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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Les saints Martyrs de Perse

Un grand nombre de martyrs, qui, l'année d'après le décès de saint Siméon, le jour même que l'on célébrait la mémoire de la Passion de Notre-Seigneur, furent condamnés par toute la Perse, sous le roi Sapor, à périr par le glaive, pour Jésus-Christ. En ce combat pour la foi souffrirent Azade, eunuque fort aimé du roi ; Mlilles, évêque, célèbre par sa sainteté et par la gloire de ses miracles ; Acepsimas, évêque, avec Jacques, prêtre ; Aithala et Joseph, aussi prêtres ; Azadane et Abdieze, diacres et plusieurs autres clercs : en outre, Mareas et Bicor, évêque avec vingt autres de même dignité, et près de deux cent cinquante clercs, des moines en grand nombre et quantité de vierges consacrées à Dieu, du nombre desquelles était la sœur de l'évêque saint Siméon, nommée Tarbula, avec sa servante ; ces dernières furent attachées à des poteaux et sciées en deux avec une cruauté inouïe. ✞ 380.

Hagiographie

Les actes de ces martyrs sont extrêmement glorieux et forment une des plus belles pages de l’histoire de l’Église. On sait que Sapor fut un des persécuteurs de l’Église dans la Perse. Sa fureur, au lieu de se ralentir à mesure qu’il avançait en âge, ne faisait que s’accroître. Il y avait de longues années qu’il poursuivait les chrétiens quand il fit paraître un nouvel édit qui enjoignait aux gouverneurs de province de rechercher les chrétiens avec un soin tout particulier et de soumettre ceux qu’ils découvraient à toutes les tortures atroces qu’ils pourraient inventer.

« Considérant, disait l’édit, que les chrétiens abolissent notre doctrine, qu’ils condamnent le culte du soleil et du feu, qu’ils détournent du mariage, qu’ils défendent de servir dans les armées du prince et de frapper qui que ce soit, qu’ils permettent de tuer les animaux et d’enterrer les morts, qu’ils prétendent que Dieu, et non le diable, est le créateur des scorpions et des serpents, ils sont jugés dignes de mort ».

On ne pouvait rien de plus bizarre et de plus insensé que cet édit.

On ne vit bientôt de toutes parts que des instruments de supplices. Les fidèles, loin de trahir leur foi, volaient généreusement à la mort, et les bourreaux fatigués s’avouèrent plus d’une fois vaincus par les victimes de leurs cruautés.

« La croix, dit saint Maruthas, germa sur le bord des ruisseaux de sang. La vue de ce signe salutaire fit tressaillir de joie la sainte troupe des fidèles ; elle les remplit d’un nouveau courage qu’ils inspirèrent aux autres. Enivrés des eaux fécondes du divin amour, ils enfantèrent une race spirituelle digne de leur succéder ».

On ne cessa de massacrer les chrétiens depuis la sixième heure du vendredi saint, jusqu’au second dimanche de la Pentecôte.

La nouvelle de l’édit ne se fut pas plus tôt répandue dans les provinces éloignées, que les gouverneurs emprisonnèrent ceux qui adoraient le vrai Dieu, dans le dessein de les mettre à mort dès que les ordres du prince seraient parvenus jusqu’à eux. À peine les eurent-ils reçus, que tous ceux qui se dirent chrétiens furent inhumainement égorgés. Parmi les fidèles dont le sang coula pour Jésus-Christ, était un eunuque chéri du roi, et qui se nommait Azade. Sapor fut si vivement touché de sa mort qu’il publia un autre édit, par lequel il restreignait la persécution aux évêques, aux prêtres, aux moines et aux religieux. Il y eut en celte occasion une multitude innombrable de martyrs de tout sexe et de tout âge, dont on ne sait pas les noms : Sozomène en compte seize mille ; mais un ancien écrivain persan en fait monter le nombre jusqu’à deux cent mille.

