La Vie des Saints

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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

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Les 1ers Franciscains martyrs au Maroc

À Maroc, en Afrique, le supplice des saints martyrs Bérard, Pierre, Accurse, Adjut et Othon, de l’Ordre des Mineurs. ✞ 1220

Hagiographie

Le séraphique saint François brûlait d’un zèle si ardent pour le salut des âmes et la gloire de son Maître, qu’il mourait de déplaisir de ne pas répandre son sang pour une si juste cause. Mais voyant que ce n’était pas la volonté de Dieu, il voulut au moins faire par ses enfants ce que le ciel ne lui permettait pas d’exécuter par lui-même. Pour cet effet, il en choisit six, savoir : Vital, Bérard, Pierre, Accurse, Adjute et Othon ; il leur déclara son dessein et le mérite de cette entreprise, les excitants à l’embrasser avec beaucoup de dévotion, et leur faisant espérer que Dieu les conduirait, puisqu’il les avait élus pour son service. Il nomma Vital pour leur supérieur, et, après leur avoir donné sa bénédiction, avec promesse de les secourir de ses prières, il les envoya d’Italie en Espagne, pour y prêcher le saint Évangile aux Maures plongés dans les ténèbres du mahométisme (1219). Ces six religieux passèrent d’abord au royaume d’Aragon ; dès qu’ils y furent arrivés, leur supérieur Vital tomba malade. Cela n’empêcha pas cependant les cinq autres de poursuivre leur dessein ; de sorte que, laissant l’Aragon, ils allèrent à Coïmbre, en Portugal, et de là à Alemquer, où il y avait déjà un couvent de leur Ordre. Ils s’y reposèrent quelques jours par les soins de l’infante Sanche, sœur du roi de Portugal, laquelle leur fournit des habits séculiers, pour faciliter davantage leur mission ; et, de la sorte, ils passèrent à Séville qui était alors en la puissance des Maures.

Ces bons religieux, étant arrivés dans cette ville, entrèrent aussitôt dans la mosquée des Maures où, se laissant aller à l’ardeur de leur zèle, ils commencèrent à prêcher hautement les vérités de l’Évangile contre l’Islamisme. Ils ne furent pas longtemps sans être maltraités par les Barbares qui, les voyant en un si pauvre équipage, les méprisèrent et les prirent pour des hommes qui n’étaient pas en leur bon sens. Mais les Saints ne se rebutèrent pas pour cette première disgrâce ; ils s’en allèrent de là au palais du roi et se mirent à lui prouver par des raisons évidentes la fausseté du mahométisme. 

Les 1ers Franciscains martyrs au Maroc

Fête saint : 16 Janvier
Les premiers Franciscains martyrs au Maroc

Présentation

Titre : Martyrs au Maroc
Date : 1220
Pape : Honorius III
Empereur : Frédéric II

Ces bons religieux, étant arrivés dans cette ville, entrèrent aussitôt dans la mosquée des Maures où, se laissant aller à l’ardeur de leur zèle, ils commencèrent à prêcher hautement les vérités de l’Évangile contre l’Islamisme. Ils ne furent pas longtemps sans être maltraités par les Barbares qui, les voyant en un si pauvre équipage, les méprisèrent et les prirent pour des hommes qui n’étaient pas en leur bon sens. Mais les Saints ne se rebutèrent pas pour cette première disgrâce ; ils s’en allèrent de là au palais du roi et se mirent à lui prouver par des raisons évidentes la fausseté du mahométisme.

Auteur

Emmanuel Mathiss de la Citadelle

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -
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Ce prince, irrité de leur liberté, commanda qu’ils fussent jetés en une obscure prison ; mais quelques jours après ayant appris qu’ils désiraient passer en Afrique, il les fit mettre sur un vaisseau qui partait pour le Maroc. Ils s’embarquèrent avec Dom Pierre, infant de Portugal, frère du roi Alphonse II ; ce jeune prince était curieux de voir la cour du Miramolin de Maroc, nom qui veut dire chef des Musulmans (émir al-moslemin). Nos missionnaires, arrivés au Maroc, vinrent trouver le roi, et lui parlèrent de Jésus-Christ avec la même hardiesse qu’ils avaient fait devant celui d’Andalousie, en Espagne. Ils en reçurent aussi le même traitement. Il se contenta d’abord de les faire chasser de la ville comme des visionnaires et des fous, avec ordre qu’on les renvoyât sur les terres des chrétiens. Mais à peine les eut-on laissés hors des faubourgs, qu’ils retournèrent sur leurs pas, et rentrant dans la même ville d’où ils avaient été chassés, publièrent de nouveau la loi du salut au milieu de la place publique. Ceci étant rapporté au roi, il les fit jeter dans une basse fosse avec ordre de les y laisser périr de faim et de misère. Ils y restèrent trois semaines sans que personne leur donnât un morceau de pain ; mais celui-là même qui avait autrefois pourvu d’aliments le prophète Daniel, dans la fosse aux lions, sut bien encore pourvoir à la nourriture de ses serviteurs. Lorsqu’on les retira de cette obscure prison, ils furent trouvés plus forts et en meilleur état qu’ils n’y étaient entrés. Le Miramolin en étant lui-même étonné, commanda, pour une seconde fois, qu’ils fussent remis entre les mains des chrétiens pour les faire passer en Espagne. Mais ils s’échappèrent encore, et retournèrent prêcher aux Maures, jusqu’à ce que l’infant Dom Pierre les retirât dans son logis où il leur donna des gardes, de crainte que leur trop grand zèle no portât préjudice aux autres chrétiens qui étaient à sa suite.

