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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques

Saint Ansbert

Au monastère de Saint-Vandrille, saint Ansbert, évêque de Rouen. ✞ 695.

Hagiographie

E

Saint Ansbert ou Austrebert, naquit en un bourg du Vexin, appelé Chaussy, près de Mantes, sous le règne de Clovis II et de la reine sainte Bathilde. Son père s’appelait Siwin ; il était noble, fort employé dans les armées et dans les conseils de nos rois, où il s’acquit beaucoup de gloire. Pour notre Saint, il fut touché de Dieu de ses plus tendres années, et commença dès lors à mépriser les vanités du monde, pour ne respirer que Jésus-Christ. Après ses études, son père l’exerça à la chasse, et lui fit prendre les autres divertissements propres à la noblesse, pour lui faire goûter le monde : mais c’était en vain, parce qu’il avait déjà mis ses affections ailleurs.

Siwin, qui ne regardait que la fortune et l’avenir temporel de son fils, lui chercha et lui trouva un mariage avantageux. Il lui obtint la main d’An­gadrème, fille de Robert, comte de Renty, et chancelier du roi Clotaire III. Ansbert et Angadrème avaient un égal éloignement pour le mariage : ils n’y consentirent que par obéissance, et, après s’être réciproquement commu­niqué leur dessein de garder la chasteté jusqu’à la mort : ils eurent pour cela recours à l’oraison, et prièrent le Père des miséricordes de leur inspirer ce qu’ils devaient faire.

La bienheureuse Angadrème, en particulier, demanda à Notre-Seigneur qu’il lui envoyât quelque mal qui pût ternir sa beauté, afin qu’elle ne fût plus aimée des hommes. Sa prière fut exaucée, et son visage parut aussitôt couvert d’une lèpre si hideuse qu’elle faisait horreur à ceux qui la regardaient ; et malgré les remèdes des médecins cette laideur crois­sait toujours. Cet accident obligea les parents d’Ansbert et d’Angadrème de permettre leur séparation, surtout après qu’ils eurent appris de la bouche de leur fille qu’elle avait voué sa virginité à Dieu avant cette alliance. Loin d’avoir de la peine à s’y résoudre, Ansbert fut très-aise que celle qui lui avait été destinée pour compagne fût épouse de Jésus-Christ.

Saint Ansbert

Fête saint : 09 Février
Illustration de Saint Ansbert, évêque de Rouen, tenant une crosse et un livre, avec une abbaye en arrière-plan, symbolisant son exil à Hautmont.

Présentation

Titre : Évêque de Rouen
Date : 695
Pape : Sergius Ier

On raconte qu’allant un jour dans les champs, il rencontra le prince Thierry, troisième fils de Clovis II, qui allait à la chasse ; il lui prédit qu’il serait roi après ses frères Clotaire et Chilpéric ; pour preuve de quoi il l’assura que la partie du champ où il avait fait dresser sa tente ce jour-là, quoique extrêmement battue et foulée des pieds, ne perdrait point sa verdure. Le prince répondit à cela que si Dieu lui mettait un jour la couronne sur la tête, il le ferait évêque, afin que l’Église fût honorée et reçut de l’accroissement par ses exemples et par sa doctrine.

Auteur

Sanctus Publishing

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Elle fut donc conduite à saint Ouen, archevêque de Rouen, et ancien chancelier de France, et reçut de lui la bénédiction et le voile des vierges, pour être con­sacrée à l’Epoux céleste ; alors, par une merveille de la puissance divine, elle recouvra sa première beauté avec tant d’éclat, que chacun reconnut que Jésus-Christ agréait le sacrifice qu’elle lui faisait d’elle-même. Ensuite, elle se rendit dans le Beauvaisis, où elle devint la mère et la supérieure d’un monastère appelé Oroer, près la ville de Beauvais, qui, depuis, a été détruit par les ravages de la guerre, et dont le revenu resta annexé, jusqu’à la Révolution, au chapitre de la cathédrale de cette même ville. La célèbre abbaye de Notre-Dame de Saint-Paul avait succédé à cet ancien monastère.

