Logo de Sanctus Publishing avec une croix dorée au-dessus d'un livre ouvert stylisé en blanc, représentant la foi chrétienne et la littérature religieuse.

D’après les Bollandistes, le père GIRY, les propres des diocèses et tous les travaux hagiographiques. Vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des Martyrs, des Pères, des Auteurs Sacrés et ecclésiastiques, des Vénérables, et autres personnes mortes en odeur de sainteté.

Histoire des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

Histoire des Saints, des Reliques, des pèlerinages, des Dévotions populaires, des Monuments dus à la piété depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui.

La Vie des Saints Webp

Saint Herman de Steinfeld : Vie et Héritage Sacré

Découvrez la vie et l’héritage sacré de Saint Herman de Steinfeld, moine et saint chrétien du XIIe siècle vénéré pour sa piété et ses miracles. ✝️🙏

Sommaire

Hagiographie d'Herman de Steinfeld

Cologne, la plus célèbre de toutes les villes de la basse Allemagne, fut celle qui vit naître cet excellent religieux, et qui lui servit de berceau. Ses parents avaient été riches, mais ils avaient perdu leurs biens par quelques revers de fortune, et vivaient dans une extrême pauvreté. Dès qu’il fut né, ils le portèrent aux saints fonts du baptême, et lui firent donner le nom d’Herman, lequel, en allemand, signifie un homme d’armes et un homme d’honneur ; comme pour marquer qu’il ferait une guerre continuelle au démon, et que les victoires qu’il remporterait sur cet ennemi des hommes lui acquerraient un honneur immortel.

Il passa son premier âge si innocemment, avec tant de sagesse et de maturité, qu’il n’avait rien de l’enfance que le nom. Ses yeux de colombe et ses chastes regards marquaient la candeur de son âme ; et la sérénité de son visage faisait voir le calme de son esprit et la paix dont il jouissait au fond de son cœur. Ceux même qui jetaient la vue sur lui ressentaient en eux je ne sais quelle abondance de joie spirituelle qu’il leur communiquait par sa présence. Il était si retenu en ses discours, que sa langue ne servait jamais ni au mensonge, ni à la médisance, ni à la vanité, ni à la flatterie et à la folle complaisance. Ce n’est pas pourtant qu’il ne fût très-affable, et qu’il ne réjouît quelquefois ses compagnons par quelques traits plaisants et agréables ; mais il ne le faisait que pour ne pas paraître au-dessus du commun, et pour leur cacher le recueillement et l’élévation d’esprit que Dieu lui avait donné dès son enfance.

Saint Herman de Steinfeld : Vie et Héritage Sacré

Fête saint : 07 Avril
Illustration de saint Hermann de Steinfeld, portant une couronne de roses, tenant un livre et une croix, avec un lys blanc dans l'autre main, et des églises en arrière-plan.
Présentation
Titre : Surnommé Joseph, ✞ 1230.
Date : 1230
Pape : Grégoire IX
Empereur : Frédéric II

À peine eut-il atteint l’âge de sept ans qu’on l’appliqua à l’étude, et il y fit en peu de temps des progrès très-notables, Dieu l’assistant extraordinairement pour comprendre et retenir ce que ses maîtres lui apprenaient. Mais son affection pour les exercices de la piété chrétienne surpassait beaucoup l’inclination qu’il avait pour les sciences. Les églises et les lieux de dévotion étaient les écoles qu’il fréquentait plus volontiers : il y allait toujours avec plaisir, et, il n’en sortait jamais qu’avec regret. On remarque que, dès ce temps-là, pendant que ses compagnons s’occupaient au jeu, suivant la portée de leur âge, il se dérobait à leur compagnie pour aller faire ses prières dans une église dédiée à la Mère de Dieu, où il y avait une image fort dévote de cette Sainte Vierge, portant son cher Fils entre ses bras. Là, cet enfant de bénédiction s’entretenait amoureusement, tantôt avec la Mère, tantôt avec le Fils, l’une et l’autre lui étant représentés par leur statue. Il leur parlait de ses chagrins d’enfant, de ses peines de cœur, de sa pauvreté.

Ses études

À peine eut-il atteint l’âge de sept ans qu’on l’appliqua à l’étude, et il y fit en peu de temps des progrès très-notables, Dieu l’assistant extraordinairement pour comprendre et retenir ce que ses maîtres lui apprenaient. Mais son affection pour les exercices de la piété chrétienne surpassait beaucoup l’inclination qu’il avait pour les sciences. Les églises et les lieux de dévotion étaient les écoles qu’il fréquentait plus volontiers : il y allait toujours avec plaisir, et, il n’en sortait jamais qu’avec regret. On remarque que, dès ce temps-là, pendant que ses compagnons s’occupaient au jeu, suivant la portée de leur âge, il se dérobait à leur compagnie pour aller faire ses prières dans une église dédiée à la Mère de Dieu, où il y avait une image fort dévote de cette Sainte Vierge, portant son cher Fils entre ses bras. Là, cet enfant de bénédiction s’entretenait amoureusement, tantôt avec la Mère, tantôt avec le Fils, l’une et l’autre lui étant représentés par leur statue. Il leur parlait de ses chagrins d’enfant, de ses peines de cœur, de sa pauvreté. Il leur disait :

« Mon cher petit Jésus, ce matin je n’ai eu pour déjeuner qu’un tout petit morceau de pain, de sorte que j’ai encore faim. Cependant, je ne m’en plains pas, car vous êtes le Fils de Dieu, et pourtant vous avez aussi souvent eu faim ; et si vous voulez, vous pouvez faire en sorte que quelques miettes de pain me rassasient autant que si c’était beaucoup plus ».

