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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

La Vie des Saints Webp
Triomphe du Sacré Coeur - Théophilia.deviantart.com
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Qu'appelons-nous Saints ?

Nous appelons saints tous ceux qui sont morts en état de grâce et qui sont par conséquent au ciel, mais particulièrement ceux que l’Église a canonisés.

La canonisation par elle-même n’a pas le pouvoir de faire entrer quelqu’un au ciel ; elle est la déclaration solennelle du pape au nom de l’Église que telle ou telle personne (après l’enquête faite sur tout le cours de sa vie) a vécu saintement, que (d’après les miracles prouvés, opérés par elle) elle est au ciel et qu’elle doit être vénérée par l’Église catholique. La canonisation est toujours précédée de la béatification qui permet le culte du saint pour une partie de l’Église, tandis que la canonisation regarde l’Église toute entière.  L’enquête sur la vie et les miracles opérés par les personnes proposées pour la canonisation est excessivement sévère ; elle est faite par un jury composé de cardinaux, d’avocats, de médecins, de savants et ne peut avoir lieu que 60 ans après la mort du saint. À raison de leur nombre de la différence de leur éclat et d’une vie plutôt céleste que terrestre, les saints peuvent être comparés aux étoiles ; aux pierres précieuses, parce qu’ils sont rares dans le genre humain et précieux aux yeux de Dieu ; à des brebis, parce que par charité ils se sont sacrifiées pour leurs semblables ; à des cyprès dont le bois ne pourrit jamais, parce qu’ils ont évité la corruption du péché ; à des cèdres du Liban à cause de leur grande perfection ; au lis odorant, parce que leurs vertus se sont répandues comme un parfum parmi les hommes (S. Th. d’Aq.) ; à l’enclume, qui résiste aux coups de marteau, parce qu’ils sont restés invariablement fermes, malgré les coups du sort (S. Ephr.) ; au paradis terrestre qui était arrosé par 4 fleuves, parce qu’ils possédaient les quatre vertus cardinales (S. Isid.) ; ils sont les colonnes de l’Église, parce qu’ils la soutiennent par leurs prières (S. Chrys.) ; ils sont à, l’Église ce que les tours sont aux cités, ils lui procurent la force et la grandeur.

L’Église désire que nous vénérions publiquement les saints canonisés par elle.

L’Église sait que le culte des saints nous est bon et utile (Conc. de Tr. 25) ; elle profite donc de chaque circonstance pour nous y exciter ; à la réception du baptême, elle donne à chacun des nouveaux membres de l’Église le nom d’un saint, de même à la confirmation ; chaque jour de l’année, elle rappelle dans son office le souvenir d’un ou plusieurs saints ; elle expose dans ses églises des images de saints et les invoque dans ses offices (messe, litanies etc.).

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Pourquoi honorer les saints ?

Nous honorons les saints, parce qu’ils sont les amis de Dieu, les princes du ciel et nos bienfaiteurs ; de plus, parce que cet honneur nous procure des grâces nombreuses de Dieu.

Nous honorons les saints, parce qu’ils seront éternellement les amis et serviteurs de Dieu. Celui qui honore un chef d’État, honore aussi ses serviteurs, ses ministres, ses représentants, etc. Nous honorons les serviteurs, parce que cet honneur rejaillit sur le maître (S. Jér.), et c’est là le motif de notre vénération pour les amis et serviteurs de Dieu. Toute âme noble tient à ce que ses amis soient estimés, et elle se trouve blessée s’ils sont méprisés ; à plus forte raison Dieu, tient-il à ce que nous vénérions ceux qui l’ont aimé par-dessus tout sur la terre. (S. Alph.). Durant leur vie, les saints ont fui les honneurs, ils ont été méprisés, injuriés et persécutés par les méchants et les impies. Dieu veut donc que leurs vertus éclatent au grand jour et qu’ils soient vénérés de la chrétienté entière. (Cochem). Dieu veut aussi que les fidèles d’un ordre inférieur obtiennent leur salut éternel par l’intermédiaire de ceux d’un ordre supérieur. (S. Th d’Aq.). Dieu honore du reste lui-même ses saints ; il opère des prodiges par leur intercession et punit souvent d’une manière frappante ceux qui s’en moquent. Jésus-Christ dit lui-même :

« Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. » (S. Jean, XII, 26).

