C‘est ici un fruit de la grâce plutôt que de la nature, puisqu’il a été obtenu par la force de la prière. Son père s’appelait Nicolas, et sa mère Pélerine, l’un et l’autre de la noble et ancienne famille des Corsini, à Florence. Ils vécurent longtemps en leur mariage, sans ressentir les effets de la bénédiction divine ; ayant entendu un prédicateur rappeler ces paroles de l’Exode : « Ne mets aucun retard à offrir à Dieu les dîmes et les prémices », ils promirent à Dieu de lui consacrer le premier de leurs enfants, s’il leur en donnait.
Ils firent ce vœu à l’insu l’un de l’autre dans l’église des Carmes, devant une image de la sainte Vierge que l’on appelait Notre-Dame du Peuple. De retour à la maison, ils se communiquèrent ce que chacun avait promis de son côté, et se mettant à genoux, ils renouvelèrent ensemble leur promesse. La Mère de Dieu, dont l’heureuse fécondité a procuré le salut au monde, exauça leurs vœux. Un enfant leur fut donné qu’ils nommèrent André, parce qu’il vint au monde le jour de saint André. Sa mère eut un songe la veille qu’elle l’enfanta ; il lui sembla qu’elle avait mis au monde un louveteau, qui, s’étant retiré dans l’église, s’était changé aussitôt en un agneau. Et comme elle ne comprit pas alors ce que voulait dire ce songe, elle en eut longtemps de la peine. Ses pieux parents prirent un grand soin de l’élever en la vertu, et de l’avancer dans les sciences, comme un enfant déjà consacré au service de la Vierge.
Mais il ne répondit guère à leurs désirs ; car, laissant le chemin de la piété, il se jeta dans le libertinage. Il excitait à tout moment des querelles, perdait le respect envers son père et sa mère, se moquait de ce qu’ils lui disaient, passait tout son temps au jeu, aux académies, à la chasse ; en un mot, il ne pensait qu’à se donner du plaisir, sans se mettre en peine de son salut : de sorte qu’il fit voir, par de tristes effets, la faiblesse de la nature, et combien elle est portée au mal, quand elle n’est pas puissamment retenue par la crainte de Dieu.
Cependant, un jour qu’il semblait être au dernier degré de ses débauches, ayant traité sa mère d’une manière outrageante, cette femme lui découvrit le songe qu’elle avait eu à son sujet :
« Tu es assurément », lui dit elle, « ce loup dont j’ai songé avant que de t’enfanter ».
André, étonné de ces paroles, comme un homme qui se réveille d’un profond sommeil, supplia sa mère de lui dire de quel loup et de quel songe elle lui voulait parler. Alors, elle lui raconta le vœu que son père et elle avaient fait de consacrer leur premier-né au service de Dieu et de sa très-sainte Mère ; comment, lorsqu’elle le portait dans son sein, elle avait songé qu’elle mettrait au monde un loup, qui était entré dans l’église où il avait changé aussitôt de forme, et était devenu un agneau ; elle ajouta qu’elle reconnaissait maintenant par ses œuvres qu’il était ce loup, mais qu’elle espérait le voir, avec le temps, plus doux qu’un agneau, puisqu’il était né, non pas pour servir les hommes, mais pour être consacré au service de la divine Marie. Ces paroles de Pélerine eurent tant d’efficacité sur André, qu’il se repentit et lui demanda pardon ; toute la nuit, il pensa à la sainte vierge.
Saint André Corsini
Présentation
Ayant fait profession après un an, avec la bénédiction de tous les religieux et de ses parents, il redoubla de ferveur dans la pratique des vertus, particulièrement de l’humilité. Sa joie était de servir les pauvres et les malades, se souvenant de cette parole du Seigneur : « Ce que vous avez fait au moindre des miens, c’est à moi que vous l’avez fait ».
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Le lendemain il entra de bonne heure dans l’église des Carmes, et, prosterné devant l’image de Notre-Dame du Peuple, il faisait cette prière : « Glorieuse vierge Marie, voici le loup dévorant et plein d’iniquités qui vous adresse ses humbles prières : comme vous avez enfanté l’agneau sans tache dont le sang nous a rachetés et purifiés, faites qu’il me purifie de telle sorte et change tellement ma cruelle nature de loup, que je devienne un agneau docile, pour lui être immolé et vous servir dans votre très-saint Ordre ». Il persévéra dans cette prière jusqu’à la neuvième heure, le visage baigné de larmes. Alors, il se leva et alla prier le supérieur du monastère, qui était le provincial des Carmes en Toscane, de le recevoir parmi eux. Le provincial répondit :
« Dites-moi, mon fils, d’où vient cette volonté, puisque vous êtes de race noble et que rien ne vous manque ? »
André lui dit :
« C’est l’œuvre du Seigneur et de mes parents, qui ont fait vœu de me consacrer pour toujours en ce lieu à l’honneur de la sainte Vierge ».