Il disait ensuite à l’Enfant Jésus ce qu’il avait appris depuis la veille, et ce qu’il ferait dans le courant de la journée ; il disait en terminant :

« J’aimerais bien rester encore avec vous et avec votre sainte Mère ; mais il faut maintenant que j’aille à l’école. Donnez-moi votre bénédiction, et en attendant que je revienne, pensez à moi ! »

La statue de la Sainte Vierge tend la main et reçoit une pomme qu’il lui offrait

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on dit, et qu’il se reconnaît par les effets, que Dieu se plaît à converser avec les simples, et que c’est aux petits et aux humbles qu’il se communique plus favorablement. L’Écriture nous l’affirme en plusieurs endroits ; et une infinité de miracles et d’œuvres surnaturelles nous le font voir évidemment. En voici d’illustres témoignages en la personne du jeune Herman, et il faut avouer que les tendresses d’amour que Jésus et Marie lui ont témoigné, ont été si grandes et si extraordinaires, qu’on n’oserait pas les écrire, si elles n’avaient passé par l’examen et reçu l’approbation de plusieurs savants théologiens, qui ont bien reconnu qu’il ne fallait pas juger de la conduite de Dieu par les faibles raisonnements de notre esprit humain. Un jour, entre autres, que ce saint écolier était venu à son ordinaire pour visiter les images de la sainte Vierge et de l’enfant Jésus, il leur présenta une pomme qu’on lui avait donnée, suppliant avec humilité la Mère du Sauveur d’avoir ce petit don pour agréable et de le recevoir comme un gage de l’affection qu’il lui portait, et du désir qu’il avait de servir éternellement son divin Fils. Chose étonnante ! Aussitôt la Reine des Anges, pour ne point contrister cet aimable enfant, et pour rendre recommandable à toute la postérité l’innocente simplicité avec laquelle il agissait avec elle, rendit son image flexible, et étendant sa main de pierre ou de bois, comme si c’était été une main de chair, elle reçut favorablement le présent de son petit serviteur. Ô bienheureuse enfance d’Herman ! S’écrie l’abbé qui a composé sa vie, laquelle a mérité d’être si tôt consolée par des signes et des révélations célestes. Cessez, envieux, de la censurer, et dites plutôt avec ceux qui admirent de si beaux commencements :

« Que pensez-vous que sera enfin cet enfant ? Car la main de Dieu est avec lui ».

On dit aussi que la Sainte Vierge lui apprit à la prier, et composa pour son serviteur bien-aimé, cette prière qui depuis s’est très-répandue dans l’Église catholique, commençant par ces mots : Sub tuum prœsidium confu­gimus, Sancta Dei Genitrix. Nous nous mettons sous votre protection, ô sainte Mère de Dieu…

Jésus, Marie et saint Jean l’Évangéliste l’admettent dans leur compagnie

Une autre fois, étant entré dans la même église, il vit, au haut de la tribune, qui était entre le chœur et la nef, la Sainte Vierge et l’Évangéliste, son fidèle gardien, avec l’adorable enfant Jésus, qui s’entretenaient ensemble d’une manière infiniment charmante. Son amour le porta incontinent à se vouloir joindre à leur compagnie ; et, en effet, la Vierge l’appela par Son nom, et lui dit : Hermanne, ascende ad nos ; « Herman, montez vers nous ». Mais comme il n’avait point d’échelle, et que le chœur par où l’on y montait était fermé, il se vit comme dans l’impossibilité d’obéir. Il fit néanmoins ses efforts pour cela, et cette divine Mère, qui ne manque jamais d’assister les siens dans leurs besoins, lui tendant la main, l’éleva jusqu’en haut et le mit auprès de son cher Fils ; de sorte qu’il eut le bonheur de passer plusieurs heures avec lui dans une privauté merveilleuse qui remplit son âme d’une grande abondance de grâce et de douceur. Lorsque étant prêtre il s’ouvrait familièrement à ses amis sur cette vision, il leur faisait remarquer une circonstance qui ne doit pas être oubliée ; c’est que, comme il s’efforçait de monter, il fut blessé, à l’endroit du cœur, d’un clou qui était à la balustrade, d’où il lui demeura une marque qui ne paraissait presque point, mais qui était extrêmement sensible et douloureuse :

« C’était là », disait-il, « un présage et un avertissement des croix et des peines que je devais endurer le reste de ma vie ».