Nous honorons les saints à cause de la place d’honneur qu’ils occupent au ciel. Si nous rendons déjà de si grands honneurs aux souverains par lesquels Dieu gouverne la terre, combien n’en devons-nous pas rendre davantage aux esprits célestes dont il se sert pour la conduite de son Église, de peuples entiers ainsi que pour le salut des hommes, et qui par conséquent l’emportent de beaucoup en dignité sur les rois. (Cat. rom.). La plupart des saints ont bien mérité de l’humanité. Les uns ont extirpé le paganisme dans nos pays (comme S. Martin dans les Gaules, S. Boniface en Allemagne) ; les autres nous ont conservé la foi (S. Ignace de Loyola par la fondation de la Compagnie de Jésus) ou bien ils ont écrit des livres de grande valeur (par ex. S. Augustin et S. Fr. de S.). Souvent Dieu épargne les hommes par égard pour les saints : Sodome aurait été épargnée, s’il s’y était trouvé 10 justes. (Gen. XVIII, 32). Dieu bénit toute la maison de Putiphar à cause de Joseph (I. Gen. XXXIX, 5). Il laissa son royaume à Salomon, malgré sa perversion, à cause des mérites de David (III Bois XI, 12), et les jours du jugement seront abrégés à cause des élus. (S. Matth, XXIV, 22). Les saints prient Dieu après leur mort pour leurs parents et leurs peuples. Le prophète Jérémie, après sa mort, ne cessa pas de prier pour le peuple juif et pour la ville sainte (II. Mach. XV, 14). Les saints du ciel et les chrétiens sur la terre sont les membres d’un même corps ; lorsqu’un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui et ils se soutiennent mutuellement, c’est pourquoi les saints du ciel nous soutiennent de leurs prières. (S. Bonav.). On rend de grands honneurs aux hommes qui se sont dévoués pour leurs contemporains ; on leur élève des statues, on célèbre leurs mérites dans des discours et des chants, on donne leurs noms à des institutions, des villes, des montagnes et des rues. Pharaon combla d’honneurs Joseph pour les services rendus à l’Égypte, et les saints ont été de plus grands bienfaiteurs de l’humanité. Nous honorerions certainement celui qui nous sauverait d’un naufrage, à plus forte raison devons-nous honorer ceux qui ont supporté tant de peines pour nous sauver de la mort éternelle. Le culte des saints est souverainement utile. (Conc. de Trente, 25) ; il nous obtient de nombreux bienfaits de Dieu et surtout le prompt exaucement de nos prières. Lorsqu’on désire une faveur d’un souverain de la terre, on la reçoit bien plus sûrement et plus promptement par l’intermédiaire d’un de ses ministres. Ainsi en est-il de Dieu, et plus nous aurons d’intercesseurs, mieux cela vaudra, car il accordera peut-être à beaucoup de saints ce qu’il aurait refusé à un seul, de même qu’un abbé ne refusera pas facilement une faveur qui lui sera demandée par tous les religieux de l’abbaye. Les mendiants d’une ville mendient leur pain de rue en rue, de même devons-nous dans la cité céleste passer par la rue tantôt des apôtres, tantôt des martyrs, tantôt des vierges, tantôt des confesseurs pour mendier leur intercession auprès de Dieu. (S, Bonav.).

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Comment honorer les saints ?

Nous honorons les saints, en demandant leur intercession auprès de Dieu, en célébrant annuellement leur fête, en vénérant leurs images et leurs reliques ; en portant leurs noms, en mettant des choses importantes sous leur protection, en louant leurs mérites dans des discours et dans des cantiques. Mais la meilleure manière d’honorer les saints consiste dans l’imitation de leurs vertus.

