Saint Bald ou Baud (en latin Baldus), vulgairement appelé saint Bond, naquit vers le milieu du VIe siècle. L’opinion commune le fait espagnol, à cause de son long séjour en Espagne ; mais il est plus probable, d’après plusieurs chroniques Sénonaises, qu’il est né dans les environs de Sens, où habitaient ses parents. Par des motifs qu’on ignore, il crut devoir quitter sa patrie, et vint s’établir en Espagne, où il fit un riche mariage. Ses historiens disent qu’il était d’un naturel doux et bon.
Longtemps ses parents se livrèrent à d’inutiles recherches, afin de découvrir le pays où il s’était retiré. Enfin, après une assez longue absence, il revint visiter sa famille et les lieux qui l’avaient vu naître, et après avoir passé quelque temps auprès d’eux il retourna en Espagne rejoindre son épouse.
Privés ensuite pendant quelque temps des nouvelles de leur fils, ses parents apprirent par des pèlerins, qui revenaient de Saint-Jacques de Compostelle, qu’un nommé Baud, des environs de Sens, habitait en Espagne, un pays qu’ils indiquent et qu’il y était riche et heureux. Alors, malgré la longueur du voyage, ils se décidèrent à l’entreprendre, afin de voir leur fils peut-être pour la dernière fois.
Ils arrivent, le trouvent à la chasse, mais sont bien reçus par son épouse, qui après leur avoir offert des rafraîchissements, les engage à se mettre au lit, afin de se reposer, tandis qu’elle irait prévenir son mari de leur arrivée. Elle part, et malheureusement ne rencontre pas son mari, qui revint à la maison par un autre chemin.
Le continuateur de Ribadeneira et un manuscrit de Sens disent que sous la forme d’une vision, le démon apparut à saint Baud, revenant de la chasse, et lui apprit que sa femme était couchée avec un homme qu’il ne connaissait pas. Sur ce faux rapport, Baud entre dans sa maison comme un furieux et n’y voyant pas son épouse, court droit au lit, où il trouve en effet deux personnes couchées ensemble. Dans son trouble et sa douleur, il n’hésite pas à percer de son épée les deux prétendus adultères.
À peine a-t-il consommé son double parricide, qui bien certainement n’était pas dans sa volonté, que son épouse de retour s’empresse de lui annoncer l’arrivée de ses parents. Il reste alors immobile et interdit, reconnaît le malheur qui vient de lui arriver, le déplore amèrement, et prend aussitôt la résolution d’aller en pèlerinage aux lieux saints, afin d’obtenir sur le tombeau de Jésus-Christ, qui est la miséricorde même, le pardon de son double meurtre.
Quoique dans un temps à demi barbare, où l’on avait toujours l’épée au côté, cette précipitation, qui coûta à notre Saint de si cuisants regrets, mérite sans doute un blâme sévère ; mais dans notre siècle, où les mœurs sont plus policées, ne serait-elle pas en pareille occurrence malheureusement imitée par bien des personnes ?
Notre Saint, après avoir passé un certain temps au sépulcre du Sauveur, où il versa des larmes abondantes, se transporta à Rome au tombeau des saints Apôtres, se jeta aux pieds du souverain Pontife, qui devait être alors saint Grégoire le Grand, ou Pélage II, son prédécesseur, et lui fit l’humble aveu de ses fautes. Le chef suprême de l’Église le reçut avec bonté, et après lui avoir remis ses péchés, le consola et l’adressa ensuite à saint Arthème, archevêque de Sens, son pasteur, qui lui indiquerait la pénitence qu’il aurait à accomplir.
Saint Baud, après avoir quitté Rome, traversa l’Italie et les Alpes, et arriva à Sens. Là, il se prosterna aux pieds du vénérable Arthème, qui avec une bonté paternelle releva son courage, et dont les avis l’élevèrent ensuite à une haute sainteté, comme l’attestent tous les martyrologes qui font mention de notre Saint. L’archevêque de Sens tenait alors dans sa main un bâton desséché depuis longtemps ; il le lui remet, et lui donne pour pénitence d’aller le planter sur une montagne voisine qu’il lui indique, et de l’arroser tous les jours de l’eau qu’il irait puiser au fleuve qui coule au
pied de la montagne jusqu’à ce qu’il reverdisse et pousse des fleurs et des fruits, et qu’alors sa pénitence serait terminée.
Notre Saint accepte, plein de foi et d’espérance, la pénitence qui lui est imposée, et l’accomplit avec courage et persévérance pendant plusieurs années, malgré tout ce que lui fait éprouver le démon, jaloux de la fidélité avec laquelle il l’exécute. Souvent, à son retour du fleuve, il lui renversait ou même lui brisait le vase qui lui servait à puiser de l’eau, ce qui obligea notre Saint de le remplacer par un panier, dans le genre sans doute de ceux qui servent aux incendies.