Les saints Martyrs de Perse

Fête saint : 22 Avril

Présentation

Titre : Saints Martyrs de Perse
Date : 341-380
Pape : Saint Jules Ier ; Libère ; Félix II ; Ursin ; saint Damase Ier
Empereur : Valentinien Ier ; Valens

Les actes de ces martyrs sont extrêmement glorieux et forment une des plus belles pages de l'histoire de l'Église. On sait que Sapor fut un des persécuteurs de l'Église dans la Perse. Sa fureur, au lieu de se ralentir à mesure qu'il avançait en âge, ne faisait que s'accroître. Il y avait de longues années qu'il poursuivait les chrétiens quand il fit paraître un nouvel édit qui enjoignait aux gouverneurs de province de rechercher les chrétiens avec un soin tout particulier et de soumettre ceux qu'ils découvraient à toutes les tortures atroces qu'ils pourraient inventer.

Auteur

Emmanuel Mathiss de la Citadelle

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Acepsimas, évêque d’Honite, en Assyrie, fut arrêté pour obéir au roi ; il avait quatre-vingts ans, mais il était d’une robuste et verte vieillesse. Il fut conduit, chargé de chaînes, devant le gouverneur d’Ardelles. Je ne comprends pas, lui dit ce dernier, pourquoi vous niez la divinité du soleil à laquelle tout l’Orient rend hommage. – Je ne comprends pas non plus, répondit Acepsimas, comment des hommes raisonnables peuvent adorer la créature au lieu du créateur. Sur cette réponse, le vieillard est renversé à terre, lié avec de grosses cordes et on lui fait subir une flagellation qui met tout son corps en lambeaux, puis il est jeté en prison. Peu après, on arrêtait Joseph, prêtre de Bethcatuba et Aïthala, diacre de Bethnuhadra. Ils sont conduits, eux aussi, devant le gouverneur. On demanda à Joseph s’il adorait le soleil, et sur sa réponse qu’il n’adorait pas les créatures, il fut cruellement flagellé. Dix-huit bourreaux s’acharnèrent sur son corps. Pen­dant ce temps, Joseph, à qui il restait à peine un souffle, remerciait Dieu de le laver dans son sang. Quand les exécuteurs furent fatigués, ils le chargèrent de chaînes et le conduisirent dans la prison d’Acepsimas. Ce fut le tour d’Aïthala. On lui commanda d’adorer le soleil, et sur son refus on lui lia les bras sous les jambes, et on le mit sous une grosse poutre sur laquelle douze hommes pesèrent de tout leur poids. Le martyr fut tellement broyé qu’on fut obligé de le porter en prison où on le laissa avec ses compagnons pendant trois ans. Ils y étaient dénués de tout et victimes de la brutalité de ceux qui les gardaient. 

Après ce temps, ils furent tirés de leur prison et conduits devant le gouverneur en chef des provinces de l’Orient. On avait peine à les reconnaître pour des hommes. Les païens eux-mêmes ne pouvaient s’empêcher de verser des larmes en les regardant. Vous vous trompez, dit Acepsimas, quand il fut arrivé devant le juge, si vous comptez nous intimider par des menaces. Inventez des supplices tant que vous voudrez, nous avons appris à ne pas redouter la mort. – C’est le propre des criminels de la souhaiter, reprit le tyran, ils se trouvent par là délivrés des peines qu’ils méritent. Vos désirs ne seront donc pas accomplis. Vous vivrez, mais je vous rendrai la vie plus insupportable qu’une mort continuelle. Je veux que vous serviez d’exemple à tous ceux de votre secte. – À quoi bon tant de menaces ? Répondit le martyr ; Dieu en qui nous avons mis toute notre confiance saura nous donner de la force et du courage. – En entendant ce langage, le juge entre dans une colère atroce et profère contre les confesseurs les plus horribles menaces. Il fit étendre à terre Acepsimas, et des bourreaux lui attachant des cordes aux membres, se mirent à les tirer en sens inverse, tandis que d’autres frappaient le martyr avec des lanières de cuir. Acepsimas rendit le dernier soupir au milieu de ces tortures ; mais les deux autres, plus jeunes et plus vigoureux, résistèrent. Pendant que les bourreaux exerçaient leur rage contre eux, ils se moquaient de celui qui les avait condamnés et ils se riaient de ses supplices. Le juge étonné, malgré sa fureur, les soumit à d’autres tortures et les menaça de les faire reconduire dans leur pays afin que mutilés ils y fussent un objet d’épouvante avant qu’on les mît à mort. Dieu permettant qu’ils survécussent à tout ce qu’on leur fit endurer, ils furent en effet placés sur des bêtes de somme et conduits à Arhellos. Le voyage fut un long martyre à cause de leurs blessures et des mauvais traitements dont ils furent l’objet. Arrivés dans leur pays, on les jeta en prison et on les y laissa languir encore plus de six mois.