Au reste, la même Sainte Vierge, qui l’avait élevé dans cette tribune, l’en descendit le soir pour retourner chez ses parents, avec promesse de lui faire souvent part d’une semblable consolation.

Antoine Van Dyck, Les fiançailles mystiques du bienheureux Hermann Joseph avec la Vierge Marie (1629-1630).
Blason de l'Ordre de Prémontré

Marie lui apparaît encore pour secourir la misère de ses parents

En effet, un autre jour qu’il était venu dans cette église les pieds nus, dans la plus grande rigueur de l’hiver, elle lui apparut encore avec un visage plein de douceur, et lui demanda pourquoi il allait nu-pieds par un temps si rude, et un froid si insupportable.

« Hélas ! » Répondit il, « ma chère Dame, c’est la pauvreté de mes parents qui m’y contraint ».

Alors la Vierge lui montra une pierre, qui était à quelques pas de là, et lui ordonna d’aller regarder dessous, l’assurant qu’il y trouverait quatre pièces d’argent pour subvenir à cette grande nécessité. Il obéit, et trouva effectivement ce petit trésor que la divine Providence y avait mis exprès pour lui. Il revint aussitôt vers sa chère Maîtresse, et la remercia de sa bienveillance et de sa libéralité. Elle lui fit là-dessus de nouvelles caresses, et lui dit que, toutes les fois qu’il retournerait au même endroit dans ses besoins, il y trouverait toujours le même secours. Cela arriva plusieurs fois ; et, ce qui est surprenant, c’est que ses compagnons, à qui il découvrit innocemment son secret, y allant comme lui, et le faisant même avec beaucoup plus d’empressement que lui, n’y trouvèrent jamais rien. Celui qui a écrit le premier cette histoire assure l’avoir apprise de sa propre bouche, un peu avant qu’il mourût.

Apparition de Jésus crucifié arrêtant un incendie


 

Quelque temps après, Notre-Seigneur lui apparut attaché sur la croix. Ce fut dans un grand incendie qui arriva à Cologne, et qui consuma beaucoup de maisons de son voisinage. Comme les habitants couraient au secours, et se mettaient en peine pour arrêter la violence du feu, Herman y courut aussi, et vit, avec tous les assistants, un spectacle bien digne d’admiration : c’est que, parmi ce grand embrasement et au milieu des flammes dévorantes, une église, qui en était environnée de tous côtés, demeurait néanmoins en son entier sans en être nullement endommagée. Cette merveille tenant tout le peuple en suspens, Herman, qui jetait les yeux de tous côtés sur ce temple, que le feu épargnait si miraculeusement, aperçut, au-dessus, son aimable Sauveur dans l’état et la figure qu’il avait sur la croix. Il reconnut par là que c’était par respect pour le mystère de sa Passion et de son Crucifiement que les flammes n’osaient toucher à cette sainte maison ; il fut confirmé dans cette opinion, lorsqu’il vit ce crucifix se multiplier en quelque manière pour être en tous les endroits où le feu portait ses tourbillons. Son esprit fut alors rempli d’une lumière surnaturelle, qui lui fit connaître la vertu de la passion de Jésus-Christ : il vit que le meilleur moyen de résister à ses passions était d’avoir assidûment l’image de Jésus-Christ crucifié imprimée dans sa mémoire.

Il entre dans l’ordre des Prémontrés


 

Les premières années d’Herman s’étant ainsi passées dans une conversation continuelle avec le ciel, il eut une forte inspiration de quitter entièrement le monde et d’embrasser la vie religieuse. Il se présenta pour cela au couvent de Steinfeld, de l’Ordre des Prémontrés, au diocèse de Cologne ; bien qu’il n’eût que douze ans, ce qui était un âge trop faible pour porter le joug de la religion, on le reçut avec bien de la joie, dans l’espérance que Dieu suppléerait extraordinairement aux forces que la nature ne lui donnait pas encore. Il est probable cependant qu’on ne lui donna pas immédiatement l’habit, pour ne point transgresser les lois de l’état monastique ; quoiqu’un auteur ait cru qu’on passa pour lui au-dessus des règles ordinaires, n’étant pas raisonnable, dit-il, d’assujettir aux ordonnances des hommes celui que Dieu conduisait par des voies si miraculeuses. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’on l’envoya à un monastère de Frise, pour s’y avancer dans les études, et qu’il s’y rendit recommandable au-dessus de tous ses condisciples, tant par les progrès qu’il fit dans les sciences, que par l’accroissement continuel de ses vertus. On ne remarqua jamais en lui les vices ni les imperfections qui se trouvent ordinairement dans les écoliers : comme l’insolence, le mensonge, la désobéissance, les querelles, les injures et la bouffonnerie ; mais, au contraire, il fit paraître une modestie, une candeur, une soumission d’esprit, une bonté envers tout le monde, et une retenue qui le faisait admirer de tous ceux qui le voyaient. Il ne lisait qu’avec peine les poètes et les autres livres profanes, où il est parlé de Jupiter, de Junon, de Mars ou de Mercure, comme autant de divinités ; et il disait quelquefois qu’il ne pouvait assez admirer comment des personnes d’esprit et de piété pouvaient s’amuser à ces bagatelles, puisqu’il y avait une infinité de savants écrits des saints Pères et des orateurs chrétiens, qui pouvaient conduire à la connaissance de la Divinité.