« Attendez quelques moments », répondit le provincial, « dans peu je vous donnerai une réponse ».
Aussitôt, il avertit ses parents et assembla ses religieux. Le père et la mère d’André, qui ne savaient ce qu’il était devenu, eurent une grande joie de cette nouvelle ; ils accoururent à l’église, où la mère s’écria :
« Voilà mon fils qui, de loup, est devenu agneau ».
André Corsini reçut donc l’habit de Carme l’an 1318, avec la bénédiction de son père et de sa mère.
Pour éprouver la constance du jeune novice, on lui enjoignait les offices les plus bas, comme de balayer la maison, de garder la porte, de servir à table, de laver les écuelles à la cuisine. André regardait tout cela comme une gloire. Il vaquait surtout au silence et à l’oraison. Tourné en dérision par plusieurs de ses proches et par ses compagnons de plaisir, il le supportait avec patience et sans rien dire. Un jour que, pendant le dîner de ses frères, André gardait la porte, quelqu’un vint y frapper avec grande instance. André, regardant par la petite fenêtre, vit un personnage bien vêtu, accompagné de plusieurs domestiques, qui lui dit d’une voix impérieuse :
« Ouvre bien vite, car je suis de tes parents, et je n’entends pas que tu restes avec ces gueux ; et c’est aussi la volonté de ton père et de ta mère, qui t’ont promis pour époux à une fille très-belle ».
André lui répondit :
« Je n’entends pas ouvrir, parce qu’il m’a été ordonné par l’obéissance de n’ouvrir à personne sans permission : je ne crois pas que vous soyez de mes parents, car je ne vous ai jamais vu ; et si je sers ici ces humbles frères, Jésus-Christ lui-même s’est fait homme pour nous servir ; je ne crois pas non plus que ce soit la volonté de mon père et de ma mère que je sorte d’ici, car ce sont eux qui m’y ont voué à Dieu, à la Vierge, service dont je me réjouis souverainement ; je crois au contraire que vous êtes des parents du diable ».
L’autre reprit :
« Je te prie, André, ouvre-moi un moment, pour que je cause avec toi de certaines choses, car le prieur ne le verra point».
André répliqua :
« Et quand le prieur ne le verrait pas ; il y a Dieu au-dessus de lui, qui scrute les cœurs et de qui personne ne peut se cacher. C’est pour l’amour de lui que je garde la porte, afin qu’il me garde lui-même et me soit en aide ».
En parlant ainsi, André se munit du signe de la croix. Aussitôt le tentateur, qui n’était autre que le malin esprit, disparut comme un éclair fétide. André rendit grâces à Dieu de cette victoire : il en devint plus fort et plus parfait.
Ayant fait profession après un an, avec la bénédiction de tous les religieux et de ses parents, il redoubla de ferveur dans la pratique des vertus, particulièrement de l’humilité. Sa joie était de servir les pauvres et les malades, se souvenant de cette parole du Seigneur : « Ce que vous avez fait au moindre des miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Jamais il ne manquait aux heures saintes : nuit et jour, il était le premier au chœur ; jamais il ne résistait au commandement des supérieurs ; plus on lui commandait, plus il en avait de joie. Pour ne pas perdre un moment, il était assidu à l’étude des lettres sacrées. Un jour, il demanda au provincial, comme une très-grande grâce, d’aller à la croix tous les vendredis. Ce jour-là il prenait la discipline jusqu’au sang, et puis, un panier pendu au cou, il allait dans la grande rue, au milieu des nobles et de ses proches, mendier du pain et des aumônes. Ses proches, persuadés que cela se faisait pour leur faire honte, en étaient indignés, et recommandaient à tout le monde de se moquer de lui et de lui dire des injures. Lui, au contraire, s’en allait tout joyeux, disant en lui-même : Mon Seigneur Jésus-Christ, étant injurié, n’injuriait point ; étant accablé de souffrances, il ne s’en irritait point. André fuyait la société des femmes et les paroles légères. Sa récréation était le jardin et la solitude de sa chambre ; son paradis était l’église, l’arbre de vie le crucifix, la terre sainte la vierge Marie. Il était d’une abstinence et d’une austérité extraordinaires ; outre les jeûnes de l’Église et de l’Ordre, il jeûnait au pain et à l’eau les lundis, les mercredis, les vendredis et les samedis pour l’amour de la Mère de Dieu. Il domptait sa chair par un très-rude cilice, avec lequel il dormait toujours sur la paille.