Saint Ansbert, heureux de voir ainsi ses vœux réalisés, ne respirait plus que pour une vie solitaire semblable à celle de son épouse ; néanmoins il fut contraint de rester encore quelque temps à la cour de Clotaire III, car il avait été substitué ou plutôt associé à Robert dans la charge de garde des sceaux. Mais cette nouvelle dignité ne changea nullement son humeur, ni son inclination pour la vie religieuse, qu’il considérait comme un asile, un abri contre les embarras du monde et de la cour : car quoiqu’il y demeura de corps, son esprit était toujours dans le ciel ; et l’agréable son des instru­ments de musique qu’il entendait au palais ne servait qu’à élever sa pensée vers le paradis, et à lui faire souvent savourer, dans son cœur, le psaume 150, qui commence par ces paroles : « Louez le Seigneur en ses Saints ». Enfin, ne pouvant respirer plus longtemps un air aussi contagieux qu’était alors celui de la cour de France, sous les derniers rois de la première race, il résolut, par un exemple tout à fait extraordinaire, de renoncer absolument au monde et de déposer les sceaux de la chancellerie, pour se rendre parfait disciple de Jésus-Christ et de sa sainte croix.

Étant donc éclairé par une forte lumière du Saint-Esprit, et embrasé du feu de son divin amour, il sortit secrètement du palais, sans rien dire à personne, à l’époque où Ebroïn venait d’être nommé maire du palais, et se rendit à l’abbaye de Fontenelle, au diocèse de Rouen, où il savait que le bienheureux Vandrille menait une vie toute céleste, avec un grand nombre de religieux. Il prit aussitôt le saint habit, et, bientôt après, il y fit ses vœux, et devint en peu de temps un reli­gieux si parfait, que saint Vandrille supplia saint Ouen, archevêque de Rouen, de l’ordonner prêtre, afin qu’il fût entièrement consacré au service des autels : faveur qu’on n’accordait alors qu’à ceux qui étaient consommés en toutes sortes de vertus. Cette dignité ne l’empêcha pas de s’occuper des œuvres manuelles avec les autres religieux.

On raconte qu’allant un jour dans les champs, il rencontra le prince Thierry, troisième fils de Clovis II, qui allait à la chasse ; il lui prédit qu’il serait roi après ses frères Clotaire et Chilpéric ; pour preuve de quoi il l’assura que la partie du champ où il avait fait dresser sa tente ce jour-là, quoique extrêmement battue et foulée des pieds, ne perdrait point sa verdure. Le prince répondit à cela que si Dieu lui mettait un jour la couronne sur la tête, il le ferait évêque, afin que l’Église fût honorée et reçut de l’accroissement par ses exemples et par sa doctrine. 

Cependant le bienheureux Vandrille, après avoir gouverné saintement l’abbaye de Fontenelle l’espace de vingt ans, passa de cette vie de misères à une plus heureuse, et laissa pour successeur en son abbaye un autre religieux appelé Lambert. Celui-ci, qui était cousin de sainte Angadrème, et ainsi allié à saint Ansbert, vécut avec lui en si bonne intelligence, pendant son gouvernement, qu’il le consultait en toutes ses affaires avec la même confiance que s’il eût été son père.

À quelque temps de là, l’Église de Lyon se trouva vacante par le décès de saint Genest, ancien aumônier de la reine sainte Bathilde ; le roi Thierry, par le conseil du duc Pépin d’Héristal, qui était maire du palais, et, cousin de saint Vandrille, nomma pour remplir ce siège saint Lambert, et notre saint fut fait abbé de Fontenelle en sa place. Cette nomination remplit de joie tous les religieux, qui bénissaient Dieu de leur avoir donné un si bon Père. Le Saint ne négligea rien pour se bien acquitter de cette charge : il avait pour maxime de son gouvernement de se faire plus aimer que craindre, persuadé que les humeurs les plus revêches se rendent à la douceur. Il partagea ses soins en donnant une partie au spi­rituel, et en employant l’autre au temporel du monastère. Il fit bâtir un hôpital pour y retirer douze pauvres vieillards, en l’honneur des douze Apôtres, et les pourvut libéralement de tout ce qui leur était nécessaire pour leur nourriture. Il fit faire aussi deux, autres logements pour les pauvres ; il les y faisait demeurer huit de compagnie dans chaque chambre, et avait soin que rien ne manquât à leur entretien, à la charge qu’ils assisteraient nuit et jour à l’office divin, particulièrement au saint sacrifice de la messe, afin d’y prier pour le salut du peuple chrétien et pour l’exaltation de l’Église catholique. Sans nous étendre en détail sur toutes les vertus de notre Saint, nous rapporterons seulement quelques paroles de l’historien de sa vie, qui les renferment toutes : « Quoiqu’il fût le supérieur des autres, il était le plus humble de tous ; il était pauvre en son vêtement, frugal en son vivre, pudique en toutes ses actions, éclatant par la sérénité de son visage et par la lumière de son esprit, admirable par sa patience, illustre par les effets de sa charité et par les grandes aumônes qu’il faisait aux pauvres. Ainsi, étant orné de toutes les vertus, il brillait comme une lampe au milieu de ses frères ». Deux ans après son élection, il alla fonder une abbaye dans le bourg de Donzère, en Dauphiné, et revint ensuite reprendre le gouverne­ment de Fontenelle qui devint de plus en plus florissant sous son admi­nistration. 