Grave infirmité


 

Il lui arriva, en ce temps-là, une incommodité notable qui le rendit oné­reux à ses confrères, et le faisait fuir de ceux mêmes qui avaient le plus d’affection pour lui. Il porta cette croix avec une grande patience, étant bien aise de souffrir quelque chose pour son sauveur ; mais lorsqu’il eut bu quelque temps dans le calice des souffrances et des humiliations, Notre-Seigneur le délivra en une nuit de cette infirmité ; de sorte que sa tête, qui était, la veille, horrible à voir, parut le lendemain aussi net que s’il n’eût jamais été incommodé. Ses études finies, ses supérieurs le rappelèrent à Steinfeld, où, après sa profession, on lui donna la charge de disposer les tables pour le repas et de servir les frères au réfectoire. Il s’acquitta admirablement bien de cet emploi, ne manquant à rien de ce qui était son devoir, et faisant cette action, le matin et le soir, avec autant de modestie, de présence d’esprit et de recueillement, que si c’eût été quelque fonction ecclésiastique. Mais comme cette occupation de Marthe l’empêchait de jouir du repos et de la contemplation de Marie, il commença à s’ennuyer, et à désirer d’être délivré de cette sollicitude, pour ne plus s’employer qu’à la méditation des vérités éternelles. Dans cette inquiétude, la Sainte Vierge l’honora d’une de ses visites ; et, lui ayant fait dire à lui-même quel était le sujet de sa tristesse, elle le consola et lui dit qu’il était dans l’erreur ; et qu’il ne pouvait rien faire de plus agréable à Dieu, que de servir ses frères en esprit de charité. Cet avis de sa chère Maîtresse lui changea tellement le cœur, que, suivant l’exemple de notre Sauveur, qui disait de lui-même qu’il n’était pas venu au monde pour être servi, mais pour servir, il se porta avec tant d’allégresse à cet humble ministère, qu’il ne semblait pas tant y aller qu’y courir, et même y voler. 

Ses austérités


 

Au reste, cet office ne fut point pour lui une occasion de transgresser les règles de la tempérance et de la sobriété, et de se nourrir mieux que les autres ; au contraire, il s’en servait comme d’un moyen pour pratiquer en secret des jeûnes et des abstinences que l’on pouvait appeler excessifs ; car il ne vivait ordinairement que de pain et d’eau, et en prenait même en si petite quantité, que son corps souffrait presque toujours de la faim et de la soif, sans que celui qui servait avec lui s’en pût apercevoir, parce qu’il avait l’adresse, pour n’être pas découvert, de manger séparément, et souvent de différer son pauvre repas après celui de tous les autres.

Sacristain, il vit avec la même rigueur


 

De l’office de réfectorier, il passa à celui de sacristain, où il s’adonna, avec une nouvelle ferveur, aux exercices de la pénitence et de l’oraison. Ses veilles étaient presque continuelles ; et s’il prenait un moment de repos, ce n’était que sur une planche qui lui servait de matelas, et sur une pierre qui lui servait de traversin et d’oreiller. Comme son emploi l’obligeait à éveiller les frères pour Matines, il ne se couchait point auparavant, et il employait tout ce temps à la prière et à la contemplation des choses célestes. Sa dévotion le porta à composer de nouveaux cantiques en l’honneur de Jésus-Christ et de sa très-sainte Mère, lesquels sont si remplis de l’onction dont son cœur était enivré, qu’on ne peut les lire sans en être sensiblement touché. Le révérend père Vandersterre, de l’Ordre des Prémontrés, les a donnés au public à la fin de sa vie. Cette piété incomparable lui attira de nouvelles faveurs du ciel, lesquelles, quoiqu’extraordinaires, ne doivent pas passer pour incertaines, étant soutenues par le témoignage de tous ceux qui ont écrit sur lui. Parmi ces faveurs, on nous apprend que toutes les fois qu’il sortait de table pour aller rendre grâces à Dieu dans l’église, il était embaumé de parfums si exquis, et exhalait des odeurs si ravissantes, qu’il lui semblait être dans un jardin plein de roses, de lis, de violettes, d’œillets et de toutes sortes de fleurs les plus agréables. Le bas sentiment qu’il avait de lui-même, et qui l’empêchait de croire qu’il lui arrivât rien d’extraordinaire, lui fit penser, au commencement, que toute la communauté sentait les mêmes odeurs. Il en parla donc à quelques-uns de ses confrères, leur demandant. d’où venait une si grande suavité ; mais il reconnut que cette grâce lui était particulière, et il en fut privé pendant quelque temps pour l’avoir divulguée, quoiqu’il ne l’eût fait que par une sainte simplicité, qui lui faisait juger des autres comme de lui-même. De plus, toutes les fois qu’en prononçant le nom de Marie, il se prosternait la face contre terre, il sortait de la terre même un autre parfum inestimable qui lui ravissait tous les sens, et l’eût arrêté des heures entières en cette posture, s’il n’eût appréhendé de paraître singulier. 