Unissant l’étude des belles-lettres à celle de la vertu, il devint aussi bon prédicateur qu’excellent religieux et se montra aussi puissant en œuvres qu’en paroles.
Un de ses proches était tourmenté d’un mal de jambe qui lui rongeait les chairs. Pour faire diversion à ses douleurs, il se livrait au jeu, et sa maison était un rendez-vous de joueurs. Un jour de vendredi, comme André était sorti pour demander l’aumône, il alla le trouver et lui dit :
« Mon oncle Jean, voulez-vous être guéri ? »
Jean lui répondit :
« Va-t’en, mendiant, tu penses te moquer de moi ».
André lui repartit :
« Ne vous troublez pas, mon oncle ; mais si vous voulez guérir, acquiescez à mes conseils ».
Jean, revenu à des sentiments plus humbles, dit alors :
« Je ferai tout ce que tu voudras, pourvu que cela soit possible ».
André dit :
« Si vous voulez être guéri, je veux que pendant sept Jours vous vous absteniez de jouer, que vous en jeûniez six, et que pendant sept vous disiez sept Pater et sept Ave, avec le Salve Regina, et je promets que la glorieuse Vierge obtiendra de son Fils votre guérison ».
Quoique Jean fût un homme indévot, toutefois, entendant cet agneau et voyant sa simplicité, il prit sur lui de promettre de faire tout cela, et il le fit en effet, quittant le jeu, priant et jeûnant. Le septième jour, qui était le samedi, André alla lui demander comment il se portait. Jean répondit :
« Vous êtes vraiment un ami de Dieu, je n’ai plus mal ; je puis marcher comme un jeune homme, tandis que précédemment j’étais toujours couché ».
André lui dit : « Allons au couvent », et ils vinrent devant l’image de la sainte Vierge, et y prièrent ensemble à genoux. Après la prière, André dit :
« Mon oncle, déliez maintenant votre jambe, car elle est entièrement guérie ».
En effet, au lieu d’être rongée jusqu’aux os, les chairs étaient comme celles d’un jeune enfant. Jean devint dès lors tout à fait pieux et dévot, ne cessant de rendre grâces à Dieu et à la sainte Vierge.
André fut ordonné prêtre l’an 1328. Ses parents avaient déjà tout arrangé pour la célébration de sa première messe, qu’ils avaient dessein de rendre très-auguste ; mais l’humble religieux déconcerta tous leurs projets. Il se retira dans un petit couvent à sept milles de Florence, où, sans être connu de personne, il offrit à Dieu les prémices de son sacerdoce, avec un recueillement et une dévotion extraordinaires. Aussitôt après la communion, la sainte Vierge lui apparut, disant : « Tu es mon serviteur, je t’ai choisi, et je serai glorifiée en toi ». André n’en devint que plus humble.