À quelque temps de là, l’armée de Miramolin marcha contre quelques rebelles qu’il mit aisément en déroute par le secours des Portugais qui combattaient sous les drapeaux de l’infant Dom Pierre. Les saints religieux étaient aussi avec lui. Il arriva que l’armée se trouvant en disette d’eau, le P. Bérard, à la prière de tous ses compagnons, prit une bêche, creusa la terre, et en fit sortir une source d’eau vive, à l’extrême consolation des Chrétiens et au grand étonnement des Maures. Néanmoins, comme ils persévéraient à prêcher Jésus-Christ malgré la défense du roi, ce prince les fit arrêter de nouveau ; après les avoir fait cruellement fouetter, il les fit jeter tout nus dans une obscure prison, mais ils furent consolés par une clarté céleste au milieu de laquelle les gardes aperçurent leurs âmes qui s’élevaient en l’air comme si elles eussent déjà monté au ciel. Ensuite on les retira de ces cachots pour les livrer au peuple, afin qu’il se vengeât sur eux des injures qu’ils avaient proférées contre le prophète Mahomet. Et alors ils furent fouettés une seconde fois par les carrefours de la ville ; on les traîna sur des morceaux de verre et sur des têts de pots cassés ; on versa sur leurs plaies du sel et du vinaigre avec de l’huile bouillante, et chacun inventa à l’envi de nouveaux tourments pour les maltraiter.

Au milieu de tous ces outrages, les Saints montrèrent tant de constance qu’ils ne paraissaient pas être sensibles aux douleurs ; il arriva même qu’un Maure ayant donné un rude soufflet au père Othon, parce qu’il parlait mal de Mahomet, le religieux, sans s’émouvoir, lui présenta l’autre joue afin qu’il la frappât également s’il voulait. Le Miramolin fut extrêmement étonné de cette action qui se fit en sa présence : pensant les pouvoir gagner par la voie de la douceur, il leur promit, s’ils se voulaient faire Maures, de leur donner autant de richesses et d’honneur qu’ils pourraient en désirer ; il leur présenta cinq belles personnes pour les épouser, s’ils suivaient ses avis. Mais voyant qu’au mépris de toutes ses offres, ils persévéraient à exalter la religion chrétienne et à se moquer de Mahomet, le tyran en conçut une telle colère que, se faisant lui-même leur bourreau, il prit son cimeterre et fendit la tète aux cinq religieux. De la sorte, ces bienheureux enfants de saint François reçurent la couronne du martyre, le 16 janvier, l’an 1220. À l’heure même où leurs âmes s’envolèrent au ciel, elles apparurent dans Alemquer, à l’infante Sanche, qui priait alors dans son cabinet, qu’elle fit depuis changer en une église, en mémoire de cette faveur.

Pour ce qui est des corps des mômes Saints, le tyran les fît jeter avec leurs têtes hors de l’enceinte de son palais ; les Maures y accoururent aussitôt et les traînèrent avec d’horribles huées par les rues de la ville, sans jamais se lasser de les déchirer et de leur faire toutes sortes d’indignités, afin que la honte en rejaillît sur notre sainte religion ; enfin, ils les exposèrent sur des fumiers pour être dévorés par les chiens et les oiseaux. Mais Dieu, qui conserve soigneusement tous les os de ses Saints, envoya subitement une si épouvantable tempête de tonnerres, de foudres et d’éclairs, que les Maures prenant la fuite donnèrent le loisir aux Chrétiens de recueillir ces saintes reliques. L’infant dom Pierre les mit avec beaucoup de révérence dans un oratoire de sa maison, jusqu’à son retour en Portugal. Il fit faire à Maroc deux châsses d’argent de différente grandeur, mit toutes les têtes dans la petite et les autres membres dans la grande. Et cependant il arriva deux merveilles qui nous font bien connaître avec quelle pureté l’on doit conserver les choses saintes. Un gentilhomme de l’infant, s’avançant pour honorer ces saintes reliques, demeura sans mouvement jusqu’à ce qu’il eut purifié sa conscience d’un péché dont il était chargé. Un écuyer ne put pas davantage toucher ces ossements sacrés, parce qu’il était tombé en un péché déshonnête. On porta ensuite tant de respect à ce saint trésor que personne n’osait entrer en la maison où il reposait, sans être en état de grâce.

Enfin, l’infant retournant en Portugal, y apporta avec lui les précieuses reliques de ces cinq religieux martyrs et les déposa en l’Église de Sainte-Croix à Coïmbre, où on les a conservées jusqu’aujourd’hui. Cette translation ne se fit pas sans des choses merveilleuses que l’on pourra voir au long dans les Chroniques de l’Ordre de Saint-François. Le plus célèbre miracle que Dieu fit en cette translation, fut la conversion de saint Antoine de Lisbonne surnommé de Padoue. Qui à la vue des corps de ces cinq martyrs, se sentit tellement transporté de l’amour divin, qu’il quitta l’institut des chanoines réguliers pour suivre celui de Saint-François, qu’il regardait comme l’école du martyre. Le châtiment du Miramolin ne se fit pas attendre : le bras qu’il avait employé à massacrer les Saints devint aussi sec que du bois, et il demeura perclus de la moitié de son corps : ce qui montre que si Dieu permet pour un temps que ses Saints soient affligés, il sait bien ensuite les venger de leurs ennemis.

Voilà, en somme, ce que l’on sait du martyre de ces cinq religieux, qui ont été mis au catalogue des Saints par le pape Sixte IV, l’an 1481, 261 ans après leur décès. Le Martyrologe romain les mentionne fort honorablement.

On a donné pour attribut à ces martyrs le cimeterre : on les représente en groupe : ils sont particulièrement honorés à Coïmbre.