Nous devons être un jour les compagnons des saints au ciel, nous leur sommes donc unis par un amour réciproque, nous appartenons à la même grande famille, à la communion des saints ; ils s’intéressent à nous, surtout si nous les invoquons, c.-à-d. si nous les prions d’intercéder pour nous auprès de Dieu. Par cette invocation, nous reconnaissons la puissance de leurs prières, elle est donc en même temps l’expression de notre respect. Nous célébrons la fête des saints. Les premiers chrétiens déjà marquaient avec soin le jour de la mort des martyrs afin de pouvoir la fêter annuellement. (S. Cyp.). Le monde célèbre les jubilés d’événements importants ; pourquoi l’Église ne le ferait-elle pas ? Toutefois, la plupart des fêtes de saints sont célébrées sans solennité, quelques-unes seulement, selon les usages de chaque pays, sont jours fériés. Nous vénérons les portraits de nos parents, ceux des souverains ou des hommes célèbres ; nous aimons à posséder un souvenir des membres de notre famille, on conserve avec respect des objets ayant appartenu à des hommes célèbres (des armes de héros, la charrue de l’empereur Joseph II) ; les Français ont même à Paris un temple, le Panthéon, dans lequel on inhume leurs grands hommes ; à plus forte raison cette vénération, doit-elle s’adresser aux images et aux reliques des saints. On se plaît à donner à des villes, à des rues et à des institutions le nom d’hommes célèbres ; il est donc tout à fait juste de nous appeler du nom d’un saint, lors d’un baptême, de la confirmation ou de l’entrée dans un ordre religieux. Dans le monde, on place habituellement une entreprise importante sons le protectorat d’un grand personnage ; et c’est ainsi que les chrétiens mettent leurs églises, leurs autels, leurs cités et leurs pays sous celui de saints, qu’on appelle alors “patrons”. — Dans le monde, on prononce l’éloge des hommes célèbres, on compose des cantates en leur honneur ; l’Église fait de même pour ses saints, elle célèbre leur souvenir dans des panégyriques et des hymnes. Mais le plus important, c’est d’imiter les saints.

« Honorer les saints sans les imiter, c’est les flatter d’une façon mensongère ». (S. Aug.)

La lecture de la vie des saints est une parfaite manière de les honorer, si nous la lisons avec le désir de les prendre pour modèles.

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Le culte des saints est-il une diminution du culte dû à Dieu ?

Le culte des saints n’est pas une diminution du culte dû à Dieu, car nous n’honorons les saints qu’à cause de Dieu, nous ne les honorons pas comme Dieu, mais comme serviteurs de Dieu.

En honorant les saints, nous ne diminuons en rien le culte d’adoration que nous devons à Dieu. Quel est celui qui oserait prétendre que le respect dû au souverain serait diminué par celui qu’on accorderait à sa mère, à ses enfants, à ses amis ou à ses fidèles serviteurs ? Il n’en serait au contraire qu’augmenté. (S. Jér.). La vénération des saints est aussi peu une diminution de l’adoration de Dieu, que l’amour du prochain est une diminution de la charité ; l’une se renforce par l’autre. (S. Jér.). Nous honorons les saints pour Dieu, parce qu’ils sont l’image de sa sainteté, et de même que nous vénérons l’image du souverain, parce qu’elle en est la reproduction, de même nous vénérons les saints, parce qu’ils sont la fidèle image de Dieu. Il en est de la vénération des saints, comme de l’amour du prochain : nous n’aimons le prochain que parce qu’il est l’image et l’enfant de Dieu, nous ne l’aimons donc pas pour lui-même, mais pour Dieu. (S. Jér.). Nous honorons encore les saints, parce qu’ils furent les instruments de Dieu pour accomplir des actions nouvelles et extraordinaires. (S. Bern.). Nous ne pouvons même pas honorer les saints pour eux-mêmes ; le mérite de leurs œuvres revient à Dieu, car c’est lui qui les a aidés à les accomplir. Ce n’est pas au pinceau que revient le mérite du tableau, ni à la plume celui d’une belle écriture, ni à la langue, celui d’un beau discours. Dieu est donc admirable et seul admirable dans ses saints (S. Bern.). C’est pourquoi la sainte Vierge ne dit pas :

« J’ai fait de grandes choses », mais : « Le Tout-Puissant a fait de grandes choses en moi.» (S. Luc. I, 48).

Aussi le mépris des saints s’adresse-t-il à Dieu comme leur culte : Jésus-Christ considère le mépris de ses Apôtres comme dirigé contre lui-même (S. Luc X, 10) et un acte de dureté envers le prochain comme commis contre lui-même. (S. Matth. XXV, 40). À plus forte raison Dieu, doit-il ressentir le mépris des saints, car il les aime bien plus que tous les hommes sur la terre. « Celui qui honore les saints, honore Jésus-Christ lui-même, et celui qui les méprise, méprise Jésus-Christ. (S. Ambr.) Il y a encore une autre raison pour laquelle le culte des saints n’est pas une injure faite à Dieu : les hommages que nous leur rendons, sont absolument différents de ceux que nous rendons à Dieu. Nous adorons Dieu et non pas les saints ; nous savons qu’entre Dieu et les saints il y a une distance infinie, car les saints qui nous sont supérieurs en dignité, ne sont cependant que des créatures comme nous. Nous témoignons simplement aux saints une vénération pareille à celle que l’on rend sur la terre à des hommes d’un haut mérite ou à celle que nous avons pour de pieux serviteurs de Dieu ici-bas, mais elle est d’autant plus profonde, quelle s’adresse à des saints entrés en vainqueurs dans la vie éternelle. (S. Aug.) Les saints d’ailleurs refusent l’adoration : lorsque Tobie et sa famille s’agenouillèrent devant l’archange Raphaël, celui-ci leur dit :

« C’est Dieu qu’il faut glorifier et dont il faut chanter les louanges ! » (Tob. XII, 18).