Ce temps écoulé, arriva un juge encore plus cruel que l’autre. Il fit comparaître les chrétiens devant son tribunal, et les trouvant tous deux inébranlables, les fit suspendre la tête en bas par les orteils et fouetter pendant plus de deux heures. Le supplice fut tellement atroce et sans pitié que l’un d’eux, Aïthala, perdit connaissance. On l’abandonna comme un cadavre sur le lieu du supplice. Un mage qui vint à passer en eut pitié et jeta sur lui son manteau ; le juge apprit ce fait et en fut tellement irrité qu’il fit administrer au mage deux cents coups de fouet afin de le punir de sa sensibilité. Enfin le tyran publia un édit qui condamnait les deux chrétiens à être lapidés par la main des chrétiens. À cette nouvelle , les fidèles prirent la fuite et se réfugièrent dans les forêts. On se mit à leur poursuite comme à la poursuite de bêtes féroces et on en ramena cinq cents. Aïthala fut exécuté à Bethnuhadra et Joseph à Artelles de la main des chrétiens assez lâches pour céder à la peur. Joseph avait été enterré jusqu’au cou. On laissa des gardes pour veiller son cadavre ; mais pendant un orage les fidèles enlevèrent son corps et l’enterrèrent. (380). 

En ce même temps, la reine tomba malade, et les Juifs accusèrent les sœurs de l’évêque saint Siméon de l’avoir empoisonnée pour venger la mort de leur frère. Elles étaient deux : l’une vierge sacrée, nommée Tarbula ou Pherbuta ; l’autre, veuve, qui avait renoncé aux secondes noces. La reine crut facilement cette calomnie, tant par la disposition naturelle des malades, qui prêtent volontiers l’oreille aux remèdes extraordinaires, que par la confiance particulière qu’elle avait aux Juifs ; car elle était dans leurs sentiments et pratiquait leurs cérémonies. On prit donc les deux sœurs, et avec elles une servante de Tarbula, vierge comme elle ; on les mena au palais, et on les mit entre les mains des mages pour faire leur procès. Le mauptès, c’est ainsi que l’on nommait le Pontife des mages, vint les interroger avec deux autres officiers. Comme on leur parla de l’empoisonnement dont on les accusait, Pherbuta répondit que la loi de Dieu condamne à mort les empoisonneurs comme les idolâtres, et qu’elles étaient autant éloignées de ce crime que de renoncer à Dieu. Et comme on disait qu’elles l’avaient fait pour venger leur frère, Pherbuta dit : Et quel mal avez-vous fait à mon frère ? Il est vrai que vous l’avez fait mourir par envie, mais il vit et règne dans les cieux. Après cet interrogatoire, on les envoya en prison.

Pherbuta était d’une beauté rare, et le mage en avait été frappé. Il envoya donc secrètement le lendemain lui dire que, si elle voulait être sa femme, il obtiendrait du roi sa grâce et celle de ses compagnes ; mais elle le refusa avec mépris et indignation, disant qu’elle était l’épouse de Jésus-Christ, et ne craignait point la mort, qui la réunirait à son cher frère. Les juges firent leur rapport au roi, comme si les martyres eussent été convaincues de l’empoisonnement, et le roi ordonna de leur sauver la vie si elles adoraient le soleil. Comme elles le refusèrent, on remit aux mages le soin d’ordonner le genre de mort, et ils dirent que la reine ne pouvait être guérie qu’en passant au milieu de leurs corps coupés en deux. On mena donc ces saintes femmes devant la porte de la ville ; chacune fut attachée à deux pieux, à l’un par le cou, à l’autre par les pieds ; et, les ayant ainsi étendues, on les coupa par le milieu avec des scies ; puis, ayant planté en terre trois grandes pièces de bois de chaque côté de la rue, on y pendit les moitiés de leurs corps.

