











Les Abbés & Abesses

Un corps, une communauté quelconque, ne peut subsister sans subordination ; il faut un supérieur qui commande et des inférieurs qui obéissent : parmi des membres tous égaux et qui font profession de tendre à la perfection, l’autorité doit être douce et charitable ; on ne pouvait donner aux supérieurs monastiques un nom plus convenable que celui de père ; c’est ce que signifie abba : par la même raison, l’on a nommé abbesses les supérieures des religieuses et abbayes les monastères.
La juridiction, les droits, les privilèges des abbés et des abbesses ont été fixés par les lois ecclésiastiques ; c’est un des articles de la jurisprudence canonique. Il nous suffit d’observer que la multitude des abbayes de l’un et de l’autre sexe n’a rien d’étonnant pour ceux qui savent quel était le malheureux état de la société en Europe pendant le dixième siècle et les suivants ; les monastères était non seulement les seuls asiles où la piété pût se réfugier, mais encore la seule ressource des peuples opprimés, dépouillés, réduits à l’esclavage par les seigneurs toujours armés et acharnés à se faire une guerre continuelle. Ce fait est attesté par la multitude des bourgs et des villes bâtis autour de l’enceinte des abbayes. Les peuples y ont trouvé les secours spirituels et temporels, le repos et la sécurité dont ils ne pouvaient jouir ailleurs.