les forêts voisines furent défrichées par les patients travaux des moines. Une église fut construite et elle fut dédiée à saint Baudile, en mémoire du saint Martyr, dont le corps reposait à Nîmes. C’était à la fois un hommage à ce saint protecteur et un souvenir de la patrie absente. Saint Romule mourut avant d’avoir achevé l’église dont il avait jeté les fondements ; ce furent ses deux successeurs, Odon et Walaus, qui y mirent la dernière main.

Le monastère de Saint-Baudile, à Saissy, devint plus tard un simple prieuré. Il comptait encore huit religieux au XVe siècle. Il fut entièrement détruit, en 1569, par les protestants, comme celui de Nîmes, et les reliques de saint Baudile, conservées jusqu’alors, eurent le sort de toutes celles qui tombèrent entre les mains des Calvinistes. Les noms mêmes de saint Bau­dile et de saint Romule sont aujourd’hui oubliés à Saissy.

Quant au monastère de Nîmes, il resta longtemps dans un état de triste décadence. Vers la fin du XIe siècle, la noblesse du pays, affligée de cette situation déplorable, le rendit à sa vie première, en le cédant à la puissante abbaye de la Chaise-Dieu.

Ce fut sans doute vers ce temps que la piété populaire donna à la vallée de Saint-Baudile le nom de Valsainte, voulant honorer par cette appellation pieuse le souvenir des miracles dont ces lieux avaient été le théâtre.

La réforme vint : Nîmes, on le sait, fut le principal théâtre des efforts des religionnaires dans le midi, sa cathédrale fut changée pour un temps en un prêche calviniste, et le monastère de Saint-Baudile fut démoli de fond en comble (1563). Que devint, au milieu de cette dévastation, le corps de saint Baudile ? Fut-il arraché du tombeau où il était enfermé, et ses cen­dres sacrées furent-elles jetées au vent ? Ou bien fut-il sauvé par quelque catholique dévoué ? L’histoire se tait, et la croyance des habitants de Nîmes, c’est que les religieux parvinrent à soustraire les saintes reliques à cette profanation, en les enfouissant, comme au temps de l’invasion des Sarrasins, dans quelque retraite cachée. Peut-être la châsse qui les renferme est-elle ensevelie dans les entrailles du sol, non loin de l’ancien sanctuaire, d’où l’on ne désespère pas de la retirer un jour. 

L’indifférence des hommes et l’action du temps ont peu à peu achevé la destruction complète de tout ce qui restait de l’ancien prieuré et des deux églises. Les ruines elles-mêmes ont disparu.

Pendant longtemps ces murs, à moitié écroulés, devinrent comme une vaste carrière où tous les voisins venaient chercher des pierres pour former des murs de clôture ou bâtir, des constructions nouvelles. Aujourd’hui, il ne reste pas une seule pierre debout de l’église de Saint-Baudile. Le soc de la charrue est passé sur son emplacement et a défoncé le sol pour le livrer à la culture. Deux maisons de campagne occupent l’emplacement de l’an­cien enclos et du prieuré.

Une paroisse de Nîmes, voilà tout ce qui perpétue aujourd’hui, avec le même nom, les anciens souvenirs. Gardienne fidèle de la mémoire de saint Baudile, elle acquitte, au nom de la cité, le tribut d’honneur et de recon­naissance que Nîmes doit à son apôtre.

Iconographie

Les attributs caractéristiques de saint Baudile dans les arts sont le pal­mier et la hache : la vie du Saint donne l’intelligence de ces symboles.