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D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques

Illustration de Beatus Pipinus de Landen dans un style bande dessinée avec une influence Art Déco. Il est représenté en habits nobles, portant un manteau royal et un sceptre dans une main, avec une croix ou une petite église dans l'autre main, symbolisant son pouvoir politique et son soutien à l'Église. Son nom en Latin est inscrit dans une typographie élégante. L'arrière-plan montre un paysage médiéval stylisé avec des couleurs vives et saturées. Format carré.

Saint Pépin

Duc de Brabant
Date : 580-640
Fête : 21 Février
Pape : Pélage II ; Séverin

Ce saint duc était fils du prince Carloman et de la princesse Emegarde. Il fut maire du palais sous Clotaire II, Dagobert Ier et Sigebert II, rois de France, et exerça cette grande charge, qui était peu différente de l’autorité royale, avec une rare prudence.

Il ne se pouvait rien ajouter à sa fidélité pour son roi, ni à son amour pour le peuple. Il embrassait, avec une constance invincible, les justes intérêts de l’un et de l’autre, sans souffrir que, pour favoriser le peuple, on fit tort aux droits du roi ; ni que, sous prétexte des droits du roi l’on opprimât et accablât le peuple, parce qu’il préférait les volontés de Dieu à celles des hommes, et savait qu’il défend de favoriser les puissants au préjudice des faibles.  Ainsi, il rendait au peuple ce que la justice voulait qu’on lui rendît, et à César ce qui appartenait légitimement à César. Il n’en faut point de meilleure preuve que son désir d’avoir associé, dans sa conduite, saint Arnoul, évêque de Metz ; il ne faisait rien sans son  conseil, connaissant son éminente vertu et sa grande capacité dans le gouvernement de l’État, et après la mort de saint Arnoul, il prit pour collègue, dans l’administration des affaires, un autre grand saint, Cunibert, archevêque de Cologne. On peut assez juger avec quelle ardeur il embrassait les choses justes, puisqu’il choisissait des hommes si excellents et si incorruptibles pour être les directeurs de ses conseils et les fidèles témoins de ses actions.

Le roi Clotaire II ne se contenta pas de mettre entre les mains de cet excellent prince la première charge de son État, en le faisant maire du palais. Il l’honora aussi de toute sa confiance, et lui donna tout le pouvoir qu’un grand ministre peut espérer. Ayant résolu d’associer son fils Dagobert à une partie de sa puissance, et de partager avec lui ses États, en le mettant, dès son vivant, en possession du royaume d’Austrasie, il choisit parmi tous les grands de sa cour, cet homme admirable pour lui confier entièrement la conduite de ce jeune prince, qui devait n’agir que d’après ce conseiller (622). Pépin s’acquitta si dignement de cette charge, qu’il n’oublia rien de ce qui pouvait imprimer dans l’esprit de Dagobert la crainte de Dieu et l’amour de la justice ; il lui mettait souvent devant les yeux cette belle parole de l’Évangile :

« Le trône d’un roi qui rend justice aux pauvres ne sera jamais ébranlé ».

Ainsi, ce fut par sa prudence que Dagobert gouverna si bien et si heureusement, non seulement l’Austrasie, mais aussi tous les États que son père lui laissa en mourant. Son frère Caribert et plusieurs grands les lui ayant disputés, cette faction fut bientôt dissipée par la valeur de Pépin, qui n’était pas moins généreux dans la guerre que juste et sage dans la paix ; et Dagobert, après s’être maintenu dans le droit qui lui appartenait, gagna de telle sorte le cœur de tous ses sujets par sa libéralité, sa justice, sa douceur et toutes les autres qualités dignes d’un grand roi, qu’il égala et surpassa même la réputation des plus illustres de ses prédécesseurs ; son règne eût été des plus beaux, s’il eût toujours suivi les avis d’un si saint et si habile maître.

