La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Notre-Dame de la Gorge

Au diocèse d’Annecy (Haute-Savoie), Notre-Dame-de-la-Gorge.

Sommaire

Hagiographie de Notre-Dame de la Gorge

Au fond de la vallée de Saint-Gervais ou de Montjoie, dans le haut Faucigny, est une gorge solitaire, connue des nombreux pèlerins qui y vont invoquer la Mère de Dieu, et des voyageurs qui passent le col du Bonhomme.

Les montagnes qui s’élèvent à droite et à gauche, pour se perdre dans les nues ; la voûte azurée des cieux, qu’on dirait appuyée sur elles ; et l’étroite gorge qu’elles laissent à leur pied ressemblent assez à une basilique gothique. À ce spectacle, l’âme est saisie de respect et croit se trouver sous la main toute-puissante de Dieu. Le torrent, qui descend à grand bruit de la montagne, vient encore ajouter à ce sentiment religieux. C’est avec bonheur qu’on porte ses regards sur l’église de Notre-Dame, qui s’élève au milieu de ce vallon majestueux, et dont les souvenirs tout empreints de grâce et de miséricorde viennent charmer cette âpre nature.

Origines

L’origine de Notre-Dame de la Gorge se rattache à celle de nos plus anciennes fondations religieuses.

Vers l’an 1090, Aymon, comte de Genevois, donna Chamonix aux Bénédictins de Saint-Michel de la Clusaz,qui vinrent fonder un prieuré au pied du géant des Alpes.

Abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse
Abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse

La rigueur des frimas et les aspérités du sol furent les moindres obstacles que rencontrèrent sous le Mont-Blanc les enfants de Saint Benoît ; ils eurent encore à se défendre contre la fureur des bêtes fauves, qui étaient en grand nombre dans ce pays sauvage. Pour se mettre sous les meilleures protections, ils dédièrent l’église de Chamonix à saint Michel, celle des Ouches à saint Jean-Baptiste, celle d’Argentière à saint Pierre ; et, aux deux extrémités opposées de leur vallée, là où les bêtes féroces semblaient avoir choisi leur retraite de prédilection, ils élevèrent en l’honneur de Notre-Dame les églises de Vallorcine et de Servoz.

Tout porte à croire que ce furent les Bénédictins de Chamonix qui fondèrent les premiers établissements religieux de la vallée de Montjoie, et c’est à quelqu’un de ces religieux que doit revenir l’honneur de la première fondation de Notre-Dame de la Gorge.

Il arrivait souvent, dans ces temps reculés, que des moines, pour se livrer plus aisément à la contemplation des choses divines, cherchaient des solitudes plus profondes que celle de leur monastère, et demandaient à se retirer sur des montagnes sauvages, ou dans des vallons inhabités. La tradition dit qu’il en vint un au fond de la gorge qui termine la vallée de Montjoie, et qu’il y éleva une chapelle en l’honneur de saint Antoine, patron des ermites. Cette chapelle fut ensuite dédiée à la très-sainte Vierge, on ne sait en quelle occasion.

Notre-Dame de la Gorge
Fête : 15 Août
Notre-Dame-de-la-Gorge
Présentation
Localisation

Il arrivait souvent, dans ces temps reculés, que des moines, pour se livrer plus aisément à la contemplation des choses divines, cherchaient des solitudes plus profondes que celle de leur monastère, et demandaient à se retirer sur des montagnes sauvages, ou dans des vallons inhabités. La tradition dit qu'il en vint un au fond de la gorge qui termine la vallée de Montjoie, et qu'il y éleva une chapelle en l'honneur de saint Antoine, patron des ermites. Cette chapelle fut ensuite dédiée à la très-sainte Vierge, on ne sait en quelle occasion.

Fête de Notre-Dame des Neiges

Le 5 août 1706, le jour de la fête de Notre-Dame des Neiges, une grande solennité eut lieu à la Gorge, et fut le signal des prédilections de Marie pour son sanctuaire. Depuis longtemps, sans doute, Notre-Dame y avait eu ses pèlerins, et une église magnifique venait d’être construite avec les offrandes des fidèles ; mais la petite paroisse ne pouvait plus entretenir son pasteur. Le vénérable Rossillon de Bernex, évêque de Genève, fit la dédicace de l’église neuve de Notre-Dame, sous le vocable de l’Assomption.