Il voit des Anges qui encensent les religieux


 

Lorsqu’il assistait à l’office du chœur, comme son âme était tout enflammée du désir de plaire à Dieu, il était souvent consolé par des révélations célestes. Il voyait ordinairement deux anges qui encensaient le chœur durant le cantique Benedictus ; mais de telle manière qu’il y avait des religieux : qu’ils encensaient avec joie et qu’ils saluaient fort respectueusement ; d’autres qu’ils ne faisaient pas semblant de voir, et d’autres qu’ils passaient brusquement, et comme avec horreur et indignation. Les premiers étaient des religieux fervents, qui louaient Dieu de cœur et de bouche ; les seconds, les religieux négligents qui ne chantaient point, ou chantaient sans attention et sans révérence ; les troisièmes, des religieux de mauvaises mœurs, dont la vie ne répondait pas à la sainteté de leur état et de leur profession.

Il jouit de la présence de Marie


 

C’était encore une chose qui lui était ordinaire, pendant ses méditations, de jouir de l’agréable présence de la Mère de Dieu, d’entendre de loin sa voix et de la reconnaître, d’aller au lieu où elle l’appelait, de l’interroger, de lui répondre, de lui rendre compte de l’état de son âme, et de traiter avec elle comme un enfant avec sa mère, ou comme un disciple avec son précepteur. Quelquefois même, cette auguste Vierge s’intéressait à répandre de tous côtés l’odeur de sa bonne renommée, et à découvrir ses grands mérites ; ce qui arriva un jour qu’il devait venir en un monastère de filles dépendant, pour la conduite spirituelle, des religieux de son abbaye : car elle apparut auparavant à une sœur de ce monastère, et lui dit que son fidèle serviteur devait arriver bientôt ; elle lui recommandait de le recevoir avec bienveillance et comme un de ses plus grands favoris.

Il est surnommé Joseph


 

Ces insignes vertus du glorieux Herman, et cette privauté admirable qu’il avait avec la Sainte Vierge, firent que les religieux, lui donnant un surnom, l’appelaient communément Joseph. Son humilité, qui ne lui donnait des yeux que pour voir ses propres défauts, ne put souffrir ce changement : il en jeta des pleurs en particulier ; il s’en plaignit souvent en public, et toutes les fois qu’on l’appelait Joseph, il entrait dans une sainte colère, se croyant infiniment éloigné du mérite des deux grands patriarches de l’Ancien Testament qui ont porté cet excellent nom. Enfin, il prit un jour résolution, pour arrêter ce cours, qu’il appelait un scandale, d’en faire ses plaintes en plein chapitre. Mais comme il était dans cette pensée, et qu’il priait la nuit Notre-Seigneur de l’avoir pour agréable, il eut une vision qui lui ôta sa peine, et le mit dans une possession légitime du nom de Joseph ; car la Sainte Vierge lui étant apparue au pied du grand autel, au milieu de deux anges d’un éclat et d’une beauté extraordinaires, et l’ayant appelé près d’elle, elle eut la bonté de le prendre solennellement pour son époux, c’est-à-dire pour celui qui représenterait sur la terre l’époux qu’elle a eu étant au monde, et qui règne maintenant avec elle dans le ciel. Cela ne se fit pas sans beaucoup de résistance de sa part ; mais ces anges l’assurèrent que c’était la volonté de Dieu, et lui dirent aussi qu’ayant été élevé à un si grand honneur, il ne devait plus avoir de répugnance qu’on lui donnât le nom de l’époux de Marie. Depuis cette vision, qu’il fut obligé de découvrir à ses supérieurs, et qui a passé jusqu’à présent pour indubitable, il fut toujours appelé Joseph. Et, en effet, ceux qui ont écrit sa vie, lorsqu’ils en sont à cet endroit, cessent de l’appeler Herman, et commencent à lui donner cet auguste nom, comme la marque de ses épousailles mystiques avec celle qui est la Fille, l’Épouse et la Mère du Roi des rois. 