À quelque temps de là, les supérieurs l’envoyèrent à Paris, où il acheva le cours de ses études, puis il retourna en Italie ; en passant par Avignon, il y trouva Pierre Corsini, évêque de Volaterra, son parent, qui depuis fut fait cardinal par le pape Urbain V. Il s’y arrêta quelques jours avec lui et rendit la vue à un aveugle qui demandait l’aumône à la porte d’une église. Étant de retour à Florence, il guérit un religieux de son Ordre qui était malade d’hydropisie. Par ces miracles la sainteté du P. André fut peu à peu manifestée ; mais Dieu la rendit encore plus éclatante par le don de prophétie ; car, ayant été prié par un de ses amis d’être parrain de son fils, comme il tenait l’enfant entre ses bras pendant la cérémonie, il se mit à pleurer : le père de l’enfant lui en demanda la cause, et le Saint répondit, après en avoir été fort pressé : « Je pleure de ce que cet enfant est né pour sa perte et pour la ruine de sa maison ». Et cela arriva en effet, parce que ce malheureux conjura contre sa patrie et fut exécuté par les mains d’un bourreau, et tous ceux de sa race privées avec infamie des offices et dignités de la ville. Après son voyage, il fut élu prieur du couvent de Florence. Il s’acquitta si bien de cette charge, à la satisfaction de tout le monde, qu’on le jugea digne d’en posséder de plus considérables ; l’occasion s’en présenta, quoique longtemps après de la manière suivante :
La ville de Fiésole, à une lieue de Florence, pour lors très-belle et très riche, niais présentement ruinée, ayant perdu son évêque, le clergé élut en sa place, d’un commun consentement, le P. André. Ce choix étant venu, à sa connaissance, il s’enfuit si secrètement en la Chartreuse de Florence, que les chanoines, désespérant de le trouver, commençaient à penser à l’élection d’un autre. Mais la Providence divine avait déjà choisi celui que les hommes avaient nommé et qui se cachait de peur d’être évêque : lorsqu’on était sur le point de recueillir les voix pour en élire un autre, un enfant de trois ans environ, entrant dans l’assemblée malgré les électeurs, dit tout haut : « Dieu a choisi André pour prélat ; il est en oraison à la Chartreuse, vous l’y trouverez ». Cet oracle les empêcha de passer outre. En même temps, un jeune enfant, vêtu de blanc, apparut au Saint tandis qu’il faisait ses prières, et lui dit ces paroles : « Ne crains pas, André, parce que je serai ton gardien, et Marie sera en toutes choses ton aide et ta protectrice ». Le Saint se mit en chemin pour aller où Dieu l’appelait et, rencontrant ceux qui le venaient chercher, il s’en alla avec eux à l’église, au grand contentement de tout le peuple.
L‘épiscopat ne lui fit point diminuer ses mortifications ; au contraire, il déclara une nouvelle guerre à son corps et augmenta ses austérités ; car, non content de porter toujours la haire sur le dos, il prit encore une ceinture de fer, et chaque jour, après avoir récité les sept Psaumes de la pénitence, il se disciplinait jusqu’au sang en disant les litanies. Son lit était fait de sarments de vigne. Il était si économe de son temps, qu’il ne donnait pas un moment de la journée à la récréation, pour ne pas le dérober aux actions plus importantes et plus sérieuses. Il ne parlait aux femmes que le moins qu’il pouvait, et ne prêtait jamais l’oreille aux flatteurs. Il avait eu toute sa vie le cœur fort tendre et fort facile à être touché de compassion pour les misères d’autrui ; c’est pourquoi il fit faire la liste des pauvres, et particulièrement des honteux, afin de les secourir tous secrètement. Dieu lui fit connaître qu’il agréait sa charité et ses aumônes, parce que, durant la famine, ayant un jour donné aux pauvres tout le pain qui était dans son logis, comme il survenait d’heure à autre de nouveaux demandeurs, il fut miraculeusement pourvu d’une grande quantité de pain pour distribuer à actions plus importantes et plus sérieuses. Il ne parlait aux femmes que le moins qu’il pouvait, et ne prêtait jamais l’oreille aux flatteurs. Il avait eu toute sa vie le cœur fort tendre et fort facile à être touché de compassion pour les misères d’autrui ; c’est pourquoi il fit faire la liste des pauvres, et particulièrement des honteux, afin de les secourir tous secrètement. Dieu lui fit connaître qu’il agréait sa charité et ses aumônes, parce que, durant la famine, ayant un jour donné aux pauvres tout le pain qui était dans son logis, comme il survenait d’heure à autre de nouveaux demandeurs, il fut miraculeusement pourvu d’une grande quantité de pain pour distribuer à ces affamés. À l’imitation de Notre-Seigneur, qui est le souverain Maître de l’humilité, il lavait les pieds aux pauvres le jeudi de chaque semaine, à quoi il prenait un plaisir extraordinaire. Un jour il se présenta un pauvre avec les jambes pleines d’ulcères; il ne voulait pas permettre que le Saint les lui touchât ; mais André l’emporta enfin malgré sa résistance, et, à peine eût-il achevé de les essuyer, que le pauvre se trouva entièrement guéri.