Un jour qu’il revenait du fleuve chargé de sa provision d’eau, il rencontra des femmes qui portaient à l’évêque un enfant presque mort. Le saint pénitent le prend entre ses bras, vole à Sens et supplie saint Arthème d’imposer les mains à cet innocent. Après avoir obtenu cette faveur et la santé de l’enfant, il le rapporta dans sa solitude, l’adopta pour son fils, du consentement de ses parents, et partagea avec lui sa nourriture simple et grossière.
Il est à présumer que cet enfant profita de la pieuse éducation que ne manqua pas de lui donner notre solitaire ; aussi le lectionnaire de Saint-Eloi de Paris, où la fête de saint Baud se faisait en grand de temps immémorial, fait-il la réflexion que cet enfant dut à notre Saint la vie de l’âme et celle du corps, et il ajoute, à l’occasion de la longue pénitence de saint Baud, que le Tout-Puissant, qui aurait pu l’abréger, voulut au contraire la prolonger, afin de lui donner au ciel une plus riche couronne.
Dieu enfin récompensa la foi, le courage et la persévérance de saint Baud, et un jour, à sa grande satisfaction, il vit le bâton sec, qu’il avait planté, reverdir et pousser des fleurs et des fruits. Il comprit alors que sa pénitence était terminée et son péché pardonné. Plein de reconnaissance, il remercia le Seigneur, et, pensant qu’il n’avait plus rien à faire sur la terre, il le pria de l’appeler à lui ; ce qui arriva peu après. Il mourut en réputation d’une grande sainteté, vers l’an 600 ou 604, et Dieu glorifia son tombeau par d’éclatants miracles.
Saint Antonin de Florence rapporte le pareil malheur, arrivé bien involontairement aussi vis-à-vis de ses parents, à saint Julien l’Hospitalier, qui en fit une longue et sévère pénitence.
L’Église, notre mère, parmi les Saints qu’elle offre à notre vénération, nous en propose qui ont fait des chutes pendant leur vie, mais qui ont lavé leurs péchés dans leurs larmes et obtenu miséricorde, afin de nous encourager et de nous donner à nous-mêmes l’espoir du pardon, si nous avons péché. On remarque même que ces Saints se sont distingués après leur retour à Dieu par une ferveur plus grande qne s’ils n’avaient eu rien à se reprocher : ainsi saint Pierre, sainte Madeleine, saint Augustin ; et l’Église semble nous dire alors, comme autrefois saint Ambroise à l’empereur Théodose : « Vous avez imité David dans son péché, imitez-le dans sa pénitence ».
On trouve quelquefois, dans la vie des Saints, des faits extraordinaires que quelques personnes hésitent à croire. Mais Notre-Seigneur ne nous a-t-il pas annoncé dans l’Évangile que ceux qui croiraient en lui feraient de plus grands prodiges encore que ceux qu’il avait opérés lui-même ? Aussi dans la vie de plusieurs Saints, nous trouvons des faits semblables à ceux rapportés dans la vie de saint Baud.
Pour éprouver l’obéissance de saint Jean le Nain, il lui fut commandé de planter son bâton dans un terrain très-sec et de l’arroser tous les jours jusqu’à ce qu’il portât des fruits. Il obéit avec simplicité, quoique la rivière qui lui fournissait de l’eau fût à une grande distance, et au bout de trois ans, le bâton prit racine et produisit du fruit. Sulpice Sévère rapporte que Posthumius, en 402, vit cet arbre couvert de feuilles.
Un fleuve par ses inondations occasionnait de grands dégâts ; saint Grégoire Thaumaturge planta sur ses bords son bâton, et commanda aux eaux, de la part de Dieu, de ne pas dépasser désormais cette borne. Elles obéirent, et le bâton lui-même prit racine et devint un grand arbre. Saint Pierre d’Alcantara, si vénéré de sainte Thérèse, planta également en terre son bâton, qui bientôt devint un verdoyant figuier. Les solitaires d’Égypte, et de nos jours le vénérable Curé d’Ars, sont là pour attester combien le démon se plaît à exercer la patience des amis de Dieu.
Excellents avis de saint Remi au roi Clovis, avis qui peuvent encore servir à bien d’autres ! « Choisissez des personnes sages pour votre conseil, et ce sera le moyen de rendre votre règne glorieux. Respectez le clergé. Soyez le père et le protecteur de votre peuple. Allégez, autant qu’il vous sera possible, le fardeau des impôts que les besoins de l’État rendent quelquefois nécessaires. Consolez et soulagez les pauvres, nourrissez les orphelins, défendez les veuves, ne souffrez point d’exactions. Que la porte de votre palais soit toujours ouverte, afin que chacun de vos sujets puisse aller réclamer votre justice »…..
Saint Baud, toi qui as trouvé le pardon par ta pénitence, prie pour que nous recevions la grâce de la conversion et de la miséricorde divine. Amen.
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