Il porte l’Enfant Jésus dans ses bras


 

Une si admirable prérogative, que nous ne trouvons point avoir été accordée à d’autres Saints, mais qui ne nous paraîtra pas incroyable si nous considérons que Notre-Seigneur a pris souvent de saintes vierges pour ses épouses, lui procura une autre grande faveur, qui fut que la même Vierge, s’étant fait voir à lui dans son sommeil, portant son cher Enfant sur son sein, elle le lui mit entre les bras, afin que, comme saint Joseph l’avait souvent porté durant son enfance, et surtout lorsqu’ils s’enfuirent en Égypte, il eût au moins l’honneur de le porter encore une fois. Mais si cette grâce semble si considérable, en voici une autre que nous estimons bien davantage : c’est que Marie, par une sainte jalousie de la perfection et de la ferveur de son nouvel époux, l’avertissait et le relevait de ses moindres défauts aussitôt qu’il y était tombé. Surtout, un jour que l’office de garder le monastère contre quelques soldats débandés, qui faisaient de grands ravages aux environs, sans épargner les lieux saints, lui avait fait relâcher quelque chose de ses dévotions, elle lui apparut, non plus dans cette beauté merveilleuse avec laquelle elle apparaissait ordinairement, mais sous la figure d’une vieille femme dont le visage était tout flétri et tout ridé. Il ne la reconnut pas d’abord, mais elle se fit bientôt connaître à lui, en lui disant qu’elle était sa Mère et son Épouse, et qu’elle avait pris cette forme parce qu’elle voyait bien qu’elle commençait à vieillir dans son cœur. Herman en eut une confusion extrême, et ne put s’excuser que sur les grandes occupations que lui donnait la nécessité de conserver la maison de Dieu contre les incursions des voleurs ; mais elle lui répliqua qu’elle en était elle-même la gardienne, qu’elle la conserverait fidèlement, qu’elle ne permettrait pas que des voleurs lui fissent aucun tort, et qu’il ne devait pas, pour ce soin temporel, relâcher rien de la ferveur avec laquelle il avait coutume de la servir. C’est ce qui nous doit apprendre que les emplois que la religion donne à ses enfants ne les doivent pas empêcher de s’acquitter de leurs exercices avec dévotion, et d’apporter à la prière, soit mentale, soit vocale, toute l’attention et la révérence que demandent des occupations si saintes et si relevées. 

Cruelles douleurs


 

Nous ne disons rien de quantité d’autres témoignages d’amour et de bienveillance que cette Mère de miséricorde donna à son cher Herman-Joseph. Mais il ne faut pas omettre que, selon la coutume de tous les Saints, il fut ensuite éprouvé par des croix si terribles et des souffrances si aiguës, qu’il devint une image vivante de Jésus-Christ crucifié. Il se vit attaqué, dans la force de son âge, d’une douleur de tête insupportable et d’une telle faiblesse d’estomac que, son foie ne faisant plus ses fonctions, toute l’économie de son corps en fut dérangée. Beaucoup d’autres maladies, causées par ses veilles, ses jeûnes et ses travaux excessifs, se joignant à ces premières infirmités, firent de lui un squelette animé et le mirent hors d’état de s’appliquer à aucune fonction extérieure. Le rebut et le mépris de quelques-uns de ses confrères accrurent encore cette peine, parce qu’ils lui représentaient sou­vent que c’était par son indiscrétion et son opiniâtreté qu’il était tombé dans ces maux et qu’il s’était rendu inutile à la maison et à charge à la communauté. La patience de ce grand Religieux parut admirablement en ces occasions : car, bien loin de se plaindre et de se laisser abattre par la tristesse, il s’y soutint toujours avec une force invincible, recevant joyeusement ces traverses comme des faveurs signalées de la divine Providence, et son courage, en cela, fut d’autant plus grand, que la Sainte Vierge le priva pour quelque temps de ces aimables visites, et, qu’implorant aussi le secours des autres Saints, il n’en reçut ni soulagement, ni consolation.

Marie le soulage


 

Après une épreuve si difficile, l’auguste Marie, qui avait pour lui l’affection d’une véritable épouse, le délivra d’une partie de ses maladies et le mit en état de mieux suivre la communauté ; mais sa faiblesse et ses maux de tête lui demeurèrent toujours, et, quand les grandes fêtes arrivaient, il ne manquait jamais de ressentir des douleurs horribles, que nul remède ne pouvait guérir ; ce qui lui faisait dire à ses amis : que les fêtes n’étaient point des fêtes et des jours de repos pour lui, mais des jours d’affliction, de souffrance et de deuil. Un de ces jours, entre autres, qui était la veille de Noël, il fut tellement tourmenté de frissons, de tremblements et de contractions de nerfs, qu’on ne pouvait croire qu’un homme eût jamais plus souffert. Mais, à l’heure de la naissance de l’Enfant Jésus, il fut guéri subitement et se trouva assez fort, non-seulement pour assister aux Matines et à la messe solennelle, mais aussi pour célébrer avec une grande tranquillité ses trois messes.