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On apporta la reine dans cette rue, et on la fit passer au milieu de cette boucherie, suivie d’une multitude innombrable de peuples ; car c’était le jour que le roi recevait certain tribut. Au reste, de couper des victimes en deux pour passer au travers, c’était en Orient une ancienne cérémonie pratiquée dans les alliances. On trouve aussi que les Macédoniens prétendaient purifier leur armée en la faisant passer entre les moitiés d’une chienne coupée en deux.

Il y eut dans la suite du temps, sous le même règne, une multitude innombrable de prêtres, de diacres, de moines, de vierges, et d’autres personnes dévouées particulièrement aux ministres de la religion, qui souffrirent le martyre. Les historiens et les auteurs de martyrologes nous ont conservé les noms de vingt-trois autres évêques, sur les combats desquels nous ne possédons aucun détail, si ce n’est de deux, dont l’un s’appelait Dausas, et l’autre Milles. Dausas n’était pas du pays ; il avait été pris autrefois sur les rives du Tigre, en un lieu nommé Zabde ou Bezabde, qui donnait son nom à la petite province Zabdicène, et avait été emmené captif par les Perses. Il fut alors martyrisé avec le chorévêque Mareabde et ses clercs, au nombre d’environ deux cent cinquante qui avaient été aussi enlevés et emmenés en captivité avec lui. Milles avait d’abord porté les armes en Perse, et ayant quitté cette profession pour entrer dans la milice de Jésus-Christ, il avait embrassé une vie toute apostolique. Il fut ordonné évêque d’une ville du pays, où il souffrit beaucoup pour y faire recevoir la foi de Jésus-Christ. Il fut souvent battu, traîné par les rues, outragé en mille manières. Mais voyant qu’il n’avait pu convertir une âme, il se retira de la ville, fort affligé du mauvais succès de ses travaux ; et après lui avoir donné sa malédiction, il s’en alla ailleurs, se croyant obligé de quitter un peuple abandonné de Dieu. Peu de temps après, les principaux du lieu ayant offensé le roi, ce prince y envoya une armée avec trois cents éléphants ; la ville fut entièrement détruite, et, pour en ôter jusqu’aux vertiges, on y passa la charrue ; et la place fut réduite en terre labourable. Cependant, Milles, qui reconnut les jugements de Dieu dans ce traitement, s’en alla par dévotion à Jérusalem, sans porter autre chose qu’un petit sac où était le livre des évangiles. De là il passa en Égypte pour y visiter les solitaires. 

Revenu en Perse, il fut arrêté par Hormisda, gouverneur de la province de Suse. Ses deux disciples, le prêtre Abrosime et le diacre Sina, eurent le même sort. On les chargea de chaînes tous trois et on les conduisit dans la capitale de la Satrapie. Ils souffrirent deux fois une cruelle flagellation, et rendirent inutiles, par leur constance, tous les moyens qu’on employa pour les faire sacrifier au soleil. Les saints confesseurs ne cessaient de louer le Seigneur dans leur prison.

Au commencement de l’année (les Chaldéens la commencent encore aujourd’hui le 1er octobre), Horsmida faisait des préparatifs pour une grande chasse de bêtes fauves. Comme il s’en réjouissait beaucoup, il se fit amener les trois martyrs enchaînés pour leur faire leur procès. Il était d’un naturel hautain et superbe. S’adressant donc à saint Milles :

« Qui es-tu, toi ? » Demanda-t-il en ricanant, « un dieu ou un homme ? Quelle est ta religion, quels sont ses dogmes ? Développe-nous la sagesse de ton âme, pour que nous devenions tes disciples ; autrement, si tu continues à nous cacher ta secte, sois bien sûr que tu seras tué sur-le-champ comme ces bêtes ».

Le Saint, qui ne méconnaissait pas l’intention de ces paroles, répondit tranquillement :

« Je suis homme et non pas dieu ; du reste, je ne mêlerai certainement pas à vos badinages les mystères de la vraie religion, Cependant je vous dirai avec franchise : Malheur à toi, tyran impie ! Malheur à toi et à tes semblables, qui repoussez la religion et Dieu ! Car Dieu vous jugera dans le siècle à venir, et, vous condamnant aux feux et aux ténèbres qui vous attendent, il changera votre orgueil en pleurs éternels, parce que, comblés de ses bienfaits, vous vous élevez contre lui avec insolence, au lieu de vous montrer reconnaissants».