« Il vit avec douleur l’état de cette paroisse, où il prévoyait qu’il serait impossible de maintenir le bon ordre, si le pasteur n’y trouvait pas de quoi subsister. Il eut recours à l’intercession de la sainte Vierge. Le fruit de cette prière fut un pressentiment certain dont il fit part au curé, en l’assurant que la Providence pourvoirait bientôt à ses besoins, et que son église serait un jour assez riche pour entretenir plusieurs ministres  ».

La prédiction du saint évêque ne tarda pas à se vérifier. Tout aussitôt les paroissiens se montrèrent plus généreux, des âmes pieuses firent des fondations, et « l’église de Notre-Dame de la Gorge fut desservie par trois prêtres qui administrèrent les sacrements aux peuples voisins, qu’on vit s’y rendre en foule dans les grandes solennités  ».

Fêtes chrétiennes

La pompe avec laquelle on célébra dès lors à Notre-Dame de la Gorge toutes les fêtes chrétiennes fut extraordinaire ; et celles de la Vierge, comme la Purification, l’Annonciation, la Visitation, l’Assomption, la Nativité et la Conception furent privilégiées. Ce n’était pas seulement une messe et des vêpres solennelles à chacune de ces fêtes, on y chantait encore le Te Deum et les Laudes avec accompagnement d’orgue et un grand luxe de culte.

Le mardi gras, on célébrait aussi à Notre-Dame une messe solennelle pour la conversion des pécheurs.

Tous les jours, à l’heure où Marie nous fut donnée pour mère, sur le Calvaire, on allumait six flambeaux au maître-autel, et deux à chacun des autels latéraux, puis on chantait les litanies de la Vierge. L’orgue devait unir ses mélodies à la voix des prêtres et des clercs.

Te deum
Te deum

Pèlerinages

La majesté des cérémonies saintes, unie aux grâces que Marie se plut à répandre sur ceux qui venaient l’invoquer dans la solitude, attirèrent bientôt une multitude immense de fidèles. Toutes les paroisses de la vallée de Montjoie, celles de Megève, de Sallanches, de Chamonix et d’autres encore, vinrent en procession à Notre-Dame de la Gorge. Les pèlerins accoururent de si loin, qu’il fut nécessaire de fonder un hospice pour les recevoir. Deux pieuses filles, servantes de Marie, eurent la garde de cette maison et en firent les honneurs. On dit que, aux grandes fêtes, et surtout le jour de l’Assomption, comme l’église ne pouvait contenir les fidèles, et le vaste emplacement qui est à son entrée se trouvant rempli par la foule, on donnait en plein air la bénédiction du très-saint Sacrement.

À la révolution française, les trois prêtres qui desservaient le sanctuaire de Notre-Dame durent s’enfuir, et aller chercher un asile dans les montagnes. L’église fut dévastée et ses revenus dilapidés, Mais à peine des jours meilleurs eurent–ils lui, que les autels de la Mère de Dieu furent redressés, son image chérie fut rendue à la vénération des fidèles, et les anciens pèlerins vinrent de nouveau implorer Celle dont ils connaissaient la puissance et la bonté. L’église de Notre-Dame de la Gorge fut unie à l’Église des Contamines et desservie d’abord par le curé de cette paroisse.

En 1833, Mgr Rey, évêque d’Annecy, vint en pèlerinage à Notre-Dame de la Gorge, et il en acheva la restauration.

« Le jour de l’Assomption, fête patronale du lieu, il arriva à la tête de la paroisse des Contamines, à Notre-Dame de la Gorge, au milieu d’une foule prodigieuse, où l’on comptait des étrangers de toutes les parties de l’Europe, venus, les uns de Saint-Gervais, les autres de Chamonix, pour jouir de cette religieuse solennité. Le prélat avait voulu se faire assister d’un clergé nombreux, et déployer pour la circonstance, dans l’officiature pontificale, toutes les pompes de la religion ».

À dater de ce jour, le pèlerinage de Notre-Dame de la Gorge fut remis en honneur. Les fidèles présents à la cérémonie emportèrent l’assurance de la bouche de l’évêque, que désormais ils trouveraient en ce lieu les bienfaits de la religion. En effet, ce jour même, il avait arrêté le dessein d’acquérir l’ancien presbytère avec les terres qui l’entouraient, pour y placer et y entretenir quelques prêtres. Les difficultés que rencontrait cette acquisition furent aplanies par le zèle de M. Mermoud, syndic des Contamines, et de M. Millet, curé de cette paroisse ; et, avant la fin de cette année, Mgr Rey fut en possession de cette gorge et des lieux sanctifiés par les bénédictions de la Mère de Dieu.