En ce même temps, saint Ouen, archevêque de Rouen, plein de vertus et de saintes actions, fut appelé de Dieu pour recevoir la récompense de ses mérites.

Saint Ansbert ne manqua pas de se trouver à ses funérailles avec ses religieux. Après ce bon office, tous les habitants de cette ville métropo­litaine jetèrent les yeux sur lui pour le mettre à la place du défunt, et envoyèrent aussitôt des députés le demander au roi Thierry III, qui était en son château de Clichy-les-Paris, où il tenait une assemblée des notables de son royaume, parmi lesquels était saint Lambert, archevêque de Lyon. Ces nouvelles furent agréables au prince qui voyait l’accomplissement de sa prédiction : il pria saint Ansbert de le venir trouver, sous prétexte de quel­que affaire de conscience qu’il lui voulait communiquer, parce qu’il était son confesseur. Mais le saint abbé, se doutant de la chose, refusa absolu­ment d’y aller jusqu’à ce que le roi l’eût assuré, par une seconde ambas­sade, qu’on ne ferait rien contre son gré touchant l’archevêché de Rouen. Sur cette parole de Thierry, saint Ansbert se rendit à la cour, où par les suf­frages de tous les prélats, du roi et des princes, son élection fut confirmée : de sorte que, malgré ses résistances, il fut sacré évêque, en ce même palais, par le saint archevêque de Lyon.

Ainsi, cet humble serviteur de Dieu commença à briller dans l’église comme une lumière ardente, non plus cachée sous le boisseau, mais posée sur le chandelier. Or, parmi toutes les belles actions qu’il fit à son entrée eu sa ville archiépiscopale, nous remarquerons seulement celle-ci : après avoir célébré la sainte messe, il voulut traiter tous les assistants, aussi bien les pauvres que les riches ; et, ayant fait dresser deux grandes tables, il fit asseoir en l’une tous les nobles, chacun selon son rang, puis il prit sa place au milieu de celle des pauvres, pour imiter celui qui, étant infiniment riche, s’est fait pauvre pour notre amour.

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Il n’eut pas seulement soin des temples spiri­tuels, je veux dire des fidèles, qu’il pourvoyait charitablement de tout, et pour le corps et pour l’âme, mais aussi des temples matériels qui sont les églises, ordonnant que la portion canonique qui lui était due, en qualité d’archevêque, fût employée à leur réparation.

Il fit aussi paraître sa piété par le privilège authentique qu’il accorda à l’abbaye de Fontenelle, l’an cinquième de son pontificat, l’exemptant de toute autre juridiction que celle du souverain Pontife ; ce qui fut approuvé par quinze évêques, quatre abbés, et d’autres personnes de considération.

Il eut soin aussi des reliques de son prédécesseur, qu’il fit mettre dans une riche châsse, et transférer solennellement en l’abbaye de Saint-Pierre, laquelle a depuis porté le nom de Saint-Ouen ; et le saint archevêque n’ou­blia pas en cette occasion de faire un festin semblable à celui qu’il avait fait au jour de son entrée et d’y observer les mêmes cérémonies ; en effet, il quitta la table des riches pour se mettre à la table des pauvres, afin de les y servir de ses propres mains.