S’il avait tant de soin de traiter les corps, il ne faut pas douter qu’il n’en eût encore davantage de repaître et de sustenter les âmes : c’est en cela que sa charité pouvait être appelée victorieuse et triomphante ; car elle lui donnait des inventions pour renouer les amitiés et pour apaiser toutes sortes de dissensions. Aussi le pape Urbain V jeta les yeux sur lui pour l’envoyer comme nonce à Bologne, qui était pleine de factions. André apaisa fort heureusement les esprits, ralliant la noblesse avec le peuple par un nœud de paix et de charité mutuelle, et leur procurant par ce moyen le bonheur de la tranquillité publique ; ce qui remplit de joie toute cette célèbre ville. Outre le soin qu’il avait de pourvoir aux besoins des âmes et des corps de ses ouailles, comme étant les temples spirituels de Jésus-Christ, il travailla aussi à réparer les temples matériels, et fit rebâtir son église cathédrale qui menaçait ruine. Enfin, ayant atteint l’âge de soixante et onze ans, comme il célébrait la grand’messe la nuit de Noël, la très-sainte Vierge lui apparut et l’avertit que, le jour des Rois, il sortirait de ce monde pour entrer dans la céleste Jérusalem, afin d’y voir face à face cet adorable Maître qu’il avait servi avec tant de fidélité. Ces nouvelles si agréables ayant épanoui admirablement son cœur, il célébra les deux autres messes de cette sainte fête avec tant d’allégresse intérieure, qu’elle rejaillit sur son visage : il ne paraissait pas moins vermeil que celui d’un homme en pleine santé, quoique ordinairement il fût fort pâle et livide, à cause de ses austérités.
Dès le lendemain, la fièvre le prit ; ce qu’il fit savoir à un de ses amis, appelé Gui, chanoine de son église, l’assurant qu’il irait bientôt en la maison de Dieu. Il mit le meilleur ordre qu’il lui fut possible aux affaires de son évêché, et, le jour de l’Épiphanie, s’étant fait apporter le Psautier, il récita avec les assistants les trois symboles : celui des Apôtres, celui de Nicée et celui qu’on nomme de saint Athanase ; ensuite, quoique le soleil ne fût pas encore levé, il fit aussi clair dans sa chambre que s’il eût été midi. Enfin le Saint, disant dévotement ce verset du cantique de saint Siméon : « C’est maintenant, Seigneur, que vous laissez aller votre serviteur en paix selon votre parole », rendit paisiblement sa bienheureuse âme le 6 janvier, l’an 1373, étant âgé de soixante-douze ans, le treizième de son épiscopat.
Depuis son décès ; Dieu a souvent manifesté la gloire de son âme, soit par des miracles faits à son sépulcre, soit par des victoires que les Florentins ont obtenues par son intercession. Par suite de ces merveilles, le Saint-Siège avait été plusieurs fois supplié de vouloir procéder à sa canonisation, de sorte qu’il passait déjà pour Saint, dès le temps d’Eugène IV, qui permit qu’on en célébrât une fête solennelle, dans l’église du Mont-Carmel, à Florence, et dans tout le diocèse de Fiésole ; mais enfin, après plusieurs poursuites, le pape Urbain VIII fit le décret solennel de sa canonisation, l’an i629, le 22 avril. Sa fête a été transférée au 4 février. Le pape Clément XII, qui était de la même famille, et le marquis de Corsini, son neveu, ont orné magnifiquement la chapelle où l’on garde le corps de notre Saint, dans un beau tombeau de marbre blanc. Cette chapelle est dans l’église des Carmes de Florence. Le même Pape fit encore bâtir à Saint-Jean de Latran une chapelle magnifique et digne de la première église du monde qu’il dédia sous l’invocation de saint André Corsini et où il voulut être enterré. L’église de Saint-Jean de Latran est l’église paroissiale du pape, et par conséquent la cathédrale de la chrétienté.
1°) On le représente souvent tenant sa crosse ; près de lui sont couchés à terre le loup et l’agneau aperçus par sa mère en songe ; 2°) Il dit la messe, et la sainte Vierge lui apparaît pour lui annoncer que Jésus-Christ l’attend au ciel le jour de l’Épiphanie ; 3°) Il paraît au-dessus d’un champ de bataille porté soit par les nuages, soit par un blanc palefroi. Cette manière rappelle son intervention miraculeuse dans un combat victorieux livré par les Florentins aux habitants de Picininno. Étienne de la Belle a donné sa canonisation dans une suite de vingt-et-une planches.
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