Révélations


 

Ce serait ici le lieu de parler de beaucoup de révélations que Dieu lui a faites, et des extases et ravissements fréquents qui lui arrivaient, soit à la messe, soit à l’oraison ; mais parce que nous ne pourrions pas nous y arrêter sans passer les bornes d’un abrégé, nous nous contenterons d’en remarquer quelques-uns. Un jour qu’il regardait les astres par la fenêtre de la sacristie, ayant souhaité de connaître Dieu par les créatures et par cette voie que les théologiens appellent d’excès et d’éminence, il fut subitement élevé à une science toute autre que celle que nous avons sur la terre, et il vit devant ses yeux, comme en abrégé, toute la grandeur et toute la beauté des corps célestes, ce qui le remplit d’une admiration incomparable pour leur auteur. Une autre fois, contemplant encore les merveilles du ciel, il vit, outre la lune ordinaire, une seconde lune beaucoup plus belle et plus éclatante que la première, qui montait jusque dans le ciel empyré, et on lui dit que c’était l’âme de saint Engelbert, archevêque de Cologne, qui serait martyrisé dans un mois, et qui entrerait à l’heure même dans la gloire éternelle. Il eut de la peine à croire à cette prédiction, parce que, d’un côté, cet archevêque était si puissant, qu’il y avait peu d’apparence que qui que ce fût osât attenter à sa vie, et que, de l’autre, l’abondance des biens et des plaisirs où sa condition le mettait faisait craindre qu’il n’eût beaucoup de choses à expier en l’autre monde ; mais l’événement fit voir la vérité de cette révélation, parce que, quatre semaines après, Engilbert fut massacré en haine de sa piété, par ses propres parents ; et, comme martyr de Jésus-Christ, il entra immédiatement dans le ciel, sans passer par les flammes du purgatoire : ce qu’Herman connut encore par sa propre expérience ; car, ayant été frappé d’un mal d’yeux, pour punition de son incrédulité, il en fut guéri en envoyant des offrandes au tombeau de ce glorieux Martyr.

Apparition de sainte Ursule


 

Sainte Ursule et ses compagnes lui apparaissaient aussi fort souvent : ce qu’elles faisaient ordinairement sous forme de colombes. C’est pourquoi il les appelait ses chères et saintes colombelles, et il composa, en leur honneur, un cantique qu’il mit en musique, sur l’air qui lui en fut donné par une de leur sainte troupe. Nous avons encore ce cantique, et il faut avouer qu’il est si beau et si touchant, qu’il est aisé de juger qu’il ne le composa que par un secours extraordinaire de l’Époux de ces glorieuses Vierges.

Outre ce cantique, on lui attribue deux livres de révélations touchant l’assemblée, le voyage et le martyre des mêmes Saintes, lesquels ont été donnés au public avec des observations et des défenses, par le père Herman Crombrach, de la Compagnie de Jésus. Mais il est plus incertain si cet ouvrage est de notre Herman-Joseph ; et plusieurs auteurs, qui contestent la vérité des choses qui y sont rapportées, soutiennent qu’on ne doit pas les attribuer à ce grand contemplatif, dont les révélations étaient très assurées. Nous en dirons notre pensée en la vie de sainte Ursule.

Nous n’avons pas marqué le temps auquel il fut promu au sacerdoce, parce que son premier historien n’en parle point ; mais nous ne pouvons nous dispenser de dire, avec cet auteur, qui avait été longtemps avec lui, qu’on ne peut assez admirer la dévotion et la ferveur avec laquelle il célébrait le divin Sacrifice. Il était si exact aux cérémonies, que son exactitude passait, dans l’esprit de plusieurs, pour scrupuleuse ; mais elle venait de l’estime qu’il avait de ce grand mystère, et de toutes les choses que l’Église a établies pour le célébrer avec majesté. Il ne disait point de messe qu’il n’y fût ravi en extase, ce qui faisait qu’il y était beaucoup plus longtemps que les autres. Les indévots murmuraient de cette longueur, et il y en eut même qui se plaignirent qu’il se brûlait trop de cire à sa messe ; mais on éprouva que, quoique son extase durât quelquefois plus de deux ou trois heures, les cierges n’étaient pas à la fin plus usés qu’en une autre messe d’une demi-heure. C’était encore une chose tout à fait admirable, que ses grandes infirmités semblaient le quitter lorsqu’il allait à l’autel, afin qu’il pût s’y tenir debout et à jeun, durant le long espace de temps qu’il y demeurait ; ce qu’il n’aurait pu faire en nulle autre occasion.

Ses vertus


 