Cependant, comme la vertu est toujours enviée et que la persécution est la pierre de touche pour éprouver les Saints, Dieu permit que saint Ansbert n’en fût pas exempt. Une guerre civile s’étant élevée parmi les princes fran­çais, le duc Pépin d’Héristal, maire de l’Austrasie, après divers succès, se rendit maître absolu de l’une et de l’autre France, au préjudice du roi Thierry, qui fut contraint de céder à la force. Quelques esprits inquiets et remuants accusèrent le saint évêque auprès de Pépin de favoriser ses enne­mis Varaton et Gilimer.

Et ce duc, leur donnant trop aisément créance, le relégua au monastère de Hautmont, en Hainaut, sur la rivière de Sambre.

Notre Saint demeura quelques années en ce lieu de son exil, mais il ne s’y tint pas oisif, car, profitant de cette occasion qu’il croyait heureuse pour lui, il y renouvela ses premières ferveurs, c’est-à-dire ses jeûnes, ses veilles, ses prières et ses larmes qu’il répandait en abondance. Tout le voisinage même se ressentit de ses bienfaits, et par les bons exemples de sa vie, et par ses doctes prédications. Il composa aussi, dans sa retraite, quelques traités de piété qui ne sont point parvenus jusqu’à nous. Il vivait ainsi en repos dans le lieu de son exil, lorsque le prince Pépin, après avoir reconnu son innocence, lui pria de retourner en son église. Mais Dieu qui l’appe­lait plus heureusement à la jouissance de sa gloire, lui fit connaitre les approches de sa mort ; c’est pourquoi il envoya une humble requête au même prince, pour lui demander seulement qu’il permît que son corps, après son décès, fût porté au monastère de Fontenelle, où il avait reçu l’habit religieux.

Quelques jours après, connaissant assurément que son heure était arrivée, il appela les religieux du monastère pour célébrer le sacrifice de la messe, et, après la sainte communion du corps et du sang de Jésus-Christ, il donna la bénédiction aux assistants, et lui-même se munit du signe de la croix ; de cette sorte, sans nulle maladie dont nous ayons connaissance, il s’endormit paisiblement dans le Seigneur, le 9 février, l’an de grâce 695, selon le cardinal Baronius, et Bollandus, qui a exactement recherché la chronologie des abbés de Fontenelle.

Iconographie

On a représenté saint Ansbert de Rouen : 1°) assis, tenant une discipline et lisant ; 2°) tenant un calice à la main, peut-être pour rappeler qu’étant à Fontenelle, il prenait soin de la vigne du couvent ?

Reliques de Saint Ansbert

Le corps de cet illustre prélat fut transporté eu son abbaye de Fontenelle, comme il l’avait désiré avant sa mort. Pendant tout le voyage, ce ne fut que miracles : des démoniaques furent délivrés, des paralytiques guéris et d’autres personnes affligées y reçurent du soulagement dans leurs maux. À Grandfresnoy, une femme tombée, depuis longtemps, au pouvoir de Satan, s’approcha avec confiance du cercueil d’Ansbert et fut délivrée. Au lieu même où elle reçut cette faveur, la recon­naissance des fidèles bâtit une chapelle sous l’invocation du Saint. Ce sanctuaire fut visité dans la suite des siècles par de nombreux pèlerins, à cause des miracles que le Seigneur y opérait. Mais voici le plus grand miracle de tous, à notre avis : au bout de trente jours, et après un long voyage, ce même corps se trouva aussi frais et aussi vermeil que s’il eût joui d’une parfaite santé et eût été seulement endormi ; et, de plus, ses bras se trouvèrent marqués en plusieurs endroits du signe de la croix, parce qu’il l’avait toujours portée, pour me servir des termes de l’Épouse des Cantiques, comme un chiffre sacré sur son blason et sur son cœur. Il fut donc enfin déposé en l’église de Saint-Paul, à Fontenelle, où la gloire de son âme s’est assez fait connaitre par un grand nombre de miracles, dont il est aisé de voir le récit en sa vie écrite, par Aigrade, religieux de cette même maison, et que Surius rapporte eu sou premier tome. Bollandus l’a enrichie de plusieurs notes. 

Après diverses translations, les reliques de saint Ansbert furent enfin données à l’abbaye de Blandinberg, près de Gand. C’est là qu’en 1579, elles furent détruites par les Gueux ou Calvinistes de Flandre, dans les troubles des Pays-Bas.