À la sollicitation de Mgr Rey, le souverain pontife Grégoire XVI accorda, à perpétuité, une indulgence plénière, à gagner dans un jour quelconque de l’année par ceux qui visitent l’église de Notre-Dame de la Gorge.

Il ne se passe pas de jour, dans la belle saison, qui n’amène quelque pèlerin dans la gorge alpestre, consacrée à Marie depuis tant de siècles. Ils y viennent de toutes les provinces de la Savoie, et même de l’étranger : du Faucigny, de la Tarentaise, de la Haute-Savoie, de la Savoie-Propre, de la Maurienne, d’Aoste et du Valais. Ils sont surtout nombreux tous les dimanches du mois de mai, aux fêtes de Marie et principalement le jour de l’Assomption et le jour de la Nativité, où on les compte par milliers. Quelquefois, vers le soir, on voit venir à pas lents et en disant le rosaire, quinze personnes honorant dans leur nombre les mystères principaux de la vie de Marie. Elles sont, pour l’ordinaire, de la vallée de Montjoie, et vont ainsi demander en commun le soulagement d’un malade ou la conversion d’un pécheur.

Sainte-Chapelle

Nous omettrions un des épisodes les plus intéressants de l’histoire de Notre-Dame de la Gorge, si nous ne disions rien de la Sainte-Chapelle qui, bien que séparée de l’église de Notre-Dame, lui est unie par ses souvenirs, et se confond avec elle dans la même dévotion.

Nous ne connaissons rien d’aussi rustique et d’aussi saisissant à la fois que la Sainte-Chapelle de la Gorge. Elle est à cinq minutes de l’église. On y arrive par un sentier pittoresque, à travers les sapins et les verts ombrages. C’est un petit édifice ou plutôt une petite cabane, au pied d’un roc dans lequel elle s’enfonce. Un torrent qui descend de la montagne vient se briser à sa base, et ce n’est qu’à l’aide d’une planche qu’on peut arriver dans son enceinte. On éprouve, avant d’entrer, je ne sais quel saisissement religieux. Arrivé dans l’intérieur, on se trouve dans une grotte étroite et noire, et l’on a devant soi un autel en pierre, surmonté de l’image de Marie tenant dans ses bras l’enfant Jésus. Le jour ne pénètre dans ce pieux asile que par une fenêtre étroite, semblable à celle d’une pauvre chaumière.

Près de l’autel coule, goutte à goutte, dans un petit réservoir, une eau limpide qui est bénite par sa source même. Le pèlerin en mouille son doigt, pour se signer, et plusieurs en boivent par dévotion ; car on lui attribue des vertus bienfaisantes.

Au fracas du torrent qui se brise contre cet humble sanctuaire, au tumulte des flots écumants qu’on entend mugir, il semble qu’on va être emporté ; mais on se rappelle qu’on est sous le regard de Marie, et on salue avec bonheur l’étoile de la mer.

Cet oratoire fut, dit-on, un ex-voto pour une protection miraculeuse accordée à un voyageur. Il avait pris la route qui conduit au col du Bonhomme, et il était arrivé au point de cette route qui est aujourd’hui au-dessus de la Sainte-Chapelle, quand il fit un faux pas et tomba dans le précipice. Il fit vœu que, s’il pouvait être délivré, il placerait, à l’endroit même de sa chute, une statue de la Mère de Dieu. Ayant échappé heureusement au danger, il s’empressa d’élever le monument de sa reconnaissance.

Ce n’est que depuis 1850 que l’on peut célébrer la messe à la Sainte-Chapelle, et Mgr Rendu, évêque d’Annecy, a accordé quarante jours d’indulgences à tous ceux qui y assistent. On parle beaucoup, dans le Haut-Faucigny, des grâces miraculeuses dont la Vierge se montre prodigue dans les solitudes de la Gorge.

De nombreux ex-voto décorent le sanctuaire de Notre-Dame de la Gorge. Il en est un qui date de la délivrance de Vienne par le grand Sobieski. Ce fut à l’occasion de cette délivrance que le pape Innocent XI ordonna, en 1683, de faire, dans toute l’Église, la fête du saint nom de Marie, le dimanche dans l’octave de la Nativité, pour remercier la Mère de Dieu de l’assistance qu’elle avait prêtée aux armées chrétiennes.

Délivrance de Vienne en 1683
Délivrance de Vienne en 1683