Il faudrait avoir la langue ou la plume d’un ange, pour parler dignement de ses incomparables vertus. Le premier auteur de sa vie, parlant de sa pureté, dit qu’elle fut si grande, qu’on pouvait justement l’appeler la fleur de la virginité, le lys de la chasteté, le modèle de la pudeur, le vase choisi de la continence et la vierge des vierges de son temps ; qu’il était vierge en son corps et en son âme, en son esprit, en son cœur, en sa vue, en son ouïe, en son odorat, en son goût et en son toucher ; jusque-là qu’il était devenu comme insensible pour tout ce qui a coutume d’émouvoir la chair et d’exciter en elle des passions déréglées. Il joignit à cette pureté une humilité incomparable, afin de n’être pas un orgueilleux, digne de l’anathème éternel ; il disait ordinairement qu’il n’était qu’un zéro en chiffre, une pomme pourrie, un poids inutile pour la terre, indigne du pain qu’il mangeait et de l’eau qu’il buvait. Il faisait son possible pour ôter de l’esprit de ceux qu’il voyait toute l’estime qu’ils avaient de lui ; et, pour réussir dans ce dessein, tandis qu’il louait volontiers les autres et qu’il les excusait dans leurs fautes, il s’accusait continuellement lui-même, découvrait ses moindres défauts, détournait les louange., qu’on lui donnait et tâchait de persuader qu’il n’était pas si vertueux qu’on l’estimait. Son maintien et ses manières étaient si simples, qu’on n’y remarqua jamais rien d’affecté. Ce n’était que rarement et par force qu’il portait quelque chose de neuf ; sa satisfaction était d’être le plus mal chaussé et le plus mal vêtu de toute la maison, pour être méprisé de tout le monde. II faisait quelquefois, pour s’humilier et se rendre abject, des choses que la sagesse de ses confrères ne pouvait supporter ; comme lorsqu’il supplia un paysan de le frapper sur la joue, parce qu’il n’était, disait-il, qu’un criminel indigne d’un meilleur traitement. Mais Dieu fit connaitre, par de grandes marques, qu’il était plus prudent, dans cette folie apparente, que ces sages qui le censuraient, puisqu’il révéla à sainte Elisabeth, de l’Ordre de Cîteaux, qu’Herman-Joseph était un homme incomparable, et qu’il surpassait sans mesure tous ses confrères en humilité, en patience, en charité, en pureté de corps et d’esprit et en toutes les vertus. 

Nous avons déjà parlé de son austérité ; mais elle était si grande et si continuelle, qu’on n’en peut parler avec assez d’étendue. Elle parut surtout dans les infirmités sans nombre que Dieu lui envoya, puisque au lieu d’y prendre les soulagements qui paraissaient les plus nécessaires, il s’en privait pour l’amour de Notre-Seigneur et ajoutait plusieurs mortifications volontaires aux maladies dont il était accablé. Son mot ordinaire, lorsqu’on le pressait de se mieux nourrir, ou de se coucher plus mollement, était que Jésus ne le voulait pas ; et, en effet, il n’agissait en cela que par ordre exprès qu’il en recevait de la Sagesse éternelle. Que dirons-nous de son amour pour Dieu et des entrailles de sa charité envers son prochain ? Il n’aimait plus que Dieu, il ne soupirait plus qu’après Dieu ; toutes les choses du monde lui étaient devenues comme de la boue, et toute sa joie et sa satisfaction sur la terre était de converser dans le ciel. Les maux du prochain étaient plus ses maux que les siens propres, et il n’avait point de repos qu’il n’y eût apporté quelque remède. Son historien dit que son cœur était devenu comme un hôpital général, où toutes sortes d’affligés et de misérables étaient bien reçus. Ses confrères y avaient la meilleure place, et il n’y avait personne tenté ou peiné en son couvent qui ne trouvât en lui un refuge assuré et un secours indubitable. Ceux qui lui avaient été fâcheux, et qui avaient censuré sa conduite, bien loin d’être exclus des épanchements de sa bonté, recevaient, au contraire, de lui, plus d.e témoignages de bienveillance. En un mot, il était si utile à tout le monde, que Dieu, dont les miséricordes sont infinies, le tira d’une maladie mortelle, et prolongea sa vie de neuf ans pour le bien du public, selon la promesse qu’il en avait faite à une sainte fille, qui avait demandé sa convalescence avec beaucoup de larmes.

Son exposition du Cantique des cantiques


 

Pendant cet intervalle il fit, par un secours extraordinaire de la Sainte Vierge, sur le Cantique des Cantiques, une exposition qui était si agréable à cette Reine des Anges, que, pendant qu’il y travaillait, elle le rendait souvent invisible, afin qu’il ne fût pas interrompu par ses confrères en sa composition.

Culte et reliques

Enfin, le terme de neuf ans étant expiré, ce nouveau Joseph, cet admirable Époux de Marie, cet homme dont la vie était toute céleste, ayant prédit auparavant le temps de sa mort et le lieu de sa sépulture, décéda très-saintement dans le monastère d’Hoven, de l’Ordre de Cîteaux, où ses supérieurs l’avaient envoyé pour y célébrer les divins Mystères devant les religieuses qui y demeuraient : ce qui arriva le 7 avril 1230, ou environ. Son corps fut aussitôt enterré en ce même monastère, par le soin des religieuses, qui craignaient qu’on leur enlevât un si grand trésor ; mais sept semaines après, les Prémontrés de Steinfeld obtinrent permission, de l’archevêque de Cologne, de le lever de terre et de le transporter dans leur église. Il fut trouvé sain et entier, sans nulle corruption, et tel qu’il était au jour de sa mort. Cette translation se fit avec une grande solennité et un concours infini d’ecclésiastiques et de laïques. Les miracles qui s’y firent furent des témoignages irréprochables de la sainteté de notre Bienheureux. Son nouveau sépulcre fut aussi une source de secours surnaturels et de guérisons miraculeuses, qui n’ont point cessé jusqu’à présent ; ce qui fait que depuis plus de quatre cents ans, Herman-Joseph a toujours été respecté et imploré comme un Saint, et qu’on dit même des messes votives et des cantiques sacrés en son honneur.