Mais, comme rien n’est difficile que de conserver son esprit pur au milieu de la corruption du siècle, et son corps chaste au milieu des plaisirs qui accompagnent la prospérité et la souveraine puissance, ce roi se plongea dans la volupté, et il eut recours à des moyens injustes pour satisfaire à ses dépenses folles et désordonnées. Pépin en eut le cœur tout percé de douleurs, l’en reprit sévèrement, et lui reprocha son ingratitude envers Dieu ; ce prince reçut d’abord si mal les avis de Pépin, qu’il pensa même à le faire mourir, étant poussé à cela par quelques grands de sa cour qui haïssaient le Saint, et portaient envie à sa vertu. Mais Dieu, qui est le protecteur des Justes, délivra Pépin de ce péril. Le roi comprit enfin la justesse de ses remontrances et eut plus de vénération que jamais pour le mérite et la  vie d’un si grand ministre ; et, pour lui en donner une preuve non équivoque, il mit entre ses mains son fils Sigebert, qu’il envoya régner en Aus­trasie sous sa conduite (633). Ainsi Sigebert étant roi de nom, et Pépin gouvernant en effet le royaume, l’Austrasie se trouva délivrée des grandes incursions des Barbares qu’elle souffrait auparavant. Il les réprima, les res­serra dans leur pays ; et, après la mort du roi Dagobert, il eût mis Sigebert en possession de tous ses États, si son père ne l’eût obligé, dès son vivant, de se contenter de l’Austrasie et de laisser le royaume de France à Clovis, son puîné.

Ce saint duc mourut le 21 février de l’an 640, dans son château de Lan­den, en Brabant ; l’affliction que toute l’Austrasie en conçut fut si extraor­dinaire, qu’elle ne le pleura pas moins que l’un de ses meilleurs rois : car sa vie était toute sainte, sa réputation sans tache, sa sagesse et sa conduite admirables ; et on pouvait le nommer, avec vérité, le protecteur des lois, le soutien des faibles, l’ennemi de la division, l’ornement de la cour, l’exem­ple des grands, le conducteur des rois et le père de la patrie.

Pour l’explication des saintes Écritures, il faut toujours s’en tenir à l’enseignement traditionnel de l’Église. . Quiconque ne marche point à la lumière de ce flambeau ne peut manquer de s’égarer ; l’expérience ne l’a que trop prouvé. Les hommes mêmes les plus habiles, s’ils dédaignent de suivre cette lumière, deviennent le scandale de l’Église, au lieu de contribuer à l’instruction des fidèles. 

Ses Reliques

Son corps, qui fut d’abord déposé au lieu où il mourut, fut depuis transféré au monastère de Nivelle.

Au reste, il faut prendre garde de ne le point confondre avec deux autres Pépin, dont le nom est célèbre dans nos histoires : le premier fut Pépin d’Héristal, aussi maire du palais et père de Charles-Martel ; le second, Pépin le Bref, fils du même Charles-Martel, et le premier de nos rois de la seconde race : car saint Pépin, dont nous parlons, est plus ancien que tous les deux, et fut l’aïeul de Pépin d’Héristal, par sa fille, sainte Begghe, qui, ayant épousé Ansegise, fils de saint Arnoul, lui donna ce fils pour le bien de la France et le soutien de cette grande et illustre monarchie.

Il nous reste à remarquer que la maison de saint Pépin n’était qu’une compagnie de Saints et de Saintes : car sa femme, nommée Itte, ou lde­burge, sœur de saint Modoald, archevêque de Trêves, après avoir vécu sain­tement dans le mariage, à l’exemple de son mari, ne s’occupa, quand elle fut veuve, qu’à pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres ; et elle reçut enfin, des mains de saint Amand, le voile sacré de religieuse dans le célèbre mo­nastère de Nivelle, qu’elle-même avait fait bâtir : elle y passa le reste de ses jours dans une si grande perfection, qu’elle offrait à toutes les religieuses qui y demeuraient un rare exemple de vertu.

L’aînée de leurs filles, la grande et illustre sainte Gertrude, abbesse de ce même monastère, fut si éminente en sainteté, qu’on peut la considérer comme une des plus belles lumières de la religion ; et sa sœur, sainte Begghe, a l’honneur d’être l’heureuse tige d’où est sortie la seconde lignée des rois de France.

Oraison

Dieu tout-puissant, qui as accordé à Saint Pépin, duc de Brabant, la force de gouverner avec justice et la sagesse de servir Ton peuple avec foi, accorde-nous, par son intercession, de suivre son exemple d’humilité et de dévouement. Aide-nous à accomplir nos devoirs avec droiture et à Te servir fidèlement en toutes choses. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.

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