À ces mots, le gouverneur s’élance de son siège et lui enfonce un poignard dans le côté ; Narsès, frère d’Hormisda, lui perce aussi d’un coup de poignard le côté opposé. Le saint Évêque mourut peu de temps après en leur prédisant que le lendemain ils se tueraient eux-mêmes l’un l’autre. Abrosime et Sina furent conduits sur le haut de deux collines qui se regardaient, et les soldats les lapidèrent. Le lendemain, les deux frères, qui étaient excellents chasseurs, poursuivant de deux côtés opposés un cerf qui venait d’échapper, lui décochèrent au passage leurs flèches, qui les atteignirent eux-mêmes et les tuèrent tous les deux à l’heure même où la veille ils avaient tué saint Milles. Les corps des Martyrs restèrent sur la place jusqu’à ce que les bêtes et les oiseaux de proie en eussent dévoré les chairs. Car c’est ainsi que les anciens Perses ensevelissaient leurs morts. Les Perses chrétiens enterraient les leurs comme les chrétiens des autres pays. Les corps des trois martyrs, qui souffrirent le 5 de novembre, furent portés au château de Malcan et déposés dans un tombeau qu’on leur avait préparé. Les habitants du pays se crurent redevables à leur protection de ce qu’ils ne furent plus exposés dans la suite aux incursions des Arabes sabéens. 

Vers le même temps où le saint Évêque de Suse remporta la couronne du martyre, on dénonça Barsabias, abbé d’un monastère en Perse. Il était accusé de vouloir abolir la religion des mages. On l’arrêta donc, ainsi que les dix moines qu’il gouvernait. Ils furent tous chargés de chaînes et conduits dans la ville d’Astrahara, près des ruines de Persépolis, où le gouverneur faisait sa résidence. Ce juge inhumain inventa les supplices les plus cruels pour les tourmenter. Il leur fit écraser les genoux, casser les jambes, couper les bras, les côtés et les oreilles ; on les frappa ensuite rudement sur les yeux et sur le visage. Enfin le gouverneur, furieux de se voir vaincu par leur courage, les condamna à être décapités. Les martyrs allèrent avec joie au lieu de l’exécution en chantant des hymnes et des psaumes à la gloire du Seigneur. Ils étaient environnés d’une troupe de soldats et de bourreaux ; une multitude innombrable de peuple les suivait aussi.

Le saint Abbé demandait à Dieu de voir aller dans le ciel avant lui les âmes qui avaient été confiées à ses soins, et sa prière fut exaucée. Lorsqu’on commençait l’exécution, un mage qui passait avec sa femme, ses deux enfants et plusieurs domestiques, s’arrêta en voyant le peuple attroupé. Il fend la presse et s’avance pour être instruit de ce qui se passait. Il aperçoit le saint Abbé qui paraissait rempli de joie, qui chantait les louanges de Dieu et qui prenait chacun de ses moines par la main comme pour les présenter au bourreau. Il lui semble voir une croix lumineuse sur les corps des martyrs ; déjà consommés. Frappé de ce prodige et changé soudain, il descend de cheval, change d’habit avec le domestique qui l’avait suivi ; puis, s’approchant de Barsabias, il lui raconte tout et le prie de le recevoir au nombre de ses disciples. L’Abbé y consent ; il le prend par la main, après le neuvième, et le présente au bourreau, qui lui coupe la tète sans le connaître. Barsabias, le père de tous ces martyrs, fut décapité le dernier. Les corps de ces douze Saints furent abandonnés à la voracité des bêtes et des oiseaux de proie ; mais on porta leurs têtes dans la ville et on les suspendit dans le temple de Nahitis ou de Vénus ; car, quoique les mages eussent en horreur toutes les idoles, il y avait cependant plusieurs sectes d’idolâtres en différentes contrées de la Perse. L’exemple du mage converti toucha vivement sa famille, et elle se fit chrétienne ainsi qu’un grand nombre d’autres personnes. Ces martyrs souffrirent le 3 de juin 342.