Lorsque S. Jean, l’Évangéliste, se jeta à genoux de l’Ange, celui-ci lui dit : 

« Ne le fais pas et adore Dieu. » (Apoc. XIX, 10).

Quand nous nous agenouillons sur les tombeaux ou devant les images des saints, nous les adorons aussi peu qu’un domestique adore son maître, lorsqu’il s’agenouille devant lui pour obtenir une grâce. Lorsque nous faisons dire des messes en l’honneur des saints, ou que nous leur vouons des églises et des autels, nous nous adressons à Dieu seul, et nous prions les saints de nous aider par leurs prières à obtenir de lui les grâces que nous lui demandons par cette sainte messe, dans cette église et sur cet autel ; ou bien nous remercions Dieu d’avoir conduit si admirablement ses saints à la sainteté. Ainsi le culte des saints n’est pas de l’idolâtrie. La vénération des saints n’est pas non plus un acte de défiance à l’égard de Jésus-Christ notre médiateur ; elle est plutôt un signe de défiance de nous-mêmes, un signe d’humilité. N’osant pas, vu notre indignité, nous adresser nous-mêmes à Jésus-Christ, nous employons un intercesseur dont les prières sont plus puissantes que les nôtres.

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Est-il utile d'honorer les saints ?

Il est utile d’invoquer, dans les différentes circonstances de la vie, des saints spéciaux.

Cette utilité est prouvée par des faits. Pour obtenir une bonne mort, on prie S. Joseph (parce qu’il mourut assisté de Jésus et de Marie) ; on l’invoque aussi dans des besoins matériels (il fût le père nourricier de l’Enfant-Jésus) ; contre le danger de l’incendie, S. Florian (qui mourut noyé pour sa foi) ; on invoque S. Blaise (qui avait guéri miraculeusement un enfant malade de la gorge) dans les maladies du cou ; Ste Odile (qui recouvra la vue lors de son baptême) pour les maladies d’yeux. S.Roch (qui avait soigné et guéri des pestiférés) contre la peste ; S. Jean Népomucène (qui subit la mort, martyr du secret de la confession), lorsqu’on est en butte aux calomnies ; S. Antoine de Padoue (à qui on avait volé un ouvrage achevé et dont les prières obtinrent que le remords forçât le voleur, à rapporter l’objet dérobé, pour retrouver des choses perdues etc. Il semble que Dieu a accordé à certains saints une puissance spéciale pour secourir certaines nécessités. (S. Th. d’Aq.). On peut conclure de certaines prières miraculeusement exaucées, que les saints s’intéressent particulièrement aux personnes qui se trouvent dans une situation semblable à la leur, aux lieux où ils ont vécu, où à l’état qu’ils ont professé.

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Culte de dulie

Sommaire

Ce mot vient du mot vient du Grec, serviteur. C’est un terme usité parmi les théologiens, pour exprimer le culte qu’on rend aux saints, à cause des dons excellents et des qualités surnaturelles dont Dieu les a favorisés.

Les protestants ont affecté de confondre ce culte, que les catholiques rendent aux saints, avec le culte d’adoration qui n’est dû qu’à Dieu seul. Ceux-ci, en expliquant leur croyance, se sont fortement récriés sur l’injustice et la fausseté de cette imputation.

L’Église a toujours pensé sur cet article, comme saint Augustin le remontrait aux manichéens : nous honorons les martyrs, dit ce Père, d’un culte d’affection et de société tel que celui qu’on rend en ce monde aux saints, aux serviteurs de Dieu. Mais nous ne rendons qu’à Dieu seul le culte suprême nommé en grec latrie, parce que c’est un respect et une soumission qui ne sont dus qu’à lui. (Lib. 20, contra Faust., c. 21).

Abbé Bergier

Abbé Bergier

Dictionnaire de théologie - Éditions Gaume Frères - 1868